Chroniques rebelles
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Samedi 27 septembre 2014
Chroniques de la résistance et Trois en Un par le Yes theatre de Hébron en Palestine
Article mis en ligne le 29 septembre 2014
dernière modification le 3 octobre 2014

par CP

Chroniques de résistance

On ne parlera jamais assez de résistance dans des moments qui semblent sous l’emprise de la résignation et du découragement. Il est vrai que le matraquage habituel, médiatique, anxiogène, publicitaire et autre, met le paquet pour faire ressentir aux populations que l’on vit dans le meilleur des mondes et que, côté occidental, la soi-disant « démocratie », telle qu’elle sévit, est l’unique solution et rempart au totalitarisme et que, bien sûr, résister n’aboutirait qu’à pire. On ne parle pas des malversations, de la corruption, des injustices, des 20 % de la population qui vit sous le seuil de pauvreté en France, des décisions politiques sans anticipation des risques — façon apprenti sorcier —, ni des promesses de circonstances, finalement trahies. Tout juste si le pouvoir reconnaît parfois des dérapages trop évidents et la nécessité de réformes… seulement cosmétiques ! Le meilleur des mondes, c’est cela : le déni et la propagande. Le peuple, les « sans dents » n’ont qu’à se conformer, n’ont qu’à se taire et mettre un bulletin dans l’urne à certaines périodes, c’est-à-dire voter pour celui, ou celle, qui se présentera comme l’alternative salvatrice de la « démocratie ».

Il faudrait quand même revoir les définitions de « démocratie » — non directe et vidée d’un sens idéal — et du totalitarisme. Ce sont des formules qui demandent réflexion. Le totalitarisme s’exerce brutalement dans de trop nombreux pays, mais aussi ailleurs, subrepticement, sous d’autres formes.

Les Chroniques rebelles ont donc choisi de parler aujourd’hui de résistance, des résistances, par la musique, les textes et le théâtre.

D’abord avec un album original, Chroniques de résistance, dans lequel des textes, des paroles, des citations de Durruti, de Maurice Rajsfus, de René Char, de Marianne Cohn et de Serge Utgé-Royo, parmi quelques autres, sont mis en musique par Tony Hymas, ou devrais-je dire plutôt que cette suite, comprenant 27 fragments, dédiée aux résistants et aux résistantes du passé, du présent et du futur, s’accompagne d’un univers musical. Un album superbe qui s’écoute comme si l’on était au spectacle.

En deuxième partie des chroniques rebelles, il sera question de théâtre, de théâtre en Palestine. « Créer en Palestine, c’est se créer soi-même, reconstituer son identité personnelle, repenser son rapport aux autres puis affirmer son appartenance à un peuple. À quelles difficultés en termes d’identité les comédiens [et les comédiennes] sont-ils [et sont-elles] confronté-es [en faisant] du théâtre en Palestine ou à l’étranger ? » Et l’on peut se demander en quoi, est-ce « une démarche essentielle qui trouble et enrichit notre vision du théâtre ? »

Il est important de se souvenir, d’observer et de s’approprier toute forme de résistance pour imaginer, construire et lutter pour une autre vision de la vie et un autre monde.

Chroniques de résistance

Avec Jean Rochard et Christelle

Trois en un

du YES THEATRE - Compagnie de Hébron, Cisjordanie, PALESTINE

En tournée en France du 24 septembre au 14 octobre 2014

Trois en Un est une création collective qui interroge la fonction du théâtre dans une société qui a d’autres préoccupations. Raed Shyoukhi, Mohamed Titi et Ihad Zahdeh remettent en perspective leur travail de comédien et pointent le décalage entre leur activité quotidienne et le regard souvent interloqué des habitants.

Hébron en Palestine. On pense immédiatement au cœur de la vieille ville occupée par la violence et la haine, où les colons s’évertuent à humilier et à agresser une population palestinienne pour la chasser. On maintient une colonie d’environ 600 personnes au milieu d’une ville de 150 000 Palestiniens et Palestiniennes. Les colons ont tous les droits, ils caillassent les enfants, les blessent, inscrivent des slogans racistes sur les murs, volent les fruits des jardins, vident leurs ordures dans les rues où vit la population palestinienne, et les soldats israéliens tournent la tête de l’autre côté, car l’armée de l’occupant est là pour protéger les colons, pas les enfants ou les femmes palestiniennes.

Faire du théâtre dans ce contexte, est-ce une forme de résistance ? Est-ce une manière de s’élever dignement contre l’occupation ? De transcender l’insupportable, de refuser l’humiliation ? Quel est le rôle de la création théâtrale dans une telle situation ? Est-ce une manière de témoigner de la violence au quotidien en refusant la victimisation ?

« De Jénine à Hébron ou de Jérusalem Est à Gaza, on fait du théâtre. Au cœur des villes, dans les camps de réfugié-es ou dans la rue, des îlots de création éclatent et prolifèrent. Faire du théâtre en Palestine, c’est lutter pour faire jaillir une parole libre et singulière, c’est tenter de rompre les frontières rigides qui découpent un territoire en mille morceaux, c’est dévoiler au reste du monde le visage d’une terre aux mille contradictions.

Créer en Palestine, c’est se créer soi-même, reconstituer son identité personnelle, repenser son rapport aux autres puis affirmer son appartenance à un peuple. »

C’est cette expérience que le Yes Theatre de Hébron en Palestine propose de partager avec leur spectacle, Trois en un, durant la tournée organisée par les Amis d’Al Rowwad.
Le théâtre palestinien est riche de contenu, inventif, multiforme et évoque de manière profonde les conséquences d’une longue occupation et d’un déni de justice. À voir les créations palestiniennes, on se demande si le théâtre, de même que le cinéma, la littérature ou la création artistique en général, ne sont pas des moyens de se projeter au-delà du mur.

Les Amis d’Al Rowwad sont les organisateurs de cette tournée. L’association a pour objectif de favoriser l’expression artistique palestinienne et de faire connaître les arts de la scène palestiniens en France.

Avec Nathalie Simus

http://amis-alrowwad.org/

Contact : info@amis-alrowwad.org