Chroniques rebelles
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Samedi 29 août 2020
L’Économie de la nature. L’Économie de la foi. L’Économie esthétique. Trois livres d’Alain Deneault (LUX éditions). Journal discordant de Maurice Rajsfus
Article mis en ligne le 16 octobre 2020
dernière modification le 19 juillet 2020

par CP

L’Économie de la nature
L’Économie de la foi
L’Économie esthétique

Alain Deneault (LUX éditions)

Pourquoi un feuilleton théorique sur « les Économies » ? C’est la question qui vient d’abord à l’esprit à la lecture du projet intitulé feuilleton et les trois premiers épisodes de cette « saga », à savoir L’Économie de la nature, L’Économie de la foi et L’Économie esthétique. Revenir aux origines du mot « économie », accaparé par le capitalisme, reviendrait à rompre avec l’usage qui en est fait aujourd’hui par les seuls « économistes », comme si le mot appartenait désormais à une sorte de chasse gardée ? Depuis quand la captation du terme s’est-elle opérée ? Depuis l’instauration du capitalisme, situé au XVIème siècle pour certain.es, ou au XIXe siècle pour d’autres ? Actuellement — ou bien est-ce par son évolution (?) —, l’utilisation du mot économie est à la base d’une construction de symboles, de représentations et d’évidences qui brouillent les pistes de la compréhension et ne reflètent pas la réalité, malgré le vernis scientifique octroyé aujourd’hui à des fins d’intérêts capitalistiques.

Prenons l’exemple de ce qui se répète ces temps-ci, et qui est parfois désigné comme modèle : aux Etats-Unis, «  l’économie est florissante », selon les experts, journalistes et économistes, mais certains commentaires ne manquent pas de compléter par : « les inégalités n’ont jamais été aussi fortes ». Ce qui pose des questions simples et fondamentales sur le terme employé : de quel type d’« économie » s’agit-il et qui a le bénéfice de ce qui est décrit comme une « envolée économique » ? On sait d’ailleurs que celle-ci génère, en plus des inégalités sociales, le gâchis des sources d’énergie et des dégâts irréversibles au plan environnemental par l’exploitation mortifère de la planète. Autrement dit, le terme encensé et dévoyé d’économie serait-il le prétexte à la fuite en avant d’apprentis sorciers du profit ?

Dans son prologue-manifeste, Alain Deneault écrit : « À quoi bon ce chantier de recherche ? D’abord, pour reprendre l’économie aux économistes. C’est-à-dire d’emblée, dissocier économie et capitalisme — ce capitalisme qui, par ses aspects destructeurs, iniques et pervers, ne correspond en rien à l’esprit de l’économie en son sens plein. » Philosophe et penseur critique, Alain Deneault aurait donc comme objectif de « dévoiler depuis son origine les multiples acceptions, significations et définitions du mot “économie” […] pris en otage par les économistes » qui prétendraient, aujourd’hui, en détenir seul.es la capacité d’en parler. Se réapproprier le terme « économie » reviendrait donc à le dégager de la « propagande officielle, celle de la défense d’intérêts particuliers déguisés en cause collective. »

D’où l’importance d’explorer les différents champs d’application du terme dévoyé depuis quelque temps, et qui signifie aujourd’hui résignation et silence face à une destruction annoncée.

Pour conclure ces chroniques, un extrait du Journal discordant de Maurice Rajsfus lu par Nicolas Mourer.