Chroniques rebelles
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Samedi 22 avril 2023
Désordres de Cyril Schäublin (entretien). Burning Days de Emin Alper. Amel et les fauves de Mehdi Hmili. Dirty, difficult, dangerous de Wissam Charaf. Hokusai de Hajime Hashimoto. Misanthrope de Damian Szifron. Rétrospective de trois films majeurs du cinéaste Carlo Lizzani. Les Femmouzes T : le retour. Un 4ème album et une rencontre avec Rita Macedo…
Article mis en ligne le 24 avril 2023

par CP

Désordres
Film de Cyril Schäublin (au cinéma depuis le 12 avril)
Entretien avec le réalisateur

Burning Days
Film de Emin Alper (26 avril 2023)

Amel et les fauves
Film de Mehdi Hmili (12 avril 2023)

Dirty, difficult, dangerous
Film de Wissam Charaf (26 avril 2023)

Hokusai
Film de Hajime Hashimoto (26 avril 2023)

Misanthrope
Film de Damian Szifron (26 avril 2023)

Rétrospective de trois films majeurs du cinéaste Carlo Lizzani

Les Femmouzes T : le retour.
Un 4ème album et une rencontre avec Rita Macedo…

Désordres
Film de Cyril Schäublin (au cinéma depuis le 12 avril)
Entretien avec le réalisateur

Cet entretien avec Cyril Schäublin a eu lieu avant la présentation du film en avant-première le 11 avril : 1877, six ans après la Commune de Paris. À Saint-Imier, en Suisse, dans une horlogerie, le monde du travail est confronté au début du productivisme au moment où la vallée devient l’épicentre du mouvement anarchiste… C’est l’époque de grands bouleversements technologiques, la photographie, le télégraphe… et politique avec la réorganisation du temps de travail par la direction de l’entreprise.
L’ordre social, prôné par le capitalisme, et le nationalisme s’opposent au discours anarchiste et à la conscientisation des ouvriers et des ouvrières. Le temps devient central : temps de travail, temps pour se rendre à l’atelier, celui des trains et du télégraphe… Dans cette ambiance d’ouverture à la compétitivité, Joséphine, jeune ouvrière qui place le balancier au cœur du mécanisme des montres, rencontre Pierre Kropotkine. Cette rencontre prend place dans une période cruciale du développement du mouvement anarchiste — local et international — alors que s’impose le capitalisme industriel.
Désordres de Cyril Schäublin est une invitation à mettre en perspective « la construction de ce qui deviendra notre présent dont nous faisons l’expérience ensemble [et à se poser des questions] : Les définitions du temps et du travail, développées et affirmées sous le capitalisme industriel, sont-elles de simples inventions ? Comment les discours sur la “nation” et d’autres inventions du XIXe siècle définissent encore notre façon de travailler ensemble, d’organiser et d’user de notre temps aujourd’hui ? »
Inspiré des Mémoires d’un révolutionnaire de Pierre Kropotkine, Désordres restitue, à partir de faits historiques, son arrivée en Suisse et sa prise de conscience. Le film s’ouvre sur une scène dans un parc où une aristocrate russe dit à ses amies : « L’anarchisme, c’est le communisme sans le gouvernement », en se faisant photographier.
Désordres de Cyril Schäublin est au cinéma depuis le 12 avril.

Burning Days
Film de Emin Alper (26 avril 2023)

Un jeune procureur, Emre, est nommé dans une petite ville d’Anatolie en Turquie. Dès son arrivée, il est choqué par une chasse au sanglier véritable tuerie dans les rues de la ville avec tirs au milieu de la population, et ensuite par l’acharnement sur le cadavre de l’animal, traîné tout au long de la rue principale. Erme vient d’un milieu urbain, moderne et lorsqu’il reçoit certains des notables pour mettre les choses au point, ces derniers évoquent les traditions locales, il insiste néanmoins sur l’interdiction de telles pratiques et les risques d’une telle poursuite. Toutefois, le maire et son fils ne l’entendent pas de cette oreille et n’ont pas l’intention de laisser un jeune procureur appliquer des règles qui les priveraient de leur main mise sur la ville et de leur emprise sur la population. Ils tentent donc de l’amadouer et l’invitent à un dîner qu’il est difficile à Erme de refuser, le font boire, sans doute en versant une drogue dans la boisson, car pris de malaise, il ne se souvient de rien de cette soirée au cours de laquelle une jeune gitane est violée à plusieurs reprises.
Aux magouilles du maire et de son fils pour discréditer le nouveau procureur, se greffe le problème de la pénurie d’eau spécifique à cette région d’Anatolie centrale. La surconsommation et l’assèchement des nappes phréatiques provoquent des effondrements de terrain, créant ainsi des gouffres — les dolines —, qui se multiplient et mettent en danger la population. « L’idée initiale [explique le réalisateur] était de décrire un idéaliste solitaire luttant contre l’élite corrompue d’une ville. Bien sûr, l’idée a été inspirée par les récentes expériences politiques de mon pays. On peut toujours avoir le courage et l’envie de se battre contre des politiciens corrompus et autoritaires, mais quand on voit que ces gens sont populaires et qu’ils sont réélus par le peuple encore et encore, on se sent désespéré, et isolé. » Dans le cas d’Erme, le maire et son fils le piègent et retournent la population contre lui en se servant de son intransigeance contre les soi-disant traditions, mais également de rumeurs à propos du viol de la jeune fille. Lors de l’enquête, le père de la jeune gitane s’écrie « quand j’ai vu ce qu’ils on fait à ma fille, j’ai perdu la tête. » De nouvelles arrestations ont lieu, mais les doutes se font plus précis sur la participation d’Erme au viol.

Les tensions s’aggravent pendant la campagne électorale du maire et après sa réélection, triomphe populiste qui met en avant les valeurs traditionnelles, conservatrices et les promesses pour régler le problème de l’eau. La rencontre d’Erme et de Murat, journaliste d’opposition adopté par l’ancien maire, n’arrange rien. Certes Murat se bat contre la corruption et le danger de la disparition des nappes phréatiques, en même temps son passé est trouble, il est soupçonné d’homosexualité, et c’est un tabou en Turquie. L’homophobie et le racisme se conjuguent pour entretenir le malaise et la manipulation. La tension est à son comble après la destruction du camp des gitans… La chasse qui s’organise alors prend la forme d’un lynchage, orchestré par ceux que le procureur dérange, les accusations fusent excitant la foule et cela fait penser au film de Fritz Lang, Fury.
Le film, qui a commencé au bord d’un gouffre, se termine de nuit dans le même décor, d’ailleurs commente le réalisateur : « ces gouffres béants symbolisent les fosses dans lesquelles les populistes nous entraînent. Presque tous les politiciens populistes finissent par entraîner leur peuple dans des gouffres, ceux de la pauvreté ou de la guerre. » La construction de Burning Days est partagé en plusieurs moments clés, qui marquent la montée de la violence, d’abord diffuse et symbolique, puis éclatant dans un paroxysme atterrant.
Burning Days de Emin Alper au cinéma le 26 avril 2023.

Amel et les fauves
Film de Mehdi Hmili (12 avril 2023)

Amel travaille comme ouvrière dans une usine à Tunis et rêve de permettre à son fils Moumen d’intégrer le club de foot local. Pour cela, elle demande à son patron de la mettre en relation avec un homme d’affaires susceptible d’aider son fils dans le milieu du football et va jusqu’à trahir ses collègues qui préparent une grève. Profitant de la situation, l’homme tente d’abuser d’elle dans sa voiture, mais lorsque des policiers surprennent la scène, celui-ci proteste de son innocence et accuse Amel de l’avoir dragué dans un bar. Amel est accusée d’adultère et de prostitution, malgré ses dénégations. Elle écope de six mois de prison et son mari quitte la ville.

Que peut une ouvrière agressée par un homme, qui a le pouvoir de l’argent ? Rien, sa parole n’est pas crédible. C’est un problème de classe sociale auquel s’ajoutent les lois d’une société patriarcale et la corruption policière. De plus, commente le réalisateur, « le contexte de cette société post-révolution montre à quel point la corruption s’est développée, la violence s’est propagée, l’obscurantisme et la criminalité se sont emparés des esprits des individus. […] Cette Tunisie qu’on pense connaître, qui nous fait rêver grâce à sa jeunesse libre et à ses réformes démocratiques, mais qu’on ignore en réalité profondément, car ces lieux qui hantent Amel & les fauves ne sont pas couverts par les médias étrangers. Cette cassure sociale est profonde et ce système bafoue la liberté et la dignité des plus démunis. »
Moumen se bat avec un joueur de l’équipe de foot et le blesse gravement. Menacé et totalement perdu — sa mère est en taule et son père a disparu —, il se lie avec un jeune dealer qui l’initie à la défonce et l’entraîne dans un monde marginal.

À sa sortie de prison, Amel a tout perdu, sa famille, sa maison, son boulot, mais elle a un but : rechercher son fils dans un monde dont elle ignore tout et se heurte à des prédateurs. Sa propre famille la menace également :
— « tu as commis l’irréparable, lui dit son frère,
— J’en ai payé le prix, réplique-t-elle.
Amel tient bon et tente par tous les moyens d’obtenir des informations sur son fils.

Si la chute du régime Ben Ali a éveillé des envies de justice sociale, la crise économique les sape, la corruption ancrée dans la société s’amplifie et la police reprend des pratiques de violence. Après Harka de Lotfy Nathan, Amel et les fauves dresse à nouveau le portrait d’une Tunisie qui ne laisse aucun espoir à une jeunesse sacrifiée.
Amel et les fauves, dédié à la mère du réalisateur, a été censuré dans les pays arabes (sauf en Tunisie), la réalité du milieu LGBT, ou de la prostitution, ne passe pas. Contre ce déni, Mehdi Hmili dénonce l’obligation de couper certaines des scènes de son film, notamment celles avec les travestis. Il déclare cependant : « Mon rôle et mon devoir est de filmer ces marginaux, car j’en faisais partie. J’ai filmé ma douleur et ces personnes magnifiques que j’ai connues. Ma vie ressemblait à cela mais je suis revenu de cette folie pour témoigner et montrer cette violence, cette amitié. »

Trois films tunisiens récents, Harka de Lotfy Nathan, Ashkal de Youssef Chebbi et Amel et les fauves de Mehdi Hmili confirment la puissance et l’originalité du cinéma tunisien, de même que son analyse radicale de la société.
Amel et les fauves de Mehdi Hmili est en salles le 26 avril.

Dirty, difficult, dangerous
Film de Wissam Charaf (26 avril 2023)

Dans ce nouveau film de Wissam Charaf, deux problèmes récurrents de la société libanaise sont évoqués : les réfugiés syriens et les travailleuses domestiques. Les deux personnages principaux représentent donc cette population honnie ou exploitée, et leur histoire, qui se présente comme une fable moderne, est ancrée dans la réalité quotidienne. Ahmed, réfugié syrien, est amoureux de Mehdia, femme de ménage éthiopienne, captive de l’appartement de sa patronne dont elle garde le père, un ancien militaire, atteint de gâtisme. Le couple n’a guère de possibilités de se rencontrer, encore moins de vivre ensemble, et ce n’est pas les quelques étreintes fugaces et volées qui permettent de s’aimer à Beyrouth. Cette histoire sentimentale d’amour contrarié permet au réalisateur de montrer l’état de servitude des jeunes femmes employées dans les familles libanaises — c’est la même situation dans certains pays du Golfe —, la plupart du temps, elles ont fui la misère, ou des mariages forcés comme Mehdia. Les passeports de ces domestiques sont confisqués dès leur arrivée, elles n’ont guère de droits, sinon ceux que leur octroient les agences qui les ont recrutées dans leur pays d’origine. Le gouvernement libanais apporte son blanc-seing à ces agences et, du coup, à cette pratique, qui devient un véritable carcan légal.

Wissam Charaf confie que pour de Dirty, Difficult, Dangerous, « l’idée était de lier ces deux causes, de mettre ce couple dans une situation intenable, et d’introduire néanmoins des éléments poétiques et absurdes pour échapper au film social. Il me fallait y introduire le décalage. » Le décalage ? Ahmed est un survivant de la guerre en Syrie, il a été touché par un engin explosif et son corps garde des morceaux de métal qui semblent peu à peu le transformer en une sorte de carapace métallique.

Un mal mystérieux auquel les médecins ne comprennent rien. Comble de l’ironie, il fait partie de ces réfugiés, qui vont d’immeuble en immeuble pour mendier du métal afin de le recycler et gagner quelque argent. Quant à Mehdia, elle s’occupe de la maison et du père de son employeuse, qui parfois se prend pour Dracula. Le film montre également le racisme latent dans la société, non seulement au sein de la population libanaise vis-à-vis des réfugiés, mais également entre les autres communautés, « L’Ethiopienne va chez les Syriens qui la virent, le Syrien va chez les Ethiopiennes qui le virent, tout le monde vire tout le monde. »

Les deux amoureux « sont des Atlas ou des Sisyphes des temps modernes. Leur activité, c’est de porter. Mehdia, elle porte le vieux toute la journée – même quand il l’agresse, elle doit le repousser mais tout autant soutenir son poids. Ahmed porte des objets métalliques. Et à la fin, il se transforme en objet métallique, en est réduit à se porter lui-même. J’ai voulu injecter quelque chose qui serait de l’ordre de la légende, de l’impalpable dans ce film où la plupart des enjeux sont très terre-à-terre. » Ce qui va provoquer la fuite de Mehdia, c’est l’intervention du fils de la patronne, un personnage qui incarne le racisme ordinaire. «  Il a ramené une fille comme on ramène une boîte de chocolats, pour faire plaisir à sa famille. C’est un négrier ordinaire, mais c’est comme ça que ça se passe au Liban. »

Ahmed et Mehdia se retrouvent dans la rue devenue le « théâtre des marginaux ». « Le Dirty, Difficult, Dangerous du titre, c’est ça, un amour sale, dur et dangereux, parce que complètement interdit. [ils] n’ont pas de langue commune et encore moins de lieu commun pour leur amour. Partout où ils vont, on les rejette ou on les tolère de mauvaise grâce. Et ce dans une lutte des classes permanentes. Tout ça pour nourrir ces trois mots, Dirty Difficult Dangerous. »

Hokusai
Film de Hajime Hashimoto (26 avril 2023)

Katsushika Hokusai est né en 1760 dans les quartiers populaires d’Edo — l’ancien nom de Tokyo —, il montre très tôt des dispositions pour le dessin. C’est en 1830, à l’âge de 70 ans, qu’il publie son chef-d’œuvre, les Trente-six vues du Mont Fuji, des estampes nées de ses voyages à travers le Japon où l’on retrouve le plus emblématique de ses travaux, la Grande Vague de Kanagawa, qui est à coup sûr l’un des symboles les plus connus de la culture japonaise. La Grande Vague est représentative du style unique d’Hokusai et de son apport à l’art japonais et international. En 1839, malgré des difficultés financières et un incendie qui ravage son atelier, Hokusai poursuit son travail jusqu’à sa mort, à l’âge de 89 ans, et va laisser plus de 30 000 dessins.
Le réalisateur représente cette figure de légende comme un homme au caractère fougueux, il est d’ailleurs exclu de son école où il est apprenti. « Je voulais à tout prix éviter de faire le biopic d’un homme hors du commun. C’était quelqu’un de remarquable, mais il n’était pas inaccessible, il a dû faire des efforts et a connu des difficultés. J’ai pris la liberté d’imaginer que la jalousie et l’esprit de compétition avaient peut-être été le moteur de sa créativité. »

Dans le film, il est question évidemment de création, mais aussi beaucoup de politique, car l’époque était mouvementée pour les artistes… le début du film est marqué par l’intrusion de gardes dans une librairie-galerie qu’ils saccagent, ils détruisent tous les dessins affichés, des portraits, des dessins érotiques. Retour à l’ordre moral oblige. De même, l’amour de l’art vaut à un samouraï d’être exécuté… Filmer la peinture parallèlement à filmer l’époque, en cela le film de Hajime Hashimoto dépasse de loin l’exercice du biopic, c’est plutôt une fresque multiforme et passionnante, qui saisit aussi au passage la fabrication des estampes.
« Le processus de production des peintures japonaises traditionnelles n’implique pas beaucoup de mouvement. Plutôt que d’avoir recours à des artifices de mise en scène pour le rendre spectaculaire [précise Hajime Hashimoto], j’ai essayé de montrer la particularité de chaque peintre à travers la façon dont il tient ses pinceaux ». Ce qui a nécessité de superviser chaque scène de peinture. Pour les scènes de fabrication d’estampes, l’équipe a fait appel à des artisans contemporains, qui ont été filmés pendant toutes les étapes. Le réalisateur se souvient : «  J’ai été impressionné de voir que les techniques ancestrales de production des estampes ont été fidèlement transmises jusqu’à nos jours, et que des tirages réalisés de la même manière qu’à l’époque d’Edo ont pu être utilisées dans le film. »
À la beauté des créations répond la virtuosité des mouvements de caméra, qui semblent saisir les gestes et les découvertes de l’artiste, « je peins selon mon cœur pour le plaisir » dit Hokusai. Le film donne l’impression d’entrer dans le processus de création, par la gestuelle, l’équilibre des cadres. Le film est fascinant et rappelle Ivre de femmes et de peinture de Kwon-taek Im.
Hokusai de Hajime Hashimoto est au cinéma le 26 avril 2023.

Misanthrope
Film de Damian Szifron (26 avril 2023)

Un soir de fête, Eleanor, une jeune enquêtrice est appelée sur les lieux d’un crime de masse hallucinant, il ne reste aucune trace, les personnes abattues n’ont aucun lien entre elles ni aucune raison d’être prises pour cible. Au moment où l’on calcule l’angle de tir du meurtrier pour localiser l’endroit choisi par l’assassin en série, l’appartement explose. La police et le FBI lancent une chasse à l’homme sans précédent, mais face au mode opératoire constamment imprévisible de l’assassin, l’enquête piétine.
Eleanor, quant à elle se trouve de plus en plus impliquée dans l’affaire, elle se rend compte que ses propres démons intérieurs peuvent l’aider à cerner l’esprit de ce tueur si singulier…
Connu pour son remarquable et subversif film à sketchs, Les Nouveaux Sauvages, Damian Szifron réalise avec Misanthrope (To Catch a killer), un thriller classique et impressionnant, mais très hollywoodien. La subversion qui était hallucinante dans son film en Argentine, n’a pas la même force de frappe si j’ose dire. Il en demeure un film au rythme échevelé, de remarquables effets, mais sans l’humour noir des nouveaux sauvages. Sauf dans la deuxième partie de la chasse à l’homme où la tirade du meurtrier permet de retrouver la patte du réalisateur, avec une critique acerbe au vitriol de la société de consommation sur fond de banlieue glauque. Il n’en reste pas moins, hors les impressionnants effets spéciaux, un fond critique sociale. Montage et rythme sont au rendez-vous… Alors on attend le prochain ?!
Misanthrope de Damian Szifron est au cinéma le 26 avril 2023.

Rétrospective de trois films majeurs du cinéaste Carlo Lizzani
(au cinéma le 26 avril 2023)
Les Films du Camélia poursuivent leur travail de découverte et de redécouverte de réalisateurs, souvent méconnus, et de leurs films dont certains sont encore inédits en France. Carlo Lizzani est né à Rome et a travaillé avec Roberto Rossellini et Giuseppe de Santis avant de devenir lui-même réalisateur. Il a également été critique, acteur, producteur et directeur de la Mostra de Venise de 1979 à 1982. La Seconde Guerre mondiale et l’antifascisme sont les thèmes principaux de son œuvre et cette rétrospective en trois films majeurs permet de revenir sur l’engagement politique et social de son itinéraire cinématographique.
Dans les faubourgs de la ville (1953)
Un jeune chômeur, Mario Ilari, est accusé d’avoir tué une femme et est arrêté par la police. Il parvient cependant à s’échapper et se cache dans la maison d’une amie, Gina, à qui il jure de son innocence… Un avocat accepte de prendre sa défense, mais la situation se complique lorsqu’un témoin, un clochard déclare reconnaître Mario et affirme l’avoir vu sur les lieux du crime.
Giulietta Masina est une des comédiennes du film de Lizzani.

La Chronique des pauvres amants (1954)

Florence 1925, Mario prend pension dans la Via del Corno chez le forgeron et communiste Maciste. Antifasciste convaincu, ce dernier est confronté aux chemises noires qui sèment peu à peu la terreur dans la ville. C’est dans ce contexte de plus en plus violent que Mario rencontre bientôt Milena… Très beau film sur l’époque du fascisme.

San Babila : un crime inutile (1976)
1975 : les années de plomb. Milan, place San Babila. Un groupe de jeunes néo-fascistes, dont font partie Michele, Franco, Fabrizio et Alfredo, fait régner sa loi, importunant les passants, s’empoignant avec les gauchistes de passage, draguant les filles. Lors d’une journée classique, ce petit groupe d’amis va provoquer une série de drames croissant dans la violence, jusqu’au crime inutile.

Un film tourné dans cette période des années de plomb, qui sort un mois après la sortie en DVD de la série remarquable et critique de Marco Bellocchio, Esterno Notte. Cette période tragique et confuse n’a pas fini d’être cinématographiquement visitée et revisitée par les questions restées sans réponse sur la part de responsabilité de l’État et de l’extrême droite dans les attentats. San Babila : un crime inutile de Carlo Lizzani participe de cette démarche, comme Marco Bellocchio ou Elio Petri, avec son film pour la télévision sur Pinelli.

C’est l’histoire d’une rencontre, celle de la brésilienne Rita Macedo, fille de l’inventeur des « trio elétrico » qui enivrent les carnavals bahianais, et de la musicienne toulousaine Françoise Chapuis. Les famous trobairitz - « Femmouzes T » - qui marquèrent la scène française des années 1990 à travers d’emblématiques collaborations (comme « Les mains d’Or » de Bernard Lavilliers) sont de retour après une longue pause. Un album métissé, coloré et militant sur lequel on retrouve aussi Magyd Cherfi .

Les Femmouzes T : le retour.
Un 4ème album et une rencontre avec Rita Macedo…

Les Femmouzes T : le retour
C’est d’abord l’histoire d’une rencontre, celle de la brésilienne Rita Macedo, fille de l’inventeur des « trio elétrico », et de la musicienne toulousaine Françoise Chapuis.
Au début des années 1990, Françoise Chapuis, la toulousaine, chante et joue du tambourin. Rita Macedo, la brésilienne, débarque de son nordeste natal pour passer une année en France. Elle découvre l’accordéon et très vite ces deux-là font la paire et composent un répertoire inspiré de la chanson française que du Forró brésilien...
Les Femmouzes T marquèrent la scène française des années 1990 à travers de fameuses collaborations — dont Les mains d’or de Bernard Lavilliers —, et après une longue pause les voilà de retour avec un album métissé, coloré et militant sur lequel on retrouve aussi Magyd Cherfi.
Un duo historique ?

Au début des années 1990, Françoise Chapuis, la toulousaine, chante et joue du tambourin. Rita Macedo, la brésilienne, débarquée de son nordeste natal, est venue passer une année en France. Elle découvre à son arrivée un instrument typiquement français : l’accordéon. Très vite elles font la paire, et commencent à construire un répertoire qui s’inspire autant de la chanson française que du célèbre Forró du Nordeste Brésilien...
Leur nom fait explicitement référence aux Fabulous Trobadors qu’elles féminisent. Il vient aussi de « famous trobairitz », un néologisme occitano-anglais qui signifie « femme troubadours célèbres », car l’Occitanie fut au moyen âge le pays par excellence des troubadours. Elles gravitent d’abord dans l’orbite des Fabulous Trobadors, de la Compagnie Lubat, des Massilia Sound System, puis finissent par faire partie intégrante de la scène alternative toulousaine. Suite à cela, des liens d’amitiés et musicaux se nouent : Claude Sicre participe activement à leur 1er album, Jean-Marc Enjalbert (des Fabulous) réalise le 2eme, et Magyd Cherfi leur donne une très belle chanson : « la femme du soldat inconnu ». Bref, on est un peu en famille, d’autant plus que tout ce beau monde partage les mêmes engagements et valeurs..... Entre 1996 et 2005, elles sortiront 3 albums, le 1er chez Scalen, et les 2 suivants chez Créon Music. Elles ne cesseront de tourner avec enthousiasme. On les verra aussi sur les albums de Bernard Lavilliers, « Carnet de bord » et « Les mains d’or », et en première partie de ses concerts.

Première partie de l’entretien de Rita en compagnie d’Iris et Guillaume de l’émission Orage mécanique.