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Samedi 12 septembre 2015
Histoires de la Plaine, film documentaire de Christine Seghezzi. Réfractions, n° 34…
Cinéma documentaire, réflexions critiques…
Article mis en ligne le 12 septembre 2015
dernière modification le 21 septembre 2015

par CP

Cinéma documentaire, revue et réflexions critiques, projections, colloque et débats…

Histoires de la Plaine

Film documentaire de Christine Seghezzi

Nous venons en amis

Film documentaire de Hubert Sauper

Réfractions n° 34

"Déjouer les séductions de l’extrême droite"

Deux jours de colloque, projections de films et débats au cinéma La Clef

26 et 27 septembre

Histoires de la Plaine

Film documentaire de Christine Seghezzi

Histoires de la Plaine, nous sommes dans la pampa argentine, un petit café, quelques hommes qui semblent attendre, une pompe à essence, un vieux qui balaie… Tout est statique, à l’abandon, avec autour des champs de soja transgénique à l’infini… Le désert vert de la mono culture est rythmé par le passage des avions qui font l’épandage de pesticides.

La région était, il n’y a pas si longtemps, parmi les plus fertiles d’Argentine, et la voilà transformée depuis une quinzaine d’années en un espace voué aux « cultures dites “de rente”, dont la production est destinée à l’exportation, le soja et le maïs étant utilisés majoritairement pour la nourriture du bétail. »

Rentabilité, le mot clé de la destruction de l’environnement est dit :

« On étalait la poudre violette. Et cette poudre violette était du poison, et puis mon père semait le champ avec les graines déjà traitées. Et en repensant à ma vie [confie la maîtresse d’école dans le film], je m’aperçois aujourd’hui que, même si la technologie a beaucoup évolué — les machines sont plus grandes, le travail se fait beaucoup plus vite — qu’on sème toujours du soja en utilisant des poisons. Et ce qui était “très normal” à l’époque pour nous — aider notre père dans l’utilisation du poison, l’est encore aujourd’hui pour mes élèves. Pour eux c’est normal de travailler avec du poison. » Histoires de la Plaine, Christine Seghezzi.

Les champs rectilignes et à perte vue de plantes génétiquement modifiées (PGM) sont cultivées sur 175 millions d’hectares dans le monde, soit 13% des surfaces cultivées. Les pays producteurs pratiquent une agriculture industrielle sur de vastes superficies, notamment 70 millions d’hectares aux États-Unis, 40 millions au Brésil et 25 millions d’hectares en Argentine. Quatre variétés de cultures en majorité : le soja sur 80 millions d’hectares, le maïs sur 55 millions, le coton sur 25 millions et le colza sur 10 millions d’hectares.

Histoires de la Plaine… C’est une histoire de profit destructeur et de rentabilité dévastatrice à court terme que nous raconte Christine Seghezzi, en promenant sa caméra et en écoutant les personnes qui témoignent des conséquences dramatiques sur la population : maladies, cancers, malformations, mêmes phénomènes pour les animaux :

« L’élevage n’est plus ce que c’était [dit un éleveur]. Avant c’était différent, aujourd’hui tout a changé. Aujourd’hui il y a des problèmes […].
À cause des liquides, à cause de l’air qui a changé. Parfois tu ne sais pas pourquoi, tu trouves une poule morte. De mort subite ; elle meurt. Comme ça. Des fois, des cochons naissent avec des malformations. Ils meurent au bout de deux jours. Ou ils naissent aveugles ou sans oreilles. Il y a quelques jours un cochon est né sans appareil pour uriner. Il a vécu trois jours, puis il est mort. »

Christine Seghezzy revient en détail sur le « désastre écologique, sanitaire et économique » de la culture intensive du soja en Argentine. Les autres cultures ont disparu, les pesticides ont empoisonné la terre et les nappes phréatiques, des espaces immenses sont recouverts de soja, au détriment de la diversité et de l’élevage des bovins qui sont désormais parqués dans des usines à viande……

Histoire des plaines donne la parole à des hommes et à des femmes qui narrent simplement la dévastation d’une région, l’expropriation et la misère, mais c’est aussi l’histoire politique et sociale d’Argentine qui surgit, les disparitions de militants et militantes sous la dictature militaire, les populations indiennes qui, auparavant, vivaient sur ces terres parmi les plus fertiles du pays.

Histoire des plaines, un film en devenir et à soutenir.

Rencontre avec la réalisatrice, Christine Seghezzy, Michel, production et distribution de Zeugma Films, Alexandra de Zeugma Films.

La post production (montage son, mixage, étalonnage) est en attente de budget. Prévision de sortie : printemps 2016.

Revue Réfractions N° 34

Déjouer les séductions de l’extrême droite

Dans un contexte où les inquiétudes priment sur l’analyse critique, la revue Réfractions se penche sur les raisons de la montée de l’extrême droite, sur son discours et son histoire. Difficile en effet de démêler l’instrumentalisation des résultats électoraux du simple constat dans la somme de sondages, de statistiques, de commentaires dont on nous abreuve quasi quotidiennement.

Il en résulte une confusion, une cacophonie et des amalgames dont les
« cassandres » professionnelles font leur miel, brouillant ainsi les pistes et jouant l’atout de la dramatisation avec quelque succès, pour l’attrait d’une Une ou d’un scoop.

C’est pourquoi ce numéro de Réfractions paraît à point nommé en offrant d’autres perspectives de réflexion et des angles différents d’approche d’une problématique généralement biaisée. Car si la montée de l’extrême droite est agitée souvent comme un chiffon rouge pour nous faire avaler des décisions, des réformes, des lois, des attitudes inadmissibles, il est temps de comprendre les méfaits des manipulations et de « déjouer les séductions de l’extrême droite », d’où qu’elles viennent.

Autrement dit : stop à l’enfumage et passons à la contre-offensive…

Présentation

Périodiquement, depuis quelques dizaines d’années, reviennent les mêmes questionnements après chaque élection qui a vu monter la présence des partis d’extrême droite dans l’un ou l’autre pays d’Europe. Chaque fois, sondages et statistiques tentent de cerner quelles sont les aires géographiques, les catégories socio-économiques ou professionnelles qui se sont laissées séduire, données que les analystes de tous bords cherchent ensuite à interpréter en lançant des hypothèses sur les motivations qui ont mené ces différents groupes à ce choix fatal.

Suite aux dernières élections européennes, les commentateurs ont mis en évidence des facteurs plus ou moins circonstanciels tels que le ras-le-bol de la politique ultra-libérale de l’Union européenne, l’abdication des partis de gauche face aux difficultés économiques croissantes que rencontrent les populations, le sentiment d’insécurité alimenté tant par la petite délinquance que par la précarité et la peur du lendemain, la xénophobie revivifiée par la menace qui pèse sur les aides sociales.

En dépit de certains biais produits par l’absence de recul médiatique (peut-on comparer un scrutin européen avec une élection présidentielle pour constater une augmentation du score ? Peut-on assimiler ce qui se passe dans différents pays européens ?), la situation est sans aucun doute alarmante et ne peut nous laisser sans réaction. Car la percée des partis d’extrême droite n’est pas la seule manifestation d’une adhésion en hausse : il y a également une augmentation de la circulation de cette propagande par les sites internet, les réseaux sociaux et même les tribunes des médias commerciaux.

Or, si les raisons objectives de se plaindre de la situation actuelle et de redouter l’avenir sont nombreuses, on ne voit pas pourquoi les réponses et perspectives simplistes de l’extrême droite sont si facilement acceptées comme des bouées de sauvetage, alors que les propositions de l’extrême gauche ou des anarchistes ne voient pas leur succès augmenter. Certains invoquent une méfiance pour l’extrême gauche en raison du totalitarisme communiste, mais comment concevoir que le totalitarisme fasciste n’effraie pas tout autant, ou que les partis d’extrême droite parviennent si facilement à masquer leur héritage et à se faire passer pour des bienfaiteurs du peuple ? Il ne fait pas de doute que leur séduction ne repose pas sur des propositions de solutions rationnelles et crédibles, mais se fonde sur des mécanismes beaucoup plus souterrains, que nous aurions tout intérêt à mettre au jour pour mieux les déjouer.

Nous avons d’abord tenté d’expliquer et d’illustrer pourquoi l’emploi systématique du terme « fasciste » cache une nouvelle réalité politique et sociale. Même si l’on trouve dans tous ces courants, partis ou mouvements, des permanences comme l’antisémitisme ou le besoin de se référer à un chef, la situation d’aujourd’hui n’a plus grand chose à voir avec celle à laquelle le terme de « fascisme » fait référence. Certes, comme dans les années du début du siècle précédent, la crise économique bat son plein, doublée cette fois d’une crise environnementale. Le capitalisme a changé de nature. Il n’est plus lié à un pays, même si ses dirigeants y résident. Il n’a plus besoin de pays fermés. La globalisation du capital est une évidence et c’est cela même qui fait peur. La « nouvelle » extrême droite prône au contraire un renfermement sur soi, l’exclusion des autres, en d’autres termes des sociétés fermées. Elle fait de cette proposition la clé de voûte de son programme politique. Face à elle, la gauche politique comme la droite classique continuent de penser que le « progrès » économique règlera la question. Les forces sociales de gauche sont, elles, trop impliquées dans leur tentative de préserver les acquis sociaux pour porter un espoir de changement profond.

Le premier article du dossier détaille de façon critique l’offre de l’extrême droite et les récupérations auxquelles elle procède. Son auteur aborde la question de l’efficacité d’une opposition antifasciste et du confusionnisme qu’elle charrie avec elle. Le texte suivant rappelle que l’antifascisme a une histoire qui commence après la première guerre mondiale. Ce courant, qui rassemblait beaucoup de monde, dont une grande partie des intellectuels français, servit de cache-sexe à la Russie de Staline. Une des constantes de l’antifascisme actuel est d’agiter le risque du retour de la peste brune pour aujourd’hui. Or, ce qui était possible hier ne l’est plus, du moins sous les formes qu’il avait prises, les conditions générales d’exercice du capitalisme ayant changé fondamentalement.

C’est ce que ce troisième texte aborde en affirmant que « Le fascisme ne passera plus ». Pourtant, sous une forme ou un autre, une constante du fascisme continue à resurgir ici ou là, ouvertement ou de façon souterraine : il s’agit de l’antisémitisme. Il est temps de chercher à comprendre ce qui séduit tant dans cette forme de racisme. En intitulant ce texte « un racisme contre-révolutionnaire », c’est ce que son auteur cherche à expliciter.
Concrètement, l’idéologie nauséabonde de l’extrême droite, parfois pas si extrême que cela, a des effets pervers dans bien des régions. Nous avons demandé à l’un de nos amis de nous décrire quels en sont les effets dans cette région du Sud de la France où ces courants font leurs meilleurs scores électoraux. Il relève avec justesse que leurs partisans apparaissent aux yeux de beaucoup comme les seuls opposants au système en place.

C’est également dans l’expérience quotidienne, dans la proximité compréhensive avec des personnes fragilisées, et dans une critique radicale de ce que les valeurs dominantes font de nos vies, que s’ancrent les réflexions douces-amères de « L’Euthanasie du gouvernement », ouvrant des pistes pour penser autrement. Déjà dans les années qui suivirent la deuxième guerre mondiale, des théoriciens se demandèrent quels types de personnalité pouvaient être séduits par les diverses composantes de l’idéologie fasciste.

Les résultats d’une vaste enquête, dirigée à l’époque par Theodor Adorno, sont exposés et confrontés à la situation actuelle dans l’article « Ne pas railler... ». Enfin, « Démocratie 2.0 » expose, à partir de l’exemple italien du mouvement « Cinque Stelle », comment la supposée transparence du web et son utilisation « ouverte » peuvent amener à mettre en place des structures d’autorité dans un mouvement politique dit autogéré mais en fait complètement obscur.

Nous ne pouvions clôturer ce numéro sans aborder le choc traumatique de ce début d’année 2015. Sommes-nous ou ne sommes-nous pas Charlie ? Même s’ils paraissent en Transversale, les deux articles qui explorent des positions complémentaires, tout en laissant la question ouverte, sont par bien des aspects liés au thème de l’extrême droite : peur et violence, puissances réactionnaires et désirs de liberté, et nos propres difficultés à avoir prise sur les événements — difficultés, mais en aucun cas renoncement.

DOSSIER

 Du combat anti-fasciste au combat anti-confusionniste, Bernard Hennequin
 Du bon usage de l’antifascisme, Ronald Creagh
 Le fascisme ne passera plus ! Alain Bihr
 L’antisémitisme, un racisme contre-révolutionnaire, Pierre Sommermeyer
 Une réalité qui bouscule les certitudes, Daniel Vidal
 L’euthanasie du gouvernement, AlainThévenet
 Ne pas railler, ne pas pleurer, ne pas haïr, mais comprendre, Annick Stevens

RENTRÉE DES FILMS DOCUMENTAIRES

C’est quoi ce travail ?

Écrit et réalisé par Luc Joulé et Sébastien Jousse

Avec Nicolas Frize

Sortie : 14 octobre 2015

La musique dans une usine qui fabrique à la chaîne 800 000 pièces pour automobiles, par 24 heures… La parole ouvrière et l’art.

Le monde ouvrier et la création musicale avec le compositeur Nicolas Frize traquant des paysages sonores et à l’écoute des témoignages.

Mais c’est quoi ce travail ? Un film fascinant, touchant et splendide !

Luc Joulé et Sébastien Jousse viendront sur Radio libertaire le samedi 10 octobre

Nous Venons en Amis (We Come as Friends)

Réalisé par Hubert Sauper

Sortie : 16 septembre 2015

Après Le Cauchemar de Darwin, Hubert Sauper revient avec un film coup de poing et sans concession sur la situation dramatique du Soudan, pays partagé et piégé par la folie de dirigeants sous la férule des États-Unis et de la Chine. La convoitise des puissances étrangères n’a d’égale que leurs mensonges.

Il n’est pas question de recoloniser le pays comme le déclare Hillary Clinton, les évangélistes états-uniens voient dans le Soudan un nouveau Texas, les ingénieurs chinois s’installent sur les terres en saccageant la vie des paysans alentour afin pomper le pétrole.

Piller, exproprier n’est pas coloniser ! La population soudanaise appréciera la nuance entre massacres et visites d’envoyés occidentaux chargés de leur apporter la civilisation… Il s’agit avant tout de s’accaparer des matières premières, de vendre des armes et donc d’entretenir les conflits, de les habiller et d’apporter la morale ! Au Sud, la destinée manifeste états-unienne à l’œuvre dans tout son cynisme — In God and dollars we trust — et au Nord, le libéralisme moraliste à la chinoise…

Le Soudan possède des richesses phénoménales : une estimation de 600 milliards de dollars en valeur de pétrole, mais aussi de l’or, du zinc, de l’uranium, du cobalt, etc. sans parler des richesses agricoles et de l’eau. Le Soudan est un enjeu stratégique et géopolitique essentiel.

Hubert Sauper survole dans un avion bricolé, Sputnik, ce pays déchiré par les conflits internes, attisés par les religions — faut bien diviser pour régner —, et donne la parole au peuple soudanais.

Nous Venons en Amis est un film très fort, à voir et à revoir…

Sur les écrans le 16 septembre



Deux jours au cinéma La Clef

Samedi 26 septembre à 14 heures 30

Avec l’Association du 24 août 1944

COLLOQUE au cinéma La Clef

LE STO, LES CAMPS ET LA LIBÉRATION

14 h 30 : Les compagnies de travailleurs étrangers (CTE) et les groupements de travailleurs étrangers (GTE), Marie Rafaneau-Boj, écrivaine.
Témoignage sur le camp de Laon rapporté par Serge Utgé-Royo, fils d’un évadé de ce camp.

15 h 15 : Les antifascistes espagnols au camp d’Aurigny (organisation Todt), David Wingeate Pike, professeur de l’université américaine de Paris.

16 h : Le STO et les Espagnols, Jean Chaize, président de la Fédération nationale des victimes et rescapés des camps nazis et du travail forcé, directeur
de la publication Le Proscrit ; Ramón Pino, fils d’un évadé du STO.

17 h 15 : Le camp de Mauthausen, la résistance des Espagnols, le devoir collectif de survivre. Ramiro Santisteban, ancien déporté du commando Poschacher ; Benito Bermejo, historien ; Jean-Marie Winkler, universitaire, auteur de Château d’Hartheim ou l’antichambre de la solution finale.

Dimanche 27 septembre

au Cinéma la Clef

PROJECTIONS ET DÉBATS EN PRÉSENCE DES RÉALISATEURS ET DE TÉMOINS

11 h 30 : Le camp d’Argelès, Felip Solé — Documentaire-fiction, 52 mn.

12 h 30 : Je te donne ma parole, Quino Gonzalez — Documentaire, 52 mn.

15 h : Témoignage : Henri Melich, résistant et militant antifranquiste, François Boutonnet et Victor Simal – Documentaire, 20 mn.

15 h 30 : Débats sur les deux documentaires, en présence de Marina Aguayo et José Torres, enfants de la Retirada, militants antifranquistes et des réalisateurs Felip Solé et Quino Gonzalez.

16 h 30 : La lutte pour la mémoire historique. Les républicains espagnols de la Nueve entrent dans Paris, de Carlos Belmonte – Documentaire, 22 mn.

Contacts :

24aout1944@gmail.com

http://www.24-aout-1944.org

Le cinéma la Clef, 34 Rue Daubenton, Paris 5e, métro : Censier-Daubenton