Chroniques rebelles
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Samedi 17 mai 2014
Marianne Khoury : portrait d’une passionnée de cinéma. Girafada de Rani Masalah et Il a plu sur le grand paysage de Jean-Jacques Andrien
Article mis en ligne le 19 mai 2014

par CP

Marianne Khoury

La passionnée de cinéma

Marianne naît dans le cinéma et, après un détour universitaire en économie et sciences politiques, elle s’y replonge totalement. C’est une productrice qui a un don, celui de découvrir des cinéastes de talent, c’est aussi une réalisatrice qui, dans son merveilleux documentaire,
Les Passionnées du cinéma, nous fait connaître les origines du cinéma égyptien.

Au début du XXe siècle, six femmes vont se passionner pour le septième art, briser les tabous, participer au développement de l’industrie cinématographique et forger la mémoire du cinéma égyptien. Elles s’appellent Aziza Amir, Fatma Roushdi, Bahija Hafez, Amina Mohammed, Assia et Marie Queenie… Et la filiation se perpétue, non seulement avec Marianne Khoury, mais aussi avec toutes les réalisatrices que Marianne produit, par exemple Kamla Abu Zekri. C’est toute une nouvelle génération de réalisatrices, volontaristes, prometteuses, qui développent des idées et expriment des envies profondes. Toutes sont déterminées à occuper leur place dans l’univers cinématographique. Bref, des femmes qui s’emparent de la caméra…

J’ai rencontré Marianne Khoury au Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier en octobre 2013. Elle y présentait une rétrospective des films de Youssef Chahine, des films qu’elle avait produit et non des moindres, de même que ceux de cinéastes comme Yousry Nasrallah, Atef Hetata, Hala Galal…

Elle présentait aussi le jeune cinéma égyptien, avec Heba Youssry et son premier film documentaire, My Sheherazade, de même que certains de ses propres documentaires comme le formidable Zelal, coréalisé avec Mustapha Hasnaoui. Zelal, c’est une plongée bouleversante dans le monde de l’asile psychiatrique qui fait notamment penser au travail de Marco Bellocchio sur le même thème et qui a pour titre Fous à délier (1968).

À l’issue de cette première rencontre durant le festival de Montpellier, je voulais la revoir pour comprendre son itinéraire dans le monde du cinéma et savoir si sa perspective du nouveau cinéma égyptien correspondait à mon impression de renouveau du grand cinéma égyptien.

Lors d’un passage à Paris, cela a donné un portrait bref, à son image, naturel et spontané, celui d’une indéniable passionnée de cinéma.

Girafada de Rani Massalah

Girafada de Rani Massalah est un conte politique sur l’occupation, sur le mur dans les têtes ou comment le contourner. Girafada, c’est la contraction de girafe et de Intifada. Et c’est là toute la trame de la fable : l’amitié d’un enfant et d’une girafe, la révolte d’un garçon de 10 ans qui croit au rêve et le revendique.

Girafada, une belle histoire d’amour et de résistance. Ziad, 10 ans, est palestinien et soigne deux girafes du zoo de Qalquiya, juste derrière le mur de séparation. Un soir, un raid militaire israélien tue l’une des girafes et l’autre n’a plus le goût de vivre. Alors Ziad s’insurge, contre l’autorité, contre l’occupation, contre tout…

Girafada est encore sur les écrans. Un premier film sous forme de fable qui néanmoins montre l’occupation en Cisjordanie et les tensions qui en résultent, mais à travers le regard d’un enfant. Le film laisse cependant entrevoir une ouverture pour l’amitié et le rêve.

La rencontre avec Rani Massalah a eu lieu pendant le festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier, en novembre dernier.

Le grand paysage d’Alexis Droeven (1981)

Jean-Jacques Andrien

Il a plu sur le grand paysage

Jean-Jacques Andrien (2014)

Il a plu sur le grand paysage est un coup de cœur, tant la métaphore de la
globalisation capitaliste y est puissante. Rarement un réalisateur a approché et décrit
d’une manière aussi profonde la réalité actuelle du monde paysan et sa culture.
Jean-Jacques Andrien déclare : « dans le documentaire, je donne la parole aux gens ».
Il ajoute que déjà dans son film de fiction, réalisé quelque trois décennies auparavant,
la question centrale du film était « que peut transmettre un père à ses enfants en
situation de crise grave ?
 »

Alors j’ai voulu voir son film de fiction, Le grand paysage d’Alexis Droeven. Une projection a eu lieu en 35mm en compagnie de Jean-Jacques Andrien et c’est à cette occasion que s’est faite cette interview.

Les deux films sont d’une force exceptionnelle, une fiction et un documentaire, que sépare plus de trente ans. Le constat du documentaire étant en résonance avec la fiction qui fait figure de prémonition des dégâts générés dans le domaine agricole par les quotas imposés et autres règles drastiques du marché européen.

Il a plu sur le grand paysage de Jean-Jacques Andrien (2014) est sur les écrans le 14 mai.

Le grand paysage d’Alexis Droeven de Jean-Jacques Andrien (1981) sera sur les écrans en août 2014.

Entretien avec Jean-Jacques Andrien

Pour finir, un entretien avec Frasiak, au théâtre de l’Européen, pendant les
deux jours Ferré, la veille du 1er mai.

Frasiak viendra dans les chroniques rebelles le samedi 28 juin.