Chroniques rebelles
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Samedi 30 juillet 2005
Un sourire dans l’exil. Chroniques palestiniennes de Hiyam Bseiso (Golias). La peine de mort aux États-Unis.
Le cas de Mumia Abu-Jamal. Rencontre avec son avocat, Robert Bryan.
Article mis en ligne le 7 décembre 2008

par CP

À la veille du départ des colons israéliens de la Bande de Gaza, il était important de parler d’un livre pas comme les autres, un texte multiple, nourri de Gaza, Gaza la ville, Gaza la terre la plus peuplée, Gaza la spoliée, Gaza la lutte de toute une population, Gaza le souvenir de Hyiam… Le souvenir d’une enfance doublement perdue et l’espoir d’un retour jamais réalisé.
C’est tout cela que l’on retrouve dans les textes de Hiyam Bseiso, des saynètes à la fois si proches de nous et si lointaines…

Un sourire dans l’exil. Chroniques palestiniennes , Hiyam Bseiso (Golias)

Le mûrier.

La visite de mon oncle.

La guerre revient encore.

Un sourire dans la mer de Gaza

Un pigeon égorgé.

Le chapelet.

Soirée sur les deux bras.

Parti de gauche parti de droite.

C’était toujours trop tard.

Porte fermée porte ouverte.

La photo.

Le drapeau palestinien.

Les deux silences.

Rêve.

C’est ma chambre.

Manifestation pour la Palestine.

Wanted.

Salma.

La peine de mort aux États-Unis. Le cas de Mumia Abu-Jamal. Rencontre avec son avocat, Robert Bryan

Mumia Abu-Jamal est le plus ancien condamné à mort aux États-Unis. Il est enfermé depuis 23 ans dans le couloir de la mort.
À la suite d’un procès inique et raciste, il a été condamné pour un crime pour lequel aucune preuve n’a été présentée. En 1995, la mobilisation internationale à permis de surseoir à l’exécution de la sentence. On peut craindre à tout moment l’exécution car Mumia est à plus d’un titre gênant pour le système judiciaire étatsunien. Ex-Black Panther, journaliste critique, « voix des sans voix », il est aussi emblématique de ces milliers de condamnés dans les couloirs de la mort et d’une répression raciste et politique.

Robert Bryan — En ce qui concerne la situation de la peine de mort aux États-Unis, j’étais président de la coalition contre la peine de mort aux États-Unis pendant de nombreuses années. Et depuis 30 ans, dans mon cabinet, nous n’avons défendu que des cas de condamnés à mort.

Les États-Unis sont malheureusement la vitrine des exécutions capitales dans le monde. Il y a des milliers de condamnés à mort, actuellement presque 3500.
De l’autre côté de la baie de San Francisco où j’habite, dans la prison de Saint Quentin, 639 condamnés attendent dans le couloir de la mort. Tous ces gens savent qu’ils vont mourir, comment ils vont mourir, mais ignorent quand.

Aux États-Unis, la situation actuelle est particulièrement déprimante et oppressante avec le gouvernement d’extrême droite de Bush, mais il existe des lueurs d’espoir. Les tribunaux sont aujourd’hui très vigilants sur la manière d’appliquer la peine de mort. Dernièrement, une décision de la Cour suprême a déclaré non constitutionnelle une sélection raciste des jurés. Et c’est justement le cas pour Mumia Abu-Jamal où ont été écartées du jury de son procès les personnes contre la peine de mort et celles issues de minorités.

Néanmoins, il ne faut pas occulter le fait que la peine de mort se porte bien aux États-Unis. Le sentiment qui prévaut, il faut le reconnaître, c’est que les plus pauvres, en bas de l’échelle sociale, ne méritent pas de vivre. Et avec le cas de Mumia Abu-Jamal, nous avons l’exemple type de la dysfonction et de la perversité du système pénitentiaire. Le couloir de la mort est le quartier privilégié es pauvres. Mumia a eu un avocat commis d’office et incapable, un juge raciste. Le racisme a perverti la procédure depuis le début et, évidemment, l’enjeu est de prouver son innocence. Ce cas là est un bon résumé de la peine de mort aux États-Unis.

Chroniques rebelles — Quel est l’état de la mobilisation contre la peine de mort aux États-Unis et dans le monde ?

Robert Bryan — La mobilisation des abolitionnistes est à présent mieux organisée — le soutien des groupes, les manifestations contre la peine de mort —, le mouvement est plus fort qu’il y a dix ans. En Europe, la France est à la tête des abolitionnistes sur le plan mondial. Lors d’une rencontre avec Robert Badinter, nous avons discuté comment la peine de mort a été abolie ici. L’abolition de la peine de mort est une cause fondamentale de l’Union européenne puisque c’est une des conditions pour en faire partie.

Quand je suis en France, je suis toujours impressionné de voir comment la peine de mort a été abolie, même si elle reste populaire ici et là dans l’Europe occidentale, et aussi de voir que la France est à la tête d’un mouvement pour abolir la peine de mort dans le monde entier. Quand je viens ici, c’est comme une bouffée d’air frais car je me rends compte combien vous êtes motivé-e-s par la campagne contre la peine de mort. Et ce qui est fait par les associations est un honneur pour l’humanité.

Chroniques rebelles — La mobilisation en Europe a-t-elle un impact aux États-Unis ?

Robert Bryan — Oui, j’en suis sûr. Il ne faut pas oublier que dans le couloir de la mort, il y a des meurtriers, des personnes difficiles à défendre, néanmoins la campagne a un impact sur l’opinion publique étatsunienne. La manifestation du 2 juillet, Place de la Concorde, était impressionnante. Elle a rassemblé sous un soleil brûlant de nombreuses personnes pour la défense de Mumia Abu-Jamal et contre la peine de mort alors qu’elle n’existe plus en France. Je suis impressionné.

Il ne faut pas perdre de vue que Mumia continue de diffuser à la radio ses textes par téléphone et que cela a une certaine influence partout. Mumia dit toujours : «  ce n’est pour pas moi qu’il faut se battre, mais pour tous ceux et celles qui, dans la même situation, ne peuvent pas parler ou se faire entendre. Je ne suis qu’un parmi tous ces oublié-e-s. »

Mumia est devenu un symbole de la lutte contre la peine de mort, la cruauté, l’intolérance et contre toute cette inhumanité.

Claudie a traduit les propos de Robert Bryan dans cette interview donnée après la manifestation du 2 juillet 2005.