Chroniques rebelles
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Samedi 30 mai 2020
Une Histoire des cinémas
Article mis en ligne le 14 juin 2020

par CP

Une histoire de cinémas

En compagnie de Pierre Eisenreich, Philippe Chevassu, Marion Inizan.
« Je crois en la mission du film qui consiste à établir des diagnostics sur son époque et d’ancrer fermement des pensées importantes dans la conscience des hommes. La tâche du réalisateur doit être de contribuer à la construction de notre avenir. »

À voir le choix large, la diversité des DVD-BRD proposés par Tamasa, on serait tenté d’y voir une sorte d’histoire des cinémas, notamment avec deux coffrets, dont l’un est consacré au cinéaste allemand Georg Wilhelm Pabst, avec pour sous-titre Le Mystère d’une âme, comprenant 12 films, dont 3 en combo DVD et Blu-ray, et près de 5 heures de suppléments... Le second concerne le cinéaste égyptien Youssef Chahine et une rétrospective de 9 de ses films, allant de 1954 à 1979. Youssef Chahine, le réalisateur de Gare centrale, de Ciel d’enfer, du Moineau, déclarait à propos de sa filmographie : « Chacun de mes films naît d’un événement personnel, d’un coup de gueule. [et d’ajouter] Qu’est devenu ce Moyen-Orient de paix, d’échanges, de tolérance et d’œcuménisme ? Le cinéaste que je suis ne peut rester indifférent aux problèmes qui l’entourent. Je refuse d’être un amuseur. Témoin de mon temps, mon devoir est d’interroger, de réfléchir, d’infirmer. »

Les deux coffrets sont accompagnés chacun d’un livret passionnant : Youssef Chahine. Le divertissement de combat ; et pour Georg Wilhelm Pabst, la très belle idée d’une Correspondance imaginaire par Pierre Eisenreich qui « repose sur l’idée de communiquer avec un cinéaste majeur de l’Histoire du cinéma ». Une manière personnelle et sensible de faire découvrir une œuvre sans doute souvent méconnue, et pourtant fascinante, ne serait-ce que par son influence sur le cinéma avec sa « pertinence cinématographique, humaniste, sociologique et féministe ». Immense réalisateur à l’instar de Fritz Lang, Pabst a marqué de son empreinte le cinéma allemand et même bien au delà. Il est le cinéaste des femmes, parfois provocant, et a toujours imprégné son cinéma d’un indéniable engagement social. « Je crois en la mission du film qui consiste à établir des diagnostics sur son époque et d’ancrer fermement des pensées importantes dans la conscience des hommes [et des femmes]. La tâche du réalisateur doit être de contribuer à la construction de notre avenir. »

Ne rejoint-il pas en cela le courant artistique de l’époque, celle de l’après Première Guerre mondiale, riche en mouvements sociaux et révolutionnaires ?
Mais avant feuilleter toute la palette des cinémas présentés par Tamasa…

COFFRET G.W. PABST - LE MYSTÈRE D’UNE AME
Ce coffret, proposé par Tamasa, est consacré au réalisateur Georg Wilhelm Pabst, dont le sous-titre Le Mystère d’une âme reprend le titre d’un de ses premiers long-métrages. Le Mystère d’une âme comprend 12 films, dont 3 en combo DVD et Blu-ray. Près de 5 heures de suppléments proposent des présentations, versions alternatives, images d’archives et extraits documentaires, analyses...
Chronologie : les chefs-d’œuvre muets, La Rue sans joie et Loulou), les premiers films parlants et une « trilogie de la communauté » (Quatre de l’infanterie, La Tragédie de la mine), des films d’après la Seconde Guerre mondiale, du « rachat » (Le Procès) ou tournés autour de la figure d’Hitler et du nazisme (La Fin d’Hitler, C’est arrivé le 20 juillet).
Livret de 132 pages par Pierre Eisenreich de la revue Positif, présentant les 12 longs-métrages et une vue d’ensemble de l’œuvre d’un cinéaste essentiel, mais souvent méconnu.

3 films en Blu-ray :

BLU-RAY 1 : LOULOU
Loulou sort pour la première fois en France à partir des travaux effectués en 2009 par la Deutsche Kinemathek, toute dernière restauration en date (Loulou est également sorti en BR en Allemagne en novembre 2019, à partir du même master HD). Cette restauration a été scannée en 2K à partir des trois éléments ayant survécu (les négatifs originaux ayant été perdus) : un négatif de la Cinémathèque française développé en 1952, une copie de 1970 du Gosfilmofond en Russie, et une copie tirée en 1962 du Nardoni Filmovy Archiv de Pragues.
Présentation de Pierre Eisenreich (10 mn)
Loulou est le film de plus connu de Pabst, "un chef-d’oeuvre absolu", à la "subversion rare". Un film inspiré d’un auteur sulfureux. Pabst a choisi le camp des femmes, "salut de l’humanité". Jeu moderne et spontané de Louise Brooks, très critiqué à l’époque.

À la recherche de Loulou (60 mn) Produit par Hugh Hefner en 1998, ce documentaire raconté par Shirley MacLaine retrace l’étonnant parcours de Louise Brooks, "femme libre et indépendante" qui montera à New York à l’âge de quinze ans, tentera sa chance dans des compagnie de danse (elle intègra les Ziegfeld Follies) avant d’être lancée dans le cinéma, sous la direction de Howard Hawks ou William A. Wellman. Elle sera "la première actrice d’envergure à quitter Hollywood pour travailler en Allemagne", avec Pabst : son jeu moderne et naturel, associé à un "érotisme puissant" marqueront à jamais l’Histoire du cinéma. Mais sa forte personnalité et un tempérament rebelle lui fermeront rapidement les portes des studios. Elle vivra alors au jour le jour, retournant dans sa province natale ou acceptant du travail plus ou moins décent, jusqu’aux années 1950 où une rétrospective à la Cinémathèque française lui a été consacrée.

BLU-RAY 2 : JOURNAL D’UNE FILLE PERDUE
Version intégrale du Journal d’une fille perdue, reconstituée en 1997 en s’appuyant sur le rapport du comité de censure de Berlin. Le film a été numérisé en 2K à partir du négatif contretype, conservé à l’Institut du film danois, qui fut complété par une copie des Archives Nationales de l’Image à Montevideo (Uruguay). Composition au piano de Javier Perez de Azpeitia.

Sous mon bouc je suis nue (12 mn) Un essai vidéo de David Cairns, produit pour l’édition anglaise Eureka en 2014, qui analyse Journal d’une fille perdue et sa peinture d’une société hypocrite et cruelle. Il revient sur l’autobiographie de Brooks et les déboires de Pabst, après-guerre, pour avoir continué à travailler sous le régime nazi.
Cette nouvelle collaboration du "miracle artistique" Pabst/Brooks illustre les préoccupations sociales et érotiques du réalisateur. Il atteint ici "un point de subversion comme jamais", pousse le trait au point de se confronter à la censure, avec une fin expurgée. Cet ultime film muet de Louise Brooks est une peinture sociale qui montre un changement d’époque, la fin d’un monde.

BLU-RAY 3 : L’ENFER BLANC DU PIZ PALU
Première mondiale en Blu-ray, reconstituée en 1997 à partir des archives du comité de censure. Compositeur Ashley Irwin. Présentation de Pierre Eisenreich (7 mn)
Piz Palü, film de divertissement pour compenser l’échec de Loulou. S’éloignant du drame pour le divertissement populaire, il s’implique dans un genre (le film de montagne) très prisé à l’époque, avec une maîtrise technique impressionnante, une puissance visuelle et poétique qu’il double d’éléments très personnels, comme lorsqu’il sonde l’intériorité des personnages.

DVD 1 : LA RUE SANS JOIE
Présentation de Pierre Eisenreich (6 mn)
La Rue sans joie, réalisé en 1925, est le troisième long-métrage de Pabst et son premier grand succès international. Il raconte une période où Vienne, la capitale autrichienne, subit une crise économique importante. Le film porte un réalisme très cru et montre les conséquences de cette crise majeure sur la population, comment cet appauvrissement est exploité par une bourgeoisie parvenue. Pabst propose un film avec de multiples entrées, montre différentes classes sociales et, déjà, des points de vue féminins prépondérants.
Le film de Pabst est presque féministe, montrant le désir féminin instrumentalisé par les hommes alors même que pointe une ironie très forte sur l’aristocratie et la classe financière. Techniquement, le film est aussi étonnant puisque teinté, afin d’illustrer les différentes atmosphères des scènes. C’est d’ailleurs la première et unique fois que Pabst utilisera ce procédé, assez répandu au temps du muet.
Restauré à partir de plusieurs copies, le film ayant été amputé par les censures des pays où il a été présenté. Une restauration puzzle à laquelle il manque environ 30mn. Un travail colossal !

Acte 1. Vienne 1921. Une rue glauque, des blessés de guerre passent, la misère, des files d’attente devant l’échoppe du boucher qui règne en tyran sur le quartier. Un boucher bien gras avec son chien tout aussi gras. Dans la cave vit la famille Lechner, le père, violent, est blessé de guerre. La fille, Marie, est amoureuse d’un garçon ambitionnant la réussite sociale.
Au premier étage, vit une famille plus aisée, mais démunie…
Dans la même rue, une femme sous couvert d’une boutique de couturière, organise des parties fines et l’arrière boutique fait office de maison de passe. En contraste, fleurissent des restaurants et des cabarets pour nouveaux riches grâce à la guerre. On danse, on spécule, on rencontre des femmes. Les personnages de Pabst font penser aux caricatures et aux peintures de George Grosz.
Acte 2. La misère à la porte du boucher : 6 heures d’attente pour ne rien obtenir. Une jeune femme affamée se prostitue au milieu des quartiers de viande. Son mari est sans travail depuis trois et le bébé est affamé. Marie refuse et le boucher jette devant elle un morceau de viande à son chien.
Actes 3, 4, 5, 6, 7. Marie est partie de chez elle et rejoint Egon, dont elle est amoureuse. Il est soupçonné du meurtre de sa maîtresse. Il est arrêté.
Acte 8. Plan extraordinaire des mains meurtrières. La révolte des pauvres. La femme affamée tue le boucher. La foule attaque contre la maison de passe. La grange prend feu, le jeune couple est condamné, mais le bébé est sauvé grâce au père. Et la foule l’adopte : « tu es à nous. »
L’importance des femmes dans le film : quatre femmes, Marie, Garbo, la fille riche et la mère du bébé. La misère de l’après Première Guerre mondiale dans toute sa crudité. On pense au film d’Ingmar Bergman, L’Œuf du serpent.

DVD 2 : L’AMOUR DE JEANNE NEY
Restauré en 2K via une copie du MoMA, et édité en Blu-ray en Allemagne.
La partition musicale proposée a été réalisée d’après une compilation issue des archives du MoMa et orchestrée par Bernd Thewes, qui a travaillé sur une nouvelle partition de Berlin, symphonie d’une grande ville lors de la restauration du chef-d’œuvre de Walter Ruttmann à la fin des années 2000. Présentation de Pierre Eisenreich (6 mn)
Avec L’Amour de Jeanne Ney (1927), Pabst propose un film totalement protéiforme. On distingue deux parties dans l’œuvre. La première est une sorte de prologue qui décrit les débuts de la révolutions bolcheviks en Crimée dans les années 1920. Et c’est d’emblée un thriller politique.
La seconde partie se déroule à Paris, où le réalisateur filme merveilleusement la capitale à la fin des années 1920. Pabst annonce là le néo-réalisme : crise sociale et érotisme féminin.
L’Amour de Jeanne Ney version états-unienne (86 mn)
Cette version alternative d’époque, muette et sans accompagnement musical, avec cartons en anglais (sans sous-titres français), dure 20 minutes de moins que la version originale allemande. Des explications sont données en préambule d’un point de vue technique (deux négatifs tirés du matériel original, avec des angles de caméra différents). Dans la seconde partie, à Paris, les changements sont importants : l’intégration de Jeanne dans sa nouvelle famille est raccourcie tandis que les affaires mafieuses entre l’espion (Fritz Rasp) et l’oncle de Jeanne, ainsi que son attitude venimeuse envers sa jeune nièce, ont aussi moins de place à l’écran. Diminuant, de fait, le caractère des deux hommes. On peut poser la question d’une possible censure.
L’Amour de Jeanne Ney annonce le néoréalisme. Deux parties, en Crimée avec l’arrivée des Bolcheviks et àParis. Deux ambiances, la misère d’un côté, la débauche de l’autre. On retrouve ce même contraste. Les plans dans les miroirs (miroir cassé en Crimée). Le premier plan est celui du mouchard qui va dominer tout le film. La révolution et les Russes blancs, la corruption. On pense au film de A. Holland, L’Ombre de Staline où l’on retrouve cette même opposition, la famine d’un côté et la débauche de l’autre (journalistes étrangers). À noter le plan graphique étonnant de l’exécution d’un homme avec, en amorce, les canons des fusils et la manifestation révolutionnaire.

Trois rôles importants de femmes : Jeanne, l’aveugle et la barmaid.
Gros plans très expressifs (la propriétaire du perroquet), les tracts révolutionnaires pour une manif à Toulon, le vol du diamant et le perroquet. Nouveau plan dans un miroir, une bouteille de Cinzano dans la chambre du mouchard. L’oncle de Jeanne, ses magouilles avec le mouchard. Une scène remarquable de la folie de l’oncle en transe : gros plan et images accélérées. La scène de l’étranglement de l’oncle et la découverte par sa fille aveugle est mise en scène comme un ballet.
Ce qui est également fascinant, c’est le réalisme des images, l’hôtel de la reine blanche à Montparnasse, la fête de mariage, le plan de l’imprimerie du journal… Tout le tournage de Paris en extérieur : gare du Nord, gare de Lyon… Enfin, cerise sur le gâteau, la dernière scène du film vue (imaginée) par Jeanne à travers le prisme du diamant.

DVD 3 : QUATRE DE L’INFANTERIE
Restauration 2K réalisée par la Deutsche Kinemathek en coopération avec la BFI National Archive. Présentation de Pierre Eisenreich (6 mn)
Quatre de l’infanterie est le premier film parlant de Pabst. Différence de style avec la période muette du réalisateur, où ses obsessions habituelles (femmes, érotisme, lutte des classes) sont laissées de côté pour un film de guerre, un film de soldats animé par le pacifisme. Anti-guerre, mais pas antimilitaire, c’est le premier film d’une trilogie composée de La Tragédie de la mine et de L’Opéra de Quat’sous. Pabst utilise les effets sonores et montre l’horreur de la guerre : la boue, les barbelés, les obus, les explosions, la mort…
La ligne de Siegfried (2 mn)
Documentaire muet réalisé par les services d’information américains sur des soldats allemands, installant de la musique et préparant ce qui ressemble à une fête sur la ligne Siegfried.

DVD 4 : L’OPERA DE QUAT’SOUS
Restauration 2K de la Bundesarchiv - Filmarchiv. Noir & blanc.
Le film est l’adaptation de l’opéra de Bertolt Brecht et Kurt Weill. Brecht a émis des réserves sur le scénario de Pabst car les thématiques majeures de l’œuvre avaient été modifiées par le réalisateur allemand. L’Opéra de Quat’sous est son deuxième film parlant, réalisé en 1931. Grand film subversif, dans un univers totalement reconstruit, factice…

Un opéra du peuple (20 mn)
Christine Roger, maîtresse de conférences, analyse l’opéra de Brecht et Weill. Retraçant les débuts de la collaboration entre Brecht et Weill, elle met en exergue les idéaux communs des deux auteurs qui avaient la volonté de révolutionner leur temps, sa culture, tout en critiquant le pouvoir en place, dans un contexte historique particulier (Weimar). L’Opéra de Quat’sous n’est pas un opéra dans le sens classique du terme mais plutôt une pièce en musique. Brecht développe un théâtre où il présente des pièces en rupture, avec le texte parlé d’un côté et les chansons de l’autre. C’est ce théâtre d’avant-garde qui a intéressé Pabst.
Début de l’opéra au noir. Reflet dans la vitrine de Mackie près de la robe de mariée que regarde Polly Peachum. Mackie et son gang. Peachum, le père de Polly, et sa cour des miracles. Jenny, la prostituée. Les décors de la pièce chantée. Le mariage : « Pourvu que ce soit sa dernière noce ! » dit un des comparses. Le chef de la police est ami de Mackie le surineur.
Humour : « Haut les mains ! », mais il n’y a que des rats ! La réflexion de l’un des hommes du gang lorsque Mackie est en prison : « je ne sais pas si une femme est l’homme de la situation »… On retrouve des comédiens de l’Amour de Jeanne Ney dans l’opéra, par exemple le gardien de prison.

DVD 5 : LA TRAGEDIE DE LA MINE
Restauration 2K de la Deutsche Kinemathek en coopération avec les archives de la BFI et le CNC à partir d’un positif et une copie négatif de la version française.
La Tragédie de la mine, réalisé en 1931, est le dernier film de la trilogie communautaire engagée avec Les Quatre de l’infanterie et continuée avec L’Opéra Quat’sous. Ce serait la synthèse des deux précédents films, aussi liée à l’approche du cinéma parlant de Pabst dans un œuvre où le son devient une puissance guerrière, prenant le pas sur les dialogues. Inspiré d’un fait réel, où des mineurs allemands ont aidé des Français lors d’une explosion à l’intérieur d’une mine, Pabst change le contexte, tourne une fable pacifiste et propose une réconciliation entre la France et l’Allemagne.
Courrières – 1906 (22mn)
Amy Benadiba, directrice-conservatrice au Centre Historique Minier de Lewarde, apporte un éclairage historique passionnant sur la catastrophe de Courrières en 1906, qui a inspiré le film. Plus de 1 000 mineurs sont tués dans un « coup de poussières » tandis que les secours arrivent très rapidement sur les lieux et, symbole essentiel du film de Pabst, seront épaulés par des sauveteurs allemands quelques jours plus tard. Amy Benadiba raconte de manière très documentée les journées suivant le drame, notamment certains mineurs sont parvenus à sortir seuls des mines près de 3 semaines après la catastrophe. L’adaptation de Pabst se passe dans les années 1930, dans un contexte différent entre la France et l’Allemagne, mais aussi au niveau des conditions de travail des mineurs.
La cité des électriciens (20mn)
Ce deuxième supplément complète le premier pour les conditions de travail et de vie des mineurs. Isabelle Mauchin, directrice-conservatrice à la Cité des Electriciens, met en exergue l’évolution du métier de mineur en rapport à son lieu de vie. Les compagnies minières ont cherché à créer une véritable communauté, construire des cités avec logements, sanitaires, puits, laveries, avec ses propres lois et gouvernances.

DVD 6 : DON QUICHOTTE
Version française du film du Pabst qui est proposée sur cette édition. Réalisé en 1932, le film existe trois versions différentes, française, allemande et anglaise.
Présentation de Pierre Eisenreich (6 mn)
Don Quichotte est le second film de la dite « période de l’exil  », où Pabst a quitté l’Allemagne déçu par le nationalisme ambiant et plus particulièrement la montée du nazisme. Eisenreich précise que Pabst tourne le film en France pour reconstituer la Mancha, cette région espagnole imaginaire inventée par Cervantes. Le film est avant tout une comédie musicale à la manière de L’Opéra de Quat’sous et Pabst va choisir ses acteurs dans cet objectif : l’immense Feodor Chaliapin, et particulièrement le chansonnier Dorville, dont les physiques correspondent parfaitement aux physiques du duo Don Quichotte/Sancho Panza. L’œuvre du réalisateur allemand est un vrai divertissement populaire, fidèle au roman (excepté peut-être sur le personnage de Dulcinée) et met en exergue des thématiques de l’imaginaire et de l’obsession chères à de nombreux réalisateurs. Don Quichotte, par Orson Welles et Terry Gilliam.

DVD 7 : LE PROCES
Présentation de Pierre Eisenreich (6 mn)
Le Procès est le premier film d’après-guerre de Pabst, tourné en 1948. Pour Un film du rachat car Pabst risque d’être mis au banc de la « société du spectacle ». Les films réalisés sous l’égide du nazisme lui ont bien évidemment porté préjudice mais ont aussi malheureusement mis en sommeil ses thématiques habituelles comme le pacifisme ou le féminisme. Pierre Eisenreich apporte des précisions intéressantes sur la préproduction de l’œuvre et les difficultés rencontrées par le cinéaste pour la mise en projet du long métrage. D’abord à cause de son sujet (l’antisémitisme) et ensuite concernant la recherche d’un lieu pour le tournage... Cela n’empêche pas le film d’être formellement passionnant et Pabst d’être récompensé par la médaille d’or du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise en 1948.

DVD 8 : LA FIN D’HITLER
Non restauré. Présentation de Pierre Eisenreich (6 mn)
La fin d’Hitler serait le premier volet d’un dytique qui trouverait sa conclusion avec C’est arrivée le 20 juillet. Les deux films ont d’ailleurs été tournés la même année, en 1955. Dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Pierre Eisenreich ne considère pas ce film comme une œuvre du rachat pour le réalisateur allemand, même si ce dernier réalise un film profondément antinazi. Pabst s’attache à raconter, à travers un film d’intérieurs (qui se déroule intégralement ou presque dans un bunker d’un Berlin déjà envahi par les troupes soviétiques), les derniers joueurs du dictateur et comment sa folie le mène à sa perte, dans un rite d’autodestruction auquel assiste son état-major. Selon Eisenreich, Pabst règle ses comptes non seulement avec le nazisme mais aussi avec sa propre collaboration durant cette période, créant des liens forts avec des scènes issues de films précédents et notamment Paracelse en 1943. Sur le plan stylistique, le film répond cette fois à L’Opéra de Quat’sous et à La Tragédie de la mine puisque se concentrant complètement dans une ambiance claustrophobe, très froide, mais aussi un sentiment de réalisme et une acuité très forte.
Afrika (4 mn)
Actualités de propagande pour le public espagnol, avec un titre probablement attribué en référence aux « Afrikakorps », du nom des divisions allemandes de Panzers parcourant les déserts de Libye et d’Égypte ainsi que la Tunisie pendant la Seconde Guerre mondiale. On observe la commémoration de l’attentat de Munich de 1939, visant le Fürher et faisant huit morts et soixante-trois blessés parmi les troupes allemandes. Il est saisissant de constater que le peuple est tout d’abord plus heureux de voir son leader en vie que de commémorer la mort de ses soldats. Ce dernier parcourt les rues, serrant les mains des veuves, immensément applaudi et célébré.

DVD 9 : C’EST ARRIVE LE 20 JUILLET
Numérisation 2K. Présentation de Pierre Eisenreich (6 mn)
Second film du dytique avec La Fin d’Hitler. Film antinazi, Pabst décide de mettre en images un événement héroïque au sein de la Wehrmacht. L’opération Walkyrie, qui verra une tentative d’assassinat (manqué) sur Adolf Hitler (et qui sera d’ailleurs adapté en 2008 par Bryan Singer, avec Tom Cruise dans le rôle-titre, dans une production à l’envergure hollywoodienne cette fois). Pabst utilise ce film pour proposer une mise en scène hyper réaliste où il va narrer les événements de manière très linéaire, presque chronologique. Pierre Eisenreich rapproche l’œuvre d’un aspect très « langien », d’une énergie qui apparaît tout au long du long-métrage.
OSS-291 (4 mn)
Document d’actualités sur l’attentat du 20 juillet où l’on peut voir Hitler rendre visite aux blessés de l’attentat dont il était la cible. Le peuple allemand, soulagé, montre sa gratitude et sa confiance à son leader. Les actualités continuent ensuite avec des images du major Remer, soldat qui a désobéi aux ordres pour sauver le dictateur.
Bombing plot (8 mn)
Quelques heures après l’attentat du 20 juillet, Hitler reçoit de nombreux généraux et hommes politiques pour des débats d’importance, alors que les procès à la suite de ce même attentat ont lieu dans un tribunal surpeuplé de soldats nazis... Les images d’archives du jugement, totalement partial, sont saisissantes.

COFFRET YOUSSEF CHAHINE – 1954-1979
LA COMPLAINTE EGYPTIENNE (9 FILMS + 1 LIVRE)
Youssef Chahine est une figure incontournable du cinéma égyptien et mondial. Il incarne un cinéma engagé, qui mêle divertissement et combat. Comme le décrit sa nièce Marianne Khoury (qui a travaillé à la production de 3 films, Adieu Bonaparte, le Sixième jour et Alexandrie encore et toujours) : « Youssef Chahine, l’artiste, le rebelle qui venait des États-Unis, qui avait des idées et voulait faire des choses. » Chahine critique l’impérialisme, mais aime l’Occident, s’attaque à l’islamisme et défend le monde musulman, s’oppose aux nationalisations de Nasser, mais également au régime de Moubarak. Chahine est un esprit libre et rebelle au pouvoir.

CIEL D’ENFER (1954)
Avec Faten Hamama, Omar Sharif, Zaki Rostorn
À l’époque du roi Farouk, un ingénieur agronome, Ahmed, revient au village aider les paysans à améliorer leur culture de la canne à sucre. Le film raconte donc l’affrontement entre un jeune ingénieur agronome (Omar Sharif) issu d’un milieu paysan et le pacha tout-puissant des environs. L’amour, les vengeances et les poursuites s’entremêlent de façon rocambolesque jusqu’au triomphe final de la justice.

LES EAUX NOIRES (1956)
Avec Faten Hamama, Omar Sharif, Ahmed Ramzy
Un marin, Ragab revient à Alexandrie après trois ans de mer. Il a économisé pour pouvoir épouser Hamida, une jeune fille qui vit avec sa mère sur le port. Il arrive en plein conflit entre le directeur du port et les dockers.

C’EST TOI MON AMOUR (1957)

Avec Farid el-Atrache, Chadia, Hind Rostorn
Pour conserver l’héritage d’un parent dans sa totalité, deux cousins sont contraints de se marier. Pourtant, ils se détestent. Farid sort avec une danseuse, Nana, et Yasmina fréquente Sensen, un riche industriel. Tout est bon pour retarder l’instant de l’engagement, y compris une crise d’appendicite. Rien n’y fait et les voilà partis pour leur lune de miel, surveillés par les amants respectifs.

GARE CENTRALE (1958)
Avec Youssef Chahine, Hind Rostorn, Farid Chawki
Kénaoui, vendeur de journaux boiteux et un peu simplet à la gare centrale du Caire, est amoureux d’Hanouma, une vendeuse de boissons. Mais celle-ci repousse ses avances et n’a d’yeux que pour le bagagiste Abou Sérif. Youssef Chahine génial dans le rôle de Kénaoui.

SALADIN (1963)
Avec Ahmed Mazhar, Nadia Lofti, Salah Zulficar
Durant les deuxième et troisième croisades, le sultan d’Égypte et de Syrie, Saladin, qui vient de vaincre les Croisés à Alexandrie, lutte contre une nouvelle expédition de Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste. Entre les traîtrises de Renaud de Châtillon, qui massacre des pèlerins musulmans sur le chemin de la Mecque, et les luttes des cours française et anglaise, Saladin garde sa volonté de reconquérir Jérusalem...

LA TERRE (1969)
Avec Mahmoud el-Meligui, Nagwa Ibrahim, Ezzat el-Alayli
Années 1930, une monarchie sous tutelle de la Grande-Bretagne gouverne l’Égypte. Loin du Caire, les paysans d’un village vivent péniblement. Un jour, pour favoriser les propriétaires terriens, les autorités décident de restreindre les permis d’irrigation. Accablés, les paysans tentent de se révolter. Mais les conflits latents s’exacerbent au sein de la communauté villageoise...

LE MOINEAU (1973)
Avec Mahmoud el-Meligui, Mohsena Tawfiq, Seif el-Dine
Juin 1967, en Égypte. À la veille de la guerre des Six Jours. Raouf, dont le père est un responsable des forces de l’ordre, poursuit des trafiquants qui le conduisent jusqu’à des commanditaires haut placés. La corruption se généralise dans le pays, tandis que, dans le Sinaï, d’autres hommes de la nation attendent le début des hostilités. Ils apprennent à s’apprécier...

LE RETOUR DE L’ENFANT PRODIGUE (1976)
Avec Mahmoud el-Meligui, Magda el-Roumy, Soheir el-Morchdi
Ali est attendu dans le village de Mitchaboura par les siens, les Madbouly, propriétaires d’une petite entreprise, et par les ouvriers pour qui il représente l’espoir. Pour Ibrahim, le fils de Tolba, le retour d’Ali, son oncle, doit lui permettre d’aller étudier à l’étranger ; ce à quoi s’oppose son père. Pour Fatma, qui a tout sacrifié, au nom de l’amour qu’elle voue à Ali absent, c’est la grande désillusion.

ALEXANDRIE, POURQUOI ?(1978)
Avec Mohsen Mohieddin, Naglaa Fathi, Ezzat el-Alayli
1942, Alexandrie. L’Egypte, sous la domination britannique, s’attend à la prochaine arrivée de troupes allemandes ; la bataille d’el-Alamein est imminente. Yehia, un adolescent pétri de cinéma états-unien, veut devenir acteur et prépare un spectacle avec ses camarades du lycée catholique.

Livret : Entretien avec Omar Sharif. Intervention de Youssef Chahine à Cannes (1998). Entretien avec Yousry Nasrallah et beaucoup d’autres textes

Sorties cinéma :
Tiempo despues
Film de José Luis Cuerda (Sortie le 22 juillet 2020)

Avec Roberto Alamo, Blanca Suarez, Inaki Ardanaz
En 9177, le monde entier se retrouve réduit à un seul bâtiment officiel et des banlieues crasseuses habitées par tous les chômeurs et affamés du cosmos. Parmi tous ces misérables, José María décide de prouver, en vendant, dans le bâtiment officiel, une délicieuse limonade de sa fabrication, qu’un autre monde est possible.

Un film complètement déjanté et lutte des classes dans un contexte pas si irréel que ça, mais avec un humour explosif ! Surréaliste, dystopique en apparences, critique au vitriol. À voir absolument !
Réalisateur de la Langue des papillons (1999), producteur (il produit les premiers films de Alejandro Amenabar, Tesis, Ouvre les yeux, Les Autres), scénariste, acteur, Jose Luis Cuerda est peu connu en France par manque de distribution.

Midnight Runner
Film de Hannes Baumgartner (Sortie 24 juin 2020)

Jonas Widmer est l’un des meilleurs coureurs de fond en Suisse et son ambition est de courir le marathon aux Jeux Olympiques. En parallèle, il est cuisinier et s’apprête à emménager avec Simone, sa petite amie.
Une vie bien rangée, organisée, qui va soudain basculer lorsque Jonas agresse une jeune femme un soir. Il ne peut résister aux pulsions meurtrières qui peu à peu l’envahissent sans qu’il puisse en parler. C’est alors que la vie de Jonas devient une suite de fuites, dissimulations et d’obsessions.

Sorties DVD :
LE SCANDALE PARADJANOV
Film de Serge Avédikian et Olena Fetisova (DVD)

Serge Avédikian (dans le rôle de Paradjnov), Yuliya Peresild, Zaza Kashybadze

Si le film évoque la vie mouvementée de Sergueï Paradjanov, ce n’est pas pour autant un biopic, mais plutôt une évocation de l’itinéraire créatif de Sergei Paradjanov, réalisateur arménien hors norme, imaginatif et provocateur, dont la soif de liberté et le refus de se plier aux interdits édictés par le régime soviétique lui valurent la prison à plusieurs reprises.
« Si j’ai osé faire ce film, [déclare Serge Avédikian] c’est que Paradjanov est un personnage riche et ambigu. Pour qu’il ne termine pas au musée, il fallait lui donner une deuxième vie cinématographique. C’est trop tôt pour faire un film sur lui ».

Serge Avédikian, co-réalisateur et acteur, interprète avec un mimétisme troublant le rôle de Paradjanov, il l’incarne littéralement et l’on perçoit son admiration pour ce créateur cinématographique qu’il a rencontré en 1983. Paradjanov le surréaliste, l’internationaliste, le farceur aussi, prenait tous les risques pour exprimer sa vision du monde. C’est cette détermination qui ressort dans le film, mêlant à la fois ses créations, son travail, ses rencontres et certaines étapes de sa vie, mais lui-même faisait-il seulement la différence ?

Serge Avédiakian est aussi l’auteur d’un court métrage d’animation, Chienne d’histoire, qui raconte le massacre des chiens de Constantinople en 1910. Le Scandale Paradjanov, premier long métrage d’Avedikian, est un hommage, comme il l’explique : « Paradjanov est quelqu’un qui m’a permis de faire du cinéma. Je suis comédien au départ. » La rencontre fut en effet déterminante et initie, avec ce film, la mise en scène d’une époque, le processus de création et l’incarnation d’un personnage étonnant et pluridisciplinaire, à l’humour ravageur, qui replonge le public dans l’univers cinématographique de Paradjanov. « Dans ce film,[ajoute Serge Avedikian] j’ai voulu des trucages, de la poésie, des moments de fantaisie, mais il fallait aussi être sobre en ce qui concerne le personnage parce que je voulais traiter de sa solitude. Il était sans cesse en représentation, en spectacle et, en même temps, il était très seul. C’est pour cela que le film devait être une coproduction entre les pays où Paradjanov a vécu et il était aussi important qu’il soit en dialecte ukrainien. C’est quelqu’un qui a dérangé par son excentricité, son anti conformisme et par ses prises de position qui n’étaient pas politiques dans le sens premier du terme, mais qui étaient en fait éminemment politiques. Ce film aurait pu me liquéfier complètement parce que le personnage est tellement fort. »

Le Scandale Paradjanov une véritable immersion dans l’univers fantasmatique de Paradjanov, auteur de films cultes, dont les Chevaux de feu.

IN FABRIC
Un film de Peter Strickland (DVD)

Avec Marianne Jean-Baptiste, Léo Bill, Hayley Squires, Gwendoline Christie

Sur une bande son sublime — musique angoissante mixée avec un concert de voix qui se meut en brouhaha — In Fabric de Peter Strickland est certainement l’une des critiques les plus délirantes du consumérisme. Le lieu : un grand magasin de prêt à porter où d’étranges vendeuses, entre androïdes et prêtresses occultes, appâtent la clientèle durant le cérémonial des soldes.

C’est l’histoire d’une robe tueuse qui s’en prend à celles qui l’achètent… Et à partir de l’acquisition, survient une série d’événements inquiétants et inattendus, l’attaque d’un chien, l’apparition de marques sur la peau, l’emballement d’une machine à laver, le feu, et autres accidents maléfiques…

In Fabric de Peter Strickland offre des images proches de peintures qui rappellent Drowning By Numbers de Peter Greenaway, par la lumière et l’atmosphère baroque régnant dans le magasin. Une utilisation étonnante d’images arrêtées, un montage rythmé, des dialogues décalés et poétiques… C’est une vision surréaliste d’un temple de la consommation et le film est un monument d’humour horrifique…

Italie :

IL MEDICO DELLA MUTUA [LE MEDECIN DE LA MUTUELLE]
Un film de Luigi Zampa (DVD le 16 juin 2020

Avec Alberto Sordi, Bice Valori, Sara Franchetti, Evelyn Stewart
Guido Terzilli est un jeune médecin, dépourvu de patients mais désireux de faire carrière. Après avoir travaillé dans un hôpital, il prend conscience de la concurrence féroce qui agite le milieu médical. Il devient astucieux et décide de séduire la femme d’un médecin de la « Mutua », sur le point de rendre l’âme et qui a dans son portefeuille au moins 2000 patients…
« Zampa a un regard étonnamment kafkaïen et le pointe directement sur les paradoxes de la mutuelle médicale italienne, faisant une analyse lucide d’un mécanisme gigantesque qui se vide sur lui-même. » Satire impitoyable.

LES JOURS COMPTES [GIORNI CONTATI]
Un film de Elio Petri (DVD)

Avec Salvo Randone, Franco Sportelli, Regina Bianchi,Vittorio Caprioli, Paolo Ferrari, Lando Buzzanca,Angela Minervini, Giulio Battoferri
À cinquante ans, Cesare Conversi a travaillé toute sa vie avec abnégation. Un jour, il voit mourir dans le tram un homme de son âge. Obsédé par l’approche inexorable de la mort, il s’arrête de travailler afin de profiter de la vie avant qu’il ne soit trop tard…

VENEZ DONC PRENDRE LE CAFE CHEZ NOUS !
Un film de Alberto Lattuada (DVD)

Avec Ugo Tognazzi, Francesca Romana Coluzzi, Angela Goodwin
Paronzini recherche un plan idéal pour contracter un mariage avantageux. Il le trouve grâce à trois vieilles filles, enrichies par l’héritage de leur père décédé. Invité à boire le café dans leur confortable villa, Paronzini épouse Fortunata, mais il est bientôt contraint de les satisfaire toutes les trois… féroce !

MISÈRE ET NOBLESSE
Un film de Mario Mattoli (DVD)

Avec Totò, Sophia Loren, Enzo Turco
Naples au XIXe siècle. Deux familles napolitaines partagent un appartement misérable et insalubre, dont le loyer n’a pas été payé depuis plusieurs mois, Ils n’ont rien mangé depuis trois jours, Un jeune marquis amoureux leur promet un repas pantagruélique contre leur participation à une gigantesque imposture…Toto est extraordinaire de mauvaise foi.

QUI A TUE LE CHAT ?
Un film de Luigi Comencini

Avec Ugo Tognazzi, Mariangela Melato, Michel Galabru, Dalila Di Lazzaro, Aldo Reggiani
À la mort de leur père, Amedeo et sa soeur Ofelia, célibataires avides, héritent d’un immeuble délabré au cœur de Rome. Un promoteur propose de le racheter à prix d’or vide, sans locataires. Il s’agit donc d’expulser ceux et celles qui y demeurent. Commencent alors des tentatives plus ou moins mesquines, haineuses et stupides… Les monstres à nouveau ?

UN VRAI CRIME D’AMOUR
Un film de Luigi Comencini

Avec Stefania Sandrelli, Giuliano Gemma, Brizio Montinaro, Renato Scarpa, Cesira Abbiati
L’amour de Nullo et Carmela est condamné à l’échec, il est militant communiste et syndicaliste, elle est sicilienne, catholique et soumise à l’autorité de son frère. De plus, leur vie quotidienne n’est pas simple, lui du Nord et elle du Sud, avec une usine à Milan qui empoisonne les ouvriers…

Iran :
LE CYCLISTE
Un film de Mohsen Makhmalbaf (DVD)

Avec Samira Makhmalbaf, Moharram Zaynalzadeh, Esmaeel Soltaniyan.
Un réfugié afghan, Nassim, dont la femme a besoin de soins médicaux urgents, accepte, pour un directeur de cirque ambulant, de tenir sur une bicyclette durant toute une semaine. Il devra tourner sur la place centrale d’une petite ville iranienne. Tant qu’il n’aura pas gagné l’argent de l’intervention, les médecins ne bougeront pas le petit doigt pour sa femme. Sa tentative déchaîne curiosités et passions…

LE MIROIR
Un film de Jafar Panahi (DVD)

Avec Mina Mohamad-Khani
Mina, une petite écolière, attend comme tous les jours sa mère à la sortie de l’école.
Mais cette fois, celle-ci tarde à venir… Mina décide alors de rentrer chez elle par ses propres moyens. Mais elle ne connaît pas son adresse ! Durant son périple, dans la ville bouillonnante, elle va croiser de nombreux adultes auxquels elle tiendra tête… Têtue et obstinée, mais aussi imprévisible, Mina fera tout pour retrouver le chemin de la maison…

Amérique latine :

EL OTRO
Un film de Ariel Rotter (Argentine) (DVD)

Avec Julio Chavez, Maria Onetto, Ines Molina
Un voyage d’affaires routinier, d’une demi-journée en province, se transforme en un autre voyage : en arrivant à destination, Juan Desouza découvre que l’homme qui voyageait à côté de lui est mort. Secrètement, presque comme un jeu, il décide de prendre l’identité du mort, de s’inventer une profession.
Grand prix du jury de la Berlinale 2007.

LA FAMILIA
Film de Rondon Cordova (DVD)

Caracas. Des gosses jouent dans une cité où la violence est omniprésente, dans les jeux même, où le racket et les rapines sont synonymes de débrouille pour survivre. Pedro, un gosse de 12 ans, traîne dans la rue, la mère n’est plus là et le père est très souvent absent ; il bosse dans plusieurs endroits.
La catastrophe survient lorsque Pedro blesse gravement un gamin qui menaçait son copain, et son père comprend immédiatement la menace, cela signifie qu’ils sont en danger de mort. De cachettes improvisées en boulot aléatoire, le père et le fils se disputent sans cesse, Pedro retourne dans son quartier et apprend que son ami a été descendu à sa place. Le prix du sang. C’est à nouveau la fuite et, au final, la tentative de se retrouver pour le père et le fils…
La Familia a été présenté au festival Cinélatino de Toulouse en 2018, sur les écrans en 2019, dans un contexte social et une actualité politique dramatique au Venezuela.

ALGUNAS BESTIAS
Film de Jorge Riquelme Serrano (fin 2020)

Film en compétition long métrage de la 32e édition du Festival Cinélatino, Rencontres de Toulouse 2020 (supprimé pour cause de confinement)
Reprenant l’argument de L’Ange exterminateur (1962) de Luis Buñuel où les membres de la haute bourgeoisie contraints à vivre ensemble dans un lieu clos finissent par faire exploser l’expression factice de leur civilité, Algunas bestias propose un huis clos dans le cadre d’une île où une famille de nantis chiliens ne peut plus échapper à son propre désenchantement programmatique. Aucune ironie ici à la manière de Buñuel mais une vraie tragédie familiale opposant notamment des générations entre elles. Cette peinture de la société aisée chilienne ne laisse aucune échappatoire pour chacun des membres de cette famille, dans un lent processus d’autodestruction générée par le contact extrêmement toxique d’une personne sur l’autre où l’inceste n’est jamais loin.

Documentaires :

CLOSE ENCOUNTERS WITH VILMOS ZSIGMOND
Un film documentaire de Pierre Filmon (DVD)

Sans Vilmos Zsigmond (disparu le 1er janvier 2016), le cinéma états-unien des années 1970 ne serait pas le même. Invité à Paris en 2014 pour évoquer sa carrière, ce mythique chef opérateur accepte de passer devant la caméra pour une rencontre d’un autre type. « Entre confidences et anecdotes de tournage, ce doc dresse un portrait passionnant de Vilmos Zsigmond, l’un des plus grands directeurs du cinéma états-unien. »

Films cultes ? Et autres :

THEMROC
Un film de Claude Faraldo
(NOUVELLE VERSION RESTAUREE 4K)
Avec Michel Piccoli, Béatrice Romand, Patrick Dewaere , Marilù Tolo, Francesca Coluzzi, Miou-Miou, Romain Bouteille, Coluche…
Themroc, vieux garçon, peintre en bâtiment modèle, mène une vie monotone, jusqu’au jour où un incident absurde le pousse à la révolte. Son patron le licencie sans motivation sérieuse. Tel une bête fauve, il entre dans une rage incroyable, quitte son travail et rentre chez lui. Là, il transforme sa chambre en une sorte de tanière et entraîne les habitants du quartier à retourner à l’âge des cavernes. Passant la journée à faire l’amour, le voisinage semble en passe de refaire le monde.

L’OMBRE DES CHATEAUX
Un film de Daniel Duval
(MEDIABOOK COMBO BLU-RAY & DVD)
Avec Philippe Léotard, Albert Dray, Zoé Chauveau
Dans le nord de la France, la vie marginale d’une famille démunie d’émigrés italiens, les Capello. La fille, Fatoun, est surprise en flagrant délit de vol. Elle est placée dans un centre de rééducation, malgré les efforts de Luigi et Rico, ses deux frères. Ces derniers décident de la délivrer pour gagner la terre promise : le Canada…

BOF.. (ANATOMIE D’UN LIVREUR)
Un film de Claude Faraldo DVD)

Avec Marie Dubois, Julian Negulesco, Mamadou Diop, Paul Crauchet
Un jeune livreur de bouteilles a épousé la souriante Germaine. Son père, dégoûté d’aller pointer à l’usine, a aidé sa dolente femme à « faire le grand saut », lui évitant les désagréments de la vieillesse. Le fils veut suivre l’exemple du père : abandonner son métier, adopter un mode de vie entièrement libre. D’ailleurs, il accepte de faire « ménage à quatre » avec son père et son aimable fiancée. Enthousiasmés par cette douce euphorie, tous décident de partir au pays du soleil…

LE DÉSERT DE LA PEUR [ICE COLD IN ALEX]
Un film de Jack Lee Thompson (DVD)

Avec John Mills, Sylvia Syms, Anthony Quayle, Harry Andrews
1942, désert nord-africain. Le capitaine Anson et son sergent sont chargés de rapatrier deux infirmières de Tobrouk à Alexandrie. Au cours de ce périlleux périple à travers le désert, ils embarquent un officier sud-africain qui s’avère être un bien mystérieux personnage…
Date de sortie : 16 juin 2020

LE RÊVE DANS LA HUTTE BERGERE
Un film de Teuvo Tulio (DVD)

Avec Sirkka Salonen, Olga Tainio, Kaarlo Oksanen, Kyösti Erämaa
Une jeune servante se laisse emmener par le fils d’une grande ferme, sous les regards jaloux d’un frère juste et d’une domestique. Deux frères, l’un chrétien et l’autre païen, deux femmes, l’une innocente et l’autre séductrice. À partir de ces oppositions se développe le mélodrame de Tulio sur des images de la nature.

THE FAMILY WAY
Un film de Roy Boulting (1966) (Musique de Paul McCartney) (DVD)

Après le mariage de Jenny Piper et d’Arthur Fitton, une réception se déroule dans un pub local. Le couple retourne à la maison des Fitton pour passer sa première nuit ensemble, avant de partir pour une lune de miel à Majorque. Mais ils trouvent le père d’Arthur, Ezra, ivre avec des invités de la fête dans le salon. Arthur se dispute avec Ezra, qui ne comprend pas le plaisir de la lecture et de la musique de son fils. Après une soirée tendue, les jeunes mariés se retirent finalement. Mais leur lit s’effondre à la suite d’une blague. Jenny en rit, mais Arthur imagine qu’elle rit de lui et n’est pas capable de consommer son mariage.

MORGAN
Un film de Karel Reisz (DVD)

Avec Vanessa Redgrave, David Warner, Robert Stephens, Irene Handl, Bernard Bresslaw, Arthur Mullard
Morgan Delt est un artiste, qui aime les fleurs, les animaux et les enfants. Mais à l’instar de son héros de la jungle, le gorille mâle, il devient formidable une fois en danger. Quand sa femme Léonie décide de le quitter pour un homme plus sensé, Morgan donne libre cours à ses fantasmes les plus fous. Dans un costume de gorille loué, il tente de reconquérir l’affection de sa bien-aimée.