Walter Benjamin. Politiques de l’image et Trois jours pour chanson libre

Walter Benjamin. Politiques de l’image. Sous la direction d’Alain Naze (L’Harmattan)
lundi 27 avril 2015
par  CP
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Walter Benjamin

Politiques de l’image

Sous la direction d’Alain Naze (L’Harmattan)

Entretien avec Alain Naze [1], Philippe Roy et Alexandre Costanzo

« L’image ne constitue pas seulement un objet de pensée chez Walter Benjamin, mais vaut comme élément dans lequel se déploie sa pensée, à l’instar de la fulguration visuelle dans laquelle se donne l’image dialectique.

Les textes ici réunis articulent les dimensions esthétique et politique de l’image, dans les champs du cinéma, de la photographie, ou encore de l’architecture, comme une manière d’interroger les ressources spécifiques des images techniques. »

Walter Benjamin. Politiques de l’image est un ouvrage collectif issu d’un colloque intitulé « Actualité de Walter Benjamin », et les textes présentés ici tournent autour du thème de l’image et de la relation à l’image, très présente dans la pensée de Walter Benjamin. L’image fixe, l’image en mouvement, la perspective, le geste… Beaucoup de questions qui amènent à s’interroger sur les dimensions politique et esthétique de l’image, qu’il s’agisse du cinéma, de l’architecture ou de la photographie…

« Il n’y aurait donc pas, d’un côté, la pensée de Benjamin, qui, à titre d’objets, privilégierait les images, mais il y aurait plutôt la pensée de Benjamin qui, en tant que telle, se déploierait au sein d’images — mieux, s’informerait comme image. »

Alain Naze

En parlant de cinéma, on entend généralement le film réalisé et diffusé. Rares sont les analyses de la fabrication d’un film, la conception, l’écriture, le filmage, la réalisation, le montage, le mixage, toute la phase « artisanale » et créative de la post production. Le cinéma est une juxtaposition d’images et de sons en évolution, projetée et partagée sur un écran. Sa spécificité réside dans le processus en mouvement qu’il implique, depuis l’écriture — le script, le synopsis, le story-board —, en passant par des strates d’évolutions successives durant le tournage et surtout au cours de la post production où le son et la technique peuvent avoir un rôle déterminant sur la création, c’est-à-dire sur la forme et le contenu cinématographiques.

Philippe Roy

« Le geste est mieux révélé par un film parce que filmer est gestuel » ? Peut-être. Mais « Pourquoi le cinéma aurait cette capacité de pénétrer dans le domaine gestuel ? » Philippe Roy [2]répond : «  Les images sont innervées par un certain nombre de gestes cinématographiques : plongées et remontées de la caméra, coupures et isolements, réductions. Plonger, remonter, couper, isoler, ralentir, accélérer, agrandir, réduire et bien sûr monter (le montage faisant retentir les gestes les uns avec les autres et dans les autres). »

Nous parlerons également, avec Alexandre Costanzo, du « cinéma de la révélation » de Philippe Garrel, un « catalogue de gestes, d’attitudes et de postures qui se succèdent, saturé par des paroles à blanc, nourri de mimiques, de jeux et de scènes de ménage ». Philippe Garrel décrit « les scènes primordiales d’une humanité générique ».

Alexandre Costanzo

Enfin, avec Alain Naze, il sera question d’articulation entre architecture et cinéma, des passages urbains magiques, propices « à toutes les rencontres », qui apparaissent dans trois films de Jacques Demy, Lola, Les parapluies de Cherbourg et Une chambre en ville. Autrement dit, quelle est la « perception face à une architecture, la perception face à un film, et enfin la perception face à un film mettant le spectateur [et la spectatrice] en présence d’une architecture. »

Les films exploreraient le monde que nous avons sous les yeux ? Sans doute soulignent-ils parfois des situations, des faits, des gestes que l’on préfère ignorer, de l’intime au politique. Et l’on revient au titre de l’ouvrage, Walter Benjamin. Politiques de l’image, «  “politiques” de l’image qui doit donc s’entendre comme ce qui pose aussi la question de la politique ».

Seconde partie des chroniques rebelles, Cristine Hudin nous présente les trois spectacles donnés à l’Européen, trois soirées de chansons libres, les 1er, 2 et 3 mai, c’est-à-dire la semaine prochaine. Avec de nombreux artistes et de très belles surprises.

Avec le temps de Léo Ferré est au répertoire des concerts en trio de Tony Hymas depuis 1997. Il l’a enregistré en 2011 avec les Bates Brothers dans Blue Door. L’intérêt du pianiste pour l’univers du chanteur libertaire est grand.

Après ses récitals De Delphes à... et Mémoires de mer et à la suite de l’invitation de Cristine Hudin et Serge Utgé-Royo pour "Premier mai jour Ferré" à l’Européen, il en a préparé un troisième consacré aux chansons de Ferré. Il en offrira une partie lors de la 8e édition de ce rendez-vous annuel, le 1er mai à 19h .

De grandes voix participeront à cette soirée telles celles d’Angélique Ionatos, Sara Veyron, Romain Lemire, Nicolas Reggiani. Léo Nissim, pianiste de Serge Utgé-Royo (que l’on retrouvera ce même week-end au même endroit), ouvrira le concert en présence de Marie-Christine Diaz-Ferré.

Le lendemain, on pourra assister à la série Libres chants avec Michel Bühler, Véronique Pestel, Bernard Joyet, Les Chanteurs livreurs, Frasiak, Pierre Margot, Nathalie Miravette et le dimanche à 18h, le trio Utgé-Royo avec Serge Utgé-Royo (qui a écrit les paroles de deux chansons pour les Chroniques de résistance de Tony Hymas), Léo Nissim (piano), Jean My Truong (le batteur de deux groupes phares de la musique en France de 1970 Perception et Zao). En ouverture : Marie Baraton.

http://www.leuropeen.info/index.php?wh=programme&evt=770#770

Réservations :

01 43 87 97 13 et 06 12 25 52 85


[1Temps, récit et transmission chez Walter Benjamin et Pier Paolo Pasolini

Walter Benjamin et l’histoire des vaincus

Alain Naze

Cherchant de véritables passages entre Walter Benjamin et Pier Paolo Pasolini, cet ouvrage fait entrer les deux œuvres dans un profond rapport de résonance, tout en respectant la singularité de chacune. C’est essentiellement à partir de la question du langage que s’est révélé le nouage le plus profond entre les deux œuvres, les résonnances les plus marquantes qui se feront ensuite jour, qu’il s’agisse de la question du cinéma, de celle de l’origine, ou encore de l’histoire elle-même.

[2Philippe Roy est l’auteur de Trouer la membrane. Penser et vivre la politique par des gestes (L’Harmattan).

Nous sommes à l’âge de la membrane, telle est une des thèses politiques que défend et explicite ce livre, ce concept se réclamant à la fois du biopouvoir de Foucault et des analyses de la membrane qui caractérise le vivant selon Simondon. Cette membrane est entrée, après la Seconde Guerre mondiale, dans une nouvelle époque, celle du « vivantisme » (où toutes les formes de vie se valent), du néolibéralisme et des réseaux financiers. Est-ce à dire que toute politique n’est plus que branchée sur la membrane, productrice de celle-ci ou résistance à ses déchirements ?