Chroniques rebelles
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Samedi 2 septembre 2006
La Mémoire et le feu. Portugal : l’envers du décor de l’Euroland
Jorge Valadas (L’Insomniaque)
Article mis en ligne le 29 février 2008

par CP

« Tout commence par un voyage. Rescapé d’un naufrage, Manfredo échoue
sur la plage d’une île inconnue où il est accueilli par un peuple qui ne connaît
ni l’égoïsme ni la soumission à l’autorité. Irmânia, leur société, ne possède pas de système politique, ignore les institutions qui altèrent le caractère spontané et généreux des êtres. Les règles de vie et de l’ordre social y reposent sur la seule autorité morale. Au fil des jours, Manfredo découvre un peuple "bon et heureux", qui vit un mélange de communisme et d’individualisme, « communisme pour ce qui est de la possession commune du sol, individualisme pour ce qui est du fruit du travail de chacun
 », l’égalité économique permettant de respecter la différence entre les individus.
Une telle société n’a pas besoin de chef. « Pour quelle raison ferait-on mieux, de façon forcée, ce que [l’on accomplit] librement. » » Irmânia , Angelo Jorge, avril 1912.

C’est par ce roman que commence l’essai de Jorge Valadas. Ça, c’est la première découverte, et par cette « narration utopique d’inspiration sociale », nous entrons directement en négatif dans le sujet, c’est-à-dire dans l’envers du décor de l’Euroland.
Car l’auteur évoque, chapitre après chapitre, toutes les manipulations et autre miroir aux alouettes que l’on brandit de manière à peine différente dans toute l’Europe, et — pourrait-on dire dans le jargon actuel — dans les pays occidentaux industrialisés. Avec cette particularité portugaise, c’est que tout y paraît accéléré question crise économique, catastrophe écologique et braderie du pays à des fins néo-libérales. La fuite en avant et le « après nous le déluge » — en l’occurrence le désert — semble la devise des politiques et des décisionnaires.

L a Mémoire et le feu de Jorge Valadas est un constat sans concessions, une analyse percutante et surtout une manière de dire : réveillons-nous ! Car les textes mis en exergue sont des repères, d’autres perspectives :

« Maudite société.
Si mal organisée.
Celui qui ne travaille pas possède tout.
Celui qui travaille n’a rien.
L’homme qui travaille ne doit rien à personne.
Celui qui ne fait rien doit tout ce qu’il a.
 »
Chanson traditionnelle.

L’urgence de l’émancipation sociale est donc plus que jamais nécessaire. Elle est dans la continuité de l’histoire.
Émancipation, espoir, rêve, mémoire…

Et comme l’écrit José Cardoso Pires cité par Jorge Valadas :
« Si le rêve est en soi mémoire, sans mémoire comment pourra rêver l’individu ? »