Chroniques rebelles
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Samedi 7 décembre 2013
Hommes et femmes dans la production de la société civile à Canton (Chine), Monique Selim (L’Harmattan)
Article mis en ligne le 8 décembre 2013

par CP

Hommes et femmes dans la production de la société civile à Canton (Chine)

Monique Selim (L’Harmattan)

La Chine est toujours vantée pour sa réussite économique et la formation d’une classe moyenne de plusieurs millions de personnes qui en bénéficierait… Certes, si l’on se place du point de vue de la croissance, encore qu’il y aurait beaucoup à dire en ce qui concerne les bénéficiaires. Et la question primordiale demeure : à quel prix humain ? L’humain semble en effet sacrifié par une technocratie brutale et libérale, issue des structures communistes, au profit à court terme d’une minorité au pouvoir. La propagande, elle, s’efforce d’offrir au plan national et international la vision surfaite du « bond en avant » du pays. [1]

Et, de fait, la Chine, devenue un des piliers du capitalisme mondial, suscite la convoitise des dirigeants du monde entier bien que sa puissance ainsi que la fragilité de son modèle social soient autant de sujets d’inquiétude, de même que le développement de son industrie réalisée au mépris des règles élémentaires d’hygiène et de respect de l’environnement. La Chine est le pays le plus pollueur de la planète avec les Etats-Unis.

Le contrôle d’un État policier n’a cependant pas réussi à faire taire l’analyse critique. D’ailleurs, ni la réussite économique, citée maintes fois par les économistes et les médias, ni la propagande, ni la censure ne peuvent en effet gommer la misère et les niveaux de vie de plus en plus inégalitaires, notamment entre les villes et les campagnes — les différences de classes donc —, la très forte corruption et le manque de justice sociale encouragé par l’éloignement de l’autorité centrale, ainsi que les violences extrêmes…

C’est ce que dénonçaient Hsi Hsuan-Wou et Charles Reeve dans China Blues. Voyage au pays de l’harmonie précaire, ou encore ce que soulignaient les témoignages de femmes migrantes travaillant dans les villes côtières du Sud de la Chine. Avis au consommateur de Pun Ngai dresse un portrait de « l’atelier du monde » à travers une enquête auprès de seize paysannes devenues ouvrières dans les villes-usines. Véritables bagnes industriels où le
« miracle économique chinois » prend toute sa dimension humaine avec les bas salaires, les horaires démentiels, les amendes, le surmenage, les accidents et les maladies professionnelles, les logements insalubres et le travail à la chaîne…

Jean-Michel Carré, Chine. Le nouvel empire

De même le film documentaire de Jean-Michel Carré, Chine. Le nouvel empire, comportant trois parties — la Chine s’éveille, la Chine s’affirme et la Chine domine —, décrit la société chinoise qui, partant du socialisme, impose une société ultra libérale où la grande majorité de la population subit l’exploitation, la corruption et la violence.

Jia Zhang-Ke, Touch of Sin

Également sort le 11 décembre le film de Jia Zhang-Ke, Touch of Sin, inspiré par quatre faits divers dans la Chine actuelle, entre misère, violences, nouveaux riches et corruption [2]. Une illustration saisissante des changements de la société chinoise, notamment dans la région traitée par Monique Selim dans son ouvrage, Hommes et femmes dans la production de la société civile à Canton, publié aux éditions L’Harmattan. Cette approche ethnologique s’appuie sur un travail entrepris depuis 2005 en Chine, dans la région du Guangdong et sa capitale Canton, qui se présentent comme un laboratoire des évolutions sociales et politiques. Monique Selim y a mené des investigations qui rejoignent les questions abordées dans les ouvrages et les films déjà cités, et les complètent, pour appréhender la réalité d’une situation sociale générée par des évolutions à « marche forcée » et la restructuration, en toute contradiction, d’une « société civile » dans ses rapports avec l’État-parti.

L’ouvrage de Monique Selim amène évidemment à une réflexion bien plus large, car le contexte social et politique chinois et la profonde mutation opérée dans un pays qui brigue la place de première puissance économique pose en effet la question sociale à l’échelle de l’humanité toute entière.

Jia Zhang-Ke, Touch of Sin

Rencontre avec Christian Cauvin, autour de son livre

Le capitalisme ne joue pas aux dés

Comprendre le capitalisme financier pour s’en sortir

à Publico, 145 rue Amelot 75011 Paris

Auparavant, il y avait la religion pour contrôler et faire rêver les pauvres d’un monde meilleur, dans un au-delà hypothétique, peuplé d’anges, de houris dans un jardin d’Eden. À présent, changement de décor ! C’est la consommation, la pub et ses grand’ messes avec les marques, et le fanatisme. À défaut d’être vus comme des pions, les humains sont à présent considérés comme des clients et des clientes potentiel-les.

« Big Brother n’est plus de l’ordre de la fiction [écrit Christian Cauvin], le meilleur des mondes est atteint, Orwell et Huxley peuvent dormir tranquilles ou se retourner dans leur tombe… C’est selon. Ce qui reste proprement stupéfiant c’est qu’une telle assertion, une telle franchise, cette façon de “vendre la mèche”, ne provoque aucune réaction collective puissante dans une société sonnée, anesthésiée, découragée. Chair à canon hier, chair à consommation aujourd’hui. »

Rendez-vous à 16h30 avec Christian Cauvin à Publico.



Vendredi 6 décembre 2013

à Publico

145 rue Amelot 75011 Paris

À partir de 19h

Rencontre avec le collectif de la revue Réfractions

Présentation du numéro 31


En conflit permanent avec le monde et la société tels qu’ils existent, l’anarchisme,
comme mouvement, est lui-même traversé de conflits. Parce qu’il refuse l’intercession
d’une instance transcendante chargée de les régler (ou de les étouffer), il a aussi
développé à cet égard des théories et des pratiques originales. Ce sont ces différentes dimensions de la conflictualité du mouvement libertaire qu’explorent les contributions
de ce numéro de Réfractions.