Chroniques rebelles
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Samedi 9 juillet 2005
Réfractions n°14 : Ni Dieu ni maître. Religions, valeurs, identités.
La Gloire des athées. Textes rationalistes et antireligieux, de l’Antiquité à nos jours (Nuits rouges). Avec Héloïsa Castellanos et Alain Thévenet.
Article mis en ligne le 30 janvier 2008

par CP

« Aux États-Unis, des idées anti-évolution prévalent dans certains domaines du système éducatif. Ce n’est pas encore aussi grossier qu’il y a cinquante ou soixante ans, lorsque ce type de débat enflammait les passions jusqu’à évoquer des arguments sortis de la bible et de la genèse à opposer à Darwin. Il existe à présent des moyens très sophistiqués pour développer ce type de théories, non pas à la manière des fondamentalistes religieux — très actifs aux Etats-Unis —, mais avec des arguments scientifiques. Cela permet d’introduire un raisonnement religieux dans le genre de "Dieu a fait ou dit cela dans la genèse". Les questions scientifiques seraient si complexes que la théorie de l’évolution ne pourrait pas tout expliquer, donc pourquoi exclure les explications religieuses ? L’évolution n’étant qu’une des très nombreuses théories — pas plus juste qu’une autre —, cela justifie donc de les enseigner toutes. Même d’ailleurs si cette tendance actuelle au sein du système éducatif étatsunien est en contradiction avec l’idée d’un pays avancé et développé du point de vue technologique. » Curtis Price, mai 2005.

Un constat tout à fait troublant qui illustre les préoccupations et les réflexions développées dans le dernier numéro de Réfractions , notamment dans la première partie, Analyses et propositions.

1905/2005. En France, un siècle de loi pour la séparation de l’Église et de l’État. Mais pour autant, la laïcité est-elle le garant des droits des personnes en matière de croyances, celles-ci devant se cantonner dans le domaine du privé ? D’ailleurs, comme le souligne Sylvie Knoerr-Saulière : «  En laissant à l’Église catholique quantité de privilèges, en ne faisant de la laïcité qu’une déclaration de principes, l’État ouvrait par avance, la voie à une contestation de la séparation des sphères du religieux et du social. »

Et l’on peut ajouter que les religions, destinées à « dompter les pulsions », à « nous civiliser », à « éclairer les énigmes », ont surtout un but, partagé avec l’État : maintenir l’ordre, formater et préserver un modèle d’individu en conformité avec ses intérêts. L’État, c’est le «  respect des lois, de la propriété, de l’ordre, des chefs, [le] sacrifice de l’individu pour le groupe, [l’]acceptation sans mise en doute du contenu de l’enseignement ;[la] limitation ou [la] répression de l’esprit critique afin de former de bons citoyens, de bons soldats, de bons employés. Tout comme l’enseignement religieux, moins la référence religieuse. »

Alors si, comme l’écrit René Fugler, « La force des religions constituées, c’est de proposer, en plus de croyances consolatrices, des communautés d’accueil et des rites collectifs ou individuels qui peuvent aider à sortir du désarroi. » Il est important de s’interroger sur les réponses apportées par la pensée anarchiste et sur les débats à propos de ces questions dans le mouvement libertaire : « À la généralisation du particulier propre au despotisme (de l’État, de la Science, du Capital et de la Religion), l’anarchisme oppose l’universalisation du singulier. »

Il est aussi important de se pencher sur les luttes passées, sur les tentatives d’émancipation bien avant l’anarchisme. En un mot : pourquoi ne pas hériter du passé et de l’ailleurs tout en refusant la « dimension oppressive » des représentations religieuses ? Et ceci, comme l’évoque Daniel Colson, « à travers un processus incessant d’évaluation, de sélection, de séparation, de recomposition et de réagencement de ce qui est, d’expérimentations pratiques et théoriques où peut justement se construire un mouvement émancipateur capable de défaire toute forme d’oppression. »

Réfractions, Ni Dieu ni maître . Religions, valeurs, identités … Un numéro passionnant et très dense.

En dernière partie de l’émission, la présentation d’une anthologie de Textes rationalistes et antireligieux, de l’Antiquité à nos jours, La Gloire des athées . Anthologie publiée aux Nuits rouges et qui s’imposait aujourd’hui dans les Chroniques rebelles.