Chroniques rebelles
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Samedi 4 janvier 2014
Les Chebabs de Yarmouk, The lab – Vendeurs de guerre, Prisons aux États-Unis
Axel Salvatori-Sinz, Yotan Feldman, Claude Guillaumaud-Pujol
Article mis en ligne le 5 janvier 2014
dernière modification le 18 mars 2015

par CP

35ème Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier

Entretiens avec des réalisateurs :

Axel Salvatori-Sinz pour son film documentaire :

Les Chebabs de Yarmouk

Yotan Feldman pour son film documentaire :

The lab – Vendeurs de guerre

et en seconde partie d’émission :

Les Prisons aux Etats-Unis

Avec Claude Guillaumaud-Pujol

Les Chebabs de Yarmouk

Film documentaire d’Axel Salvatori-Sinz

Le premier film documentaire d’Axel Salvatori-Sinz, Les Chebabs de Yarmouk, est un document sur la jeunesse du camp palestinien de Yarmouk, en Syrie. Pour la réalisation du documentaire, Axel Salvatori-Sinz séjourna à plusieurs reprises dans le camp, situé dans la banlieue de Damas, durant les trois années du tournage des entretiens. Les discussions et les dialogues ont été filmés entre 2009 et 2011, huit mois après le début des manifestations de la population syrienne contre le régime de Bachar El Assad…

L’expression est libre, tant sur la nostalgie d’une Palestine imaginaire — « on a rêvé de la Palestine, mais nous n’y sommes jamais allés » explique l’un d’eux — que sur les rêves de départs et les projets artistiques. L’interdiction de filmer dans les rues a créé une contrainte, celle de réaliser toutes les prises de vues extérieures sur les terrasses et les toits. « Le camp,
c’est la Palestine
 » dit l’un des garçons, et l’une des filles ajoute avec pragmatisme :
« on en fait une ville, mais c’est un camp ».

Au début du film, les garçons parlent de leur priorité : échapper au service militaire, obligatoire pour les enfants de réfugié-es. « Je ne serai pas un soldat en Syrie », déclare l’un d’eux. Mais pour cela, il faut un visa et le parcours des Palestiniens et des Palestiniennes, sans passeport, n’est pas simple.

Le dialogue des jeunes filles est lucide . Chacune se projette dans un avenir où l’important serait de « démonter les tentes en ciment », d’oublier le camp bien qu’il représente aussi leur histoire, les liens d’amitié qui les lient, les projets en commun.
Fin d’une jeunesse, fin d’un cycle de vie ensemble, « partir, c’est une solution individuelle, pas collective. » L’exil continue : « Chacun et chacune dans un pays différent », alors la mémoire des luttes et l’espoir du retour, qui y croit encore ?

Depuis la fin du tournage des Chebabs de Yarmouk, que reste-t-il du camp, dans cette banlieue de Damas ? Un champ de ruines après les bombardements et un blocus alimentaire instauré depuis des mois par les autorités syriennes, malgré de timides protestations internationales. Les jeunes du film sont pour la plupart partis ou ont disparu. Le camp palestinien de Yarmouk, ou ce qu’il en reste, est continuellement bombardé et les réfugié-es y meurent littéralement de faim.

Cet entretien avec Axel Salvatori-Sinz a eu lieu le 28 octobre 2013, à Montpellier, dans le cadre du 35ème Festival international du cinéma méditerranéen.

Voir la transcription complète de l’entretien dans Divergences2.be : http://divergences2.divergences.be/spip.php?article722

The lab – Vendeurs de guerre

Film documentaire de Yotam Feldman

En Israël, 150 000 familles vivent du commerce des armes dont la production est florissante. Leur promotion se base sur la démonstration des opérations militaires faites sur le terrain, en Palestine. Gaza est un véritable laboratoire à portée de chars, d’avions, de drones et autres innovations meurtrières… Après l’opération de guerre, appelée Plomb durci, menée contre Gaza pendant l’hiver 2008-2009, Israël a vendu pour des milliards de dollars le matériel militaire testé sur la population de Gaza.

Chaque opération militaire est donc très rentable et remplit le carnet de commande. C’est ce que montre le film documentaire de Yotam Feldman, The lab – Vendeurs de guerre, qui prévoit par conséquent la nécessité d’autres interventions militaires. Des intellectuels israéliens étudient également la manière la plus efficace de « supprimer » les « autres », l’ennemi, allant jusqu’à dire « Les Palestiniens sont nés pour mourir, aidons-les » ! Les armes israéliennes et les tactiques de guerre s’exportent avec succès, notamment au Brésil où elles sont utilisées contre les populations des favelas.

Le nerf de la guerre, c’est le profit. Et le film en donne une parfaite illustration. L’occupation militaire de la Palestine est source de profit pour la société israélienne. Que se passerait-il alors si l’on mettait fin à l’occupation ? D’où une autre question, dans la logique économique, de Yotam Feldman : « À quand la prochaine opération ? »

L’intervention de Yotam Feldman a eu lieu lors du 35ème festival international du cinéma méditerranéen, à Montpellier, le 30 octobre 2013.

Yotam Feldman : Le film a commencé pour moi à la fin de l’opération Plomb durci en 2009, et au cours des opérations qui ont suivi, j’ai voulu comprendre ce qui finalement est peu évoqué dans la société israélienne, à savoir que notre prospérité économique est basée sur l’occupation des territoires palestiniens. The lab – Vendeurs de guerre était en premier lieu destiné au peuple israélien, parce que j’ai pensé qu’il était important de faire connaître cette réalité, mais ensuite également aux pays qui, partout dans le monde, soutiennent ce système par l’achat d’armes israéliennes.

En tant que citoyen israélien qui vit dans le pays, je porte un regard de l’intérieur sur ce problème et je suis critique du pouvoir de la bureaucratie militaire. C’est aussi cela qui m’a poussé à faire ce film. Quant à l’argument du terrorisme, brandi comme justification à toutes les dérives, le terme sert le plus souvent à corroborer une position idéologique dont les conclusions sont malheureuses.

Voir la transcription complète de son intervention dans Divergences2.be : http://divergences2.divergences.be/spip.php?article723

et en seconde partie d’émission :

Les Prisons aux Etats-Unis

Avec Claude Guillaumaud-Pujols

auteure de Prisons de femmes. Janine, Janet & Debbie… (Temps des cerises)

Le 9 décembre 1981, Mumia Abu Jamal est grièvement blessé lors d’une fusillade dans le quartier sud de Philadelphie. Il est arrêté et accusé du meurtre d’un policier, Daniel Faulkner, tué dans la fusillade. Malgré ses protestations d’innocence et son absence d’antécédents judiciaires, l’enquête menée sans qu’il y ait d’expertises balistiques, d’identification des balles ou de relevé d’empreintes, dans une zone non sécurisée, conclut à la culpabilité de Mumia
Abu Jamal.

S’ensuit alors une série de violations des droits de l’accusé et de malversations avérées — témoins menacés, subornés, occultés, rapports de police contradictoires… — jusqu’à l’aboutissement, en juillet 1982, du verdict : condamnation à mort de Mumia Abu Jamal.

Toute cette affaire, basée sur une enquête bâclée, vise avant tout l’opposant politique gênant qu’il représente, et ceci sous la férule du juge Sabo qui détient des records en matière de sentences de peine de mort. Ce dernier n’hésite pas d’ailleurs à faire cette remarque au cours
du procès : « je vais les aider à le faire griller, ce nègre » !

En août 2012, après trente ans passés dans le couloir de la mort, trente années de mobilisation internationale et de batailles juridiques, Mumia Abu Jamal est condamné, quasiment en douce, à la prison à vie.

Droits bafoués, justice mascarade, Mumia Abu Jamal, ex Black Panther,
journaliste surnommé la voix des sans-voix qui a osé dénoncer les violences policières et les meurtres perpétrés à l’encontre de la communauté MOVE, Mumia a cumulé les injustices et le déni des droits les plus élémentaires…

Son cas est emblématique des conditions carcérales et de la justice arbitraire qui sévit aux États-Unis : Si t’as du fric, tu t’en tires, même en étant coupable !
Mais si tu es pauvre et de surcroît black ou chicano, même innocent, tu es exécuté ou
derrière les barreaux à vie !

La condition des femmes prisonnières est encore pire et occulté. Racisme et sexisme, mêmes racines. Le cauchemar pénitentiaire étatsunien joue ici la surenchère dans la barbarie !