Chroniques rebelles
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Même pas peur
Film documentaire d’Ana Dumistrescu
Article mis en ligne le 5 octobre 2015
dernière modification le 18 décembre 2015

par CP

Rencontre avec la réalisatrice de Khaos. Les visages humains de la crise grecque pour son film en devenir qu’elle dit tourner dans l’urgence depuis janvier.
Même pas peur ! [1] C’est le titre qu’elle a choisi comme pour braver la tension et la peur qu’elle sent présente et menaçante dans nos sociétés. Le film se construit autour de témoignages, des différentes perceptions de la réalité sociale et des conditions économiques qui favorisent les clivages. Il « s’articule autour de deux thèmes, celui de la peur de l’autre et de la peur du lendemain. »

Même pas peur ! se veut loin des clichés, pose des questions, fait débat dans un moment où le contrôle de la « communication » par une minorité semble être le maître mot du contrôle social. Le film est en cours de tournage, il est intéressant d’en comprendre le processus et de soutenir le travail d’une documentariste engagée.

À suivre…

Ana Dumistrescu : Je travaille sur les questions sociales depuis dix ans, sur les sans papiers, sur les Roms qui ont été déporté-es pendant la Seconde Guerre mondiale, sur la crise en Grèce, et donc je me pose aussi ces questions de la peur de l’autre, d’islamophobie, d’antisémitisme, de racisme. Ce n’est pas nouveau dans la société française. Mais depuis les événements de janvier, dans les médias, il semble qu’ils aient cristallisé beaucoup de choses. Entre la peur de Daesch et le port du voile dans les universités, on voit qu’on est en permanence dans ces problèmes et il est clair que cela va continuer jusqu’aux élections de 2017. Il y a parallèlement la montée de l’extrême droite qui est inquiétante.

Finalement, on peut se poser la question sur la difficulté de vivre en ensemble alors que l’on en parle tout le temps. L’autre en fait, celui ou celle qui fait peur, c’est n’importe qui.

Les témoignages sont très divers et peuvent choquer. Le film n’est pas basé sur les attentats de janvier, mais sur les conséquences qui en découlent et le phénomène généré qui est en fait un gros malaise social. Je suis en montage et je me prends conscience que nous sommes dans un contexte très malsain.

Christiane Passevant : Tu ne penses pas qu’il y a eu après le 7 janvier une instrumentalisation ?

Ana Dumistrescu : Évidemment, à partir du moment où l’on te demande de dire que « je suis Charlie », il y a instrumentalisation, puisqu’il y a une voie unique et c’est un problème. Ce qui m’a le plus choquée, c’est que l’on parle de 11 septembre à la française, comme si l’événement, le drame national était attendu. L’attente était dans l’air, sans savoir quoi, cela couvait.

Dans le film, je pose la question sur les conséquences des événements et ce que la société en fait. Je ne parle pas des médias, mais des personnes. Après la réunion du 11 janvier, qu’est-ce qu’on en a tiré ? On a parlé de réunions citoyennes pour comprendre l’autre, mais je n’ai rien vu de tel. On parle de la laïcité, mais c’est une pâte à modeler en ce moment, mise un peu à toutes les sauces. D’un côté, il est affirmé que nous sommes ensemble, et de l’autre on dit qu’il y a des communautés…

C’est un peu toutes ces questions qui sont posées dans le film, avec les incohérences qui montrent que la société n’est pas aussi unie qu’on veut bien le dire parfois.

Ana Dumistrescu et l’équipe du film

Site internet : www.memepaspeur-film.com

Facebook : https://www.facebook.com/memepaspeur.film


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