Chroniques rebelles
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Samedi 26 janvier 2008
Après l’Hégémonie. Propositions pour un monde multipolaire
Film documentaire de Béatrice Pignède et Francesco Condemi, réalisation Béatrice Pignède
Article mis en ligne le 27 janvier 2008

par CP

Pour un cinéma documentaire indépendant.
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« L’utilisation d’ennemis potentiels est une manière de créer des distractions politiques pour susciter un sentiment de peur aux Etats-Unis. Le terrorisme est partout et nulle part » et « cela crée une énorme paranoïa parmi la population », ce qui bien entendu, « facilite la main mise du pouvoir dirigeant » explique, James Petras, l’un des intervenants du film documentaire de Béatrice Pignède et Francesco Condemi, Après l’hégémonie. Propositions pour un monde multipolaire.

Est-il question ici de la fin de l’hégémonie états-unienne sur fond de crise économique ? La première puissance mondiale est-elle sur le déclin ? Ou bien s’agit-il d’un rejet du modèle états-unien et de son impérialisme tentaculaire ?

Les différents intervenants se succèdent dans le film pour élaborer une réflexion sur une situation complexe. Réflexion parfois contradictoire et dissonante, mais toujours intéressante, originale dans le contexte actuel de consensus médiatique. Les news, cela se consomme, alors les analyses dépendent de nombreux facteurs qui lissent très souvent l’approche d’une situation.

Dans Après l’Hégémonie. Propositions pour un monde multipolaire de Béatrice Pignède et Francesco Condemi, il y a d’abord les constats, celui d’Ahmed Tibi (député palestinien israélien à la Knesset) :
« Occupation et colonialisme sont les ennemis des nations et des civilisations. C’est employer la force contre la volonté, la liberté des citoyens et des nations. […] Le système d’occupation en Palestine a été soutenu politiquement, logistiquement et militairement par l’administration états-unienne. »

Ou bien encore l’analyse d’Uri Avnery, militant israélien pour la paix qui revient sur l’«  idée du choc des civilisations qui, pratiquement, place l’Islam dans la position d’ennemi de la civilisation occidentale ». C’est, dit-il, une « idée médiévale, cela ramène à l’époque des croisades » et cela justifie, pour le gouvernement israélien, les interventions militaires contre les Palestiniens de même que la guerre contre le Liban, en juillet 2006, qui « était en réalité une attaque contre la Syrie parce que le Hezbollah est très lié à la Syrie. »

Il établit également un lien entre les mythes fondateurs des Etats-Unis et de l’État d’Israël. Lien qui, au-delà de l’aide économique accordée à Israël, réunit les histoires officielles des deux pays : « La création des États-Unis s’est faite sur un génocide — la destruction des populations indiennes —, ensuite ce fut l’esclavage. L’économie états-unienne a longtemps reposé sur l’esclavage et le pays a eu besoin d’une idéologie idéalisée pour garder un semblant de dignité. Est apparu alors le mythe du peuple choisi venu d’Europe dans un pays sauvage habité par des sauvages. Et ces courageux pionniers transformèrent le pays en paradis à partir de rien. C’est très similaire à ce qui s’est passé pour Israël. Nous n’avons pas commis de génocide et nous n’avons pas eu d’esclaves, mais nous avons déplacé le peuple palestinien. Et nous avons le mythe des Juifs persécutés, venus d’Europe, courageux et travaillant dur pour transformer une terre en paradis. C’est très similaire, il y a des affinités basiques entre le mythe national états-unien et le mythe national israélien. »

L’idée de mission de colons «  choisis » est encore plus aberrante que la « mission civilisatrice » de la colonisation française. Cela dépasse le ridicule « nos ancêtres les Gaulois… » et élargit le champ d’action militaire en justifiant par avance les interventions états-uniennes dans le monde, « destinée manifeste » oblige !

Sur un autre chapitre, James Petras fait remarquer que le « risque de l’affaiblissement du gouvernement Bush peut mener à une aventure qui ravive [la] peur pour maintenir le pouvoir de ce gouvernement »… Et des républicains. Dans la course électorale pour la Maison blanche, l’enjeu de pouvoir fait craindre le pire et la poursuite de l’occupation en Irak fait partie des arguments électoraux partagés d’ailleurs par républicains et démocrates. Les va-t-en guerre d’un côté — Hillary Clinton par exemple — et de l’autre ceux qui sont contre, le démocrate Barak Obama et le républicain Ron Paul qui répond à un journaliste de Fox News, chaîne de télé bien ancrée à droite :
« On ne comprend pas la vie politique au Moyen-Orient. Il est difficile de suivre une politique aussi irrationnelle. Nous construisons une ambassade en Irak qui est plus grande que le Vatican et quatorze bases militaires permanentes. Que dirions-nous si la Chine faisait la même chose ici, dans le golfe du Mexique ? Que ferions-nous si d’autres pays agissaient ainsi contre nous ? »

Toute l’attitude impérialiste des Etats-Unis est ainsi résumée dans cette question. De même que le rejet du « modèle » états-unien qui fait tant rêver notre gouvernement actuel : on nous parle d’opportunité… Mais qui en bénéficie ? Pour quelles les populations ?

La fuite en avant du système capitaliste n’augure rien de bon, alors « partageons les richesses », mais pas la misère !

(Remerciements à Geneviève Coudrais pour les photos illustrant cette présentation des Chroniques rebelles. Photos prises dans le cadre des manifestations hebdomadaires, organisées avec d’autres associations par les Anarchistes contre le mur, à Bilin-palestine/Cisjordanie. Remerciements à Jane Frere pour les photos d’une future exposition de ses œuvres : Nakba Project.)