Chroniques rebelles
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Regard sur l’Iran. Regard libertaire sur l’histoire sociale et politique iranienne. La révolution et les enjeux du pouvoir islamique
Avec Nader
Article mis en ligne le 29 décembre 2013
dernière modification le 17 janvier 2014

par CP

Il est rare de lire une analyse de la révolution iranienne qui soit cohérente et dénuée des poncifs habituels sur l’islam politique. Une analyse qui prenne en compte l’espace de liberté qui a existé en 1978, et les éléments historiques et sociaux qui y sont liés, afin de comprendre le retournement qui s’est opéré par la suite et la récupération de la révolution sociale au profit du pouvoir islamique des mollahs. Au moment du renversement du shah, ce fut en effet une révolution réelle où la parole, toutes les paroles s’exprimèrent après plus de 25 années de dictature. Depuis 1953 en effet, le shah régnait à la faveur d’un coup d’État fomenté par les Etats-Unis, peu après la nationalisation du pétrole iranien en 1951. La police politique réprimait à tour de bras, et très violemment, les mouvements sociaux qui furent nombreux durant toute la période.

Dans son ouvrage, Une étincelle dans la nuit. Islam et révolution en Iran 1978-1979, Serge Bricianer analyse la période révolutionnaire en évitant les clichés convenus. La révolution iranienne est invariablement associée aux idées de fanatisme, de dogmatisme et d’intégrisme. Ou bien on voit dans le projet de cette révolution et chez les penseurs politiques qui la dirigèrent une variante du populisme tiers-mondiste, donc un mouvement pragmatique des classes moyennes ayant pour but l’intégration du pays dans le marché mondial.

Pourtant, il ne faut certainement pas minimiser le soulèvement populaire qui précéda et initia la révolution. Le rôle important de la classe ouvrière, l’impact de la grève générale organisée sans les syndicats et les partis de gauche, enfin l’émergence d’organisations de base, comités et conseils sont autant d’éléments à prendre en compte. Car cette expérience révolutionnaire est remarquable dans l’histoire générale du mouvement d’auto émancipation sociale. Ajoutons que ce sont les mouvements de base, nés dans les années 1970, qui furent décisifs dans le soulèvement, qu’il s’agisse du mouvement ouvrier, du mouvement étudiant ou encore du mouvement des habitants de banlieues.

Partant des enjeux du coup d’État de 1953, il faut donc présenter les différentes composantes de la société iranienne, son évolution et les mouvements qui contribuèrent à la révolution, pour comprendre comment un mouvement révolutionnaire formé par une large coalition de la population — des bidonvilles aux étudiants, des chômeurs à la petite bourgeoisie —, qui avait ébranlé un pouvoir dictatorial avec des manifestations et des grèves, comment ce mouvement a-t-il pu se transformer en contre-révolution islamique.

L’influence religieuse n’est sans doute pas, à elle seule, suffisante pour expliquer le phénomène, d’autant que cette prise de pouvoir par les mollahs perdure encore aujourd’hui, et ce malgré la dégradation des conditions de vie, la corruption, les violences notamment à l’encontre des femmes, les privations de libertés, les persécutions, les assassinats politiques, les emprisonnements et surtout la misère pour une grande partie de la population.


http://cqfd-journal.org/CQFD-no117-decembre-2013

CQFD n°117 – Décembre 2013 – Mensuel de critique et d’expérimentation sociales
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