Chroniques rebelles
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Samedi 30 avril 2005
Une Année ordinaire. Journal d’un prolo
Jean-Pierre Levaray (Les éditions libertaires)
Article mis en ligne le 30 janvier 2008
dernière modification le 28 janvier 2008

par CP

« La lutte de classe n’a pas de trêve. Depuis plus de vingt ans, les patrons et l’Etat mènent le combat et, hormis quelques sursauts, on perd tout le temps. Ils ont bien compris comment nous tenir : par la peur, l’individualisme, le repli sur soi, et avec la seule perspective de pouvoir, quand même, consommer. Notre servitude volontaire se fait au prix d’une nouvelle bagnole ou d’un lecteur DVD. Il faudra bien arriver à changer ça, sous peine d’en crever, tous. » Jean-Pierre Levaray, Une Année ordinaire.

Avec Putain d’usine , Après la catastrophe , Classe fantôme et Désertion, plan social , Jean-Pierre Levaray faisait le récit au quotidien d’une classe ouvrière disparue, liquidée, oubliée…
Du moins, c’est ce que la propagande martèle depuis des décennies. Maintenant il est question de la France d’en bas et l’on retrouve aussi la notion de classe dangereuse, comme il y a plus d’un siècle. C’est ça la modernisation !

Dans son dernier livre, Une année ordinaire, journal d’un prolo , Jean-Pierre Levaray fait le récit au jour le jour, de cette année 2003. Constat, doutes, réflexions, observations, coups de gueule, analyse, critiques, recherche d’alternative et d’un autre futur dans un société dominée par un capitalisme présenté comme le seul système viable… C’est un peu tout ça Une année ordinaire, le journal d’un prolo.

ET c’est aussi notre histoire. Tout y est décrit, la « dictature molle » d’un gouvernement à la botte du MEDEF et campant sur ses positions, l’accélération des délocalisations, les plans sociaux, les licenciements, « la précarisation accrue [qui] empêche souvent d’envisager de perdre une partie de son salaire pour faire grève », les nouvelles méthodes de gestion du travail qui atomisent les salarié-e-s, l’abandon des luttes collectives, le découragement et la résignation, « la télévision et le spectacle politique [qui] donnent l’impression de lutter par procuration juste en regardant les infos et en visionnant les images de manif » et, pour beaucoup, « ce sentiment d’être pressé comme un citron pour [un] boulot de merde et d’être jeté. »…

Mais il y a aussi le mouvement de mai juin, l’imagination, les rencontres, les échanges, ceux et celles qui ne sont plus dupes, la conscience que « le gouvernement va poursuivre sa politique libérale, en s’attaquant à la protection sociale, à la santé publique, à l’enseignement supérieur, au droit de grève par l’instauration d’un service minimum, et la liste n’est pas close. »

Malgré la propagande, la remise en cause des acquis, le cynisme du pouvoir économique, il y a aussi Michel qui déclare :
« Quitter cette putain d’usine, c’est plutôt une libération. Mais en même temps, je n’ai pas envie de partir sans qu’on se batte pour ceux qui vont rester, parce que je vois bien la situation dans laquelle on va les laisser et ça va être affreux. »