Chroniques rebelles
Slogan du site
Descriptif du site
Samedi 1er mai 2021
Dissonances sur Radio Libertaire La Commune de 1871 (2ème partie). Nouvelles publications de livres de Maurice Rajsfus. Salut à Alain Joubert. La Voix du Moloch de Sandrine-Malika Charlemagne. Les Quichottes. Voix de la Laponie espagnole de Paco Cerdà. Sortie en DVD de 4 films de Jean-Pierre Thorn
(4 heures) Chroniques syndicales et rebelles
Article mis en ligne le 14 mai 2021
dernière modification le 18 mai 2021

par CP

Dissonances sur Radio Libertaire
Josef Ulla : La Commune de 1871 2ème partie
(1h 03’ 27’’)

Nouvelles publications de livres de Maurice Rajsfus

Un salut à Alain Joubert

La Voix du Moloch
Sandrine-Malika Charlemagne (éditions Velvet)

Les Quichottes. Voix de la Laponie espagnole
De Paco Cerdà
Traduit par Marielle Leroy pour les éditions Contre-Allée
Lectures d’extraits pas Daniel Piños

Sortie en DVD de 4 films de Jean-Pierre Thorn (édités par JHR Films et la cinémathèque de Toulouse)

Dissonances sur Radio Libertaire
Josef Ulla : La Commune de 1871- 2ème partie

La Commune de 1871 est certes une brève expérience démocratique et populaire, mais elle laisse des traces ineffaçables… Malgré le déni, les récupérations et autres tentatives de détourner la véritable signification de cet élan révolutionnaire.

Parmi les publications qui s’en font entre autres l’écho, essais et fictions :
3 ouvrages parus aux éditions Libertalia :
La Semaine sanglante. Mai 1871. Légendes et comptes de Michèle Audin
Souvenirs d’une morte vivante. Une femme dans la commune de 1871 de Victorine Brocher.
Léo Frankel. Communard sans frontières de Julien Chuzeville.

Pour une balade dans le Paris de la Commune, le livre de Josef Ulla est évidemment précieux, édité par les éditions libertaires : Paris 1871, l’Histoire en marche. 21 circuits pédestres sur les traces de la Commune. Josef Ulla dont nous venons d’écouter la seconde partie du récit radiophonique de la Commune.

Côté fiction, un livre de Fred Morisse, Sous le ciel rouge de mai (éditions Depeyrot) où l’on retrouve les personnages de son précédent roman, Un hiver de chien. Publié il y a cinq ans, le roman relatait le siège de Paris durant le terrible hiver 1870/1871. Sous le ciel rouge de mai raconte leur espoir et leur lutte désespérée contre l’armée versaillaise.
La Commune de 1871… Une mémoire vive et tenace.
Dans une prochaine émission, nous parlerons du film de Peter Watkins, la Commune de 1871, qu’il a mis en scène dans l’espace de la Parole errante.
Véritable exemple de cinéma et d’histoire populaire dont on peut trouver le DVD à la librairie Publico, 145 rue Amelot.

Musiques additionnelles au montage de l’émission de Josef Ulla : Serge Utgé Royo, le Tombeau des fusillés, et orchestrations de l’album « La Commune n’est pas morte ». Fred Alpi et Skalpel, Étranges abysses.

Il est question aujourd’hui d’ajouter, au large panel de lois qui existent déjà, de nouvelles lois répressives, sous prétexte de lutte antiterroriste.
Dans son livre, Ennemis d’État. Les lois scélérates, des « anarchistes » aux « terroristes », Raphaël Kempf donne de nombreux exemples sur ces lois d’exception qui « se normalisent avec le temps ; des lois ne visant que quelques groupes et [qui] finissent par toucher tout le monde ; le gouvernement joue avec la peur pour faire passer ses textes ; et ces lois donnent un pouvoir sans partage à la police et à l’État. »

Ennemis d’État. Les lois scélérates, des « anarchistes » aux « terroristes » (paru à la fabrique) est un livre important par son contexte historique et le lien qui est fait avec une actualité inquiétante. Il permet de mieux déceler les atteintes aux libertés réalisées en agitant la peur, en jouant sur l’émotion et en pratiquant une Novlangue comme celle qui décrit la loi anticasseurs comme « Une loi pour protéger le droit de manifester » ! De nouvelles lois qui, faut-il le souligner, passent dans un contexte sanitaire anxiogène. Ce contexte de la pandémie permet d’ailleurs des décisions gouvernementales sans qu’il y ait débat : Les antennes 5 G, l’autorisation d’utiliser des produits toxiques pour soit disant sauver la production de betteraves mais condamne les abeilles et autres insectes, la réforme de l’assurance chômage, la suppression de classes dans les écoles, la suppression de lits et de personnels dans les hôpitaux, etc… Et s’ajoute à cette liste la décision en conseil des ministres de renforcer les contrôles…

Maurice Rajsfus nous a quitté en juin 2020. Souvent, on a pu le lire dans Le Monde libertaire et l’entendre dans les chroniques et les émissions de Radio Libertaire. Auteur de plusieurs livres sur le problème palestinien : Retours d’Israël, Israël-Palestine. L’Ennemi intérieur, Retours de Jordanie, et Palestine : chronique des événements courants (1988-1989). Selon lui, l’utilisation de l’accusation d’antisémitisme était devenue « une arme brandie contre tous ceux qui s’opposent au sionisme, idéologie active qui ne saurait souffrir la moindre critique ».

Les nouvelles lois brandies au nom de la sécurité et l’augmentation du budget pour la police nationale m’ont rappelé une émission organisée conjointement par les chroniques syndicales et les chroniques rebelles avec Maurice Rajsfus, en octobre 1995. Dans cet extrait retrouvé dans mes archives, Maurice Rajsfus parle du Bulletin, Que fait la police ? publié par l’Observatoire des Libertés Publiques, le n°3. Autour de Maurice, Alain Dervin, François Jacquemard, moi-même et Lucien à la technique. C’était il y a 26 ans et si le nom du ministre de l’intérieur a changé, Pasqua à l’époque, les pratiques du pouvoir est le même : contrôler et réprimer.

« Il se trouve [écrit-il dans Je n’aime pas la police de mon pays] que, depuis mon enfance, les hommes qui portent l’uniforme des forces de l’ordre me posent de réels problèmes qu’il m’a paru nécessaire de faire partager, tout au moins au niveau de la réflexion. […] Ma première véritable rencontre avec la police remontait au 16 juillet 1942. J’avais 14 ans. À l’aube de cette belle journée d’été, des hommes en uniforme de la police française avaient violemment frappé à notre porte, avant de m’arrêter avec mes parents et ma sœur. » La rafle du Vél’ d’Hiv préparée et réalisée par la police française. L’un des deux policiers venus arrêter Maurice et sa famille est un ancien voisin de palier. Les deux enfants sont finalement libérés après une série d’ordres et de contrordres, mais jamais ils ne reverront leurs parents.

À ses yeux, un fil historique relie la police de Vichy, celle des massacres du 17 octobre 1961, celle du métro Charonne en 1962, celle qui mutile les Gilets jaunes, et celle qui tue, parfois, dans les quartiers populaires.
D’abord membre du Parti communiste, dont il est exclu en 1946, puis de la IVe internationale, dans les années 1950, il milite au sein du groupe Socialisme ou Barbarie de Claude Lefort et Cornelius Castoriadis. Il cofonde, en 1990, puis dirige le réseau Ras l’front dans le but de combattre le Front national et ses idées. En 1994, il crée l’Observatoire des libertés publiques et son bulletin mensuel Que fait la police ?

Maurice Rajsfus laisse une œuvre très importante, certains de ses livres sont toutefois introuvables. Mais une association, celle des ami.es de Maurice Rajsfus et les éditions du Détour lancent la publication de plusieurs de ses livres, à raison de 4 ouvrages par an.

Le 6 mai sont publiés :
—  La Police de Vichy : les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo. Avec une préface d’Arié Alimi

Entre 1940 et 1944, plus de 200 000 personnes ont été déportées après leur arrestation par la police française.
Ce livre montre, grâce à des témoignages et de nombreuses pièces d’archives, comment l’appareil policier français s’adapta aux nouvelles conditions dictées par l’Occupation et la collaboration avec la Gestapo. Comment se comportèrent les policiers, à tous les stades de la hiérarchie durant ces quatre années terribles. Comment la plupart des membres des forces de l’ordre allèrent, de leur propre chef, bien au-delà des ordres de Vichy, satisfaire les autorités d’Occupation.
En septembre et octobre 1944, guère plus de 3 % de ces policiers seront momentanément écartés de la « Grande Maison ».

Également le 6 mai, un livre très important :
Des Juifs dans la collaboration : l’Ugif 1941-1944
Préfacé par Pierre Vidal-Naquet et avec un avant-propos de Nicole Abravanel.

De 1941 à 1944, certains notables juifs français ont servi la politique de Vichy. Ce lourd dossier sur l’Ugif (Union générale des Israélites de France) montre comment ces notables « bienfaisants » participèrent à la mise en place d’une organisation qui permit l’intensification de la répression antijuive.

Au nom de la politique du moindre mal, les dirigeants de l’Ugif ont accepté les lois racistes de Vichy. Cette politique dont le but était de protéger les Juifs français, conduira, dans un premier temps, à isoler les Juifs étrangers et à mieux les désigner aux coups des nazis et de la police. Les principaux dirigeants de l’Ugif seront, à leur tour, arrêtés et déportés.

Le 10 juin, nouvelle parution de :

La Rafle du Vel’ d’Hiv
Du 16 au 17 juillet 1942, 7 000 policiers français raflent 13 152 Juifs : hommes, femmes et enfants (plus de 4 000). Ils sont enfermés au Vélodrome d’Hiver ou à Drancy, avant d’être déportés.

La rafle du Vél’ d’Hiv fut la plus importante et la plus emblématique. Il y a d’abord le nombre des personnes arrêtées ; le fait aussi que, pour la première fois, des femmes et des enfants étaient concernés.
Cette opération, entièrement conduite par la police française, laisse une trace indélébile, car elle fut surtout la démonstration du pouvoir de nuisance d’un corps de fonctionnaires ayant perdu tous ses repères.
L’analyse de ce sombre épisode a pour fonction d’alerter les citoyen.nes d’un pays libre sur les dérives d’un pouvoir fort.

Autre livre :
1953, un 14 juillet sanglant
Avec une préface de Ludivine Bantigny et une post-face de Jean-Luc Einaudi
Le 14 juillet 1953, lors d’une manifestation syndicale, la police assassine froidement six travailleurs algériens et un syndicaliste français, place de la Nation, à Paris ; alors que résonne pour la première fois le slogan : «  Nous voulons l’indépendance ! »

Sur fond de racisme d’État, Maurice Rajsfus pointe la responsabilité d’un des acteurs de cette funeste journée, Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de police, qui deviendra, quelques années plus tard, le donneur d’ordre principal des massacres du 17 octobre 1961 lors d’une manifestation pacifique de Français algériens et du 8 février 1962, au métro Charonne.

Les Chroniques rebelles aujourd’hui avec plusieurs sujets, d’abord un salut à Alain Joubert sous forme de quelques souvenirs et d’un recueil de poésies paru aux éditions Ab Irato, L’autre côté des nuages.

Puis un roman de Sandrine-Malika Charlemagne, La Voix du Moloch,
publié aux éditions Velvet.

Les Quichottes. Voix de la Laponie espagnole
De Paco Cerdà
Traduit par Marielle Leroy pour les éditions Contre-Allée
Lectures d’extraits pas Daniel Piños

Enfin la sortie en DVD de 4 films de Jean-Pierre Thorn
(édités par JHR Films et la cinémathèque de Toulouse)
LE DOS AU MUR (1981), FAIRE KIFER LES ANGES (1997), ON N’EST PAS DES MARQUES DE VÉLO (2003) et L’ÂCRE PARFUM DES IMMORTELLES (2019)

Surréaliste, auteur, poète et passionné de cinéma, Alain Joubert est venu à plusieurs reprises dans les chroniques rebelles, notamment pour son livre fascinant et magnifique, Le cinéma des surréalistes aux éditions Maurice Nadeau. De même, pour présenter ses textes publiés par les éditions Ab Irato, dont le Passé du futur est toujours présent et L’Autre côté des nuages.

Il intervient aussi dans le film de Rémy Ricordeau sur Benjamin Perret, Benjamin Péret, poète c’est-à-dire révolutionnaire.
Chroniques de la boîte noire (aux éditions Maurice Nadeau) vient de paraître avec des images-échos de Nicole Espagnol. Mais je voudrais revenir sur le Passé du futur est toujours présent, pour lequel nous nous étions amusés à réaliser une bande son avec plusieurs complices, dont les éditions Ab Irato.
Que dire d’autre que vive le cinéma… et Salut Alain !

La Voix du Moloch
Sandrine-Malika Charlemagne (éditions Velvet)

Une histoire simple et universelle, celle d’une fille, Alice, qui tente de comprendre sa relation avec sa mère, son attente trouble et déçue. La mère n’est pas nommée dans le récit et n’existe qu’à travers un rôle obligé vis-à-vis de ses deux filles. Elle s’est « sentie flouée en épousant l’Algérien qu’elle a rencontrée pendant “ces vacances maudites”. Il a ouvert un café et l’a rapidement abandonnée après lui avoir fait deux filles. Sarah, qui semble s’en être mieux sortie en se détachant davantage de ses origines, et Alice, hantée par son métissage, sans doute, mais aussi par la misère où sa mère a été projeté durant sa jeunesse et où elle a sombré dans sa vieillesse. »
De sa mère, Alice semble avoir pris la frustration et le ressentiment qu’elle a peine à démêler du manque de tendresse dont elle souffre depuis l’enfance.
« Vos enfants ne sont pas vos enfants » écrit Khalil Gibran, il n’empêche que les liens familiaux sont souvent source de tourments, de regrets, de lassitude et non de libération. Alice vit entre le présent et le passé, et se succèdent par flashbacks une série de chocs, de dénis, d’humiliations, d’affrontements qui la mènent au cul de sac d’un refus où se mêlent hostilité et culpabilité.
Un récit introspectif ? Peut-être en partie. C’est surtout la description, à la fois de l’intérieur et de l’extérieur, de la relation tourmentée entre une fille et sa mère. La généalogie d’un échec affectif qui éclaire tant de non dits dans le rapport attraction, répulsion, attente trahie et blessures ressassées…
À l’histoire contée à la troisième personne, comme pour s’éloigner de l’affect, s’ajoute une voix, celle du Moloch qui obsède, possède Alice et la pousse vers un irrémédiable qu’elle redoute ou espère. Peut-elle seulement le dire ?

Sandrine-Malika Charlemagne est autrice de romans, de pièces de théâtre, elle est également comédienne et anime des ateliers d’écriture.
Lectures d’extraits par Élodie Fishlenski
Musiques : Yom, le Silence de l’exode. Bachar Mar Khalifé, Insomnia, Ma Fichi. Philip Glass, Choosing Life. Led Zeppelin, Stair Way to Heaven. Tony Hymas jouant Léo Ferré. Georges Moustaki, Sans la nommer.

Les Quichottes. Voix de la Laponie espagnole
De Paco Cerdà

Traduit de l’espagnol par Marielle Leroy (éditions Contre-Allée)
Entre Madrid, Barcelone et Valence se situe un immense espace de terres dépeuplées de sa population et de villages abandonnés par les pouvoirs publics. Le phénomène de désertification rurale, commencé dès le début du XXe siècle, s’est, par vagues successives, amplifié jusqu’à ce que les quelques dernières et derniers habitant.es qui y demeurent encore soient à court terme condamné.es à disparaître et, par là même, ce qu’il peut demeurer des villages.

« Il était une fois une terre idyllique. […] Il fut une fois un cliché romantique mais faux, né dans la seconde moitié du XIXe siècle et rendu populaire par la presse madrilène des années 1930, qui éblouit les étrangers, faisant des vergers de Valence une source inépuisable de richesses, d’harmonie et de bien-être. Qui la stéréotypa en bloc, et ce sans la moindre considération pour l’arrière-pays, froid, sec, aride et montagneux. Là où la vie a toujours été rude, pénible et âpre comme ces murets de pierre sèche. Là où dominaient, sur ses chemins poussiéreux et ses sentiers pierreux, l’isolement et l’absence de communication. »

La terre soit disant idyllique, ou plutôt l’espace désertique, Pablo Cerdà l’a parcourue en hiver à la rencontre de ces personnes résistant à l’abandon forcé par les conditions de vie sur leurs terres et, de fait, à l’oubli de leur histoire.

Paco Cerdà montre, avec ce périple étonnant de 2 500 km, une réalité alarmante, une stratégie mortifère grâce à un récit précis et sans fioritures, il s’efface devant les témoignages de ces Quichottes contemporains. Il pose en même temps une question simple et directe, à savoir : « si le mépris envers le monde rural ne répond pas à une manœuvre qui viserait à le vider pour ensuite faire de la spéculation avec ses terres. Si ce n’est pas le cas, on ne comprend vraiment pas comment il est possible que l’État ne valorise pas un territoire avec un tel élevage, un tel patrimoine agricole, minier et culturel, une telle diversité de paysages. C’est ridicule de perdre autant de forêts et de cultures. Et il ne sert à rien de convoquer de vaines excuses : ce n’est ni à cause du froid ni à cause du relief. Cette terre a été peuplée pendant des milliers d’années de façon constante jusqu’à il y a un siècle. Si on n’intervient pas et si personne ne décide de s’engager, nous aurons bientôt une moitié d’Espagne surpeuplée et une autre à moitié vide. »

L’abandon du milieu rural porte un nom : « démothanasie ». Comme le souligne l’une des intervenantes dans le livre, María Pilar Burillo, c’est un « processus qui, aussi bien par les actions politiques, directes ou indirectes, que par l’omission de ces dernières, entraîne la disparition lente et silencieuse de la population d’un territoire, qui émigre et quitte la région sans relais générationnel et avec tout ce que cela implique, comme la disparition d’une culture millénaire. »

Les Quichottes. Voix de la Laponie espagnole de Paco Cerdà est un ouvrage essentiel à découvrir pour la force de la parole d’une population ignorée et confrontée à un système globalisé, mais qui cependant résiste…
Daniel Piños en lit quelques extraits :
Les Quichottes. Voix de la Laponie espagnole
De Paco Cerdà (éditions Contre-Allée)

Musiques : Manuel de Falla, Nights in the Gardens of Spain (Alicia De Larrocha) et Nana. Niña Pasrori, Tango de la Nana. Nilda Fernandez, Madrid, superbe interprétation en direct, enregistrée lors d’un 1er mai Ferré dont Cristine Hudin et Serge Utgé-Royo avaient le secret.
Sortie en DVD de 4 films de Jean-Pierre Thorn (édités par JHR Films et la cinémathèque de Toulouse)

Premier DVD : LE DOS AU MUR (1981) et FAIRE KIFER LES ANGES (1997)
LE DOS AU MUR (1981) : Au lendemain de Mai 68, Jean-Pierre Thorn réalise Oser Lutter, Oser Vaincre dans l’usine Renault Flins). Il travaille ensuite comme « établi » et ouvrier OS dans l’usine Alsthom de St Ouen durant 8 ans. Il réalise alors Le dos au mur formidable document historique sur le monde ouvrier de la fin des années 1970.

FAIRE KIFER LES ANGES (1997) : Fin des années 1980, la naissance du hip hop en France, dans les banlieues. Véritable mouvement artistique rebelle, le “Mouv’ hip hop” est pour une jeunesse qui se sent grillée, écartée, une opportunité d’exister et de crier sa créativité spontanée et forte à travers les graffs, le rap et la break dance.

Second DVD : ON N’EST PAS DES MARQUES DE VÉLO (2003), L’ÂCRE PARFUM DES IMMORTELLES (2009)
ON N’EST PAS DES MARQUES DE VÉLO (2003) : Un jeune danseur arrivé en France à 4 mois avec sa famille, est victime de la « double peine » à 30 ans. La double peine signifie qu’au sortir d’une peine de prison, l’État français expulse les enfants de l’immigration vers des pays d’origine dont ils et elles ne connaissent rien. Une épopée musicale dansée, et rappée.

L’ÂCRE PARFUM DES IMMORTELLES (2019) : « Que reste-t-il de nos rêves, de notre rage, de nos utopies ?  » C’est le questionnement qui court tout au long du film, en même temps que l’idée de changer le monde. Car les questions posées et la remontée dans le temps des luttes qu’opère Jean-Pierre Thorn sont une façon de dire que lutter, ne jamais baisser les bras ni renoncer sont autant de signes que la révolte est toujours là. Jean-Pierre Thorn le sait, lui qui n’a jamais cessé de filmer, de se faire l’écho des révoltes jusqu’à sa rencontre, sur un rond point, avec la solidarité et la colère de Gilets jaunes.

L’Âcre parfum des immortelles mêle au parcours d’un cinéaste engagé la part intime, le souvenir de son amante disparue, et c’est ce qui donne encore plus de force au récit du film. Les premiers pas dans la forêt de pins, la naissance du désir amoureux et celui de changer le monde, l’osmose d’un couple.

C’est une longue lettre filmée adressée à Joëlle, l’échange de paroles écrites de deux amants, ponctué à chaque instant par l’idée d’engagement, incontournable. « Je te cherche » dit Jean-Pierre en mettant à l’évidence un itinéraire qui n’a jamais dévié depuis Oser lutter, oser vaincre, Flins 68, Le Dos au mur (1980) ou encore Je t’ai dans la peau (1990), jusqu’à Faire kiffer les anges (1996), On n’est pas des marques de vélo (2002) ou 93 La Belle rebelle (2007-2010), sur la résistance musicale. Je t’ai dans la peau, long métrage de fiction, est peut-être le film le plus poignant, inspiré de la vie d’une syndicaliste, Georgette Vacher, suicidée en 1981.


Dans la même rubrique