Chroniques rebelles
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Samedi 13 novembre 2021
Demain les flammes : un fanzine et des éditions. 10ème festival du film franco-arabe de Noisy-le-sec. Retour sur le 43ème festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier. Maudit ! d’Emmanuel Parraud. Olga d’Elie Grappe
Article mis en ligne le 14 novembre 2021

par CP

Demain les flammes : un fanzine et des éditions
Rencontre avec Paulin Dardel pour parler du fanzine et des éditions.

10ème festival du film franco-arabe de Noisy-le-sec du 12 novembre au 23 novembre

Retour sur le 43ème festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier, le CINEMED

Maudit ! d’Emmanuel Parraud (17 novembre 2021)

Olga d’Elie Grappe (17 novembre 2021)

Demain les flammes : un fanzine et des éditions
Rencontre avec Paulin Dardel pour parler du fanzine et des éditions qui ont suivi quelques années plus tard, dans une logique personnelle et éditoriale.
Paulin fait également partie du collectif d’éditions Ici Bas (anciennement CMDE) qui se trouve à Toulouse, nous en parlerons prochainement…

Demain les flammes : un fanzine et des éditions
Illustrations musicales : Chicaloyoh avec des extraits de son album « MUSIQUE POUR TIROIRS », l’Enfant plastique et le Couple aux cinq cockers. En seconde partie : The Ramones, I Wanna Live et I’m Against It. Crass, So What

10ème festival du film franco-arabe de Noisy-le-sec
Dixième édition du 12 novembre au 23 novembre avec une programmation à ne pas manquer.

Dix ans, une édition anniversaire qui met à l’honneur la Palestine et qui, après l’édition annulée de 2020 pour cause de pandémie, donne à voir des productions cinématographiques ancrées dans l’originalité et la diversité, loin des préjugés et des visions médiatiques stéréotypées. Un véritable bonheur de découvertes de la création cinématographique grâce au festival du film franco-arabe de Noisy-le-sec.

Comme le déclare Costa-Gavras, parrain du festival : « Les réalisateurs [et les réalisatrices] ont la lucidité et le recul nécessaire pour nous offrir une vision plus “objective” de ce monde en plein changement. Notre quotidien se noie sous les informations de ce qui nous divise ; aller au festival du film franco arabe, c’est une belle manière de voir ce qui nous unit. » À ses côtés, Lina Soualem, actrice et réalisatrice, plongée dans le cinéma depuis longtemps grâce à ses parents — elle est la fille de Hiam Abbas et a d’ailleurs joué dans son film, Héritage —, le film documentaire de Lina Soualem, Leur Algérie, a été sélectionné dans de nombreux festivals et sera projeté durant le festival en sa présence.

Très beau documentaire avec une grand-mère craquante. La décision des grands-parents de Lina de se séparer après 62 ans de mariage, est une occasion pour la réalisatrice de poser des questions à la fois personnelles, historiques et universelles.

Le 10ème festival du film franco-arabe
Se déroule au cinéma le Trianon à Romainville, Place Carnot dans le 93.
Métro Mairie des Lilas, ensuite les bus 105 et 129. Arrêt Place Carnot.

En avant première, six films présentés au Festival de Cannes 2021 : le film documentaire du réalisateur palestinien Abdallah Al-Khatib, Little Palestine, journal d’un siège. Chef d’œuvre et témoignage poignant sur le camp palestinien de Yarmouk en Syrie.
 Lingui, les liens sacrés, huitième film du réalisateur franco-tchadien Mahamat-Saleh Haroun, film ouvertement engagé pour « le droit des femmes à disposer de leur corps ». Quatre premiers longs métrages : Face à la mer du réalisateur libanais Ely Dagher, qui mêle le futur inquiétant de Beyrouth en crise et l’errance existentielle d’une jeune femme ; Feathers, fable grinçante du réalisateur égyptien Omar El Zohairy, La Femme du fossoyeur de Khadar Ayderus Ahmed, réalisateur finlandais d’origine somalienne, qui retrace l’odyssée amoureuse à la frontière d’une Somalie inédite ; enfin Mes frères et moi de Yohan Manca.

À voir également trois premiers films inspirés d’histoires personnelles :
Placés de Nessim Chikhaoui qui s’inspire de son expérience d’éducateur spécialisé ; Liban 1982 de Oualid Mouaness, présenté en 2019 au festival CINEMED de Montpellier — nous diffuserons la semaine prochaine dans les chroniques un entretien avec Oualid Mouaness puisque son film sera en salles le 24 novembre ; enfin dans Le monde après nous, de Louda Ben Salah-Cazanas.

Pour continuer le panorama de la programmation de ce 10ème festival du film franco-arabe, une histoire d’amour et d’engagement dans l’Algérie des années 1950 avec De nos frères blessés de Hélier Cisterne, adaptation du roman homonyme de Joseph Andras. Mica d’Ismaël Ferroukhi, Arthur Rambo de Laurent Cantet.
 Ziyara de Simone Bitton, Souad de Ayten Amin.

Côté reprise, il sera possible de voir ou de revoir : Haute couture de Sylvie Ohayon, Gaza mon amour des frères Nasser, Le Traducteur de Rana Kazkaz & Anas Khalaf, Une histoire d’amour et de désir de Leyla Bouzid, De Bas étage de Yassine Qnia, Haut et fort de Nabil Ayouch et Les Méchants de Mouloud Achour.

Revenons à présent sur plusieurs des films proposés :
BETWEEN HEAVEN AND EARTH (Entre ciel et terre) de Najwa Najjar qui a ouvert le festival.

Tamer, fils d’un activiste palestinien tué à Beyrouth dans les années 1970, et Salma, palestinienne de Nazareth, vivent en Cisjordanie. Leur décision de divorcer est semée de difficultés administratives, le couple devant tout d’abord se rendre en Israël. Or, l’administration israélienne les informe que leur demande ne peut aboutir, le décès du père de Tamer n’étant pas enregistré en Israël. Le film est une métaphore de la situation israélo-palestinienne. En mettant en scène le récit intime de ce couple, est évoquée le quotidien et l’histoire de la population palestinienne sous occupation depuis plus de sept décennies.

DE NOS FRÈRES BLESSÉS de Hélier Cisterne

Alger, 1956. Fernand Iveton, un ouvrier idéaliste de 30 ans, est arrêté pour avoir déposé une bombe dans un local désaffecté de son usine. Aucune victime, mais il risque la peine de mort. Sa compagne le soutient et refuse de l’abandonner. Fernand Yveton, faut-il le rappeler, sera guillotiné pour l’exemple le 11 février 1957, après une journée de procès sommaire et une demande de grâce rejetée par le président René Coty et François Mitterrand, alors garde des Sceaux.
De nos frères blessés est à la fois une histoire d’amour et d’engagement brisée par la raison d’État.

FACE À LA MER de Ely Dagher

De retour à Beyrouth après deux années d’études à Paris, Jana reprend contact avec la vie familiale qui lui est devenue étrangère. En décalage avec son expérience et la vie qu’elle retrouve, Jana est perdue, passant par des phases de doute pour son avenir et de révolte. Le film est dans l’approche d’une catastrophe attendue, mêlant l’histoire d’une jeune femme paumée et l’effondrement du Liban.

FEATHERS de Omar El Zohairy

Enfermée dans une routine familiale faite de tâches banales, une femme passive est entièrement dévouée à son mari et à ses enfants. Or, au cours d’une fête d’anniversaire, un simple tour de magie va bouleverser sa vie et provoquer une suite d’événements absurdes et improbables. Son mari, un père autoritaire, est transformé en poule et la voilà dans l’obligation d’assumer le rôle de cheffe de famille. Projection du film le vendredi 19 novembre à 17h45

LA FEMME DU FOSSOYEUR de Khadar Ayderus Ahmed

Dans les quartiers pauvres de Djibouti, Guled travaille comme fossoyeur et vit tant bien que mal avec sa compagne et leur fils. Cependant, l’équilibre de leur famille est menacé : Nasra souffre d’une grave maladie rénale et doit se faire opérer d’urgence, mais comment trouver la somme exigée ?
Projection du film lundi 22 novembre à 18h en présence du réalisateur. Le film sort en salles le 5 janvier 2022.

LE MONDE APRÈS NOUS de Louda Ben Salah-Cazanas
Écrivain et fauché, Labidi est coursier et habite en colocation une chambre de bonne. Entre petits boulots et magouilles, il tente de concilier ses rêves d’écriture, ses difficultés pécuniaires et des amours naissantes.
Le film est projeté le dimanche 21 novembre à 20h15 et sortira en salles le 2 février 2022.

LIBAN 1982 de Oualid Mouaness


Le film se déroule dans une école privée en périphérie de Beyrouth. 1982, c’est le moment de l’invasion israélienne du Liban. Wissam, onze ans, tente de déclarer son amour à l’une de ses camarades de classe. Au même moment, ses professeurs, qui partagent un différend politique, essayent de masquer leurs craintes.
Projection jeudi 18 novembre à 17h45 en présence du réalisateur.
Diffusion de l’entretien avec Oualid Mouaness samedi prochain dans les Chroniques rebelles de Radio Libertaire.

LITTLE PALESTINE, JOURNAL D’UN SIÈGE de Abdallah Al-Khatib
Abdallah Al-Khatib est né à Yarmouk où il restera jusqu’à son expulsion par Daech en 2015. Il étudie la sociologie à l’Université de Damas et travaille dans l’humanitaire lorsqu’en 2013, le régime de Bachar Al-Assad assiège le quartier de Yarmouk, qui est le plus grand camp de réfugié.es palestiniens. Coupé du reste du monde, Abdallah Al-Khatib décide de filmer la vie du camp pour témoigner de l’acharnement des autorités syriennes contre les réfugié.es, des privations quotidiennes, des morts par la faim ou par la maladie, tout en rendant hommage au courage des enfants et de la population du quartier. Des images qui traduisent la résistance, la solidarité, la dignité, mais aussi le désespoir et l’incompréhension d’un peuple.
Quatre années de tournage pour un témoignage de l’intérieur, bouleversant, essentiel et totalement nécessaire. Little Palestine, journal d’un siège est un film remarquable et précieux sur une réalité oubliée par l’information mainstream.

Little Palestine, journal d’un siège de Abdallah Al-Khatib a reçu à l’unanimité le prix du meilleur documentaire au festival CINEMED de Montpellier.
Projection le mardi 16 novembre à 18h00 au Trianon. Sinon le film sortira sur les écrans le 12 janvier 2022.
À voir absolument pour le témoignage que porte le film, mais aussi pour ses qualités cinématographiques.

LINGUI LES LIENS SACRÉS de Mahamat-Saleh Haroun

Après Une saison en France, qui traitait des problèmes rencontrés par les réfugiés politiques, Mahamat-Saleh Haroun revient au Tchad pour réaliser Lingui, les liens sacrés.
Amina vit avec sa fille Maria, âgée de quinze ans dans les faubourgs de N’djaména. Elle vit seule et lorsqu’elle découvre que sa fille adolescente est enceinte, c’est la catastrophe. Une grossesse non désirée… Que faire dans un pays où l’avortement est condamné par la religion et par la loi ?
La projection du mercredi 17 novembre à 20h30 sera suivie d’un débat.

MES FRÈRES ET MOI de Yohan Manca

Nour a 14 ans. Il vit dans un quartier populaire au bord de la mer. Il s’apprête à passer un été rythmé par les mésaventures de ses grands frères, la maladie de sa mère et des travaux d’intérêt général. Alors qu’il doit repeindre un couloir de son collège, il rencontre Sarah, une chanteuse lyrique qui anime un cours d’été. Une rencontre qui va lui ouvrir de nouveaux horizons... Un film librement inspiré de la pièce de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre. (au cinéma le 5 janvier 2022)

MICA de Ismaël Ferroukhi

Mica, un enfant issu d’un bidonville, se retrouve propulsé comme homme à tout faire dans un club de tennis de Casablanca fréquenté par la nomenklatura marocaine. Prêt à tout pour changer son destin, il va se faire remarquer par Sophia, une ex-championne qui va le prendre sous son aile.

PLACÉS de Nessim Chikhaoui
Elias loupe les épreuves du concours d’entrée à Sciences Po parce qu’il a oublié sa carte d’identité. À la recherche d’un job en attendant de pouvoir se présenter à nouveau, il devient éducateur dans une Maison d’Enfants à Caractère Social. Confronté à un milieu dont il ignore tout, cette expérience va changer sa vie.

LA TERRE DE GEVAR de Qutaiba Barhamji
Un récit d’exil dans la banlieue de Reims, bien loin des vergers de Syrie. Gevar, venant de Syrie avec sa compagne et son fils, apprend à cultiver une nouvelle terre. Malgré les difficultés, la petite parcelle de terre est parfois plus accueillante que le reste du pays, car il faut s’adapter à la culture, à la langue, aux querelles de voisinage et au regard des autres. Pendant ce temps, l’enfant grandit et apprend vite.

LE MARIN DES MONTAGNES, film documentaire de Karim Aïnouz.
Documentaire autobiographique en forme de road movie, Karim Aïnouz — de père algérien et de mère brésilienne — décide de traverser la Méditerranée en bateau et d’entreprendre son premier voyage en Algérie. à la recherche de ses racines et de l’héritage de la lutte pour l’indépendance contre la domination coloniale française.

ZIYARA de Simone Bitton

Au Maroc, la Ziyara est une pratique populaire que juifs et musulmans ont toujours eu en partage. Road movie et pèlerinage cinématographique, le film va à la rencontre des gardiens musulmans de la mémoire juive. La blessure de la séparation est encore vive, l’écho des guerres plane sur la rencontre, mais la caméra retisse le lien, recueille anecdotes, sourires et tradition d’hospitalité.
Ziyara de Simone Bitton est projeté en avant première pendant le festival et au cinéma le 1er décembre.

LES BAD GIRLS DES MUSIQUES ARABES – Du 8ème siècle à nos jours, film documentaire de Jacqueline Caux

Asmahan, Oum Kalthoum, Warda El Djezaïri, Cheikha Remitti, ou encore une jeune chanteuse de rap égyptienne sur internet, voici donc les Bad Girls des musiques arabes… De grandes artistes de la chanson arabe qui ont défié le patriarcat. Jacqueline Caux réalise un film qui rend hommage à ces femmes qui ont su s’imposer en bravant les tabous et les interdits.
Projection dimanche 14 novembre à 20h.

SOUAD de Ayten Amin
Dans une petite ville sur le delta du Nil en Egypte, Souad, 19 ans, est tiraillée entre les contraintes religieuses et conservatrices imposées par sa famille et une vie secrète et fantasmée dans laquelle elle se projette à travers les réseaux sociaux. Perdue entre ces deux mondes, ses rêves se fracassent contre la réalité.

GAZA MON AMOUR de Arab et Tarzan Nasser

Issa, un pécheur de soixante ans, est secrètement amoureux de Siham, une veuve qui travaille comme couturière au marché de la ville de Gaza et habite le camp de la plage, Shati Camp. Une comédie sentimentale ? Évidemment de la part de Tarzan et Arab Nasser, on s’attend à autre chose après leur film critique et subversif, Dégradé. Mais voilà que de l’histoire d’amour non déclarée, les frères Nasser offrent un regard à la fois tendre et sans concession de la société gazaouie. D’abord, comment nouer des relations amoureuses dans un espace qui vit sous blocus et bombardements ? Par quels moyens se présenter à Siham et la demander en mariage ? Et puis, à Gaza, tout est contrôlé par la police et la politique du Hamas…
C’est alors qu’Issa remonte dans son filet de pèche une statue antique du dieu Apollon et décide de la garder en la dissimulant chez lui. Une statue d’un dieu païen ayant un pénis en érection, il n’en fallait pas plus pour s’attirer les ires des autorités. Bientôt dénoncé, il s’ensuit pour Issa un florilège de saynètes où l’absurdité administrative le dispute aux intimidations policières en tracasseries, perquisitions, et autres enfermements, mais il n’oublie pas pour autant son projet amoureux.

HAUT ET FORT de Nabil Ayouch

Anas, ancien rappeur, est engagé dans le centre culturel d’un quartier populaire de Casablanca. Encouragés par leur nouveau professeur, les jeunes vont tenter de se libérer du poids de certaines traditions pour vivre leur passion et s’exprimer à travers la culture hip hop....
Au cinéma le 17 novembre.
Projection au Trianon le samedi 20 novembre à 20h30.

LE TRADUCTEUR de Rana Kazkaz & Anas Khalaf

En 2000, Sami était le traducteur de l’équipe olympique syrienne à Sydney. Un lapsus lors d’une traduction le contraint à rester en Australie, où il obtient le statut de réfugié politique. En 2011, la révolution syrienne éclate et le frère de Sami est arrêté pendant une manifestation pacifique. Malgré les dangers il décide de tout risquer et de retourner en Syrie pour aller le libérer.

Et pour fêter les 10 ans du festival, il fallait un film mythique : CHRONIQUE DES ANNÉES DE BRAISE de Mohammed Lakhdar-Hamina,
10ème festival du film franco-arabe de Noisy-le-sec jusqu’au 23 novembre
Au Cinéma le Trianon à Romainville, Place Carnot dans le 93.Métro Mairie des Lilas et les bus 105 et 129. Arrêt Place Carnot.

43ème Festival CINEMED de Montpellier

Retour sur le 43ème festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier, le CINEMED, avec au jury des longs métrages en compétition Asia Argento, qui déclare « pour moi il y a des films bons et d’autres mauvais. » À propos des films bons, la sélection a été généreuse cette année et je n’aurais certainement pas aimé faire partie du jury pour choisir le film pour l’Antigone d’or.
Mes coups de cœur : Costa Brava Lebanon de Mounia Akl, Amira de Mohamed Diab (réalisateur des Femmes du Bus 678), Et il y eut un matin de Eran Kolirin, Luzzu de Alex Camilleri et Hive de Blerta Basholli … Autant de films remarquables pour les sujets abordés, l’originalité des thèmes tant méditerranéens qu’universels.
L’Antigone d’or a finalement été décernée au film de Blerta Basholli, Hive.

7 ans après les massacres perpétrés au Kosovo, les familles attendent encore de connaître l’emplacement des charniers où seraient ensevelis les disparu.es.
À l’indifférence du drame par les autorités s’ajoute le patriarcat omniprésent qui empêche les femmes de travailler pour survivre. Outre la recherche des restes humains, des vêtements des disparus, les femmes sont confrontées à une situation dramatique : elles sont veuves sans l’être, sans aide ni ressources. Pourtant les manifestations se multiplient, mais « les politiciens s’en moquent » s’écrie une femme.

Fahrije fait indéfiniment le même cauchemar, l’image de la rivière où le corps de son mari a peut-être été jeté, alors elle réagit et choisit de se battre contre le déni et la pression sociale. Elle décide de conquérir son autonomie financière avec les femmes de son village en fabriquant une sauce traditionnelle. Mais la conquête n’est pas simple et elle doit résister au jugement des hommes, aux agressions physiques… Elle apprend à conduire, prend contact avec un supermarché, organise les femmes et lance sa marque de produit fait maison.
L’émancipation des femmes commence avec leur autonomie financière et le film l’illustre parfaitement. Hive de Blerta Basholli, basé sur une histoire vraie, montre le courage, la ténacité des femmes et redonne espoir.

On pense évidemment au film poignant et puissant, La Voix d’Aida. Quo vadis, Aïda ? sorti le 22 septembre dernier, de Jasmila Zbanic. Un autre cas de déni des autorités et un mensonge d’État : le massacre de la population bosniaque à Srebrenica en juillet 1995. Supposée être sous la protection de Casques bleus néerlandais, cantonnés aux abords de la ville, la population fut triée, puis évacuée par les milices serbes, et les hommes exécutés.
Autre film, Teret (La Charge), du réalisateur serbe Ognjen Glavonic qui s’attaque à un tabou dans son pays, les horreurs de la guerre du Kosovo. Le long métrage suit un chauffeur de poids-lourd, qui réalise la nature de son chargement sur la route du Kosovo vers Belgrade : les corps de victimes de crimes de guerre commis par les forces serbes au Kosovo, la plupart civils, dont beaucoup de femmes et d’enfants. Les cadavres étaient transportés en Serbie pour être inhumés dans des fosses communes. Cette guerre de 1998-1999, a fait 13.000 morts, dont 11.000 Kosovars albanais.
Hive de Blerta Basholli sera, il faut le souhaiter, distribué prochainement.

Maudit ! d’Emmanuel Parraud (17 novembre 2021)
Le film d’Emmanuel Parraud devait sortir sur les écrans en juillet, mais pandémie oblige, la programmation des films d’auteur.es est chamboulée.

Après bien des années, Alix revient sur l’île de la Réunion, qui semble toujours imprégnée par une histoire brutale et douloureuse, présente en parallèle de la réalité. Au fur et à mesure de la progression du film, le récit bascule dans une forme symbolique pour remonter aux origines. Son ami Marcellin disparaît dans la forêt qui borde la maison, revient couvert de sang pour disparaître à nouveau dans les hauteurs sauvages de la Réunion. Alix part à sa recherche, tout en se demandant s’il n’est pas responsable des blessures de son ami, alors qu’il était sous l’emprise de l’alcool. Le récit progresse alors entre deux mondes, le réel et celui où les fantômes du passé s’imposent, avec les violences de l’esclavage et du colonialisme. Un brouillard, un nuage recouvre l’île pour marquer le passage d’un monde à l’autre, comme un tunnel, et tout devient étrange. Le visiteur mange soudain du verre, l’alcool fait partie des visions. L’histoire de l’île est envahie par le souvenir des abus, des massacres et de la violence, Maudit en représente de manière allégorique les marques, les terreurs et les non-dits.
Possédé par les esprits d’esclaves surgis du passé, Alix est placé en cellule, soupçonné de la disparition de Marcellin : « il n’y a pas de clémence. Ton copain est mort. » À la recherche du corps, les policiers sont massacrés à la machette par les esprits des anciens esclaves. Au milieu du carnage, Alix ne comprend rien, et c’est à ce moment qu’une question lui est posée, absurde, grotesque, provocante : « Tu l’aimes la France ? » Visions des massacres tandis que le flux de la cascade est inversé et remonte au sommet de la montagne…
Maudit est un film qui questionne par les images, les silences, les histoires croisées et le personnage principal perdu entre les visions du passé et les paysages chargés de mystères, dont il ne décrypte pas la charge historique. Le passé colonial et l’esclavage forment la trame de cette histoire, une narration originale et déconcertante.
Maudit ! d’Emmanuel Parraud, au cinéma le 17 novembre 2021.

OLGA, le premier long-métrage d’Elie Grappe, au cinéma le 17 novembre.

2013. Olga est une gymnaste ukrainienne de 15 ans, une sportive de haut niveau tiraillée entre la Suisse, où elle s’entraîne pour le Championnat Européen en vue des Jeux olympiques, et Kiev, sa ville natale, où sa mère journaliste couvre la révolution.
Comment vivra-t-elle la violence que provoque chez elle le fait d’être loin ?

Pour son premier long métrage, Elie Grappe s’attache à « filmer la passion d’une adolescente, le corps en action, et mettre face à face son enjeu individuel et des enjeux collectifs. Explorer le lien possible entre frontières géographiques et frontières intimes. Faire un film sur l’exil, avec une héroïne qui ne se sent pas à sa place, tiraillée entre plusieurs fidélités, et confrontée à une situation géopolitique qui la dépasse. »
Selon Elie Grappe, Euromaïdan fut une révolution passionnante à observer, les manifestants et manifestantes étaient issu.es de toutes les classes sociales, et ce qui les unissait était la révolte spontanée et la solidarité. Pour l‘évoquer, les images dans le film proviennent des témoins du soulèvement et de l’occupation de la place, des vidéos filmées au cœur de l’action et de la répression policière avec des téléphones portables. C’est cette violence à l’état brut qui fait irruption dans la vie d’Olga, la choque et bouscule son ambition d’athlète.
Olga est loin de sa ville, et, devant le danger que court sa mère journaliste et ses ami.es, elle est soudain happée par images interposées par une violence contre laquelle elle se sent totalement démunie. Elle est déchirée entre son désir de participer aux compétitions olympiques — son rêve et ce pourquoi elle s’est consciencieusement préparée durant des années —, et le choix de la nationalité suisse, mais par là perdre sa nationalité ukrainienne. « C’est ce conflit que met en scène le film » en jouant sur l’isolement feutré de l’ensemble sportif en Suisse où se déroulent les entrainements, c’est-à-dire la sécurité, en opposition aux événements d’Euromaïdan. Et en cela, le film est une jolie réussite.
OLGA d’Elie Grappe est en salles le 17 novembre.

Pour info, plusieurs festivals en cours et à venir :
—41ème Festival international du film d’Amiens jusqu’au 12 novembre ;
— 25ème Festival du film francophone d’Albi — les œillades —, du 16 au 21 novembre ;
— 43ème Festival des 3 continents de Nantes, du 19 au 28 novembre ;
— Le Festival du cinéma aborigène australien du 24 novembre au 9 janvier 2022


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