Chroniques rebelles
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Samedi 6 février 2016
Merci patron ! de François Ruffin. Faut savoir se contenter de beaucoup. Film de Jean Henri Meunier
Article mis en ligne le 7 février 2016

par CP

Merci patron !

Film documentaire de François Ruffin

(autoproduction de Fakir productions)

Entretien avec François Ruffin

Sur les écrans le mercredi 24 février

Et

Faut savoir se contenter de beaucoup

Film de Jean Henri Meunier

Entretien avec Jean Henri Meunier et Jean-Marc Rouillan

Sur les écrans le 10 février

Merci Patron ! Premier film de François Ruffin — il a un faux air de Groucho Marx —, sous l’égide de Fakir productions. Premier film donc dans lequel Ruffin joue l’empêcheur de tourner en rond du système capitaliste, le grain de sable de la machine à broyer des salarié-es, en montant un sacré coup contre le pdg le plus riche de France. Vous voyez qui sait ? Bernard Arnault, le patron de LVMH, les marques de luxe, le futur temple de la Samaritaine, celui qui rachète pour quasiment rien des ateliers de confection, qui promet de sauvegarder les emplois, puis délocalise à tour de bras ces mêmes ateliers, du Nord de la France vers la Pologne, histoire de réduire les coûts de production, mais pas les prix de vente, bien sûr. Et le groupe LVMH délocalisera ensuite vers la Grèce, par exemple, lorsque la population grecque sera totalement à genoux, comme l’explique en souriant l’un des sbires de la marque, en langage de COM.

Alors évidemment Bernard Arnault et sa Babylone marchande, au cœur de Paris, écrasent le monde travailleur, du grand magasin aux ateliers… Sans état d’âme. D’ailleurs pour bosser dans le temple du luxe — anciennement la Samar popu, mais complètement relookée — il faut présenter chic, sinon dehors ! Quand on vient du rayon bricolage, ce n’est pas compatible avec les hautes sphères branchouilles de la mode, alors les salarié-es sont traité-es comme des pions et se retrouvent sur le pavé, viré-es.

Et pendant ce temps-là, dans le Nord de la France, après avoir été jeté-es d’usines qui virent à la friche, Jocelyne et Serge Klur vivent avec 400€ par mois et sont sur le point de perdre leur petite maison dans la prairie, pour cause de retard dans les paiements du crédit. C’est alors que François Ruffin, après moult reportages sur les fermetures d’usine, les délocalisations et les licenciements de masse, rencontre les Klur qui sont au bout du rouleau et au bord du gouffre.

Une fable actuelle, une enquête sur les capitalistes, leurs barbouzes et leurs actionnaires à deux vitesses… Le pot de terre contre le pot de fer, pas sûr que le pot de fer l’emporte, cette fois. Merci patron ! se fait les muscles en jouant le bluff et l’arnaque.

Et François Ruffin se transforme — il faut dire qu’il interprète deux rôles : celui du journaliste redoutable et celui du fils d’ouvrier —, on songe à Günther Wallraff, grimé en travailleur turc, noir ou en SDF pour ses reportages, à Jack London, déguisé en clochard pour vivre dans les Bas fonds de Londres (Le Peuple des abîmes), ou encore à Henri Leyret, En plein faubourg.

Mais dans Merci Patron !, il y a aussi le côté thriller, on peut dire haletant — y’a du suspens —, car la tension monte et les caméras se planquent pour « l’arnaque en version lutte de classes » ! Feed the poor, eat the rich ! Et nous voilà dans une aventure à la Jean-Pierre Levaray — style Tue ton patron ! — et, bon sang, ça fait du bien !

On rigole, on pense à Roger et moi de Michael Moore, que notre réalisateur connaît par cœur, à l’Homme de la rue de Frank Capra, et on se dit que la farce sociale, c’est génial !

Le film sort sur les écrans le mercredi 24 février et il y a des avant-premières.

— Lundi 8 février à 20h

Salle Olympe de Gouges

15 rue Merlin, 75011 Paris

— Mardi 9 février à 20h30

au cinéma le Louxor

170 boulevard Magenta (Barbès Rochechouart)

Merci patron ! de François Ruffin.

Une Fakir productions dans toute splendeur.

Une réussite qui fait la nique au patron !

Faut savoir se contenter de beaucoup

Film de Jean Henri Meunier (2015)

Avec Noël Godin, Jean-Marc Rouillan, Miss Ming, Bernardo Sandoval, Sergi Lopez...

Faut savoir se contenter de beaucoup de Jean Henri Meunier, c’est l’aventure d’un duo qui commence par des retrouvailles et se prolonge avec des rencontres fortuites ou non, des coups à boire et de la rigolade…

Deux complices à la recherche d’une bagnole pour un périple des émergences subversives, mais attention pas n’importe quelle bagnole : une Cadillac des années 1965 ou 1970 ! En plus, elle doit être noire et décapotable ! On se croirait presque dans une balade de fans du Hot Rod (traduisez Bielle chaude !), un mouvement populaire états-unien né dans les années 1960. Mais, fausse route, c’est une autre histoire…

Après la trilogie najacoise — Ici Najac, à vous la terre, la Vie comme elle va et Y a pire ailleurs, Jean Henri Meunier réalise Faut savoir se contenter de beaucoup, une road movie avec pour interprètes Noël Godin et Jean-Marc Rouillan, où l’on croise entre autres, Miss Ming, Bernardo Sandoval et Sergi Lopez...

Une aventure menée par deux complices, Noël Gaudin — entartreur émérite de l’Internationale patissière, auteur de l’Anthologie de la subversion carabinée et de Entartrons, entartrons les pompeux cornichons !  —, et Jean-Marc Rouillan — ancien membre d’Action directe, auteur entre autres des Viscères polychromes de la peste brune et de Autopsie du dehors —, une aventure, une quête de révolutions qui s’amorcent, ponctuée de multiples rencontres, de souvenirs et de discussions suivies pas à pas par la caméra de Jean Henri Meunier… Cela donne des moments mémorables et des temps de réflexions sur les luttes aujourd’hui : « Je ne suis pas triste parce qu’ils sont morts, [dit Jean-Marc Rouillan] mais parce que je ne peux pas continuer leur combat. »

Faut savoir se contenter de beaucoup, ça questionne, ça bouscule et ça surprend… « La réalité et la fiction, c’est assez flou… ». Et soudain, en guise de conclusion : « À suivre… » Alors la road movie va se poursuivre ?
Sans doute, il faut bien « Trouver où ça se passe » !

Entretien avec Jean-Henri Meunier et Jean-Marc Rouillan