Chroniques rebelles
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Samedi 23 décembre 2023
Frasiak, le Tumulte des choses. L’Innocence de Kore-Eda. Dream Scénario de Kristoffer Borgli. Mon nom est personne de Tonino Valerii. Land of the Dead de George Romero
Article mis en ligne le 23 décembre 2023
dernière modification le 18 décembre 2023

par CP

Frasiak en paroles et en chansons
Rencontre

L’Innocence
Film De Kore-Eda (27 décembre 2023)

Dream Scénario
Film de Kristoffer Borgli (27 décembre 2023)

Mon Nom est personne
Film de Tonino Valerii (20 décembre 2023)

Land of the Dead
Film De George Romero (sortie DVD)

Frasiak en paroles et en chansons
Rencontre

Au début, ce fut une rencontre grâce à Cristine Hudin sur la scène du XXème théâtre, puis après plusieurs entretiens dans les chroniques rebelles, ou encore dans les coulisses de l’Européen, au hasard d’un Premier mai Ferré, l’idée s’est peu à peu imposée : faire un portrait de Frasiak avec Monique à la prise de son… bref une copro Trous noirs et chroniques rebelles… Et ça commence comme ça… Réminiscence d’un projet collectif. Alors, reprenons depuis le début…
Les chansons durant cette rencontre : Part 1 : Plus loin, Repartir à zéro,Tous ces mots terribles, Département 26, Dis-moi oui, Espèce de cons (avec Jérémis Bossone), Gaza (BOF de Yallah Gaza de Roland Nurier, chanson de Michel Bühler), L’Espoir, Galgos, Trop de mots dans mes chansons, La Colère de Greta, La Mémoire et la mer.
Part 2 : Mon anarchie, Le Festival Grange, Salut frangin, L’Ennemi invisible.

L’Innocence
Film De Kore-Eda (27 décembre 2023)

Minato, adolescent secret élevé par sa mère seule depuis le décès de son mari, semble de plus en plus se replier sur lui-même et son comportement scolaire inquiète sa mère. Celle-ci cherche à comprendre et les éléments dont elle dispose lui font supposer que l’un des professeurs de Minato est responsable des problèmes de son fils. Elle rencontre la directrice, les professeurs et les accuse de négligence. Le professeur concerné doit faire des excuses bien qu’il refuse d’abord, ne se sentant pas coupable.
La réalité est en fait beaucoup plus complexe et toute l’originalité du film repose sur sa construction, qui peu à peu explore la situation à partir de trois points de vue, trois regards, celui de la mère, celui de l’adolescent et celui du professeur.
Réalisé à partir du scénario de Yuji Sakamoto, le film de Hirohazu Kore-Eda est basé sur un fait réel, « un incident survenu dans une petite école, au fin fond du Japon, qui concerne des enfants, et des petites étincelles qui creusent un gouffre immense entre les habitants de la région. [Il est surprenant, ajoute le réalisateur, que] notre histoire se fasse l’écho des fractures qui apparaissent aujourd’hui entre les gens, les pays et les communautés partout dans le monde. » Le scénario, découpé en chapitres, donne en quelque sorte un triple écho du malaise de l’adolescent et place le spectateur, la spectatrice devant plusieurs interprétations des faits durant le déroulement du film.
L’innocence évoque le harcèlement et la fuite dans l’imaginaire d’un adolescent, l’incompréhension des adultes confrontés aux relations intimes des enfants, un film original accompagné par la musique magnifique du compositeur Ryuichi Sakamoto.
L’innocence de Kore-Eda à voir au cinéma à partir du 27 décembre.

Dream Scénario
Film de Kristoffer Borgli (27 décembre 2023)

Drôle d’histoire que celle de ce professeur d’université assez terne et sans grande imagination, qui d’un coup apparaît, évidemment à son insu, dans les rêves d’abord de quelques personnes, puis le phénomène prenant de l’ampleur, il se répète rapidement chez des millions de personnes. Et voilà notre homme, Paul Matthews, interprété par Nicolas Cage, sous les lumières des flashs et se disant que peut-être ce serait le moment opportun de publier son essai, refusé depuis des années par différents éditeurs. Des publicitaires prennent contact avec cet homme banal devenu célèbre et quelque peu largué, et histoire d’en tirer profit, lui propose des opérations médiatiques. Étonné et même quelque peu flatté par l’intérêt soudain qu’il suscite, Paul Matthews goûte à cette nouvelle célébrité qui va cependant très vite virer au cauchemar et bouleverser complètement sa vie. Grandeur et décadence d’un homme ordinaire confronté à une célébrité involontaire qu’il est bien incapable de gérer.
L’ambiance universitaire est très bien décrite, les relations entre les étudiant.es et les profs, comme celles entre les collègues, la hiérarchie, les évaluations, les jalousies, les frustrations et les coups bas… La réalité quotidienne d’un milieu petit bourgeois, mais comme le dit Kristoffer Borgli, « Je considère que la fiction permet d’explorer les aspects sombres et dysfonctionnels de la vie moderne. Il existe une tendance très humaine à se concentrer sur le négatif, sur ce qui nous manque alors que nous avons tout. Nous nous rendons malheureux lorsque nous nous créons des attentes imaginaires. » Belle démonstration avec cette comédie fantastique à propos de la vie professionnelle et de famille a priori sans histoires de Paul Matthews brusquement bousculée par un scénario inattendu.
Sick of Myself, premier long métrage de Borgli, était une réussite, salué par John Waters en ces termes : « un couple d’amants norvégiens narcissiques qui ne peut s’empêcher de se disputer l’attention du public […] Lui, c’est un sculpteur qui utilise des meubles qu’il a volé pour les transformer en sculpture, et elle, elle prend des médicaments frelatés dans le but de provoquer des éruptions cutanées sur son corps afin de devenir une mannequin handicapée. Ce n’est pas Female Trouble [film culte de Waters], mais c’est tout aussi fou ! » En l’occurrence, ce que vit Paul, son incontrôlable aventure qui finit par le désigner comme ennemi public, sa déchéance, est aussi un moment dingue. On pense à la chanson de Bob Dylan, Ballad of a Thin Man, mais là le protagoniste ne s’appelle pas Matthews mais Jones, ou encore à une chanson des KInks, A Well Respected Man.
Dream Scenario est une comédie où l’on rit, enfin parfois jaune, fantastique aussi, mais le film est tout à la fois effrayant de voir cet homme se débattre dans un rôle qu’il n’a pas désiré, une sorte de cobaye médiatique dans une société cinglée.
Dream Scénario de Kristoffer Borgli au cinéma le 27 décembre… À voir et un réalisateur à suivre.

Et dans la série des films cultes :
à revoir sur grand écran
Mon Nom est personne
Film de Tonino Valerii (20 décembre 2023)

Fin de la conquête de l’Ouest, fin du XIXe siècle et fin des westerns spaghetti. Première scène mythique, celle de Jack Beauregard (Henry Fonda) chez le barbier alors qu’il est traqué par des tueurs. Mais difficile de tromper le héros légendaire, même vieillissant qui a décidé de venger la mort de son frère Nevada Kid, qui exploitait une mine d’or avec un certain Sullivan, et dont le projet est de s’embarquer pour l’Europe.
C’est alors qu’il croise un jeune aventurier (Terence Hill) qui se présente comme un fan de Beauregard et cela depuis l’enfance, et lui il s’appelle comment ? « Personne », répond l’admirateur en faisant des blagues à deux balles, ce qui agace Beauregard d’autant qu’il le retrouve partout où il va. Personne lui sauve cependant la vie contre des hommes de main de Sullivan essayent à nouveau de le liquider… il en profite pour lui rappeler ses anciens exploits de justicier qui ont construit sa renommée. Beauregard est vraiment dans une autre histoire, retrouver l’assassin de son frère, récupérer sa part d’or et partir vers d’autres horizons.
Finalement que désire ce Personne, amateur de blagues ? C’est le fil conducteur du film qui ne sera révélé que dans la dernière partie du périple des deux hommes, au moment de la grande bataille rangée entre la horde sauvage et le justicier solitaire. Une bataille où l’on demande d’ailleurs ce qui arrive aux chevaux qui tombent à la suite de chutes spectaculaires et dangereuses.
Ce que l’on peut dire, c’est que les deux hommes sont à des moments bien différents de leur existence, et leur rencontre est un « prétexte à une réflexion mélancolique sur la filiation, la vieillesse et la fin d’une époque », de plus la dérision qui habite tout le film est à sa manière un « post-scriptum à la fois ironique et émouvant à l’œuvre cinématographique de Leone, et aussi un adieu au western en général grâce à la magnifique présence de Fonda. » Leone est le producteur du film et, semble-t-il, à l’origine du projet.
Très belle restauration et plaisir de retrouver l’image sur pellicule. Nous rencontrerons en février Marc Olry, qui distribue le film, et Alexandre Alfonsi, auteur de On l’appelle Terence Hill.
Mon Nom est personne de Tonino Valerii est en salles depuis le 20 décembre.

Autre film culte, mais dans un genre bien différent :
Land of the Dead
Film De George Romero

Un coffret avec DVD-BRD et livret (Wild Side).
Film d’horreur qui parle d’un temps proche où la plupart des humains ont été transformés en zombies à la suite d’une catastrophe. Désormais, la terre est habitée par des morts vivants, à l’exception de deux groupes de survivant.es, un groupe qui se protège comme il peut en se barricadant et l’autre, celui des nanti.es qui vit dans une tour réputée imprenable.
À sa tête, un tyran qui a su profiter de la situation, Il est évident que les classes sociales ont perduré. Mais tout peut arriver, une révolte des pauvres, et les zombies peuvent aussi s’organiser…
Land of the Dead (Le Territoire des morts) est le quatrième volet de la saga des zombies et est sorti en 2005.