Chroniques rebelles
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Samedi 10 octobre 2020
5G mon amour. Enquête sur la face cachée des réseaux mobiles. CQFD n° 191. Una Promessa de Gianluca & Massimiliano de Serio. Paris Calligrammes de Ulrike Ottinger. A Dark, Dark Man de Adilkhan Yerzhanov. Maternal de Maura Delpero (suite de l’entretien). Film d’animation de Rémi Chayé, Calamity
Article mis en ligne le 5 janvier 2021

par CP

5G mon amour
Enquête sur la face cachée des réseaux mobiles

De Nicolas Bérard, paru (éditions du passager clandestin)

CQFD n° 191 Octobre
Dossier : Ouvrez, ouvrez, la cage aux minots

Cinéma :
Una Promessa de Gianluca & Massimiliano de Serio (14 octobre)
Entretien avec Massimiliano de Serio

Paris Calligrammes de Ulrike Ottinger (14 octobre)

A Dark, Dark Man de Adilkhan Yerzhanov (14 octobre)

Maternal de Maura Delpero, en salles depuis le 7 septembre (suite de son entretien)

Enfin un film d’animation de Rémi Chayé, Calamity, (14 octobre)

5G mon amour
Enquête sur la face cachée des réseaux mobiles

De Nicolas Bérard, paru aux éditions du passager clandestin

Aujourd’hui dans les chroniques syndicales et rebelles un sujet à remettre sur le tapis, la 5G. Car les enjeux de la 5G concernent tout le monde et sont bien plus graves que ce qui est généralement présenté comme l’objet, le gadget génial : ouais, cool ! plus vite, plus loin… et plus abruti aussi.
Sans vouloir entrer dans la polémique faussée dès ses prémisses du progrès face à ceux et celles qui défendent le soi-disant retour à la bougie, voici un bouquin qui en dit long sur la question :

5G mon amour
Enquête sur la face cachée des réseaux mobiles

De Nicolas Bérard, paru aux éditions du passager clandestin

Lorsque l’on constate aujourd’hui l’emprise des téléphones portables et la vitesse à laquelle elle s’est mise en place, on ne peut que s’interroger sur l’addiction intrusive qui en résulte dans la vie quotidienne pour la majorité des personnes. C’est d’abord des outils non ? Mais ils sont à présent essentiels… Oublier son « smartphone », le perdre ou se le faire piquer, et c’est le drame… comme si cet objet était une part de soi-même, du moins pour certain.es. Alors évidemment on peut poser la question sur cette addiction et à qui elle profite.

5G mon amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles de Nicolas Bérard (paru aux éditions du passager clandestin) fait le point sur des interrogations rarement développées dans les médias — évidemment il faut bien vendre —, quant aux conséquences de la fulgurante intrusion des communications sans-fil. En effet, « la France compte plus de cartes SIM en circulation que d’habitant·es, et demain, avec l’arrivée de la 5G, ce seront tous les objets du quotidien qui seront connectés. » Les voitures seront autonomes, les foyers communicants et, bien entendu, les villes seront « intelligentes ». La Smart City, cela fait un moment que l’idée est sur le tapis et voilà qu’arrive ce qui est présenté comme une « révolution technologique ». Un terme qui cache bien des mensonges et des manipulations.

5G mon amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles de Nicolas Bérard est un livre remarquablement documenté, qui perce à jour les coulisses de la soi-disant « révolution technologique », et pose des questions fondamentales « à l’aube du développement d’une nouvelle pollution de masse », sans qu’il y ait eu de débat public. Comment et par qui les normes, censées nous protéger, ont-elles été mises en place ? Quels sont les liens entre les opérateurs téléphoniques, les médias et les gouvernements ? Quels sont les effets de cette technologie sur la santé humaine et sur le vivant ? Quelles sont les applications de cette technologie dans les pratiques de contrôle et de répression ?
5G mon amour, un livre à lire absolument.
Entretien avec Nicolas Bérard.

Cher·e [auditeur.auditrice] peut-être n’es-tu pas totalement convaincu·e que les ondes électromagnétiques peuvent avoir des effets sur ta santé. Peut-être, même, appartiens-tu au « camp » des électrosceptiques, qui nient la moindre dangerosité de ces ondes. De toi à moi, il y a encore quelques années, je pensais à peu près la même chose. Après tout, nous sommes en droit de penser que, s’il y avait des preuves de leur nocivité, les autorités auraient mis le holà et que l’industrie elle-même aurait réorienté ses recherches : même la quête éperdue de profits à laquelle se livrent les multinationales doit avoir certaines limites éthiques, comme celle de mettre en jeu la santé des 7,7 milliards d’êtres humains habitant sur la Terre, ainsi que l’ensemble du vivant. Tout milliardaires qu’ils sont, les puissants de ce monde ne sont pas pour autant des êtres dépourvus de sentiments, prêts à sacrifier père, mère et enfants pour une poignée de (milliards de) dollars.
Eh bien, j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer : si !

L’auteur du livre […] serait-il un obscur adepte de la théorie du complot ? Eh non. D’abord parce que la mise en place d’un réseau de cinquième génération n’a rien de secret : bruyamment annoncée par ses promoteurs publics et privés comme un progrès quasi révolutionnaire, elle s’inscrit dans la logique économique qui mène le monde depuis un peu plus d’un siècle, avec pour seul aiguillon la recherche de croissance et de profits. Mais, surtout, parce que la menace que fait peser sur le monde la perspective du déploiement de la 5G, qui implique une très forte intensification de l’exposition planétaire aux ondes électromagnétiques, n’a rien de fantasmagorique : comme nous allons le voir dans ce livre, de nombreuses études menées par des scientifiques des plus sérieux montrent que l’innocuité prétendue de ces ondes est plus que douteuse. Or, comme nous le verrons aussi, lorsqu’il s’agit d’empoisonner la population, les dirigeant·es de grandes industries ont déjà prouvé à maintes reprises leur absence totale de scrupules. L’histoire récente montre en effet que, hélas, l’argent passe bien souvent – pour ne pas dire toujours – avant toute autre considération. Et ces puissantes entreprises sont même prêtes à dépenser des millions d’euros en lobbying pour financer et promouvoir des recherches biaisées et influencer les décideur·euses politiques afin de défendre leurs intérêts, au mépris de tous les enjeux d’ordre sanitaire, social, écologique – ou les trois à la fois comme ici.

Pourtant, malgré l’imminence et la potentielle gravité du déploiement de la 5G, le nécessaire débat public qu’il devrait susciter peine, à l’heure actuelle, à émerger. Mais il faut bien le reconnaître : on ingurgite, jour après jour, une telle quantité d’informations catastrophiques que l’on n’est pas forcément enclin à s’inquiéter de nouvelles sources de pollution ni de nouveaux facteurs de maladies. Surtout si cette source nous rend des services. Or, c’est bien le cas des ondes, qui font fonctionner nos radios, nos GPS, nos tablettes, nos objets connectés (pour celles et ceux qui en ont) et, surtout, nos très chers smartphones ! Les ondes sont, de plus, tellement faciles à oublier : elles ne se voient ni se sentent, et rien n’est fait médiatiquement ni politiquement pour nous en rappeler l’existence. De la même façon que l’on peut manger un steak en oubliant qu’il s’agit d’un morceau d’animal mort, on peut utiliser son smartphone en oubliant qu’il fonctionne avec des ondes. Tout cela est tellement confortable !

Il est pourtant urgent de réfléchir à l’intérêt d’un tel développement, et de le faire à la lumière de ce que nous savons déjà. Si la planète se portait bien, nous pourrions peut-être nous laisser bercer par les belles promesses de l’industrie et de nos dirigeant·es. Mais, tu le sais, ce n’est pas le cas. Le climat se dérègle, le vivant s’effondre... Dans ce contexte d’urgence écologique, est-il opportun d’ajouter une pollution électromagnétique massive dans notre atmosphère ?

Des livres traitant des ondes existent déjà et certains sont particulièrement bien faits. Si j’ai finalement décidé d’en rédiger un à mon tour, c’est pour traiter un aspect du sujet qui n’a pas encore fait l’objet d’une enquête approfondie et qui, pourtant, éclairera les autres. L’objectif n’est pas de faire ici une démonstration scientifique sur les effets que peuvent avoir les ondes sur l’organisme. Nous reviendrons bien sûr sur certaines études, nous nous livrerons à quelques explications techniques, mais nous ne tenterons pas de livrer bataille sur le terrain de la controverse scientifique – n’étant pas un chercheur spécialiste de la question, je n’aurais d’ailleurs aucune légitimité à le faire. Cette bataille, nous allons la mener en analysant ce qui se passe dans les coulisses, un point d’observation qui nous permettra de comprendre les forces en présence. Car si, titulaire d’un lointain bac S, mon bagage scientifique est plutôt léger, j’ai en revanche une chance inestimable : celle de pouvoir travailler à l’abri de toute pression, qu’elle soit économique, politique ou autre. C’est d’ailleurs cette indépendance qui m’avait déjà permis d’écrire un ouvrage critique sur les compteurs électriques Linky, à une période où les « grands » médias tournaient systématiquement en ridicule les opposant·es à ce dispositif.

Aux questions, « Quelles études sont valables ? Lesquelles présentent des biais méthodologiques ?  », nous préférerons donc nous poser les suivantes : « D’où viennent et qui produit les normes censées nous protéger ? », « Qui contrôle l’industrie du sans-fil ? », « Comment sommes-nous poussé·es à adhérer au projet de “monde intelligent” ? », «  Pourquoi les grands médias soutiennent ce développement ? », « Que peut-on attendre de nos représentant·es politiques et de notre système judiciaire ? », « Que disent les études scientifiques indépendantes au sujet des effets des ondes électromagnétiques sur les êtres vivants ? », « Un projet d’une telle envergure peut-il être lancé sans la moindre consultation citoyenne ? »... Nous comprendrons ainsi pourquoi la mise en place du réseau 5G, qui inquiète de nombreux·euses scientifiques à travers le monde, nous est présentée comme inéluctable, et pourquoi l’État et les opérateurs de téléphonie souhaitent se lancer dans l’aventure avant même que des études portant sur les conséquences sanitaires d’une telle technologie ne soient réalisées. Alors que le déploiement est sur le point d’être lancé, il est plus que temps, pour nous, citoyen·nes, de nous saisir de la question.

CQFD n° 191 Octobre 2020
Dossier : Ouvrez, ouvrez, la cage aux minots

« À l’école, il s’agit pour l’enfant d’apprendre la discipline, le dressage du corps et la résignation. L’idée est tout de même de former de futurs salariés, de futurs citoyens et de futurs consommateurs. »
« L’urbanisme moderne prive les enfants du fabuleux terrain de jeux qu’est la rue. »
« Les parents continuent à considérer l’enfant comme leur propriété. »

Appel à souscription : Gueule d’Or. La BD de Kristen Foisnon, inédite et retrouvée dans des archives publiée au printemps.
Gueule d’Or est une machine à remonter le temps jusque dans les années 1900, à Brest, au moment des luttes des ouvriers de la base navale. En pleine période de Propagande par le fait, les ouvriers de l’arsenal et les syndicalistes sont accusés d’« anarchisme » selon les « lois scélérates ».
Gueule d’Or est le nom d’une cantine ouvrière. Jusqu’en 1868, les travailleurs de l’arsenal arrivent au travail avec leur gamelle, mais les conditions d’hygiène et la misère font des ravages. Une coopérative est alors créée, « L’Avenir des travailleurs », qui gère deux restaurants ouvriers, dont l’un est surnommé « la Gueule d’or ».
Appel à souscription pour la BD Gueule d’or (15 euros) jusqu’au 31 Décembre 2020.


Informations auprès de l’Association « Les Amis de Kristen Foisnon » 20, allée de Park Braz 29820 Bohars ou sur internetlesamisdekf@riseup.net

La commune de Paris
Week-end du 23 et 24 janvier
Colloque, débats et concert du trio Utgé-Royo…

Tout le programme sur le blog :
http://federation-anarchiste-groupe-commune-de-paris.over-blog.com
Et en attendant le concert de janvier, le 18ème album de Serge Utgé-Royo vient de sortir, un double album de 23 chansons : Le trio Utgé-Royo au Triton… et vous le trouvez à Publico, 145 rue Amelot.

Interrompant son feuilleton théorique sur la redéfinition du mot « économie » qui reprendra au printemps, Alain Deneault publie aux éditions LUX, Bande de colons. Une mauvaise conscience de classe. C’est un pamphlet qui revient sur le roman national québécois et vise en particulier la mentalité de colon. « Être colon [déclare-t-il], c’est être coincé entre le colonisateur et le colonisé. Le colonisateur, c’est le 1 %, c’est l’oligarchie. [Le colon], c’est aussi le subalterne qui tire un petit profit de l’activité coloniale sans être la stricte victime qui se retrouve dans des réserves. »
Une réflexion sur l’histoire du Canada dans une perspective postcoloniale.
« Le Canada, une monarchie parlementaire, est un euphémisme pour désigner une colonie dont le statut s’est autonomisé dans l’histoire, mais qui continue d’évoluer selon les mêmes principes initiaux ; extractiviste, consumériste, productiviste, capitaliste… On a, selon la pensée postcoloniale, un État qui s’est déployé et érigé en faisant main basse sur les ressources des autres, au détriment des autres, et ce, sans développer un discours qui convient pour décrire la situation. »
Alain Deneault, Bande de colons. Une mauvaise conscience de classe (LUX éditions)

CINÉMA :
Una Promessa de Gianluca & Massimiliano de Serio
(au cinéma le 14 octobre)
[Entretien avec Massimiliano de Serio
Le film a été montré au festival de Venise, Son titre original : Spaccapietre
Avec Salvatore Esposito, Samuele Carrino, Lica Lanera, Antonella Carone, Vito Signorile]

Avant l’aube dans un village du sud de l’Italie. La première scène est filmée au travers du regard d’Anto qui observe Angela, sa mère, se préparant pour aller travailler. Tout est à l’envers dans cette scène d’ouverture, en prémisse de la tragédie : la disparition de la mère. Guiseppe, le père, est meurtri, dépossédé de son rôle dans la famille en raison d’un accident du travail.

À la mort mystérieuse d’Angela, aucune enquête n’est faite sur les conditions de travail dans les champs où sont exploité.es des hommes et des femmes, sans protections, sans couverture sociale ni aucun moyen de défense. Aujourd’hui, ce lumpenprolétariat, travaillant dans le sud de l’Italie pour des patrons et leurs garde chiourmes, est constitué de clandestins et d’une partie de plus en plus pauvre de la population italienne.
Anto s’insurge contre la disparition d’Angela, commence alors une quête de la mère après la promesse incroyable de Guiseppe à son fils : « Tu retrouveras maman, je te le promets. »

Très vite, Guiseppe et Anto vont grossir les rangs des nouveaux pauvres : perte de l’appartement, soupe populaire, dégringolade sociale… Guiseppe tente en vain de récupérer son boulot de casseur de pierres à la carrière. Casseur de pierres, c’est en même temps une allusion à la dureté du travail, au symbole de ce métier, le marteau, et à la dignité grâce à l’outil.

Son ancien chef de chantier lui conseille de reprendre le travail de sa femme morte. Le père et le fils logent sur place, près des champs, dans une cahute au milieu d’un camp où le mélange de pauvres et de migrant.es, le pouvoir du patron et de ses sbires et les conditions de travail évoquent l’enfer de Dante. Jouxtant le camp, s’élève la villa forteresse du patron, qui chasse le sanglier au milieu du camp, trafique des objets archéologiques et s’octroie tous les droits sur la main d’œuvre à sa merci.

Destruction du paysage par la culture intensive, sulfatage avec des pesticides, la vie des pauvres n’a aucune importance, seul le profit compte. Le film prend alors un caractère documentaire qui renforce le récit. La génération d’Angela et de Guiseppe est sacrifiée… Anto, qui refuse l’inacceptable et se rebelle, serait-il l’espoir ?

Una Promessa est certainement un film métaphorique par l’utilisation de la lumière, le choix du paysage « porteur de cette éradication de la nature », les personnages, « miroir d’une Italie cachée », et c’est également un film réaliste et profondément engagé. On pense évidemment à Riz amer de Guiseppe de Santis (1949), mais s’ajoute au constat de l’exploitation des êtres humains, la destruction de l’environnement perpétrée par un système. Una Promessa est un film de la révolte, une ouverture vers l’entraide où les femmes ont leur importance, Rosa, Angela…

Una Promessa de Gianluca & Massimiliano de Serio est une révélation.
Et puisqu’il est question d’entraide, l’entretien avec Massimiliano de Serio démarre d’ailleurs sur l’affirmation de leur démarche, une démarche collective !

Paris Calligrammes de Ulrike Ottinger (14 octobre)

Paris Calligrammes est un film de Ulrike Ottinger, présenté à Berlin en avant première, et à cette occasion, la réalisatrice a reçu le prix Berlinale Camera pour l’ensemble de son œuvre. Ulrike Ottinger est une figure importante du cinéma mondial, tant par ses fictions à caractère surréaliste que par ses documentaires.

Artiste plasticienne et cinéaste, elle a vécu à Paris dans les années 1960, certainement des années de formation qu’elle évoque avec facétie et tendresse dans le film, mais ce qui est à mes yeux le plus important, c’est son regard sur ce qu’était le quartier latin d’alors, Montparnasse, et les rencontres spontanées et décisives qu’elle y fait. Les artistes, les intellectuel.les, les engagements, les débats éveillent sa curiosité à la gravure, la littérature, la poésie, la peinture, les images, la politique et va considérablement influencer son itinéraire de créatrice…

Cette période cruciale entre la fin de la guerre d’Algérie et 1968 est la trame même de Paris Calligrammes ; un film autobiographique fascinant par la richesse des archives, le montage et la mise en situation d’un récit personnel au sein des événements, de sa prise de conscience dans une époque marquante.
Paris Calligrammes de Ulrike Ottinger (14 octobre)

A Dark Dark Man
Film de Adilkhan Yerzhanov (14 octobre)

Un polar qui commence comme un western avec au centre la question de faire la justice soi-même. Dans les steppes kazakhes, un jeune flic, Bekzat, ancien militaire, est rompu à toutes les ficelles de la corruption, une corruption existant à tous les niveaux de la société. Or, un nouveau meurtre d’adolescent doit être couvert et il est chargé de classer l’affaire pour éviter de mouiller un politicien trafiquant. Ce n’est pas le premier meurtre et les coupables présumés se suicident tous avant d’arriver au procès. Ce qui simplifie la situation.

C’est un simple d’esprit qui est cette fois désigné comme le coupable, et il ne réalise absolument pas ce dont on l’accuse. Arrêté, l’affaire serait vite conclue par son exécution, si une journaliste ne venait se mêler des magouilles du coin. Elle constate que les preuves ont été effacées, celles qui restent sont celles qui ont été fabriquées et elle menace de tout révéler si une enquête n’est pas menée.

Bekzat est donc obligé de jouer le jeu et d’enquêter, mais il subit aussi la pression des caïds du coin qui n’acceptent pas le retard à liquider le suspect. Pris entre la journaliste et les sbires du malfrat, Bekzat songe à disparaître, à repartir dans son village… Mais ce n’est pas si simple et d’ailleurs peu à peu il a des difficultés à subir les ordres et le mépris…

Après la Tendre indifférence du monde, où il y avait aussi un personnage candide, A Dark, Dark Man est plus dans une violence frontale, brutale, un peu à la Tarantino. Cependant il existe également dans ce film une référence à la culture française. Adilkhan Yerzhanov dit adorer le cinéma et la culture française : « Dans la Tendre indifférence du monde, il était beaucoup question de Camus. Avec A Dark, Dark Man, c’est de Montesquieu. J’ai en tête des citations de Montesquieu depuis mon enfance. Elles me sont revenues dès que j’ai cherché les mots justes pour accompagner le film. D’un autre côté [remarque-t-il], ce n’est pas non plus complètement par hasard, car Montesquieu est l’un des premiers philosophes à avoir étudié le pouvoir de l’État sur la base de la morale. »
Et il est intéressant de souligner que c’est une femme, la journaliste, qui lit Montesquieu…
A Dark Dark Man de Adilkhan Yerzhanov sort le 14 octobre

Maternal de Maura Delpero, en salles depuis le 7 octobre
(Suite de l’entretien avec la réalisatrice)

Calamity
Une enfance de Martha Jane Cannary
Film d’animation de Rémi Chayé (14 octobre)

Voilà une histoire rarement abordée, celle de la mythique Calamity Jane, mais lorsqu’elle est encore ado. On la retrouve dans un convoi en route vers l’Ouest, le rêve de la frontière et des terres fertiles de l’Oregon. Elle est l’aînée de la famille, la mère est morte, et elle est plutôt débrouillarde avec une langue bien pendue. Mais nous sommes au XIXe siècle et les femmes, et certainement les gamines, n’ont guère leur mot à dire et doivent suivre des règles que Martha Jane refuse. Finalement, pourquoi ne prendrait-elle pas les rênes du chariot après l’accident de son père ?

Elle se heurte alors au chef du convoi, quelque peu coincé et intransigeant dans son rôle de WASP, elle est même accusée à tort de vol, et elle n’a plus d’autre solution que de s’enfuir. Habillée en garçon, elle part à la recherche du voleur et l’aventure commence…

Une histoire différente du personnage construit depuis, le film souligne son indépendance, sa soif de liberté dans un monde brutal. Une gamine déterminée, « mal élevée », refusant les codes et les convenances et qui devient très vite une femme sacrément en avance sur son temps dans un monde de mecs, sexiste à souhait.
Calamity. Une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé, de l’aventure et beaucoup d’humour, au cinéma le 14 octobre.

Du 16 au 24 octobre : CINEMED
Festival international du cinéma méditerranéen

Une rétrospective des films de Fellini en copies restaurées, des rencontres dans la mesure du possible…
Des longs et des courts métrages en compétition et en panorama, des documentaires, beaucoup d’avant-premières…
Samedi 17 octobre sont programmés, parmi d’autres :
Une vie secrète de J. Garaño, A. Arregi, J. M. Goenaga (Fr./Esp., 2020 en AVP). Film extraordinaire sur les antifranquistes restés cachés durant 30 ans… Les réalisateurs sont les auteurs du film Lucio.

En compétition :
Sous le ciel d’Alice de Chloé Mazlo (France, 2020) se déroule au Liban.
Flashdrive de Dervis Zaim (Turquie, 2020). Récit d’un photographe sur une base militaire secrète où les corps des rebelles exterminés par le régime d’Assad sont répertoriés…
Gaza mon amour de Arab Nasser et Tarzan Nasser (Palestine/Fr./All./Portugal/Qatar, 2020). Un pêcheur amoureux découvre une statue d’Apollon… Par les réalisateurs de Dégradé. Un film à l’humour corrosif.
Et en AVP : Nos plus belles années de Gabriele Muccino (Italie, 2020)
Et bien d’autres films que nous évoquerons la semaine prochaine…
Du 16 au 24 octobre : CINEMED
Festival international du cinéma méditerranéen

Samedi 17 octobre 2020
Nous aurons aussi un regard quelque peu nostalgique sur quelques uns des films marquants présentés par le CINEMED et qui n’ont hélas pas encore trouvé de distributeurs en France.