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Samedi 30 mars 2019
Los Silencios de Beatriz Seigner. Comme si de rien n’était (Alles ist gut) d’Eva Trobish. Working Woman de Michal Aviad. Seule à mon mariage de Marta Bergman. La Camarista de Lila Aviles. L’Homme à la moto de Agustin Toscano. Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi. Mon meilleur ami de Martin Deus. Tito et les oiseaux de Gustavo Steinberg, Gabriel Bitar et André Catoto
Article mis en ligne le 8 avril 2019

par CP

Los Silencios de Beatriz Seigner (3 avril 2019)
Entretien avec la réalisatrice

Comme si de rien n’était (Alles ist gut) d’Eva Trobish (3 avril 2019)

Working Woman de Michal Aviad (17 avril 2019)

Seule à mon mariage de Marta Bergman (17 avril 2019)

La Camarista de Lila Aviles (17 avril 2019)

L’Homme à la moto de Agustin Toscano (3 avril 2019)

Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi (3 avril 2019)
Entretien avec le réalisateur

Mon meilleur ami de Martin Deus (27 mars 2019)

Tito et les oiseaux de Gustavo Steinberg, André Catoto et Gabriel Bitar (3 avril 2019)

En annonçant samedi dernier le programme d’aujourd’hui, avec un focus sur le cinéma des réalisatrices, j’étais loin de me douter qu’Agnès Varda nous quitterait le 29 mars. Elle était présente au récent festival de Berlin, encore pleine projets. Ses films restent bien sûr, des films qui comptent comme Cléo de 5 à 7 (1962), Black Panthers (1968), Sans toit ni loi (1985), les Glaneurs et la glaneuse (2000) et beaucoup d’autres, qu’il s’agisse de films de fiction, films documentaires, ou courts métrages… Agnès Varda est certainement l’une plus importantes réalisatrices du cinéma français, et elle s’est fait connaître dans un moment où il n’était pas simple pour les femmes de réaliser des films. Cela restait, il n’y a pas si longtemps, un domaine — la réalisation — réservé aux hommes.

Nous parlerons donc aujourd’hui de cinéma et de réalisatrices, mais pas seulement, avec un entretien accordé par Beatriz Seigner, réalisatrice de Los Silencios, qui sort le 3 avril et où il est question d’une femme qui résiste contre la violence d’une guerre permanente en Colombie. Puis, nous aborderons le sujet du viol et du harcèlement sexuel, dont les conséquences sont si graves. Comme si de rien n’était (Alles ist gut) d’Eva Trobish est un premier film dont la sortie nationale est le 3 avril ; et Working Woman de Michal Aviad qui sera sur les écrans le 17 avril.

Dans un autre domaine, celui des femmes invisibles en quelque sorte, Lila Aviles réalise un film sur les tâches quotidiennes d’une femme de chambre dans un hôtel de luxe mexicain, La Camarista, sur les écrans le 17 avril. Un mot sur Seule à mon mariage de Marta Bergman, qui sort le 17 avril, dont un entretien sera diffusé samedi prochain.

La semaine dernière, le programme était chargé, et l’entretien annoncé avec Sameh Zoabi, réalisateur de Tel Aviv on Fire, avait été repoussé à aujourd’hui. Le film sort le 3 avril. Autre film sortant le 3 avril, L’Homme à la moto de Agustin Toscano. Mon meilleur ami de Martin Deus, film argentin, on peut le voir depuis le 27 mars. Enfin un film d’animation, Tito et les oiseaux de trois co-réalisateurs, Gustavo Steinberg, André Catoto et Gabriel Bitar. C’est un film qui nous vient du Brésil ; cette petite mer veille est paraît-il pour les enfants, je dirais qu’en fait, c’est pour tout le monde…

Viol et harcèlement…

Comme si de rien n’était (Alles ist gut) d’Eva Trobish (3 avril 2019)
À la suite d’une fête très arrosée, Janne propose à Martin de rester dormir chez elle et, alors que rien ne le laisse prévoir, il la viole. Janne est ivre, d’abord elle le repousse, puis reste plutôt passive en demandant avec mépris, « t’as fini ? ». Fin d’une situation minable qui soulève un point essentiel, celui du consentement et de sa perception. « Non, c’est non », lui rappelle sa mère, mais parfois les circonstances ne sont pas aussi tranchées et Janne est incapable d’expliquer ou d’analyser la situation, encore moins de se considérer comme une victime. Les conséquences de cette violence laissée sous silence semblent lui échapper de même qu’à son agresseur.

Janne choisit donc le silence et pense tirer un trait sur le viol en prétendant que tout va bien et que rien de grave n’est arrivé. Au désarroi de Martin lorsqu’il la croise dans le cadre du travail, elle rétorque d’ailleurs : « je ne vais pas en faire un plat. Il n’y a pas de problème. » Elle s’en persuade, en effet, et pense contrôler la situation, mais à partir de là, tout va en se déglinguant, son compagnon la quitte parce le couple n’a plus grand-chose à partager et elle apprend qu’elle est enceinte…

Malgré le fait qu’elle se pense rationnelle, c’est l’effet boomerang du souvenir d’une fête où tout le monde se bourre la gueule et qui se termine par un viol de « circonstance ». Janne ne domine plus du tout la situation, perd de plus en plus pied, devient très agressive jusqu’au moment où, dans le métro, c’est le blocage vis-à-vis d’un contrôle de billet et elle se fige dans une attitude refus.

Dans le film de Tereza Nvotova, Sans jamais le dire , sorti en octobre 2018, la situation semble à première vue différente puisqu’il s’agit d’une adolescente de 17 ans. Cependant, lorsqu’elle subit un viol, elle aussi côtoie le violeur, il lui est impossible d’en parler de peur d’être accusée de mensonge et, de plus, elle ne veut pas être regardée dans son lycée comme « la fille qui a été violée ». Elle se réfugie donc dans le mutisme, de même que Janne, et sera finalement internée. Ce qui sans doute est commun aux deux situations, c’est le phénomène de sidération accompagnant le viol, puis le refus d’en voir la réalité, ou encore le besoin de nier son importance pour Janne dans Comme si de rien n’était d’Eva Trobisch.

Working Woman de Michal Aviad (17 avril 2019)

Working Woman de Michal Aviad met en scène une jeune femme, mère de trois enfants, qui est embauchée dans une agence israélienne spécialisée dans l’immobilier de luxe. Orna s’investit dans son nouveau boulot et s’efforce de garder l’équilibre entre les exigences professionnelles et sa vie familiale. Très vite, elle est promue par son patron, Benny, qui était aussi son supérieur pendant le service militaire. En fait, sans qu’elle s’en rende compte, une relation de pouvoir s’établit entre eux et, peu à peu, Benny devient intrusif dans la vie de la jeune femme. Sa réussite professionnelle coïncide avec un changement de comportement de son patron en prédateur.

Cependant, Orna désire garder son poste et pense pouvoir redresser seule une situation qui la met de plus en plus mal à l’aise. Benny est habile, il s’excuse à plusieurs reprises, se reprend et place son attitude sur le compte de la plaisanterie, jusqu’au jour où la promiscuité fait basculer la situation.
De la même manière que dans le viol, les femmes semblent vouloir contrôler une situation qui leur échappe et, dans certains cas, elles s’en tiennent en partie pour responsables. Le phénomène de blâmer la victime est quelque chose de courant : se sentir coupable d’avoir subi une agression sexuelle est souvent la première réaction d’une femme. Lorsque Orna finit par en parler à son mari, elle est incapable d’expliquer l’agression et le processus de harcèlement. D’autant qu’il ne comprend pas son silence. Pourquoi n’a-t-elle rien dit après les premières remarques déplacées ? « Je pense [dit la réalisatrice] qu’elle ressent de la honte par-dessus tout. Elle se sent souillée. Cela prendra du temps avant qu’elle puisse dire : « il a essayé de me violer ».

Le film de Michal Aviad est très subtil dans la progression des marques du harcèlement, le patron prédateur est à la fois encourageant pour le travail de la jeune femme et impressionné par son efficacité professionnelle. Par ailleurs, Orna est très impliquée dans son travail et voit dans cet homme une figure presque paternelle, influencée par le rôle qu’il tenait durant son service militaire. Il s’enquiert des enfants, rencontre le mari d’Orna, lui rend même service pour son commerce, démêlant un retard administratif. Autant d’attitudes, à première vue sympathiques, qui auraient peut-être du éveiller la méfiance de la jeune femme, une raison supplémentaire de se sentir responsable de l’agression subie. Ce que souligne la réalisatrice : « J’ai essayé dans le film de comprendre les rudes conséquences du harcèlement sexuel sur la victime et tout son entourage, sa relation avec son mari et ses enfants, et sa capacité à retrouver du travail. En même temps je voulais comprendre pourquoi le harceleur et l’environnement social ferment les yeux. »

Working Woman de Michal Aviad est interprété avec finesse et sensibilité par Liron Ben Shlush dans le rôle d’Orna. Elle donne au personnage une dimension à la fois fragile et forte dans son combat, elle exprime parfaitement toute la complexité de la situation dans un contexte social et professionnel. Working Woman sera en salles le 17 avril. À voir absolument.
Viol et harcèlement sexuel : un tabou ?
Comme si de rien n’était (Alles is gut) de Eva Trobish (3 avril 2019)
Sans jamais le dire de Tereza Nvotova (17 octobre 2018)
Working Woman de Michal Aviad (17 avril 2019)

Autre film réalisé par une femme :
Los Silencios de Beatriz Seigner (3 avril 2019)
Entretien avec la réalisatrice

Los silencios entraîne le public, dès la première scène, dans un monde à la fois mystérieux, inquiétant et quotidien. Une barque glisse dans la nuit vers une berge indistincte et, en débarquent une femme et ses deux enfants, Nuria et Fabio, de 12 et 9 ans. On apprend que la famille a fui son village, après l’exécution du père, pour se réfugier sur l’île au milieu du fleuve Amazone, située à la frontière de la Colombie, du Brésil et du Pérou. Une île étrange, immergée une grande partie de l’année et occupée essentiellement par des réfugié.es, des déplacé.es fuyant les violences des groupes paramilitaires, des FARC et de l’armée.
La mère, Amparo, se sent exclue, même si elle a de la famille sur l’île. Elle tente de survivre et d’inscrire ses enfants à l’école. Sans que l’on sache comment, son mari disparu rejoint la famille de temps en temps dans leur cabane sur pilotis.

Los silencios est un conte fantastique, où la vie et la mort n’ont plus de frontières rationnelles, c’est en même temps une chronique sociale sur la vie des déplacé.es venant de Colombie. Des gens simples, piégés malgré eux par un conflit permanent. Et lorsqu’un promoteur arrive avec un projet de construction sur l’île, la communauté comprend rapidement la menace de l’expulsion qui se précise, alors plutôt que de fuir à nouveau — et pour aller où ? —, l’idée est d’interroger les morts qui vivent sur l’île, dans ce monde parallèle autour de vivants. Des anciennes croyances, peut-être, mais qui sait qui est vivant ou mort.

Le film fait écho à deux questions fondamentales souligne Beatriz Seigner : « comment survit-on après avoir perdu un être cher et peut-on pardonner à ceux qui nous l’ont pris ? En termes de mise en scène, ces questions impliquaient de ne pas être dans l’emphase, de ne faire aucun travelling, d’utiliser la musique a minima — qu’on entend juste au début et à la fin du film. Tout le reste repose sur des sons organiques et naturels : l’eau, le vent, le coassement des grenouilles, le bruissement des feuilles, du bois. » Ce qui crée une impression magique d’un monde de l’entre-deux, accentuée par l’utilisation de peintures fluorescentes sur les visages.

Dans la première assemblée, celle des vivants, on discute de la vie de la communauté, dans la seconde, celle des morts, on écoute. Ces assemblées, la réalisatrice les a filmées en caméra libre, sans diriger ni interrompre, en laissant la vie du groupe entrer littéralement dans le film : « Les villageois parlent avec leurs mots. Je ne voulais pas travestir la situation [explique-t-elle], mais en être le témoin silencieux. Cette île a un fonctionnement social précis et élaboré. On ne prend pas, seul, les décisions, mais en collectivité. Les habitants se réunissent au minimum une fois par semaine pour débattre et voter. Partout où vous allez en Colombie, vous trouvez ce genre d’organisation sociale participative. Pour la séquence de l’assemblée des morts, là encore, nous ne voulions rien écrire mais laisser libres les mots de ceux qui avaient souffert de la guerre. »

La première question à Beatriz Seigner a porté sur le titre. Pourquoi ce choix de Los silencios, était-ce pour installer dès le départ un entre-deux mondes, entre fiction et réalité ?
Los Silencios de Beatriz Seigner est sur les écrans le 3 avril 2019

Poursuivons la rencontre avec les films de réalisatrices : Seule à mon mariage de Marta Bergman, sur les écrans le 17 avril, est le récit d’une jeune femme rom, mère d’une petite fille, bien décidée à gagner sinon la liberté, du moins son autonomie. Une très belle histoire qui complète les deux films sur les femmes roms sortis en novembre dernier, Carmen & Lola d’Arantxa Etchevarria, et le film documentaire de Valérie Mitteaux et Anna Pitoun, 8 avenue Lénine. Heureuse comme une Rom en France.
Seule à mon mariage de Marta Bergman sort le 17 avril et nous diffuserons l’entretien avec la réalisatrice samedi prochain.

Également sur les écrans le 17 avril, La Camarista de Lila Aviles . C’est un film rare qui met en scène, dans une sobriété quasi documentaire, le quotidien d’une femme de chambre dans un hôtel luxueux au Mexique. On apprend qu’elle est mère d’un jeune enfant, qu’elle voit fort peu en raison de ses horaires, mais l’on n’en saura pas plus sur sa vie en dehors de son lieu de travail. Avec ce film, on est propulsé dans l’univers des invisibles, de celles que les clients ou clientes ne regardent pas vraiment, auxquelles on ne s’adresse que pour réclamer ou exiger des services. Hormis une cliente qui demande à la camarista de garder son bébé pendant qu’elle se douche, elle plaisante et converse avec elle, mais il n’y aura pas d’autre tentative de rapport « humain ».

L’univers du film se passe dans un huit clos aseptisé, blanc, uniforme ou rien ne dépasse, pas un pli… Avec des échappées sur la terrasse ou bien par les baies vitrées, bien que les images soient de fait proches de cartes postales, sans grande humanité. On voit la ville de haut…

La camarista, Evella, rêve de récupérer une robe rouge, oubliée par une cliente de l’hôtel et non réclamée, et d’obtenir le poste du 42ème étage, une promotion qui semble une avancée sociale. Mais ni les cours avec ses collègues, ni le livre que lui offre son professeur ne l’aident réellement à s’émanciper. Entre fiction et documentaire, le film de Lila Aviles exprime la fatalité des tragédies sur la servitude volontaire, toutefois il donne à voir des personnes le plus souvent invisibles.
Sur les écrans le 17 avril.

L’Homme à la moto de Agustin Toscano (3 avril 2019)

Miguel, marginal vivant de débrouilles dans une ville en Argentine, pratique, avec un complice, le vol à l’arraché depuis sa moto. Alors qu’il dérobe son sac à une vieille dame, elle tombe et se blesse grièvement. Voulant changer de vie et rongé par la culpabilité, il tente de soulager sa conscience en prenant de ses nouvelles à l’hôpital et en lui rendant visite. Elle souffre d’amnésie et Miguel se fait passer pour un membre de la famille afin de s’occuper d’elle. Mais en devenant proche de la vieille dame et de ses voisins, Miguel s’empêtre dans les mensonges pour ne pas révéler la vérité. Par ailleurs, il veut garder le droit de visite à son fils, tente de renouer avec son ex-femme, qui le repousse, et est menacé par son complice qui n’a pas l’intention d’arrêter les rapines. Pour cela, il a besoin de l’homme à la moto, Miguel.

Le thème du film, au-delà de celui de la culpabilité, tourne autour de la difficulté à sortir de sa condition sociale qui, comme dans la Camarista, paraît une fatalité impossible à dépasser.
L’Homme à la moto d’Agustin Toscano sort le 3 avril.

Tel Aviv on Fire
Film de Sameh Zoabi (3 avril 2019)

Entretien avec Sameh Zoabi

Après un premier long métrage déjanté, Man Without a Cell Phone, Sameh Zoabi récidive un cran au-dessus avec Tel Aviv on Fire, une comédie qui se déroule entre Jérusalem et Ramallah, en Cisjordanie. Salam, Palestinien israélien, vit à Jérusalem et vient de décrocher un boulot de stagiaire dans la production d’une série télévisée, tournée à Ramallah, et très populaire auprès d’un public tant palestinien qu’israélien, surtout féminin. Un vrai mélo qui se déroule en 1967, juste avant le déclenchement de la guerre des Six jours, et met en scène une espionne palestinienne dont la mission est de séduire un officier israélien.

Le boulot de Salam est de servir des cafés et de veiller à l’accent de la vedette, qui ne comprend pas un mot d’hébreu et apprend ses dialogues phonétiquement. Et voilà qu’à la suite d’un désaccord entre l’actrice et la scénariste, pas commode, Salam se voit confier le scénario des futurs épisodes.

Il est ravi de la promotion, mais il faut passer à l’écriture de ces fameux épisodes et ce n’est pas si simple. Il s’inspire des conversations autour de lui jusqu’au jour où, en traversant le check point pour se rendre au studio de tournage, il est arrêté par un officier israélien, Assi. Ce dernier le questionne, notamment sur le feuilleton dont sa femme et ses copines ne loupent pas un épisode — « mais non, c’est pas politique, c’est romantique », disent-elles —, alors que l’un des soldats qualifie la série d’antisémite. Finalement, Assi passe un deal avec Salam, notre scénariste, il réécrit certaines scènes parce que Salam ne connaît rien à l’armée israélienne, et en attendant il garde sa carte d’identité. C’est à prendre ou à laisser et Salam n’a pas le choix… D’ailleurs la co-écriture s’avère fructueuse.

Le film enchaîne une suite de situations plus loufoques les unes que les autres, entre le check point, les discussions sur le plateau de tournage et la reconquête d’une petite amie… On va de surprises en rebondissements, jusqu’à la scène finale, véritable apothéose burlesque.

Le film est remarquablement écrit, jongle sur plusieurs genres, joue sur un contexte géopolitique pourtant tendu avec une grâce toute particulière et un humour détonant. Le couple, Salam et Assi, fonctionne à merveille, à la manière des comédies italiennes de la grande époque ; quant aux autres personnages, tous et toutes sont des composantes de la société israélo-palestinienne avec brio. Drôle, savoureux et frondeur, le film est une réussite d’humour à ne pas louper.
Sameh Zoabi a présenté son film dans de nombreux festivals avec succès et nous l’avons rencontré à Montpellier dans le cadre du Festival CINEMED.
Tel Aviv on Fire de Sameh Zoabi est en salles le 3 avril 2019

Mon meilleur ami de Martin Deus (27 mars 2019)

Un adolescent studieux, mais introverti, Lorenzo, vit dans une petite ville de Patagonie. Son père décide un jour d’accueillir Caíto, le fils d’un ami perdu de vue, qui visiblement a des problèmes. Les deux garçons sont très différents et Lorenzo se méfie du nouveau venu. Sa mère aussi d’ailleurs, qui voit dans l’adolescent un retour en arrière à Buenos Aires qu’il a fallu quitter à cause de l’environnement trouble dans lequel évoluait son mari. Les deux adolescents vont nouer une amitié, mais Lorenzo ne se doute pas des conséquences de cette nouvelle amitié…

« Mon meilleur ami est une histoire empreinte de nombreux souvenirs personnels de ma propre adolescence [explique le réalisateur] et aussi inspirée de mes rêves les plus intimes. Je n’ai jamais vécu en Patagonie, mais j’ai commencé à écrire le scénario avec un souvenir vague de vacances passées là-bas il y a plusieurs années. Je souhaitais un lieu sorti de mon imaginaire, plus inventé que réel. C’est une histoire qui se déroule davantage dans le monde intérieur du personnage principal que dans un lieu géographique précis. Je souhaitais que l’environnement soit une métaphore subtile, quelque chose de beau, naturel et pur, mais aussi douloureusement solitaire. » Mon meilleur ami de Martin Deus est sorti le 27 mars.

Tito et les oiseaux de Gustavo Steinberg, André Catoto et Gabriel Bitar (3 avril 2019)

Tito a 10 ans et vit seul avec sa mère, inquiète et possessive. Son père a disparu après une expérience ratée sur une machine pour converser avec les oiseaux. Lorsqu’une étrange épidémie se propage dans la ville, transformant les gens en pierres chaque fois qu’ils ont peur, Tito comprend que le remède est peut-être lié aux recherches de son père sur la fameuse machine.
Parallèlement, un riche promoteur, qui évidemment entretient cette peur pour mieux vendre ses maisons bunker, protégées selon la pub de toutes menaces, s’intéresse aussi au père de Tito, histoire de contrôler la machine, voire de la détruire. Il possède les médias et la police, une milice aux ordres du pouvoir.

Accompagné par ses amis, Tito décide de tout faire pour enrayer l’épidémie, surtout après que l’un des ami.es soit lui aussi transformé en pierre.
Une critique des médias, du capitalisme, de la dictature et des dessins magnifiques. L’animation est dessinée dans une sorte de working process et les personnages rappellent les dessins et les caricatures du peintre dada George Grosz. Une merveille d’animation, une fable facétieuse et intelligente. Sur les écrans le 3 avril.