Chroniques rebelles
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Samedi 20 février 2016
Réfractions. À l’école de l’anarchisme
Article mis en ligne le 20 février 2016

par CP

Réfractions. N° 35

À l’école des anarchistes

Présentation du n° 35 par Irène Pereira, auteure de « Honte de classe, honte en classe » : Une philosophie sociale de la honte en éducation.

Et du cinéma, avec :

Merci patron !

Film documentaire de François Ruffin

(Fakir productions)

Le film sort sur les écrans le mercredi 24 février.

Les réformes de l’éducation nationale ajoutent, à chacune de leur mise en place, des cadres contraignants au processus de conformation des rôles dans une société de plus en plus exemplaire pour la fabrication d’allégeance et de soumission. Dans ce contexte, on peut se poser des questions sur ce que les anarchistes peuvent apporter au plan de la réflexion sur ces changements récurrents, qui semblent marquer le territoire d’ambitions personnelles, plutôt que de générer l’épanouissement, la curiosité et la pensée critique.

Comme le signale l’édito de ce nouveau numéro de Réfractions, le n° 35, il est toutefois difficile « d’associer les anarchistes au mot “école”. D’abord parce que les anarchistes ne sont pas une école, si l’on entend par là un ensemble de disciples que réunit l’enseignement d’un maître, à la doctrine duquel ils vouent à leur tour leur vie. Ensuite parce que les anarchistes n’aiment pas l’institution scolaire, son organisation hiérarchique, ses maîtres, sa bureaucratie, l’ennui mortel auquel on y confronte nombre d’élèves, sa reproduction des inégalités sociales, son apprentissage de la soumission, son inculcation des valeurs républicaines et citoyennes, sa spécialisation contrainte, sa visée utilitaire et son absence plus générale d’intérêt pour toute éducation à la liberté. »

S’apercevant néanmoins très vite des « nuisances de l’institution scolaire, […] les anarchistes se sont lancés dans des projets d’éducation libertaire, fondant des établissements alternatifs, voire tentant de subvertir de l’intérieur l’institution scolaire en y promouvant d’autres rapports entre prétendus maîtres et supposés élèves. » On pense aux universités populaires, aux écoles autogérées dans lesquelles les rapports autoritaires sont écartés au profit de l’échange des savoirs et d’une autonomie active.

Utopie ? peut-être et pourquoi pas ?… Les expériences libertaires faites dans le domaine de la pédagogie sont des exemples pratiques qui prouvent que l’attention de l’élève est favorisée par un enseignement intéressant, désirable et éveillant la curiosité, ce qui implique la prise en compte du temps de compréhension de chaque élève, autrement dit la libre participation en vue d’une réalisation personnelle et collective.

Ce sont des expériences qui confirment, selon Laïla Houlmann, que « l’école ne nécessite pas un cadre scolaire […] autoritaire et rigide pour que l’intérêt des élèves soit stimulé ».

Cette nouvelle parution de Réfractions, À l’école des anarchistes, exprime autant des réflexions sur les bases de l’institution scolaire que sur les diverses tentatives de retirer le savoir « des mains des spécialistes et sa transmission de toute structure hiérarchique.  » [1]

Merci patron !

Film documentaire de François Ruffin

(Fakir productions)

Entretien avec François Ruffin

Le film sort sur les écrans le mercredi 24 février

Merci Patron ! Premier film de François Ruffin — il a un faux air de Groucho Marx —, sous l’égide de Fakir productions. Premier film donc dans lequel Ruffin joue l’empêcheur de tourner en rond du système capitaliste, le grain de sable de la machine à broyer des salarié-es, en montant un sacré coup contre le pdg le plus riche de France. Vous voyez qui sait ? Bernard Arnault, le patron de LVMH, les marques de luxe, le futur temple de la Samaritaine, celui qui rachète pour quasiment rien des ateliers de confection, qui promet de sauvegarder les emplois, puis délocalise à tour de bras ces mêmes ateliers, du Nord de la France vers la Pologne, histoire de réduire les coûts de production, mais pas les prix de vente, bien sûr. Et le groupe LVMH délocalisera ensuite vers la Grèce, par exemple, lorsque la population grecque sera totalement à genoux, comme l’explique en souriant l’un des sbires de la marque, en langage de COM.

Alors évidemment Bernard Arnault et sa Babylone marchande, au cœur de Paris, écrasent le monde travailleur, du grand magasin aux ateliers… Sans état d’âme. D’ailleurs pour bosser dans le temple du luxe — anciennement la Samar popu, mais complètement relookée — il faut présenter chic, sinon dehors ! Quand on vient du rayon bricolage, ce n’est pas compatible avec les hautes sphères branchouilles de la mode, alors les salarié-es sont traité-es comme des pions et se retrouvent sur le pavé, viré-es.

Et pendant ce temps-là, dans le Nord de la France, après avoir été jeté-es d’usines qui virent à la friche, Jocelyne et Serge Klur vivent avec 400€ par mois et sont sur le point de perdre leur petite maison dans la prairie, pour cause de retard dans les paiements du crédit. C’est alors que François Ruffin, après moult reportages sur les fermetures d’usine, les délocalisations et les licenciements de masse, rencontre les Klur qui sont au bout du rouleau et au bord du gouffre.

Une fable actuelle, une enquête sur les capitalistes, leurs barbouzes et leurs actionnaires à deux vitesses… Le pot de terre contre le pot de fer, pas sûr que le pot de fer l’emporte, cette fois. Merci patron ! se fait les muscles en jouant le bluff et l’arnaque. Et François Ruffin se transforme — il faut dire qu’il interprète deux rôles : celui du journaliste redoutable et celui du fils d’ouvrier —, on songe à Günther Wallraff, grimé en travailleur turc, noir ou en SDF pour ses reportages, à Jack London, déguisé en clochard pour vivre dans les Bas fonds de Londres (Le Peuple des abîmes), ou encore à Henri Leyret, En plein faubourg.

Mais dans Merci Patron !, il y a aussi le côté thriller, on peut dire haletant — y’a du suspens —, car la tension monte et les caméras se planquent pour «  l’arnaque en version lutte de classes » ! Feed the poor, eat the rich ! Et nous voilà dans une aventure à la Jean-Pierre Levaray — style Tue ton patron ! — et, bon sang, ça fait du bien !

On rigole, on pense à Roger et moi de Michael Moore, que notre réalisateur connaît par cœur, à l’Homme de la rue de Frank Capra, et on se dit que la farce sociale, c’est génial !

Le film sort sur les écrans le mercredi 24 février.

Théâtre : La Reine de beauté de Leenane

Comédie noire de Martin McDonagh

Mise en scène de Sophie Parel

Avec Catherine Salviat, Grégori Baquet, Arnaud Dupont, Sophie Parel

Leenane, un village perdu de l’Irlande… Mag et Maureen, la mère et la fille, vivent ensemble dans un huis clos conflictuel et empoisonné. Mag est impotente et tyrannique, elle retient Maureen qui ne rêve que d’amour et de liberté, sans toutefois pouvoir se libérer des liens pervers qui la lie à sa mère.

Et voilà qu’arrive un homme… providentiel ? À voir…

du 16 au 21 février 2016 à 20h30 à LEVALLOIS-PERRET
(dimanche à 16h)
au Théâtre Petit-Odyssée - 25 rue de la Gare - 92300 Levallois
RESA : 01 47 15 74 56

La pièce, mise en scène par Sophie Parel, sera présente au Festival d’Avignon.