Chroniques rebelles
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Cinéma, radio et luttes : Un morceau de chiffon rouge Lorraine Cœur d’acier et Mumia Abu Juamal, My Whole Life in Prison de Marc Evans
Samedi 24 novembre 2012
Article mis en ligne le 26 novembre 2012
dernière modification le 17 décembre 2012

par CP

Cinéma, résistances, luttes

Un morceau de chiffon rouge

Lorraine Cœur d’acier - La liberté d’une radio de lutte

et

In Prison my Whole Life (Toute ma vie en prison)

de Marc Evans

Un morceau de chiffon rouge

Lorraine Cœur d’acier - La liberté d’une radio de lutte

1 DVD et 5 CD

En décembre 1978, c’est la liquidation de la sidérurgie française : 25 000 personnes défilent dans la ville de Longwy. La lutte et la solidarité s’organisent dans le bassin minier du Nord… Trois mois plus tard, Lorraine Cœur d’acier est créée et donne la parole à ceux et à celles qui en sont privé-es. Une antenne de résistance et rebelle, puisque Lorraine Cœur d’Acier va détourner les lois et émettre pour la première fois le 17 mars 1979, depuis Longwy. Lorraine Cœur d’acier, ou LCA, est une radio autogérée, non censurée, qui prend naissance au cœur de la lutte des ouvriers de la sidérurgie française.

« Le micro, c’est une revanche ! »

Le pouvoir en place va tout essayer pour la faire taire, la radio est brouillée, interdite, mais elle tient bon et devient un acteur de la résistance ouvrière de cette époque. Fondée par la CGT, LCA est une radio de libre expression, elle parle de culture, d’histoire, des droits des femmes, porte également les paroles de travailleurs immigrés, donne un autre écho des revendications, fait ses revues de presse... et devient finalement un véritable espace de liberté et de débats. La population adopte cette radio, sa radio, l’écoute, y participe et même la défend jusqu’à l’émeute face aux forces de l’ordre pour mettre fin au brouillage de l’antenne.

« Le micro, c’est une revanche ! »

Invité à LCA, Albert Jacquart, dira ainsi son enthousiasme : « Un mot caractérise cette extraordinaire réussite qui va bien au-delà des objectifs initiaux : la ferveur. Ce n’est plus seulement un syndicat qui diffuse ses mots d’ordre, plus seulement une corporation qui se défend contre le chômage, c’est toute une population qui s’est emparée de ce pouvoir essentiel, s’exprimer, et qui l’exerce. Faisons un rêve : les responsables des chaines de télévision venant voir et écouter ce qui se passe à LCA, ils y verraient ce qu’est vraiment la communication. »

« Trente ans après, les acteurs de cette radio n’ont rien perdu de leur mordant. Face au monde dans lequel ils vivent, leur colère semble restée intacte. »
On pourrait résumer leur détermination par : « C’est pas parce qu’on a perdu qu’on avait tort. »

Trois passionnés de radio, Pierre Barron, Raphaël Mouterde et Frédéric Rouziès, ont voulu retrouver ces témoignages et ont exhumé des centaines d’heures d’émissions pour en extraire cinq heures. Paroles des sidérurgistes, d’hommes, de femmes dans la lutte, des enfants aussi et de tous les habitants du bassin de Longwy.

Un morceau de chiffon rouge. Lorraine Cœur d’acier. La liberté d’une radio de lutte, c’est donc un coffret passionnant avec 5 CD et un film de Alban Poirier et Jean Serres. Une aventure à ne pas manquer !

Et

In Prison my Whole Life (Toute ma vie en prison)

de Marc Evans

Ce film sur l’affaire Mumia Abu Jamal, son procès truqué, sa condamnation à mort est remarquable car, bien au-delà du cas de Mumia Abu Jamal, c’est tout le système judiciaire étatsunien qui est ici dévoilé dans toute sa monstruosité.

Être coupable ou innocent n’a plus le même sens selon si l’on a les moyens financiers pour se défendre ou non. Un autre élément intervient qui brouille encore notre compréhension : la religion. Difficile de comprendre en effet le phénomène de contrition. Par exemple, si vous passez aux aveux pour un acte délictueux ou criminel que vous avez, ou n’avez pas commis, il est possible de « négocier » une remise de peine ou d’échapper à une condamnation. Bref l’innocence, la culpabilité, les circonstances atténuantes, ça se deale !

En contextualisant le cas du journaliste engagé étatsunien, le film de Marc Evans dépasse le cadre stricte de l’enquête sur l’affaire Mumia Abu Jamal, pour analyser le système judiciaire de la ville de Philadelphie et mettre en évidence la répression policière et ses dérives. La police y règne en effet en maître. Et la brutalité qu’elle déploie sur sa ville, dans les années 1980, va jusqu’au meurtre d’enfants. Violences et sauvagerie s’exercent en toute impunité sur la population pauvre, noire et marginale.

Les archives montrées dans le film de Marc Evans sont saisissantes, les témoignages bouleversants… Le masque de la justice à deux vitesses —
celle des riches et celles des pauvres — tombe et l’image d’une soi-disant
« démocratie » en prend un coup…

On comprend mieux alors l’acharnement dont Mumia Abu Jamal est la victime depuis plus de trente ans. Mumia, journaliste indépendant, et surnommé
« la voix des sans-voix », Mumia qui dénonce les brutalités policières, la corruption et les magouilles politiques des autorités de la ville… Mumia tient un discours libre et dit ce qu’il faut taire. Par exemple, les persécutions meurtrières dont est victime la communauté MOVE. Mumia Abu Jamal perturbe et il faut le forcer au silence, d’abord en le faisant virer de la station de radio où il travaille et, ensuite, par toute la mise en scène du meurtre d’un policier blanc dont il est accusé, sans preuve. L’enquête est trafiquée, comporte de nombreuses zones d’ombre, des faux témoignages pour aboutir à un procès bâclé et à une condamnation à mort dont l’exécution n’a été suspendue que grâce à la mobilisation nationale et internationale.

Mumia Abu Jamal est emblématique d’une liquidation raciste et évidemment politique. Mumia est le «  coupable idéal » et son cas rejoint par là les
affaires de Haymarket, de Sacco et Vanzetti et des époux Rosenberg,
tous «  coupables » désignés par avance.

Outre le réalisateur Marc Evans, on note au générique la présence de Colin Firth en tant que producteur exécutif, de Robert Del naja et Neil Davidge (de Massive Attack) à la musique, de Snoop Dogg aux chansons originales, ainsi que de nombreux intellectuels non interviewés mais conseillers sur le film, notamment Howard Zinn.

Le film sera projeté samedi 24 novembre 2012 à 16h

et suivi d’un débat en présence du collectif Mumia Abu Jamal

à Publico, 145 rue Amelot, 75011 Paris

Entrée libre



L’espoir têtu… C’est bien le Serge Utgé-Royo que nous connaissons, fidèle et attaché à ses désirs, à ses idées comme l’arapède au rocher : têtu. Il le dit lui-même. Quant à l’espoir, nous sommes, avec lui, nombreux et nombreuses à le partager… Et jusqu’au bout.

Vous avez loupé les concerts des 18 et 19 novembre ?

Dommage… Des moments de partages superbes !

Reste un beau CD à écouter.