Chroniques rebelles
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Samedi 20 avril 2013
Syrie, une autre information…
Avec Omar Enayeh (membre de Souria Houria) et Luiza Toscane
Article mis en ligne le 24 avril 2013

par CP

La Syrie… Les informations en parlent régulièrement dans le contexte dramatique d’une population victime de la barbarie étatique, ou bien à travers le filtre confus de la menace djihadiste. Mais, à part quelques exceptions, les médias de masse évoquent plus rarement les résistances populaires en dehors des groupes armés, et notamment les tentatives d’auto organisation.

La société civile syrienne est certes victime de la folie meurtrière d’un clan qui s’accroche au pouvoir, mais elle résiste malgré les bombardements, les tortures, le manque de tout… C’est de cette résistance dont il sera question aujourd’hui, et d’une information différente des dépêches et autres brèves quotidiennes…

Les analyses politiques sur la question syrienne sont souvent extrêmement confuses dans les médias de masse, contradictoires, sinon très dirigées. Et cela dérape avec complaisance vers l’image de deux camps opposés, d’un côté l’armée du dictateur et de l’autre les djihadistes. Cette dichotomie — dictature/djihad — enferme l’analyse d’une situation très complexe dans l’imagerie occidentale habituelle. Comme si hors de la civilisation occidentale et de l’idée démocratique qu’elle s’efforce de représenter, point de salut. Comme si, hors des dictatures ou du modèle occidental démocratique de gouvernance, il n’existait aucune alternative.

Les images stéréotypées de l’Arabe ou de l’Oriental forcément dangereux, au mieux fourbe, sont véhiculées de manière ouverte, sinon insidieuse et efficace depuis longtemps, notamment dans les films. Elles s’imposent de plus en plus et le phénomène se banalise au grand dam de la compréhension de l’autre et du vivre ensemble.

L’État d’ailleurs n’est pas en reste pour propager et renforcer ce type de discrimination puisque le gouvernement français — en dépit des postures compatissantes, des regrets et des inquiétudes exprimées à propos de la population civile syrienne « sacrifiée » —, le gouvernement français a, en toute discrétion, imposé un « visa de transit aéroportuaire » pour tout Syrien ou Syrienne tentant de fuir les bombardements et les violences actuelles dans le pays. « Ce visa, particulièrement difficile à demander dans le contexte de désorganisation politique de la région et à obtenir, à supposer que l’on parvienne à avoir accès aux autorités consulaires françaises, est devenu indispensable pour monter dans un avion transitant par un aéroport français, ou éviter d’en être refoulé vers le pays de provenance. De toute évidence, cette obligation entrave la possibilité pour des Syriens [et des Syriennes] d’échapper à la répression, à la guerre, ou de sortir des camps des pays limitrophes où [les réfugié-es, dont le nombre ne cesse d’augmenter,] survivent dans des conditions indignes et dans la plus grande insécurité. »

Le Gisti et l’Anafé ont fait appel de cette décision auprès du Conseil d’État qui est resté sourd à la requête et a préféré soutenir la décision manifestement illégale du gouvernement. Le prétexte évoqué est que le « visa de transit aéroportuaire » permettrait d’endiguer les demandes « massives », totalement fantasmées, de droit d’asile.

On peut donc résumer ainsi la position du gouvernement français : des pleurs pour la galerie, oui, de l’aide non ! La France, pays des droits humains ? Encore un label honorifique, genre très prisé en des temps d’esbrouffe humanitaire, qui ne correspond évidemment en rien à la réalité. Seulement des mots de bonimenteurs…

Un leurre, et rien de plus !