Chroniques rebelles
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Samedi 14 septembre 2013
Le Val enchanté de Fred Morisse
Les éditions Chant d’orties
Article mis en ligne le 16 septembre 2013
dernière modification le 17 septembre 2013

par CP

Les éditions Chant d’orties sont certes différentes, et dans plusieurs domaines, notamment dans celui de la littérature jeunesse, mais pas seulement. Alors ce n’est pas un hasard si Fred Morisse leur a confié la publication de son nouveau roman, Le Val enchanté.

Après ZUP ! Petites histoires des grands ensembles (2005), puis La semaine du lézard. La vie d’un chômeur ordinaire (2009) et, enfin, La malédiction du béton (2010), voici Le Val enchanté.

Le Val enchanté ou retour sur l’histoire des grands ensembles, quand ils poussaient comme des champignons et s’annonçaient comme la solution à bien des problèmes, en plus de résoudre celui, récurrent, du manque de logements sociaux. Si cela était censé être la solution, elle n’avait certainement pas été étudiée sur le moyen ou le long terme. Car pour «  l’intégration sociale », par exemple, c’était plutôt loupé.

La volonté affichée a rapidement tourné court, les promesses et les belles paroles ont abouti à la transformation de ces quartiers en ghettos. Mais n’anticipons pas…
Flash Back…

Le Val enchanté était alors un quartier en devenir avec des immeubles neufs, un énorme chantier, des nouveaux et des nouvelles venu-es, des familles qui n’avaient pas encore leurs repères dans cet espace prometteur, déjà bien encadré en regard des zones urbaines voisines. Un vaste chantier avec les grues — impressionnantes, c’est drôle comme les grues jouent un rôle important dans l’imaginaire des enfants et des adultes, le vertige et le regard d’en haut sans doute —, un vaste chantier donc avec les bulldozers, les terrains vagues alentour qui gardaient encore un air de campagne malgré le béton qui avançait et qui grignotait peu à peu ce qui restait encore de végétation libre.

Finalement, on peut dire que le Val enchanté, c’est un décor qui s’installe dans le récit et c’est le personnage, sinon principal du roman de Fred Morisse, en tout cas omniprésent.

Et puis il y a Clément, le gosse de primaire, avec son bonnet jaune, qui observe tout le petit monde qui gravite dans le Val enchanté, les copains, les grands, les parents, les gardiens… Clément a déjà l’œil presque critique de celui à qui on ne la fait pas. Un môme qui n’a ni la langue, ni la pensée dans sa poche et qui se pose des questions.

Cependant, cela ne l’empêche de jouer aux billes et de faire équipe avec son copain Carlos, de taquiner sa sœur cadette, Marthe, ou bien d’aller aux c’rises et aux prunes, si possible en petit comité pour ne pas se faire taxer la cueillette.

Extrait du Val enchanté, Fred Morisse (Chant d’orties)

Devant l’immeuble s’étalait un vaste champ de hautes herbes folles que maculaient de rouge une multitude de coquelicots, ultimes souvenirs de la campagne toute proche. Des papillons blancs et mauves batifolaient au-dessus des fleurs sauvages en de légers ballets aériens. De temps à autre deux petites têtes remontaient à la surface de ce tapis végétal qui ondulait sous le souffle d’un vent léger et chaud.

Son bonnet jaune, qu’il portait été comme hiver, trahissait la présence de Clément. Accou- dée à la rambarde de la fenêtre de la cuisine, sa mère hurlait son prénom, lui intimant de rentrer manger. Le bonnet jaune se camouflait aussitôt dans la végétation. Farid, tel un périscope furtif, faisait alors lentement émerger sa tête toute ronde, sa grosse tignasse frisée et noire, pour vé- rifier que la mère de son copain était toujours à sa recherche.

Les éditions Chant d’orties.

Chant d’orties, des éditions différentes avec une exigence d’édition, une curiosité et une envie volontariste sans aucun doute. Avec Béatrice Guillemard.