Chroniques rebelles
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Samedi 20 mars2021
33e Festival Cinélatino 2021. Una Promessa de Gianluca & Massimiliano de Serio. Chronique musicale de Francis Gavelle
Article mis en ligne le 24 mars 2021

par CP

Le 33e Festival Cinélatino
Jusqu’au 28 mars et un retour du 9 au 13 juin

Puis un entretien avec Massimiliano de Serio pour un film co-réalisé avec son frère Gianluca de Serio : Una Promessa sorti en VOD)

Enfin, une chronique musicale de Francis Gavelle de l’émission
Longtemps je me suis couché de bonne heure

Cette année le festival Cinélatino de Toulouse se dédouble pour cause de pandémie : 10 jours de cinéma latino-américain jusqu’au 28 mars et l’on peut voir plus de cent films en ligne, quant au retour, cette fois ce sera aussi à Toulouse et dans les salles de la région, du 9 au 13 juin, avec un hommage au grand acteur chilien Alfredo Castro et à la documentariste brésilienne Maria Augusta Ramos, en leur présence, et avec la diffusion des films primés au mois de mars. Le festival Cinélatino présente donc en mars plus de 100 films de fiction, longs et courts métrages, documentaires, films d’animation, des films en compétition, en panorama, des hommages… C’est la plus grande plateforme européenne en ligne de cinéma latino-américain.

En compétition : 12 films de fiction, 7 films documentaires et 16 films court-métrages. Des rencontres avec des réalisateurs et des réalisatrices, des tables rondes, des débats avec des critiques de cinéma et autres événements… Cinélatino est riche en découvertes, c’est un tremplin pour de nouveaux cinéastes et un plaisir, pour le public, de voir et revoir des films prestigieux, originaux, subversifs où l’humour le plus détonant est présent et cela tombe bien puisque le festival choisit cette année de faire un focus… sur l’humour.

L’année dernière, nous étions frustré.es par l’annulation du festival, en particulier au vu de la très intéressante programmation prévue, mais bonne nouvelle : la compétition 2020 est programmée dans cette 33e cession.

Toutes les informations sur www.cinelatino.fr
S’inscrire et voir plus de 100 films : prenez le pass illimité de 20€, sinon 3€ à l’unité . Cette année, le festival est accessible dans toute la France et les DOM TOM.

Les chroniques rebelles de Radio Libertaire suivent le festival Cinélatino depuis quelques années déjà, les films présentés font effectivement écho au contexte social et politique dans une Amérique latine en profonde évolution, de même qu’un écho à la diversité d’une expression cinématographique tant créative qu’engagée. Nous avons donc choisi de donner la parole à une partie de l’équipe du Cinélatino qui présente le festival, à commencer par son président, Francis Saint-Dizier…

Et pour compléter cette présentation du 33e Cinélatino, voici en quelques mots des précisions sur le partenariat avec les Cahiers du cinéma, sur l’origine du cinéma en construction et un salut spécial à José Maria Riba, qui était venu dans les chroniques rebelles de Radio libertaire partager sa passion du cinéma.

Musiques : BA des 32e et 33e festivals Cinélatino et Ana Tijoux.

Femmes d’Argentine (Que sea ley). Film documentaire de Juan Solanas
Le festival Cinélatino 2021 se déroule donc cette année en deux temps — du 19 au 28 mars en ligne et du 9 au 13 juin en salles —, il est important de rappeler que la production du cinéma d’auteur.e en provenance des pays d’Amérique latine fait montre d’une embellie remarquable et d’une créativité impressionnante.

Évoquer le cinéma d’auteur.es et le cinéma de résistance « face à la concurrence des plateformes aux puissants moyens, telles que Netflix, Fox rachetée par Disney, Apple et Warner et d’autres, les aides publiques telles qu’elles existent en France, quelles que soient leurs formes, sont décisives pour défendre le cinéma d’auteur et la diffusion de ces œuvres en salle. Ces dernières années, de nombreux pays latino-américains se sont dotés de lois d’aide au cinéma, à sa production et sa diffusion, qui ont permis l’émergence d’œuvres d’une nouvelle génération de cinéastes formés dans des écoles elles aussi nouvelles dans les pays du sud du continent. » Cette année, la programmation des Rencontres de Toulouse s’en fait l’écho, comme à son habitude, sous une autre forme de diffusion dans un premier temps pour toucher un public de plus en plus captivé par la diversité des genres et des écritures cinématographiques.

Perro Bomba de Juan Caceres (24 juin 2020)

Cette année, Cinélatino invite Alfredo Castro, scénariste et grand acteur chillien [1]. Un hommage sera rendu à trois réalisateurs, proches du festival cinélatino : Fernando Solanas, réalisateur argentin de Femmes d’Argentine (Que sea ley) ; Enrique Colina, réalisateur cubain ; et Paul Leduc, réalisateur mexicain de plus de 150 films. La version en ligne (du 19 au 28 mars) proposera plus de 100 films à voir depuis toute la France et les DOM TOM, de même que des lives, des rencontres avec des cinéastes, des tables rondes, des expositions…

Una Promesa
De Gianluca & Massimiliano de Serio

Le film est sorti juste avant le second confinement, pas suffisamment hélas pour que le bouche à oreilles fonctionne. C’est un film d’une très grande originalité qui montre la vie et les conditions de travail de laissé.es pour compte dans l’Italie du Sud. Le film renoue avec un cinéma italien social et engagé. Una Promesa sort à présent en VOD (Shellac) et c’est pourquoi nous rediffusons cet entretien avec Massimiliano de Serio. [2]
Avant l’aube dans un village du sud de l’Italie. La première scène est filmée au travers du regard d’Anto qui observe Angela, sa mère, se préparant pour aller travailler. Tout est à l’envers dans cette scène d’ouverture, en prémisse de la tragédie : la disparition de la mère. Guiseppe, le père, est meurtri, dépossédé de son rôle dans la famille en raison d’un accident du travail.

Après la mort soudaine et mystérieuse d’Angela, aucune enquête n’est faite sur les conditions de travail dans les champs où sont exploité.es des hommes et des femmes, sans protections, sans couverture sociale ni aucun moyen de défense. Aujourd’hui, ce lumpen prolétariat, travaillant dans le sud de l’Italie pour des patrons et leurs garde chiourmes, est constitué de clandestins et d’une partie de plus en plus pauvre de la population italienne.

Anto s’insurge contre la disparition d’Angela, commence alors une quête de la mère après la promesse incroyable de Guiseppe à son fils : « Tu retrouveras maman, je te le promets. »

Très vite, Guiseppe et Anto vont grossir les rangs des nouveaux pauvres : perte de l’appartement, soupe populaire, dégringolade sociale… Guiseppe tente en vain de récupérer son boulot de casseur de pierres à la carrière. Casseur de pierres, c’est en même temps une allusion à la dureté du travail, au symbole de ce métier, le marteau, et à la dignité grâce à l’outil.

Son ancien chef de chantier lui conseille de reprendre le travail de sa femme morte. Le père et le fils logent sur place, près des champs, dans une cahute au milieu d’un camp où le mélange de pauvres et de migrant.es, le pouvoir du patron et de ses sbires et les conditions de travail évoquent l’enfer de Dante. Jouxtant le camp, s’élève la villa forteresse du patron, qui chasse le sanglier au milieu du camp, trafique des objets archéologiques et s’octroie tous les droits sur la main d’œuvre à sa merci.

Destruction du paysage par la culture intensive, sulfatage avec des pesticides, la vie des pauvres n’a aucune importance, seul le profit compte. Le film prend alors un caractère documentaire qui renforce le récit. La génération d’Angela et de Guiseppe est sacrifiée… Anto, qui refuse l’inacceptable et se rebelle, serait-il l’espoir ?

Una Promessa est certainement un film métaphorique par l’utilisation de la lumière, le choix du paysage « porteur de cette éradication de la nature », les personnages, « miroir d’une Italie cachée », et c’est également un film réaliste et profondément engagé. On pense évidemment à Riz amer de Guiseppe de Santis (1949), mais s’ajoute au constat de l’exploitation des êtres humains, la destruction de l’environnement perpétrée par un système. Una Promessa est un film de la révolte, une ouverture vers l’entraide où les femmes ont leur importance, Rosa, Angela…

Una Promessa de Gianluca & Massimiliano de Serio est une révélation.
Et puisqu’il est question d’entraide, l’entretien avec Massimiliano de Serio démarre d’ailleurs sur l’affirmation de leur démarche, une démarche collective !

Musiques : Interlude. Gatto Ciliegia CORRI ANTO’, BOF Promessa.

Mohamed Saïl. L’étrange étranger
Écrits d’un anarchiste kabyle
Textes présentés par Francis Dupuy Déri pour LUX éditions

Extraits lus par Nicolas Mourer


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