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Samedi 18 septembre 2021
Vente d’armes, une honte française. Aymeric Alluin et Sébastien Fontenelle
Article mis en ligne le 22 septembre 2021

par CP

Vente d’armes, une honte française
Aymeric Alluin et Sébastien Fontenelle (le passager clandestin)

L’affaire collective
d’Alexander Nanau (15 septembre 2021)

La Voix d’Aida. Quo vadis, Aïda ?
de Jasmila Zbanic (22 septembre 2021)

Une fois que tu sais d’Emmanuel Cappelin (22 septembre 2021)

Depuis peu, il n’est question que de la rupture du contrat entre la France et l’Australie à propos d’un marché de 43 milliards concernant l’achat de sous-marins nucléaires. Et les médias se font l’écho de la soi-disant « trahison » de l’Australie ! Du danger que font peser de tels sous marins nucléaires sur les fonds marins, ce n’est guère évoqué, sinon pas du tout ! En revanche, la décision de l’Australie et donc la perte du marché — sans doute pour des raisons géopolitiques en vue d’instaurer une nouvelle « guerre froide », cette fois entre les Etats-Unis et la Chine — ont provoqué l’indignation de hauts responsables à Paris, notamment du ministre français de la Défense et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Premier à faire la morale sur ces accords abandonnés et la « parole donnée » alors que son cynisme n’a pas d’égal lorsqu’il s’agit des contrats de vente d’armes signés avec l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou l’Égypte, à des fins de guerre et de répression des populations civiles, et en l’absence du contrôle parlementaire et des informations à la population... « Les affaires sont les affaires » pour paraphraser Octave Mirbeau.

D’ailleurs, « la France est le troisième exportateur mondial de matériel militaire. Un business aussi florissant qu’il est opaque » comme l’analysent dans ce remarquable essai Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle publié au Passager clandestin : Vente d’armes, une honte française. En effet, les deux auteurs, à l’issue d’une recherche fouillée, extrêmement documentée, de croisement des informations et de synthèses, dressent un constat sans failles et un historique accablant sur ce commerce de mort, qui n’a qu’un but, le profit, faisant évidemment fi en toute duplicité du Traité international sur le commerce des armes visant à réduire la souffrance humaine.
Tous les gouvernements successifs sont mouillés depuis 50 ans, le sacro saint « secret-défense » est généralement opposé à toute question gênante.

Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle soulignent que « ces armes sont vendues en notre nom – au prétexte, extraordinairement cynique, de la défense de nos intérêts – et [faut-il le répéter] parce qu’elles blessent et tuent des populations civiles, il est aujourd’hui urgent d’exiger que la France cesse de se rendre complice de ces atrocités. »

Vente d’armes, une honte française d’Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle est un livre essentiel pour démêler les mensonges d’État, autrement dit la manière dont la population française est constamment manipulée depuis des décennies.
Et pour entrer dans le vif du sujet voici un extrait du prologue d’Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle, intitulé « Jusqu’à quand ? », lu par Sylvie Maugis :

« La France vend des armes. Cela pourrait – et devrait – faire l’objet d’un débat public, car ce commerce, par définition mortifère, nous engage collectivement. […] Pour rester compétitive sur le marché, disputé, des exportations de matériels militaires, la France, depuis un demi-siècle – depuis qu’elle s’est dotée d’une doctrine justifiant cette pratique –, vend des armes à des régimes qui comptent parmi les plus brutaux et les plus répressifs de la planète. […] Ils se singularisent par cette sinistre particularité qu’ils utilisent ces armes contre leurs propres populations, comme en Égypte ou dans la guerre menée en ce moment au Yémen et dans laquelle d’immenses crimes sont perpétrés.
Au fil du temps, l’ignominie d’un tel commerce a été largement démontrée, tout comme l’a été l’extraordinaire hypocrisie des gouvernements, de droite comme de gauche, qui depuis cinquante ans – et plus encore depuis le début des années 2010 – se sont drapés dans de grands principes qu’ils n’ont eu de cesse que de bafouer en armant des gouvernements totalitaires ou sanguinaires.
 »
Vente d’armes, une honte française d’Aymeric et Sébastien Fontenelle
En compagnie des deux auteurs : Aymeric Elluin est responsable « Arme et justice » à Amnesty international France. Sébastien Fontenelle est chroniqueur à Politis et auteur, notamment d’un essai publié chez Lux éditions, Les empoisonneurs. Antisémitisme, islamophobie, xénophobie.

Le cinéma dénonce aussi les mensonges des États, la corruption, le déni…

L’affaire collective
d’Alexander Nanau (sur les écrans depuis le 15 septembre 2021)

Ce film documentaire-enquête est exceptionnel. L’affaire commence le 30 octobre 2015, avec un tragique incendie qui a lieu au Colectiv Club, une discothèque de Bucarest. Faute de sorties de secours, de nombreuses personnes sont victimes de brûlures, et bien que ces blessures ne mettent pas leur vie en danger, elles meurent après avoir reçu des soins dans les hôpitaux.

À la suite du témoignage d’un médecin, une équipe de journalistes d’investigation de la Gazette des Sports se lance sur la piste d’un trafic de médicaments, responsables de la mort des patient.es hospitalisé.es, et met à jour la corruption massive du système de santé publique.
L’Affaire Collective jette un regard sans compromis sur un scandale d’État et la corruption de responsables gouvernementaux. L’implication des autorités n’est pas sans risque et les journalistes comme leurs témoins font face aux intimidations et menaces.
La réalisation du film est absolument remarquable. Un très grand film documentaire qui dévoilent tous les mécanismes de la corruption et des magouilles… Un film qui secoue… À ne pas manquer.
L’affaire collective
d’Alexander Nanau (sur les écrans depuis le 15 septembre 2021)

La Voix d’Aida. Quo vadis, Aïda ?
de Jasmila Zbanic (22 septembre 2021)

Autre cas de mensonge d’État et de déni : le massacre de la population bosniaque à Srebrenica en juillet 1995. Supposée être sous la protection des Casques bleus néerlandais, cantonnés aux abords de la ville, la population est triée, évacuée par les milices serbes, et les hommes sont exécutés, parfois même à l’arrière du camp.
Nous avons reçu à Radio Libertaire des femmes témoins de ce qui s’était passée dans et autour de Srebrenica.

À partir des témoignages et des faits, la réalisatrice retrace une tragédie intolérable qui s’est passé si près de chez nous. Des personnages graves et immobiles, des visages inoubliables, la barbarie banale et insupportable… Les responsables bosniaques s’adressent aux Casques bleus qui attendent des ordres de l’ONU : « C’est une zone de sécurité, mais les Serbes continuent d’avancer. Pourquoi un ultimatum s’il n’est pas appliqué. Vous serez responsables de ce qui va se passer. »

Sous les bombardements, les chars entrent dans la ville. L’un des responsables bosniaques est abattu. Un char écrase tout sur son passage. La population s’enfuit vers le camp des Casques bleus pour y chercher refuge, mais ces derniers très vite débordés, ferment les grilles. Une foule de milliers de personnes s’amasse alors, encerclée par les milices serbes, face aux grilles du camp, sans pouvoir s’échapper dans la montagne.

Le regard et la voix d’Aida sont le fil conducteur du film. Elle enseigne l’anglais et sert d’interprète auprès des Casques Bleus pour traduire les consignes et rassurer la foule. Pressentant le pire, Aida décide de tout tenter pour sauver son mari et ses deux fils qu’elle cache d’abord dans le camp, mais elle n’obtient pas des Casques bleus les badges qui les sauveraient d’une mort certaine.

Comme l’écrit Gilles Tourman, ce film est « un regard poignant et implacable sur une page noire de l’Europe contemporaine. […] Usant des ambiances sonores et des mouvements de caméra de façon immersive via une tension allant crescendo jusqu’au bout, Jasmila Zbanic [réalise] un film pédagogique et dramatiquement déchirant. Les responsabilités, la duplicité, la lâcheté des “protecteurs” face au cynisme d’un Mladic triomphant s’opposent à la détresse des civils et à celle d’Aida. ». Son époux Nihad et ses deux fils sont livrés aux Serbes, qui les enferment avec des dizaines d’hommes dans une pièce avec un écran pour leur montrer, disent-ils, un film. Des mitraillettes sortent alors d’ouvertures et tous sont abattus.
Fondu au blanc…
L’hiver, la neige. Aida est au volant d’une voiture et revient à Srebrenica des années plus tard. Dans sa rue, les gens l’observent, elle sonne à la porte de son appartement, une jeune femme ouvre et la fait entrer. L’appartement est occupé par l’un des tueurs. Elle récupère un sac avec des photos : « Je n’ai toujours pas trouvé les corps de mes fils et de mon mari. Personne ne me dit où ils ont été enterrés. Déménagez au plus vite », dit-elle à la jeune femme, celle-ci répond : « je ne sais pas si c’est bon pour vous. C’est risqué. » Mais Aida rétorque : « je n’ai plus rien à perdre. »

Des femmes cherchent des signes, des indices parmi les restes exhumés des charniers, soudain Aida s’effondre en reconnaissant des chaussures.
Aida reprend son travail d’enseignante, on la voit à la fête de l’école, elle regarde les enfants, parmi les parents d’élèves se trouve l’un des tortionnaires.
« J’ai vu ce film bouleversant en avant-première en présence de sa réalisatrice [écrit Lise de l’émission Tribuna americana, sur Radio Libertaire]. Elle n’a pu tourner son film à Srebrenica, car le maire de cette ville est dans le déni absolu du massacre par l’armée serbe de milliers d’hommes civils bosniaques qui a eu lieu le 11 juillet 1995 à Srebrenica face à l’impuissance ou/et la lâcheté des Casques bleus de l’ONU. Histoire sans doute oubliée, 26 ans plus tard, par beaucoup et méconnue des nouvelles générations. Un film important et universel. »
La Voix d’Aida est dédié aux femmes de Srebrenica.
La Voix d’Aida de Jasmila Zbanic au cinéma le 22 septembre 2021)

Une fois que tu sais d’Emmanuel Cappelin (22 septembre 2021)

« En raclant les dernières ressources, nous enclenchons le phénomène de l’effondrement. »
Confronté à la réalité du changement climatique et à l’épuisement des ressources, le réalisateur Emmanuel Cappellin prend conscience qu’un effondrement de notre civilisation industrielle est inévitable. Pollution, mort des rivières, réchauffement : c’est la crise perpétuelle.

Comment se projeter dans un tel futur ? il n’y a que des idées de transition, donc de déni. Le réchauffement, avant c’était 0,1 degré par siècle, aujourd’hui c’est 1° 5 par an. On veut croire à des solutions, mais c’est se bercer d’illusions. Le tri ne suffira pas, ni la désobéissance civile. Ce n’est pas une transition, mais un arrêt qui est nécessaire. Autrement dit, comment continuer à vivre avec l’idée que l’aventure humaine puisse échouer ?

En quête de réponses, Emmanuel Cappellin part à la rencontre d’experts et de scientifiques tels que Pablo Servigne, Jean-Marc Jancovici ou Susanne Moser. Tous appellent à une action collective et solidaire pour préparer une transition la plus humaine possible.

Une fois que tu sais d’Emmanuel Cappelin dans les salles le 22 septembre 2021)


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