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Samedi 4 juin 2022
Mizrahim. Les oubliés de la terre promise de Michale Boganim. La Ruche de Blerta Basholli. La maman et la putain de Jean Eustache. Swing de Tony Gatlif. Petite Fleur de Santiago Mitre. La Chance sourit à Madame Nikuko de Ayuhu Watanabe. Todos os Mortos de Caetano Gotardo et Marco Dutra. Le Centre Pompidou se met à l’heure berlinoise. Théâtre : La Mauvaise nuit de Marco Baliani
Article mis en ligne le 8 juin 2022

par CP

Mizrahim. Les oubliés de la terre promise
Film de Michale Boganim (8 juin 2022)

La Ruche
Film de Blerta Basholli (au cinéma depuis le 1er juin 2022)

La Maman et la putain
Film de Jean Eustache (copie restaurée - 8 juin 2022)

Petite Fleur
Film de Santiago Mitre (8 juin 2022)

La Chance sourit à Madame Nikuko
Film de Ayuhu Watanabe (8 juin)

Todos os Mortos
Film de Caetano Gotardo et Marco Dutra (7 juin DVD et VOD)

Le Centre Pompidou se met à l’heure berlinoise
CINEMA- SPECTACLES - CONCERTS
En contrepoint à l’exposition « Allemagne / Années 1920 », le Centre Pompidou se met à l’heure berlinoise.

Théâtre avec une pièce de Marco Baliani
La Mauvaise nuit

Mise en scène de Julien Kosellek

CINÉMA ET THÉÂTRE
Mizrahim. Les oubliés de la terre promise
Film de Michale Boganim (8 juin 2022)

Mizrahim est le nom donné aux Juifs venus d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, qui ont été victimes, dès leur arrivée en Israël, d’un système discriminatoire qui les a dirigés vers des zones périphériques qu’il fallait peupler. Le film, qui mêle avec intelligence les souvenirs personnels et l’universel, est une leçon d’histoire encore écartée de celle qui a cours officiellement : « Dans les livres d’histoire, on parle des juifs venus d’Europe mais pas des autres, les Mizrahim, qui représentent pourtant la moitié de la population [rapporte Michale Boganim]. Ceux qui ont réussi à parler de la périphérie, sans parler pour autant de la discrimination, ce sont Shlomi et Ronit Elkabetz, juifs marocains, venus à Beer-Sheva, une des villes du film. » L’histoire se poursuit cependant et la séparation perdure, comme on le voit à travers les témoignages dans le film. L’identité « déchirée » des Mizrahim n’est pas, quoiqu’on en dise, reléguée à un passé révolu et concerne plusieurs générations. À la discrimination sociale des juifs orientaux en Israël s’ajoute la discrimination culturelle. La fondation de l’État lui-même reposait sur l’idée d’un peuple issu des populations ashkénazes européennes et il y a toujours eu une fascination pour la culture européenne au sein de l’élite intellectuelle principalement ashkénaze, composée d’écrivains et de journalistes. C’est cette disparité de traitement des populations qui est à l’origine d’une forme de ségrégation, du fait que les juifs orientaux soient considérés comme des citoyens et des citoyennes de seconde zone.

Road movie de la mémoire, le film suit les espaces, les zones périphériques pour retracer l’histoire de la moitié de la population. Retour également sur les lieux de l’enfance de la réalisatrice dans la perspective d’une transmission à sa fille. Pour aborder les questions de l’exil, des désillusions communes pour les juifs orientaux qui avaient cru en un pays aux rêves contradictoires fondés sur l’égalité, elle part du mouvement de révolte qui émerge au début des années 1970 pour revendiquer les droits des populations discriminées, inspiré des Black Panthers états-uniens.

C’est un moment politique important, central pour les Mizrahim : « Les Panthères Noires ont fait voler en éclat le mythe de la Terre promise. » Et c’est à partir de ce mouvement dont son père a fait partie, que Michale Boganim choisit de construire son film, afin de comprendre plus profondément ce qui s’est passé et les conséquences, toujours présentes dans la société israélienne. « En Israël, mon père faisait partie des Panthères Noires, un mouvement de protestation et de révolte né en 1971 contre le statut inférieur des juifs orientaux, les Mizrahim. Un mouvement né à Jérusalem et qui a existé dans d’autres villes, dont Haïfa où mon père vivait. Les Blacks Panthers, aux États-Unis, ont eu connaissance de ce mouvement mais il n’y a pas vraiment eu de lien entre eux. En revanche, les Panthères Noires d’Israël ont eu des liens avec les Palestiniens, par le biais du seul parti bi-national de l’époque, composé d’arabes et de juifs. […] Je ne savais pas comment la fiction, le récit (mon père, ma fille), allaient s’intégrer à cette histoire de périphérie. Exercice périlleux qui apporte au film une dimension plus universelle. À savoir quelles répercussions le politique et la grande histoire ont sur l’intime, au niveau d’une famille, étant donné que cela nous a conduits à partir. […] Cet équilibre entre le personnel et le politique a été très difficile à trouver. »

Le film est de ce point de vue une réussite parfaite, entre documents d’archives, témoignages et périple personnel. C’est aussi un document historique exceptionnel qui introduit à des faits méconnus : le racisme, le double traitement de la population par l’agence juive, le déni et la violence culturelle de l’État, le vécu des personnes qui demandent encore justice pour des vies brisées, sans ancrage, les enlèvements d’enfants…

Finalement, « si on y pense, les Arabes et les Mizrahim, c’est la même chose. »
« On ne peut rien changer dans ce pays. Les murs sont immuables », les murs déjà, c’est ce qui décide la famille à un nouvel exil, à Arcueil, autre zone périphérique.
En 2019, Keren Yedaya, a réalisé une adaptation cinématographique, Red Fields (les champs pourpres), de l’opéra rock antimilitariste, Mami, écrit par Hillel Mittelpunkt, un opéra culte des années 1980. La radicalité des paroles, des chants, en hébreu et en arabe, les différences de classes sociales, entre le milieu ashkénaze et le milieu sépharade et juif oriental, Mami, l’héroïne, qui vit dans une ville pauvre du Sud israélien, autant d’éléments critiques qui font écho au film de Michale Boganim. Red Fields n’a malheureusement pas été distribué en France.

Mizrahim. Les oubliés de la terre promise de Michale Boganim, en salles le 8 juin , est un film passionnant et essentiel pour mieux comprendre la société israélienne et, au-delà, les enjeux de la discrimination politique.
À ne pas manquer.

La Ruche
Film de Blerta Basholli (au cinéma depuis le 1er juin 2022)

La Ruche est le premier long métrage de la réalisatrice Blerta Basholli qui a remporté l’Antigone d’or au festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier en octobre dernier. C’est un des rares films Kosovars et il est en salles depuis le 1er juin.
Le film s’inspire de l’histoire vraie de Farhije dont le mari a disparu pendant la guerre contre le Kosovo. Le corps n’ayant pas été retrouvé comme c’est le cas pour de nombreuses familles, Farhige n’est pas considérée comme veuve et ne reçoit aucune forme d’aide. Elle refuse néanmoins de se résigner et surtout de se conformer aux règles patriarcales du village. Elle décide donc d’apprendre à conduire, de développer la fabrication de spécialités locales dont elle fait la promotion dans une chaîne de magasins. Pour réussir cette gageure, elle rassemble les femmes du village pour les convaincre de s’investir dans le projet, développe une solidarité extraordinaire, mais s’attire l’hostilité des hommes du village qui, même s’ils ne font rien, bien au contraire, tente par tous les moyens de la décourager.
Malgré le harcèlement, Farhije tient bon et le projet se développe. Elle se rend au café, affronte les hommes et leur tient un discours déterminé. La seule personne qui comprend la situation et sa lutte, c’est son beau-père. Toute une génération a disparu du village, ne reste que les anciens et les très jeunes. Farhige poursuit les recherches du corps de son mari, en rêve même… Parallèlement, elle gagne rapidement en autonomie, organise la vente et la promotion des produits fabriqués par les femmes, et s’occupe des ruches.

Ce premier film de Blerta Basholli est impressionnant par la maturité de sa réalisation, c’est le constat d’un après-guerre de désolation, du patriarcat qui domine les mentalités et tente de briser tout espoir initié par les femmes, de les isoler. Le film sur la résistance et la solidarité de ces dernières est à la fois remarquable, bouleversant et vivifiant. La détermination des femmes, leur ténacité, leur refus de se plier à des règles absurdes, impressionnent. Sans minimiser la tragédie dont le pays a souffert, ni minorer les difficultés, ni les injustices dont les femmes sont victimes, La Ruche fait la démonstration de la puissance de la solidarité et du refus ensemble de se soumettre.
La Ruche de Blerta Basholli est en salles depuis le 1er juin 2022.

La Maman et la putain
Film de Jean Eustache (copie restaurée - 8 juin 2022)

La Maman et la putain, film culte très attendu en version restaurée… Le voici donc avec une résonance très intéressante dans son époque. Le récit était novateur et les dialogues très ancrés dans ce début des années 1970, au moment où se développe le mouvement féministe français. Deux rôles de femmes, Marie (interprétée par Bernadette Lafont) et Veronika (Françoise Lebrun admirable, que l’on a retrouvé dernièrement dans Vortex de Gaspard Noé).
Entre les deux femmes, Alexandre (incarné par Jean-Pierre Léaud), est un intellectuel bavard, un peu vain et désœuvré qui vit chez Marie. Après sa rencontre avec Veronika, il entame une liaison avec elle, et finalement s’organise une vie à trois, qui n’est cependant pas sans heurts, jusqu’au jour où… À découvrir ou à revoir à partir du 8 juin en version restaurée

Swing
Film de Tony Gatlif (copie restaurée - 8 juin 2022)

Comme dans tous les films de Tony Gatlif, « la musique est intrinsèquement liée au film. Omniprésente, elle constitue un fondement essentiel de son œuvre et la colonne vertébrale de chacun de ses films sur la communauté tsigane. [...] Ainsi, chacun de ses films explore une forme de musique différente. Swing n’échappe pas à la règle et rend un vibrant hommage au jazz manouche. La musique est un élément fondateur de l’identité tsigane.  » il est donc encore une fois question de musique, de hasard, de rencontres et de passion. Dans Swing, un adolescent en vacances chez sa grand-mère, Max, vient chez les Gitans pour chercher une guitare, et voilà : la musique fait le lien. Max est initié à tout un mode de vie différent du sien et est fasciné parce qu’il est précisément dépourvu d’a priori. Et avec Swing, une gamine de son âge, il découvre non seulement la musique manouche, mais également le monde passionnant des Gitans. Il veut apprendre à jouer et demande à Miraldo (Tchavolo Schmitt, qui est le digne héritier de Django) de l’initier.

Le jazz manouche naît en France dans les années 1930 grâce à un guitariste génial, Django Reinhardt, et son acolyte Stéphane Grappelli, violoniste français, tous deux leaders du Quintette du Hot Club de France. Ce nouveau style musical est le point de rencontre de plusieurs cultures : la culture tsigane dont Django est issu, la culture états-unienne du jazz tout nouveau en Europe avec notamment Louis Armstrong et Duke Ellington et pour finir les influences françaises de la chanson et du bal musette. Véritable mélange de virtuosité, de rythme, de l’émotion de la musique manouche, associé à l’improvisation, à la liberté et du jazz outre Atlantique, le jazz manouche se caractérise dans sa forme originelle par une section rythmique assurée par des instruments à cordes (guitare, violon, contrebasse) grattées ou pincées, et l’absence de percussions et de cuivres. Tony Gatlif, qui sait si bien la raconter dans tous ses films, la qualifie de « musique aérienne, de l’espace. Cette musique, qui devrait être remplie de douleur et de colère, est d’une gaieté communicative. Il y a de la nostalgie, mais aucune gravité. C’est une musique qui n’est pas jolie, mais belle, joyeuse et libre […]. Arrogante, elle ose aller d’une note à une autre en cassant le rythme. C’est une musique qui vient du cœur et de l’oreille, elle ose des notes qu’un musicien [ou une musicienne] qui a appris la musique au conservatoire ne peut imaginer. »

Le film est une suite de surprises, de rebondissements et de rencontres musicales extraordinaires. La fête dans la roulotte est inoubliable. « Toute cette séquence est filmée avec seulement deux caméras [raconte Gatlif], la seconde devant filmer en fonction du cadre de la première. À cause de l’exiguïté du lieu, il y avait toujours le risque qu’elle soit dans le champ. On a chorégraphié les mouvements des caméras comme pour un ballet. Il fallait suivre très précisément la musique, passer du solo de guitare à la contrebasse, puis revenir sur le violoniste ou sur la clarinette à la fraction de seconde près ! […] Nous avons mis au point, très précisément, tous les déplacements de caméras, de façon à être au moment voulu dans le rythme et à la bonne focale sur chaque musicien. Quand j’ai expliqué à l’ingénieur du son, Régis Leroux, et à Claude Garnier, qui est cheffe opérateur et cadreuse sur le film, qu’on allait filmer vingt musiciens dans la caravane, Claude m’a dit : “Mais la caméra, elle sera où ?” J’ai répondu : “Partout !” »

Depuis Vengo, la fascination pour les films de Gatlif est toujours aussi vive, de plus Swing y ajoute le côté historique et documentaire avec la séquence de la grand-mère, car le génocide nazi est responsable de 500 000 gitans morts en déportation. Une horreur dont peu sont revenu.es, d’où un manque certain de transmission. « Depuis l’holocauste, les gitans ne sont plus comme avant, ils ont changé leur façon de vivre en suivant l’évolution de la société. » Reste la musique… toujours aussi subversive.
Swing de Tony Gatlif (version restaurée - 8 juin)

Petite Fleur
Film de Santiago Mitre (8 juin 2022)

L’amour et la vie de famille sont de bien belles aventures que vivent José et Lucie, ouais… jusqu’au moment où la routine prend le dessus et la passion s’émousse. José est argentin et récemment installé en France, mais voilà qu’il perd son boulot, du coup il s’occupe du bébé tout en dessinant des histoires de plus en plus noires et meurtrières. Forcément lorsqu’on s’ennuie.
De son côté, Lucie décide de consulter un psy, histoire de sauver son couple. Pas banal le psy en question, c’est limite le gourou se la jouant sauveur des âmes perdues et des couples en déroute. José sent l’arnaque et le discours bidon du sauveur lui donne des idées de meurtres. C’est alors qu’il fait la connaissance de son voisin, un peu snob, donneur de leçon, fan de jazz et amateur de grands crus. Et un certain jeudi, en écoutant le fameux morceau de jazz, Petite Fleur, sous l’effet d’une pulsion soudaine et irrépressible, il tue son voisin. Complètement parano à l’idée de son acte, il s’attend au pire…
Mais le lendemain, stupéfaction, l’assassiné en pleine forme salue José. À partir de ce moment, entre José et son voisin s’installe l’habitude du meurtre hebdomadaire, histoire de se défouler, entre le ménage et les couches à changer… Une thérapie comme une autre entre jazz et dégustation de vin avant le rituel meurtrier. La recette du bonheur !
Après Les Sans-dents de Pascal Rabaté, Coupez ! de Michel Hazanavicius, et avant Music Hole de Mützenmacher & Liekens qui sort début juillet…
Petite fleur de Santiago Mitre au cinéma le 8 juin.

La Chance sourit à Madame Nikuko
Film de Ayuhu Watanabe (8 juin)

La chance sourit à Madame Nikuko
un film d’animation de Ayumu Watanabe (8 juin 2022)
Un très joli film d’animation dans lequel Nikuko est une mère célibataire, généreuse et gourmande, et qui se moque bien de ne pas avoir l’apparence normée des femmes de son entourage. Elle adore sa fille, est bien trop ronde parce que son plaisir est lié à la cuisine et aux petits plats qu’elle prépare, et se fait souvent avoir par des mecs qui n’en valent pas la peine. Mais bon, elle s’en remet et ses expériences malheureuses n’en font pas pour autant une personne amère, non, elle aime rire et blaguer. « Il suffit à Nikuko de vivre au jour le jour pour être heureuse [explique Ayumu Watanabe]. Comme elle n’a jamais pu imaginer que certains humains pouvaient être malveillants, elle n’a cessé de se faire avoir et de subir des échecs. Sa fille, Kikurin, observe sa mère évoluer depuis qu’elle est petite et a donc naturellement développé un sentiment d’inquiétude et de vigilance par rapport au monde qui l’entoure. Kikurin est toujours en train d’observer attentivement le visage des autres, de guetter leurs réactions, un peu comme si elle agissait en contrepoint de sa mère, qui elle s’ouvre aux étrangers avec une trop grande spontanéité. »

Sans doute en réaction au comportement de sa mère, Kikurin ne donne pas sa confiance aisément, elle observe, s’inquiète pour sa mère et ne veut surtout pas lui ressembler. Le moment de l’adolescence n’est pas simple et lorsque Nikuko s’installe dans un petit village de pêcheurs et trouve un travail dans un restaurant traditionnel, sa fille la surveille. La spontanéité de la mère s’oppose certainement au sérieux de sa fille, les rôles sont en quelque sorte inversés. Force est de constater que le couple mère-fille n’est pas de tout repos, d’autant que survient alors la révélation d’un secret familial passé qui va bouleverser la vie de Nikuko et de l’adolescente.

Le premier intérêt du film est de mettre en scène une femme hors des normes courantes imposées par le patriarcat, hors des critères physiques et, en plus, avec un grand cœur, ce qui la rend vulnérable, mais attachante et drôle. Intéressant en effet de voir que les clichés habituels peuvent se retourner et surtout mettre en question ce qui fait de l’apparence physique une des raisons de l’acceptation, l’intégration ou la discrimination des personnes.
La chance sourit à Madame Nikuko de Ayumu Watanabe à voir en salles à partir du 8 juin 2022.

Todos os Mortos
Film de Caetano Gotardo et Marco Dutra (7 juin DVD et VOD)

est est un film brésilien réalisé par Caetano Gotardo et Marco Dutra qui sort en DVD et VOD le 7 juin 2022. Il y aura également des projections spéciales organisées dans les cinémas.
Le film est situé à São Paulo, quelques années après l’abolition de l’esclavage, qui est une ville qui se développe de manière vertigineuse. Les trois femmes de la famille Soares, Isabel et ses filles Maria et Ana, sont incapables de s’adapter aux exigences de la métropole et s’abandonnent à la nostalgie d’une époque révolue. Parallèlement, Iná, ancienne esclave des Soares, arrive en ville avec sa famille et se trouve confrontée à une société qui n’a pas encore intégré les Noirs affranchis comme citoyens à part entière.

Le Centre Pompidou se met à l’heure berlinoise
CINEMA- SPECTACLES - CONCERTS
En contrepoint à l’exposition « Allemagne / Années 1920 / Nouvelle Objectivité / August Sander », le Centre Pompidou se met à l’heure berlinoise.

Avant-premières / inédits / films primés / rencontres
du vendredi 10 juin au dimanche 26 juin 2022
Cette édition spéciale à Paris réunira près de 30 avant-premières, inédits et films primés de la Berlinale 2022.

Les Ours, qui récompensent les films de la compétition internationale, seront largement présents :
Alcarràs de Carla Simon (Ours d’or du meilleur film, Espagne-Italie)
Avec Amour et Acharnement de Claire Denis (Ours d’argent de la meilleure réalisation, France)
The Novelist’s Film de Hong Sang-soo (Ours d’argent / grand prix du jury, Corée du sud)
Rabiye Kurnaz contre George W. Bush de Andreas Dresen (Ours d’argent de la meilleure interprétation et du meilleur scénario, Allemagne-France).
Leonora addio de Paolo Taviani (Italie)
A Piece of Sky de Michael Koch (mention spéciale du jury, Suisse-Allemagne).
D’autres films de la compétition
Un an, une nuit de Isaki Lacuesta (Espagne-France) et Un été comme ça de Denis Côté (Canada).

Parmi les découvertes de la section Encounters, dédiée aux réalisations audacieuses de cinéastes indépendants, projections de :
À vendredi, Robinson de Mitra Farahani
Axiom de Jöns Jönsson (Allemagne)
Coma de Bertrand Bonello
Father’s Day de Kivu Ruhorahoza (Rwanda)
Small, Slow but Steady de Shô Miyake (Japon-France)
et Unrueh de Cyril Schaüblin

Du Panorama, une section qui s’attache volontiers à des sujets hors normes, viendront Bettina de Lutz Pehnert (prix FIPRESCI, Allemagne), Klondike de Maryna Er Gorbach (Ukraine-Turquie), Nelly & Nadine de Magnus Gertten (Teddy Award du Jury, Suède-Belgique-Norvège). Terykony de Taras Tomenko (Ukraine-Russie) sera l’emblème des films portés par enfants et adolescents de la section Generation.

La Berlinale Special, rassemblant les séances hors compétition, sera représentée par North Terminal de Lucrecia Martel (Argentine) et Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux (France).
Au sein de la Berlinale Shorts, Mars Exalté de Jean-Sébastien Chauvin (Teddy Award du court métrage, France), Memories From The Eastern Front de Radu Jude et Adrian Cioflâncă (Roumanie), The Sower of Stars de Lois Patiño (Espagne), etc.

Théâtre avec une pièce de Marco Baliani
La Mauvaise nuit

Mise en scène de Julien Kosellek

Représentations en juin (Ile-de-France) et en juillet (Avignon)
En compagnie d’Olivier Favier, Julien Koselek, Anne, Marc…

L’année dernière, Federica Martucci et Olivier Favier ont présenté dans les chroniques un livre passionnant sur le théâtre italien, 1990-2020. Le théâtre italien en résistance. Aujourd’hui, il s’agit à nouveau de théâtre italien, ancré dans une réalité sans fard ni concessions, La Mauvaise nuit de Marco Baliani. Histoire d’une nuit ordinaire et violente.
Je me souviens d’une citation qui prend là aussi toute sa dimension : « le théâtre a révélé aux artistes des espaces de refuge et de résistance où éprouver, façonner, innover [devient possible] loin des standards et du formatage ».

LA MAUVAISE NUIT
traduction Olivier FAVIER et Federica MARTUCCI
mise en scène Julien KOSELLEK
 avec Laurent JOLY

AVIGNON :
à 15h55 du 8 au 27 juillet 2022 | relâches les 14 et 21
1h45 | MAIF - 139 av Pierre Sémard | www.theatredutrainbleu.fr

Voix spectateur 2
Il n’en reste pas moins qu’un passage à tabac dans une banlieue, la nuit, c’est juste un fait divers.

Narrateur
Chaque fois qu’un corps innocent devient un bouc émissaire, même si cela arrive dans des rues de banlieue, c’est la manière dont la persécution se renouvelle qui est mise en relief, et ce, en s’acharnant avec la plus extrême brutalité sur celui qui se retrouve avec le rôle de « l’autre », du « différent ».

Voix spectateur 3
Mais les formes de persécution souvent sont liées aussi à des phénomènes politiques ou idéologiques, quel rapport avec un passage à tabac comme celui- ci ?

Narrateur
Il faut toujours penser aux millions de morts des camps de concentration ou d’extermination comme à une multitude d’individus singuliers, chacun d’eux étant spécial et unique dans sa trajectoire de vie. Même si la persécution est organisée en masse ou militairement, cela ne change en rien la singularité de l’événement, c’est le même acharnement impitoyable contre un innocent, multiplié par des milliers ou des millions, mais la racine de la violence est la même.


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