Chroniques rebelles
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L’espoir têtu
Samedi 13 octobre 2012
Article mis en ligne le 15 octobre 2012
dernière modification le 17 novembre 2012

par CP

L’Espoir têtu… Ces deux mots associés qualifient bien le bonhomme. Pour qui connaît Serge, il est gentillesse, modestie et sincérité… Mais il est également têtu, ancré dans ses convictions et ses principes. Un coquelicot, il l’est certes, mais aussi une tête dure — comme on dit — qui défend tranquillement et fermement ses idées. Coquelicot, cœur noir pour l’utopie et rouge franc pour la générosité, la flamboyance des textes et des musiques.

L’Espoir têtu… Nouvel album à la manière d’une transcendance de ce que Serge Utgé-Royo aime, de ceux et de celles dont il s’imprègne avec respect, amour et amitié. Il observe, ce passeur de saynètes vivantes, ce témoin de la vie quotidienne mêlée à l’extraordinaire. Il est comme ça, Serge. Il regarde, toujours avec attention, candeur et curiosité, puis il raconte… Il vous raconte une histoire, une idée, une anecdote simple et essentielle, l’épisode d’un parcours à la fois anonyme et symbolique, une allégorie, une lutte, une rencontre…

Serge le passeur, Serge le diseur, Serge le griot à la langue qui sonne et qui, mine de rien, revient à l’utopie, à son possible, même dans le creux d’une époque morose…

L’Espoir têtu… Un trait de plume qui décrit, une gamme qui installe un climat, un trait de notes pour l’ambiance et la voix fait le reste. De belles chansons, de beaux textes à découvrir sans faute, de même que les musiques de Serge et celles de Léo… Léo Nissim, le complice attentif et minutieux lorsqu’il s’agit de ciseler une musique, un rythme, et finalement un texte. Serge Utgé-Royo et Léo Nissim, ces deux-là font la paire ! Ils échangent même dans les conciliabules silencieux, sur scène ou pendant les répétitions.

L’espoir têtu… C’est bien le Serge que nous connaissons, fidèle et attaché à ses désirs, à ses idées comme l’arapède au rocher : têtu. Il le dit lui-même. Quant à l’espoir, nous sommes, avec lui, nombreux et nombreuses à le partager… Et jusqu’au bout.

J’ai pensé que mes mots

Vous prendraient par le cœur,

Et que mon utopie

Brillerait dans vos yeux...

J’ai pensé que, bientôt,

Des rides de bonheur

Vieilliraient la folie

Et son masque de feu.

(extrait de la première chanson de l’album l’Espoir têtu, J’ai pensé que mes mots…)

Serge, je t’écrirai, peut-être…

J’ai pensé que peut-être nous serions tous égaux,

J’ai pensé que bientôt je retrouv’rais tes rimes

J’ai pensé que nos fêtes jetteraient au tombeau

Les fatigues, les peines au creux de nos poitrines.

J’ai pensé qu’en un souffle, ton chant nous porterait,

J’ai pensé que « possible » était un mot nouveau,

J’ai pensé qu’en ta voix s’abritr’ait mon chevet,

Une nuit où s’abîment tes rimes en chapelets.

J’ai pensé en riant aux princes qui nous gouvernent,

J’ai pensé que leur glas sonnerait dans tes signes,

J’ai pensé au couchant que tous ceux qui nous bernent,

N’auront jamais le cœur à ressentir les lignes.

J’ai pensé que bien sûr nous étions des parias,

J’ai pensé mille fois que vivre est au présent,

J’ai pensé qu’avec toi la musique est au vent,

Ce que la danse est au pas et le rire aux éclats.

Je pense que tu nous donnes du temps, des ritournelles,

Je pense aux hirondelles qui refont le printemps,

Je pense à ta révolte, à cette aube nouvelle,

Qui sans tes chants de lutte disparaît doucement.

Serge, je t’écrirai peut-être

Sur du papier fenêtre

Ou du papier balcon, ou du papier balcon,

Des mots sans queue ni tête

Que tu liras pour être au chaud sous l’édredon, au chaud sous l’édredon.

Un envol de voyelles qu’on sonne ou qu’on épelle, c’est selon la saison.

Un envol de voyelles qu’on sonne ou qu’on épelle, c’est selon la saison.

Serge, je t’écrirai sans doute

Sur du papier mois d’août

Ou du papier soleil, ou du papier soleil

Ces mots que l’on redoute

Qu’on jette ou qu’on égoutte

Pour trouver le sommeil, pour trouver le sommeil.

Des moissons de ratures, des cris en chapelure, au destin des corbeilles.

Des moissons de ratures, des cris en chapelure, au destin des corbeilles.

Serge, je t’écrirai sans ambre,

Sur du papier novembre

Ou du papier frileux, ou du papier frileux

Des pages gris de cendres

Au poivre fin d’une encre

Qui sèche au coin du feu, qui sèche au coin du feu.

Ce jeu épistolaire, et sans destinataire, affiche un bel aveu.

Ce jeu épistolaire, et sans destinataire, affiche un bel aveu.

Serge, je t’écrirai sans pause

En vers velours de rose

Sur du papier folie, sur du papier folie

Le bleu des ecchymoses

Posées en virtuose

Par ton cœur sur mes nuits, par ton cœur sur mes nuits.

Ce bleu flocon de neige, descendu de Norvège, mouille au cœur de Paris.

Ce bleu flocon de neige, descendu de Norvège, mouille au cœur de Paris.

Serge, je t’écrirai sans rime

Sur du papier de Chine

Ou du papier de soie ou du papier de soie

Des printemps anonymes

Au sang de ma sanguine

Que nous ne vivrons pas, que nous ne vivrons pas,

Des fenaisons tardives, aux humeurs fugitives, poussées par le noroît.

Des fenaisons tardives, aux humeurs fugitives, poussées par le noroît.

Puis je tairai ma plume

Sur le papier bitume

Ou le papier trottoir, ou le papier trottoir

Et mettrai sur l’enclume la main qui fit fortune

Sans couteaux ni rasoirs, sans couteaux ni rasoirs.

Elle sentira la masse, du marteau qui préface, la fin d’un bel espoir.

Elle sentira la masse, du marteau qui préface, la fin d’un bel espoir.

Serge, je t’écrirai, peut-être…

Nicolas Mourer

Les textes de Serge Utgé-Royo et Henri Simon à retrouver sur Divergences.be

Les Chats de Liège, Serge Utgé-Royo :

http://divergences.be/spip.php?article2803&lang=fr

Chambre 467, Henri Simon

http://divergences.be/spip.php?article3169&lang=fr