Chroniques rebelles
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Philomène Le Bastard
Siddharth
Film de Richie Metha
Article mis en ligne le 4 octobre 2015

par CP

Avec Siddharth, Richie Metha [1] aborde de plein fouet le problème du travail des enfants et la misère sociale.

Le jeune réalisateur, également comédien, situe le début du film dans le Nord de l’Inde où vit la famille de Mahendra, dont le fils a disparu. Le propos du film est à l’antipode du cinéma Bollywood et des clichés habituels sur le cinéma indien et sur l’Inde-pays-émergeant. Le décor est l’Inde d’aujourd’hui où la misère est de plus en plus violente et les différences de classe de plus en plus criantes.

Mahendra travaille dans la rue et répare les fermeture éclair. Sur les conseils de son beau-frère, il envoie son fils de 12 ans travailler dans une autre ville chez un patron qui emploie des enfants et des adolescents. Le jeune garçon, après quelque temps, ne donne plus de nouvelles. Très inquiète, la mère pousse alors son époux à partir à la recherche de l’enfant. Mahendra se tourne d’abord vers la police, mais les disparitions sont nombreuses et le signalement de l’adolescent est succinct. Les parents n’ont même pas de photo du garçon. De plus, le travail des enfants est organisé par des réseaux et leur disparition est courante. Est-ce le cas du fils de Mahendra ?

Siddharth est la quête d’un homme pauvre et désarmé face à la police, à la corruption, à la justice et à l’indifférence, dans un milieu urbain dont il ignore les règles. Du patron de l’entreprise qui employait son fils, il n’apprend rien, sinon qu’il ne veut pas d’histoires et que cela ne le concerne pas. Pour lui, il s’agit d’une fugue. Le travail des enfants et des adolescents est clandestin, pour un profit net, et la jeune main d’œuvre ne manque pas.
L’un des jeunes employé confie au père que la disparition est étrange, car il parti sans rien dire et a abandonné ses affaires dans le local qu’ils partageaient. Il évoque l’enlèvement, fréquent parmi les jeunes livrés à eux-mêmes et éloignés de leur famille.

Le père reprend sa quête, rencontre les enfants des rues qui lui révèlent l’existence de bandes organisées et spécialisées dans le trafic des enfants. De rencontre en rencontre, il tente de comprendre ce qui s’est passé. Il est seul contre un système et des organisations maffieuses. La police est inefficace, inexistante, sinon complice par le désintérêt qu’elle manifeste.
Corruption, réseaux, impunité, misère extrême, la classe pauvre fait les frais de la violence inhérente au système de castes et de classes en place.

Richie Metha dit avoir eu l’idée du film après avoir rencontré un homme dans les rues de Delhi le questionnant sur un endroit appelé "Dongri" où sans doute son fils disparu se trouvait. Siddharth est l’histoire de cet homme et dépeint la réalité sociale à travers une quête désespérée dans l’Inde pauvre.