Chroniques rebelles
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Samedi 6 mai 2017
Mirage gay à Tel Aviv de Jean Stern et cinéma
Article mis en ligne le 10 mai 2017

par CP

Mirage gay à Tel Aviv Jean Stern (Libertalia)

Et

Cinéma avec :

Adieu Mandalay de Midi Z

I Am Not Your Negro de Raoul Peck

basé sur les écrits de James Baldwin

Maintenant ils peuvent venir de Salem Brahimi

Non encore distribué, à voir le 11 mai à 20h à l’Espace 1789, dans le cadre d’un focus sur le cinéma algérien programmé par le 12ème Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient qui se poursuit jusqu’au 14 mai dans plusieurs salles de cinéma.

Mirage gay à Tel Aviv. Dans cet ouvrage, Jean Stern mène une enquête originale, profonde et très documentée sur la propagande israélienne, passant au crible des faits, des témoignages, des observations et des analyses, le phénomène de marketing politique qu’est le pinkwashing. Une enquête à l’écriture vive, fine, ironique qui donne envie d’y aller voir et d’en comprendre un peu plus, car sous le constat et la critique, pointe une réflexion large sur la conscience politique.

On connaît l’importance de l’image et de la communication pour l’État d’Israël depuis sa création, en 1948, et l’efficacité de ses slogans : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre » ou celui de la « terre promise », qui a fait florès et semble proche de la « destinée manifeste » justifiant l’impérialisme états-unien, ou encore le mythe du peuple israélien qui a fait « fleurir le désert ». Et voilà que la « seule démocratie du Moyen-Orient », ou auto déclarée comme telle, met en place le pinkwashing pour s’assurer l’engouement du mouvement gay occidental pour sa ville devenue pour l’occasion arc-en-ciel, Tel Aviv. De quoi surprendre dans un pays, en grande partie homophobe, et dont les lois, notamment celles sur le mariage sont extrêmement strictes. Mais que ne ferait-on pas pour dissimuler l’image désastreuse d’un état colonialiste dont les violations des lois internationales et les crimes contre la population civile palestinienne sont notoires.

Faire oublier l’occupation ou bien nier son existence… Et le mur, baptisé « mur de protection », qui fait tâche dans le paysage. Alors comment manipuler l’opinion en « démocratie » ? Le « manuel classique de l’industrie des relations publiques » d’Edward Bernays, publié en 1928, sert toujours à la « fabrique du consentement ».

Donc le pinkwashing pourrait être « le cache-sexe de l’occupation », préfigurant une défense des droits LGBT contre l’homophobie de la société palestinienne bien sûr, alors qu’en fait l’État israélien l’utilise, et permettrait ainsi d’inverser l’influence des campagnes contre l’occupation militaire israélienne et le boycot.

Ce à quoi Jean Stern réplique, dans Mirage gay à Tel Aviv, que le pinkwashing « n’est qu’un artifice accablant sur le fond et répugnant sur la forme, qui masque homophobie, racisme, exclusion, occupation.  »

CINÉMA

Maintenant ils peuvent venir de Salem Brahimi

La seule possibilité de voir le film, non distribué, c’est le 11 mai à 20h à l’Espace 1789. Dans le cadre d’un focus sur le cinéma algérien le film fait partie du 12ème Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient qui se poursuit jusqu’au 14 mai dans plusieurs salles de cinéma de Paris et sa banlieue.

Maintenant ils peuvent venir de Salem Brahimi est adapté du roman d’Arezki Mellal qui a collaboré au scénario. Le film réussit à rendre l’émergence de la peur dans une société rendue exsangue par les exigences du FMI et par la corruption.

Adieu Mandalay de Midi Z

traite de la migration birmane en Thaïlande. Guo rencontre Lianqing à la frontière, la jeune fille aspire à une vie meilleure et n’a qu’une idée en tête, avoir des papiers, travailler, fuir l’oppression et les inégalités d’une société patriarcale. Adieu Mandalay est une histoire d’amour sur fond de corruption et d’asservissement humain qui montre les conditions de vie des clandestins dans les usines de la périphérie de Bankok. Le film est sur les écrans depuis le 26 avril 2017.

Migration et esclavage moderne : c’est la première partie de l’entretien avec le réalisateur.

I Am Not Your Negro de Raoul Peck

Les Etats-Unis, pays de la liberté et des opportunités… Belle réussite de propagande sans aucun doute, il faut cependant ajouter : pas pour tout le monde. On le savait déjà grâce à Une histoire populaire des Etats-Unis de Howard Zinn et au film qui en a été tiré.

Les Etats-Unis ont été fondés sur le massacre des populations indiennes et l’esclavage de populations africaines. Extermination des Indiens et asservissement des Noirs, c’est l’histoire des Etats-Unis. Une histoire officielle qui perdure. I Am Not Your Negro est l’histoire officielle revue par les luttes sociales et politiques, c’est un autre point de vue que celui du roman national WASP habituel, White Anglo-Saxon Protestant. Raoul Peck a réalisé I Am Not Your Negro d’après les écrits de James Baldwin, qui évoque trois hommes assassinés Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King Jr, mais aussi toutes celles et tous ceux qui ont résisté à la ségrégation. Du très grand cinéma ! (10 mai)

« Si n’importe quel Blanc dans le monde revendique la liberté ou la mort, tout le monde applaudira. Si un Noir dit exactement la même chose, il sera jugé et traité comme un criminel, et tout sera fait pour montrer à quel point c’est un mauvais nègre. L’histoire des Noirs aux Etats-Unis est l’histoire des Etats-Unis.  »

Basé sur les écrits de James Baldwin, Raoul Peck réalise un film documentaire remarquable, I Am Not Your Negro : l’histoire des États-Unis vue par un Africain américain.