Chroniques rebelles
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Samedi 5 février 2005
Lignes n°16 : Anarchies
Avec Alain Brossat, Jean-Christophe Valtat, Larry Portis.
Article mis en ligne le 29 janvier 2008

par CP

Ngo Van nous a quitté début janvier — il est notamment l’auteur de Viêt-nam, 1920-1945. Révolution et contre-révolution sous la domination coloniale, également d’Utopie antique et guerre des paysans en Chine, et, enfin, du Joueur de flûte et oncle Hô. Viêt-nam 1945-2005, à paraître aux éditions Paris-Méditerranée. Cette émission des Chroniques rebelles lui est dédiée ainsi qu’à ses proches, Hélène Fleury, Henri Simon, Charles Reeve et beaucoup d’autres…

À la définition de l’anarchie donnée par le dictionnaire, « Désordre résultant d’une absence ou d’une carence d’autorité », on peut opposer celle, attribuée à Élisée Reclus : l’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir.

Daniel Colson, lui, parle d’anarchie positive pour décrire l’anarchisme qui « s’identifie toujours à une expérience ». Et Ngo Van — cité dans Le Monde libertaire — écrit que « les exploités ne se libéreront qu’en s’attaquant à [la] bureaucratie omniprésente, qu’en anéantissant [l’]État. [Car] Jamais un État ne dépérit de lui-même, ne dissout gracieusement ses forces armées, sa police, ses prisons, ses lois et ses institutions. Hier, comme aujourd’hui, inexorablement, c’est l’instrument par excellence de la domination d’une classe par une autre. »

Finalement : quelle est la définition qui vient à l’esprit ?
« Des moments, ici ou là, d’insubordination inconditionnée où est, soudain, renversé tout ce qui s’impose partout : l’inégalité, la violence, la bêtise, l’ennui, l’humiliation, etc. Ce n’est pas assez sans doute, pour que tout en dépende ; mais ce l’est cependant pour qu’il n’y ait rien qui ne s’en sente menacé. Cette insubordination, dès l’instant qu’elle s’arroge les moyens de mettre inconditionnellement en cause les moyens eux-mêmes qui conditionnent la domination, et sa jouissance réciproque (asservissante/servile), nous l’appellerons ici : "Anarchies". » Lignes , présentation du numéro 16.

« Anarchies au pluriel » ? S’agit-il uniquement de révoltes ? De refus de l’autorité ? De moments de révolte ? D’épiphénomènes ?
Et les utopies ? Ces «  rêves non réalisés mais non pas irréalisables, [ces] tentatives pleine de flamme et de poésie » comme les décrit Ngô Van dans son livre Utopie antique et guerre des paysans en Chine.
Utopies, révoltes, insurrections, révolutions… Anarchies, « Comme si toutes ces révoltes, sans se confondre, se répondaient à travers l’espace et le temps, entretenant le feu de la subversion et de l’espoir sur la planète entière. »