Chroniques rebelles
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Samedi 15 mai 2021
4h. Cinéma en salles le 19 mai !
La distribution et les les films d’auteur.es
Article mis en ligne le 18 mai 2021
dernière modification le 19 mai 2021

par CP

Aujourd’hui, exceptionnellement pas de générique pour quatre heures ensemble, mais des musiques, du cinéma indépendant, curieux, qui invite à la réflexion, au plaisir, des mots aussi sur la culture, sur les cultures, des livres… bref rien que du « non-essentiel » en compagnie de Francis Gavelle (transfuge de l’émission Longtemps, je me suis couché de bonne heure de Radio Libertaire), de Marc Olry de Lost Films, de Christelle des disques Nato… et de Lucien à la technique.

Au cinéma le 19 mai :

Qui chante là-bas ? de Slobodan Šijan
Rétrospective de quatre films de Ida Lupino
Not Wanted (Avant de t’aimer – 1949) ; Never Fear (Faire face – 1949) ; The Bigamist (Bigamie – 1953) ; enfin The Hitch-Hiker (Le Voyage de la peur – 1953).
Una Promessa de Gianluca De Serio et Massimiliano De Serio
Deux de Filippo Meneghetti
Une Vie secrète de Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga
Josep de Aurel
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé
100 % loup de Alexs Stadermann
On-Gaku : Notre Rock de Kenji Iwaisawa
The Wicker Man de Robin Hardy (19 mai) dont nous parlerons tout à l’heure avec Marc Olry.

De nombreux films sont en attente d’être montrés au public, et les films d’auteur.es sont certainement ceux qui risquent le plus de passer inaperçus dans la ruée cinématographique qui accompagnera l’ouverture des salles à partir du 19 mai. Alors nous avons décidé de donner un aperçu non exhaustif des films qui seront sur les écrans et pas seulement sur les plateformes, parce que le cinéma en salles et sur grand écran, c’est quand même mieux pour s’immerger dans l’imaginaire cinématographique, particulièrement pour le son, certainement plus présent…

Éventail des sorties nationales du 19 mai :

Tout d’abord, quelques films en copies restaurées, à commencer par un film dont l’équipe de Malavida a signalé l’originalité : Qui chante là-bas ? de Slobodan Sijan . C’est en effet une merveille d’humour, de situations loufoques, d’accidents ubuesques et de musiques superbes.

Yougoslavie, avril 1941, les troupes nazies sont à la veille d’envahir le pays. Une galerie de personnages des plus disparates et truculents attend un car, qui doit emmener tout ce petit monde à Belgrade. Mais le car à l’aspect d’une épave, le chauffeur est irritable, et c’est le début d’un voyage riche en rebondissements où l’issue semble chaque fois plus improbable. Outre les musiciens tziganes, il y a là un notable, un chasseur, un malade, un chanteur amateur et sont aussi embarqués de jeunes mariés dans une odyssée des plus pittoresques.

Road Movie à la fois désopilante et critique, Qui chante là-bas ? ne fait pas pour autant oublier le contexte de la guerre. Et la farce politique n’en est que plus saisissante de surprises et de comique détonnant… De l’humour noir brut et un film à découvrir.

De son côté, Camélia propose pour ce retour dans les salles, une rétrospective
du cinéma de Ida Lupino en quatre films restaurés. Cinéaste indépendante, engagée et féministe états-unienne, Ida Lupino est une exception à la règle hollywoodienne des années 1950.

Comédienne, scénariste, productrice et réalisatrice unique dans un monde dominé par les hommes, surtout depuis l’arrivée des talkies (le cinéma parlant), Ida Lupino réussit à imposer ses choix de sujets et son style incisif et non stéréotypé de filmer et cadrer les femmes par exemple. On lui doit des portraits de femmes loin des images glamour habituelles, ancrées dans une réalité sociale sans compromission avec les codes d’alors. Ida Lupino introduit un nouveau cinéma, ce que relève Martin Scorcese, tout en regrettant la méconnaissance de son travail de réalisatrice :

« Ida Lupino possédait d’extraordinaires talents, dont celui de la mise en scène. On se souvient de son travail d’actrice exigeant et rayonnant, mais ses magnifiques réussites de cinéaste sont un peu restées dans l’ombre, ce qui est injuste. Elle fut une véritable pionnière, et ses films sont de remarquables morceaux de musique de chambre traitant de sujets très hardis d’une façon très claire, presque documentaire.
Ses films marquent une date dans l’histoire du cinéma [états-unien].
Les films de Lupino étudient les âmes blessées d’une façon très méticuleuse, et décrivent le lent et douloureux processus par lequel les femmes tentent de se battre avec leur désespoir, pour redonner un sens à leur vie. Ses héroïnes sont toujours d’une grande dignité, à l’image de ses films. C’est une œuvre marquée par l’esprit de résistance, avec un sens extraordinaire de l’empathie pour les êtres fragiles ou les cœurs brisés.
 »

On a pu voir son troisième film, Outrage, en septembre dernier. Le film traite de la sidération que peut provoquer le viol et ses graves conséquences psychologiques.

Entre 1949 et 1953, Ida Lupino réalise des films en marge du système hollywoodien, sans les rôles stéréotypés habituellement attribués aux femmes, aborde des tabous sans complaisance ni voyeurisme, comme la bigamie, la maladie, le problème des mères célibataires et le vol de bébé. Quatre films à voir : Not Wanted (Avant de t’aimer – 1949) ; Never Fear (Faire face – 1949) ; The Bigamist (Bigamie – 1953) ; enfin The Hitch-Hiker (Le Voyage de la peur – 1953). Ce dernier film Le Voyage de la peur, étant un film noir très original dans son filmage même : les premiers plans du film étant cadrés sur les pieds de personnages laissant la place à l’extrapolation de la violence. Ce qui porte à son paroxysme l’angoisse de cette randonnée d’un tueur en série. Le cinéma d’Ida Lupino est à la fois le reflet de la société états-unienne et totalement universel. Un regard féministe et engagé.

Una Promessa de Gianluca De Serio et Massimiliano De Serio
C’est un film d’une très grande originalité montrant la vie et les conditions de travail de laissé.es pour compte dans l’Italie du Sud.

Avant l’aube dans un village du sud de l’Italie. La première scène est filmée au travers du regard d’Anto qui observe Angela, sa mère, se préparant pour aller travailler. Tout est à l’envers dans cette scène d’ouverture, en prémisse de la tragédie : la disparition de la mère. Guiseppe, le père, est meurtri, dépossédé de son rôle dans la famille en raison d’un accident du travail.

Après la mort soudaine et mystérieuse d’Angela, aucune enquête n’est faite sur les conditions de travail dans les champs où sont exploité.es des hommes et des femmes, sans protections, sans couverture sociale ni aucun moyen de défense. Aujourd’hui, ce lumpen prolétariat, travaillant dans le sud de l’Italie pour des patrons et leurs garde chiourmes, est constitué de clandestins et d’une partie de plus en plus pauvre de la population italienne.
Anto s’insurge contre la disparition d’Angela, commence alors une quête de la mère après la promesse incroyable de Guiseppe à son fils : « Tu retrouveras maman, je te le promets. »

Très vite, Guiseppe et Anto vont grossir les rangs des nouveaux pauvres : perte de l’appartement, soupe populaire, dégringolade sociale… Guiseppe tente en vain de récupérer son boulot de casseur de pierres à la carrière. Casseur de pierres, c’est en même temps une allusion à la dureté du travail, au symbole de ce métier, le marteau, et à la dignité grâce à l’outil. Son ancien chef de chantier lui conseille de reprendre le travail de sa femme morte. Le père et le fils logent sur place, près des champs, dans une cahute au milieu d’un camp où le mélange de pauvres et de migrant.es, le pouvoir du patron et de ses sbires et les conditions de travail évoquent l’enfer de Dante. Jouxtant le camp, s’élève la villa forteresse du patron, qui chasse le sanglier au milieu du camp, trafique des objets archéologiques et s’octroie tous les droits sur la main d’œuvre à sa merci.

Destruction du paysage par la culture intensive, sulfatage avec des pesticides, la vie des pauvres n’a aucune importance, seul le profit compte. Le film prend alors un caractère documentaire qui renforce le récit. La génération d’Angela et de Guiseppe est sacrifiée… Anto cependant refuse l’inacceptable et se rebelle, n’abandonne pas ses rêves.

Una Promessa est certainement un film métaphorique par l’utilisation de la lumière, le choix du paysage « porteur de cette éradication de la nature », les personnages, « miroir d’une Italie cachée », et c’est également un film réaliste et profondément engagé. On pense à Riz amer de Guiseppe de Santis (1949), mais s’ajoute au constat de l’exploitation des êtres humains, la destruction de l’environnement perpétrée par un système. Una Promessa de Gianluca & Massimiliano de Serio est un film de la révolte, une ouverture vers l’entraide où les femmes ont leur importance, Rosa, Angela…Une révélation.

Deux de Filippo Meneghetti
Elles se sont rencontrées lors d’un voyage en Italie, et depuis Nina et Madeleine vivent leur amour clandestinement. Les années ont passé, Nina habite dans un appartement sur le même palier que son amie. Elles ont le projet de s’installer en Italie sans avoir à dissimuler leur relation amoureuse, mais Madeleine recule sans cesse pour le dire à ses enfants. Elle est veuve, a une fille, Anne, un fils avec lequel les rapports sont difficiles, et elle craint d’avouer à ses enfants son départ et sa relation intime avec Nina, considérée officiellement comme une simple voisine.

Au poids de la famille s’ajoute la mentalité conventionnelle de son milieu dans une ville de province par rapport à une relation amoureuse entre deux femmes, de plus entre deux femmes âgées. Or, après une dispute avec son fils et les reproches de Nina, un événement tragique précipite les événements et sépare les deux amantes…

Deux thèmes essentiels sont évoqués avec une grande subtilité dans le film de Filippo Meneghetti, le premier est le désir des femmes et la sexualité entre personnes matures, révélant les interdits de tout ce qui peut apparaître comme déviants dans la société. En second lieu, le formatage imposé par la vie familiale dont, en l’occurrence, les femmes sont victimes. Le privé est politique, comme on le répète à l’envie, sans peut-être trop réfléchir à ses conséquences sur les individu.es.

Une vie secrète de Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga
Une vie secrète devait sortir en salles en octobre dernier et le film fait étrangement écho à la situation de confinement.

En 1936, à l’arrivée des troupes franquistes dans le Sud de l’Espagne, la répression est terrible. Les opposants sont pourchassés et tués. On se souvient de l’assassinat du poète Federico Garcia Lorca.

Échappant de justesse à la chasse à l’homme déclenché dans son village, Higinio réussit à se cacher avec l’aide de sa compagne dans leur maison, derrière un mur : un trou de fortune. Puis il gagne de nuit la maison de son père et se dissimule dans un réduit. La situation va durer des décennies, comme d’ailleurs pour des milliers de personnes persécutées et cachées : « des taupes », toujours sur le qui-vive et coupés du monde, qui perdent avec l’isolement le sens des réalités, des gestes, de la vie. Le film montre et développe avec justesse les effets de l’enfermement, la menace des dénonciations, la guerre civile interne au village et la clandestinité obligée… Le couple subit en permanence l’isolement partagé et ses affres au quotidien, l’angoisse, l’intrusion de la répression, l’humiliation et l’impossibilité d’y répondre.

Avec Une vie secrète, les réalisateurs offrent à voir un film en trois temps : très mouvementé pendant le sauve qui peut et la fuite devant les exécutions franquistes, puis le huis clos lorsque Higinio se terre littéralement durant la dictature franquiste, enfin l’éblouissement atterré à la première sortie des années de réclusion forcée. Il faut saluer le jeu des comédien.nes, de même que le traitement des décors, qui traduisent parfaitement ces périodes que traverse le film, le poids de la chape de plomb du franquisme et ses répercussions sur les mentalités. De plus, la situation des « taupes » n’a guère été traitée au cinéma.

À signaler que Aitor Arregui et José Mari Goenaga ont réalisé en 2007 un documentaire, Lucio, sur Lucio Urtubia, anarchiste et illégaliste. Un compagnon.

Et puisque nous parlons d’une période espagnole tragique, celle de la répression franquiste, voici une autre facette, celle de l’exil et des camps de concentration.

Josep de Aurel

Février 1939. La Retirada : des milliers d’Espagnol.es fuient l’avancée des franquistes. Le gouvernement français les désarme et les parque dans des camps de concentration, prélude aux camps pendant l’Occupation.
Des fusils abandonnés à la frontière, une machine à écrire, la faim, le froid, la mort… La Retirada, « ça a le goût du sang » !

Des images terribles, le fascisme ordinaire et le besoin d’humilier. On ne peut éviter de faire le lien avec aujourd’hui et le traitement des migrant.es.
Deux hommes vont se lier d’amitié, l’un est gendarme, l’autre est dessinateur. De Barcelone aux camps, du Mexique à New York, l’histoire de Josep Bartolí, combattant antifranquiste du POUM et artiste témoin exceptionnel. Lui-même dessinateur, Aurel définit ainsi son film : « Montrer le dessin comme un cri. » C’est cela : un cri !

Avant de poursuivre l’évocation des films qui sortent le 19 mai, une annonce de Daniel Piños, liée à la mémoire espagnole et à la reconnaissance des crimes franquistes, mais Memoria Libertaria s’attache aussi à l’actualité, notamment avec l’extrême droite qui revient sur la scène politique espagnole… La longue mémoire est certainement nécessaire, comme le chante Serge Utgé-Royo…

Memoria Libertaria présenté par Daniel Piños

D’autres films d’animation sortent aussi le 19 mai, dans des styles différents, mais tout aussi captivants.

Le premier, Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary, raconte les débuts de Calamity Jane que l’on ignore bien entendu.
Le réalisateur, Rémi Chayé, bouscule quelque peu la légende… histoire de casser les réputations surfaites. Il en résulte un film à voir sous plusieurs angles, celui de l’immigration et l’avancée des colons vers la frontière, c’est-à-dire vers l’Ouest des Etats-Unis, la place des femmes réglée dans cette conquête par le puritanisme, et le rejet par une adolescente des codes, des convenances d’alors et des rôles attribués.

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé

100 % Loup de Alexs Stadermann
Drôle de famille que ces Lupin, qui cachent depuis des siècles un grand secret. Humains le jour, ils deviennent des loups garous la nuit. Freddy Lupin, qui va avoir 14 ans, se prépare à son initiation et à se transformer en loup-garou pour la première fois. Mais surprise ! Il se transforme, à son corps défendant, en joli caniche rose. Sacrilège !

Comment retrouver le respect de sa communauté qui, du coup, lui tourne le dos. C’est drôle, cocasse, mais non dénué de critique contre le conformisme. Cela va plaire par le rythme et les péripéties du loup garou-toutou qui n’accepte vraiment pas son identité accidentelle, et s’efforce à tout prix prouver qu’il est bel et bien 100 % loup !

Autre film d’animation :
On-Gaku : Notre Rock de Kenji Iwaisawa
Un véritable conte rock’n’roll. Inspiré d’un manga, On-Gaku – notre rock est une sorte de gageure réalisée quasi en solo. Le réalisateur, Kenji Iwaisawa, a utilisé le procédé de la rotoscopie, une technique qui consiste à tourner des prises de vue réelles, puis à dessiner les contours des figures, image par image par-dessus ces prises. Ce procédé s’est traduit par sept années de travail pour mener à bien le film et, il faut le souligner, lui confère une extrême originalité.

Le film se distingue en effet de la production japonaise par le style de dessin, les personnages, les décors et des sortes de points d’orgues qui scandent les images et la narration. De plus, le personnage féminin est central, sans être une super héroïne, laisse à penser une ébauche de l’égalité.

La scène finale du concert est une apothéose de mouvements, en osmose avec la musique, et d’images en décomposé rapide, ou ralenti, cela crée un effet fascinant. On-Gaku, conte rock’n’roll surprise et ovni de l’animation est à voir et à écouter, car la musique est plus qu’intéressante.

Résumons : au cinéma le 19 mai :

Qui chante là-bas ? de Slobodan Šijan
Rétrospective de quatre films de Ida Lupino
Not Wanted (Avant de t’aimer – 1949) ; Never Fear (Faire face – 1949) ; The Bigamist (Bigamie – 1953) ; enfin The Hitch-Hiker (Le Voyage de la peur – 1953).
Una Promessa de Gianluca De Serio et Massimiliano De Serio
Deux de Filippo Meneghetti
Une Vie secrète de Jon Garaño, Aitor Arregi et José Mari Goenaga
Josep de Aurel
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé
100 % loup de Alexs Stadermann
On-Gaku : Notre Rock de Kenji Iwaisawa
The Wicker Man de Robin Hardy (19 mai)
À discuter avec Marc Olry.
Film maudit, film culte, The Wicker Man (le Dieu d’osier) renoue, dans un cadre contemporain, avec des coutumes ancestrales celtes qui respectent la nature, et ont leurs propres perceptions de la société. C’est ce qu’un sergent de police, venu enquêter sur la disparition d’une jeune fille, découvre peu à peu, complètement dépassé par la logique et les manières des insulaires. Il pense diriger l’enquête, mais c’est le contraire.

Après avoir reçu une lettre anonyme parlant d’une disparition étrange, il débarque en hydravion sur l’ile et est brusquement plongé dans un monde où les dieux celtes rythment les cultures, la vie amoureuse et affective, l’enseignement… De quoi être troublé, choqué pour cet homme qui, dans un premier temps, se réfugie auprès de l’autorité, Lord Summerisle, qui n’est autre que Christopher Lee… Et le rituel se met en place pour la fête de mai avec force masques, danses et sacrifice…

Il y a eu trois versions de ce film, la dernière restaurée et presque complète, est une merveille non seulement en raison des paysages que l’on survole au début du film, mais également par la liberté magique d’une marginalité assumée. L’autodafé final est en quelque sorte le refus du "progrès", du puritanisme, de la consommation… ? À chacun.e d’y voir une allégorie ou un symbole.

Musiques : BO Vengo. BO Qui chante là-bas ? Badalamenti, Moving Through Time. Bo Una Promessa. BO Deux, Betty Davis, Chariot. BA Josep. BA Calamity. Re Member. BO Ailleurs, Forbidden Oasis. BA On-Gaku : Notre Rock. Jac Berrocal & Riverdog, Parcours cicatrice.

Négritude et judéité
Balades en noir et blanc

Maurice Dorès (les Indes savantes)

Peut-on dire que les Juifs noirs ou les Noirs juifs renouvellent aujourd’hui un « dialogue » entre Noirs et Juifs, établi des siècles auparavant. C’est le thème central de ces balades en noir et blanc, de l’Afrique à New York, en passant par Paris et Tel Aviv, autour de la musique omniprésente et de la culture dans les domaines de la négritude et de la judéité.

Maurice Dorès porte ici un regard nourri de nombreuses rencontres après la publication de son essai, La Beauté de Cham, un regard curieux sur les évolutions et les échanges entre deux univers. Quels sont en effet les liens culturels à découvrir dans ces balades ? Selon Aimé Césaire, la négritude se définirait par les caractéristiques et les valeurs culturelles des populations noires. Quant à la judéité, elle serait un lien de filiation et de transmission. Finalement, on peut se demander ce qui prime dans les définitions : les coutumes, la culture, la religion ?

Ces balades en noir et blanc font ressortir le croisement des cultures, leurs évolutions multiformes, les échanges et les voyages, la spontanéité des rencontres, hors les barrières et les murs… Sans pour autant écarter, au-delà de la richesse des liens culturels, des imaginaires et des mythes, les manipulations historiques, passées, présentes et futures…

Musiques : Ethiopia Jazz Instrument, Ahadu. Nadav Haber, Ethiopian Instrumental, Beautiful. To know Without Knowing. Esther Rada, Life Happens.

Fin du confinement : les salles rouvrent… mais que se passe-t-il pour les films d’auteur.es et la distribution indépendante après la longue fermeture des salles de cinéma ?

Discussion en compagnie de Marc Olry (Lost Films) et Francis Gavelle (Longtemps, je me suis couchée de bonne heure)

The Wicker Man de Robin Hardy (19 mai)

Fallen Chrome
Jac Berrocal & Riverdog (Nato)

Entretien avec Christelle

« un album libre comme l’air, entre acoustique et électronique, dont on vous dévoile la pièce la plus jazz, “Lint Fire”. Trois minutes fascinantes qui résonnent comme si Nils Petter Molvaer s’était mis en tête de retravailler des samples du Big Band Bossa Nova de Quincy Jones. Une ambiance qui plairait à coup sûr à David Lynch s’il faisait un tome 2 de Lost Highway. »


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