Chroniques rebelles
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Le Cochon de Gaza. Film de Sylvain Estibal
Christiane Passevant
Article mis en ligne le 19 janvier 2012
dernière modification le 24 décembre 2011

par CP

Il ne suffisait pas que Jafaar (Sasson Gabai) ait des soldats israéliens en permanence sur la terrasse de sa maison, qu’il ne ramène que quelques misérables poissons de ses pêches, voilà qu’il ramène un jour dans ses filets un magnifique cochon noir ! Calamité car le porc est un animal impur tant du côté palestinien que du côté israélien. Il s’en débarrasserait volontiers, mais plus simple à dire qu’à faire. Il tente bien une approche du côté du représentant (Ulrich Tukur) des Nations Unies — il doit certainement manger du porc —, mais cela se solde par un pétage de plomb du bonhomme qui ne comprend rien à l’histoire en sous-entendus de Jafaar.

Son ami barbier (Gassan Abbas) lui soutient alors que les colons israéliens — l’histoire se passe au moment du démantèlement des colonies israéliennes de Gaza — élèvent des porcs pour les revendre à l’étranger et qu’ils en tirent bien des profits, eux.

Jafaar rêve alors de faire fortune et s’adresse à une jeune femme, Yelena (Myriam Tekaïa), de la colonie qui en effet élève des porcs, pas pour la raison évoquée, mais elle veut un porc mâle et en fait ne désire que la semence pour féconder ses truies…

Commence alors une suite de situations totalement rocambolesques pour le pêcheur palestinien qui ne rêve que d’une chose : améliorer sa vie et celle de sa femme Fatima (Baya Belal). Une suite de rencontres avec des personnages hauts en couleur, un humour de l’absurde avec des comédiens et des comédiennes formidables.

Le cochon de Gaza est une fable, une farce qui montre le ridicule de l’occupation militaire israélienne, de l’Autorité palestinienne ou de l’extrémisme avec son culte du martyr. Le titre original, When Pigs have Wings (Quand les cochons ont des ailes) ajoute à une situation ubuesque dans laquelle Jafaar est pris, une tourmente dont il ne contrôle rien, ballotté qu’il est entre les militaires israéliens, la police palestinienne et les extrémistes qui veulent en faire un martyr avec le fameux cochon.

Un scénario de rebondissement en rebondissement pour cette comédie tragique dont la morale est évidente — les peuple peuvent vivre en paix malgré leurs différences — et le constat sans ambiguité, le peuple palestinien est pris en otage qu’il s’agisse des autorités militaires, policières ou religieuses.

Belle histoire et film critique dans la dérision des idéologies !


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