Chroniques rebelles
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Les anarchistes au Portugal de João Freire (CNT)
Samedi 23 février 2002. Avec Miguel Chueca et João-Manoel
Article mis en ligne le 26 novembre 2008

par CP

L’œuvre sociale des syndicalistes révolutionnaires et des libertaires espagnols est considérable et très connue dans tous les domaines. Leur lutte et leurs actions servent d’exemples et de référence, mais qu’en est-il du mouvement libertaire au Portugal ? Que savons-nous d’un mouvement qui a rassemblé beaucoup de monde jusque dans les années 20. De même que la CNT espagnole (800 000), la CGT portugaise ne comptait pas moins de 150 000 adhérent(e)s, chiffre donné au congrès de fondation de l’AIT, à Berlin en 1922.

Commençant le 5 septembre 1909 — simultanément à Porto et à Lisbonne — s’est tenu "La première assemblée nationale du siècle, déjà marquée par une orientation libertaire : […] le Congrès ouvrier syndical et coopérativiste issu d’une rupture d’avec les associations de classe contrôlées par les socialistes. […]

Parmi les délibérations prises", on peut lire :

Face au capitalisme, les ouvriers doivent, pour s’émanciper et pour réaliser leur idéal :

1) Améliorer tout de suite, continuellement, et de plus en plus, leurs conditions matérielles, acquérant le bien-être auquel ils ont droit ;

2) S’éduquer, se solidariser et exercer une action commune contre l’exploitation dont ils sont victimes ;

3) Lutter directement, sans personnes interposées, soit dans le champ professionnel, soit dans le champ de classe.
Septembre 1919 — la Confédération générale du travail (CGT) a été constituée pendant le Congrès ouvrier de Coimbra.

La résistance des libertaires espagnols a marqué les esprits alors que celle des libertaires portugais a été écrasée par une dictature qui dura un demi-siècle sans qu’il y ait d’écho international de leur lutte — après le coup d’État militaire de 1926. Rares sont les livres sur ce mouvement qui semble n’attirer l’attention qu’après la révolution des Œillets, quand le mouvement est relancé.

Quelles sont les actions, les luttes, les avancées des libertaires au Portugal ? Peut-on faire un parallèle avec la situation Espagne ? Et enfin que reste-t-il de ce mouvement libertaire dans le Portugal d’aujourd’hui ?

"L’armée est une menace pour la paix universelle et la caserne est une école du crime, de corruption et de misère."
Déclaration de principe de la Fédération des jeunesses syndicalistes datant de 1926, citée dans Les anarchistes du Portugal, publié par la CNT. C’est l’un des rares livres en français sur la question et c’est une découverte à faire.

Souvenons-nous qu’il n’existait pas d’ouvrage en français sur les IWW jusqu’en 1985 — date à laquelle les éditions Spartacus ont publié IWW et syndicalisme révolutionnaire aux États-Unis de Larry Portis —, à part quelques pages dans le livre de Daniel Guérin, Le mouvement ouvrier aux États-Unis et dans un ouvrage de Marianne Debouzy, Le capitalisme “sauvage“ aux États-Unis (1860-1900).

La révolution espagnole est certainement l’une des expériences révolutionnaires les plus importantes du XXème siècle. Mais, "Autant l’anarchosyndicalisme espagnol a été source d’inspiration", autant le syndicalisme révolutionnaire et le mouvement libertaire au Portugal ont été ignorés. Il était temps de réparer cet oubli et de rendre justice à ceux et celles qui ont lutté pour un monde égalitaire et pour l’abolition du système de domination.