Chroniques rebelles
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Samedi 29 janvier 2005
Tunisie : internautes de Zarzis et sommet mondial de l’information
Avec Térésa Chopin, Hasni et Luiza Toscane
Article mis en ligne le 30 janvier 2008

par CP

En juin dernier, les Chroniques rebelles invitaient Térésa, Hasni et Luiza pour nous parler des procès des internautes de Zarzis. Une affaire effarante et effrayante qui donne la mesure du climat de répression qui règne en Tunisie.

Des jeunes — pour avoir téléchargé des documents sur Internet — se heurtaient à l’Etat tunisien et étaient condamnés, d’abord à 19 ans de prison, puis à 13 ans, en appel.

13 ans de prison pour avoir navigué sur Internet ! Et quelles prisons ! Des geôles infectes où sont entassés des prisonniers, sans droits, sans soins… Un cauchemar où l’arbitraire et la violence perdurent depuis des années déjà contre l’opposition syndicale, politique… Et maintenant, la jeunesse, qui paye le prix fort.

De quoi sont accusés les jeunes internautes de Zarzis ?
De “ constitution de bande dans le but de préparer et de commettre des attentats sur les personnes et les biens dans l’objectif de semer la terreur et l’épouvante ”. S’ajoute à cela la tenue de réunions sans autorisation, de vol, de détention d’explosifs, etc.…

Des dossiers vides, des condamnations sans fondement : la culpabilité des jeunes de Zarzis n’est absolument pas prouvée. Les irrégularités des procédures sont nombreuses et la justice tunisienne semble destinée à dissuader la population de toute velléité démocratique.

Il est difficile d’imaginer que ces jeunes aient eu la possibilité de “ constituer une bande ”, alors que certains des accusés étaient sous surveillance policière depuis leur engagement dans les mouvements lycéens de 2001 et 2002. Difficile aussi de ne pas mettre en doute la véracité des accusations de vol et des autres faits reprochés : “ Le fait que ces lycéens et étudiants aient navigué sur Internet ne peut conduire à justifier des actes d’accusation conduisant à de telles peines ” écrivait une députée européenne au ministre tunisien de la Justice.

En Tunisie, l’espace de non-droit s’élargit. Les pétitions internationales circulent pour les jeunes de Zarzis, la lutte pour les droits fondamentaux, pour la liberté d’expression continue…

Pendant ce temps, la Tunisie est vantée comme une vitrine de la paix sociale, un paradis touristique. Sous la plage, les barreaux…

Et le régime de Ben Ali — plébiscité à plus de 99 % des votants lors des dernières élections — est soutenu par le gouvernement français. Monsieur Raffarin, par exemple, ne paraît pas gêné de se rendre en Tunisie malgré les “ entorses ” aux droits humains pratiqués quotidiennement. Un régime tunisien qui s’est d’ailleurs doté d’une loi “ antiterroriste ” pour faire bonne mesure et supprimer un peu plus les droits des personnes.
Les lois antiterroristes sont bien pratiques pour cacher les exactions et les violences.

Et pour finir ce tour d’horizon de l’absurde et de l’arbitraire, nous apprenons que le sommet mondial de l’information aura lieu fin 2005. Où ? En Tunisie !
Si ce n’est pas du cynisme, c’est quoi ?