Chroniques rebelles
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Maurice Rajsfus : Opération Étoile jaune suivi de Jeudi noir (Cherche midi) et La rafle du Vél D’Hiv (PUF / Que sais-je ?)
Samedi 2 mars 2002
Article mis en ligne le 26 novembre 2008

par CP

"La consigne, c’est la consigne"…16 juillet 1942, dès quatre heures du matin, 7000 policiers français participent aux "opérations de ramassage de juifs" selon la formule des autorités policières françaises.
Opérations menées avec brutalité se soldant par 13 152 arrestations au soir du 17 juillet 1942. Et pour la première fois des femmes et des enfants ont été arrêtés.

L’administration de Vichy a non seulement collaboré avec les nazis, mais elle a même anticipé leurs exigences. Le port obligatoire de l’étoile jaune imposé aux juifs, "L’opération Étoile jaune", avait débuté bien avant le 7 juin1942. Dès juin 1940, les conditions de l’Armistice ne laissaient guère d’ambiguïté sur la collaboration, en particulier l’article 3 :

Dans les régions occupées de la France, le Reich allemand exerce tous les droits de la puissance occupante. Le gouvernement français s’engage à faciliter, par tous les moyens, les réglementations relatives à l’exercice de ce droit et à leur mise en exécution avec le concours de l’administration française. Le gouvernement français invitera immédiatement toutes les autorités et tous les services administratifs du territoire occupé à se conformer aux réglementations des autorités militaires allemandes et à collaborer avec ces dernières d’une manière correcte…Message reçu cinq sur cinq : "La consigne, c’est la consigne"…

En fait, les rafles avaient commencé dès octobre 1939, quand de nombreux antifascistes allemands avaient été livrés aux nazis. Quant à "la structure concentrationnaire du pays [elle avait été] initiée"— dès 1939 — avec les camps des réfugiés espagnols fuyant le franquisme.

Pour expliquer et justifier la "purification raciale", les juifs étaient traités de "citoyens de seconde zone" :

"Il ne s’agit pas ici d’une œuvre législative destinée à fonder en droit les rapports juridiques entre telle ou telle catégorie de Français, mais de l’élaboration d’une loi d’exception, de la mise sur pied d’un statut spécial à une catégorie de citoyens qui sera désormais appelée à vivre dans l’observance de certaines règles particulières, en marge de la communauté nationale."

Exclusion nécessaire selon Christian Renaudin, diplômé d’études supérieures politiques et économiques, car "L’influence israélite dans les affaires d’un pays est nuisible à ses facultés de grandeur, au maintien de son patrimoine moral."
(Commentaire du statut des juifs, 1941.)

Quand on lit ce type de déclarations, on peut se demander comme Maurice Rajsfus dans Opération étoile jaune  : "Pourquoi les policiers qui ont pour fonction de faire respecter la loi seraient-ils moins violents dans leurs interventions que les juristes xénophobes et racistes et les politiques" ?
Les ordonnances allemandes étaient appliquées avec zèle par la police française, et sans état d’âme, "La consigne, c’est la consigne"… : avant juin 1942 et "l’opération étoile jaune", il y avait eu les juifs étrangers internés à Pithiviers, la mention "juif" apposée sur les cartes d’identité, l’interdiction d’avoir une radio, le téléphone ou même de téléphoner d’une cabine publique, l’aryanisation puis la liquidation des commerces juifs, les heures de sortie limitées, l’interdiction de changer de lieu de résidence, l’obligation de voyager dans la dernière rame du métro, l’accès interdit ou réduit dans les magasins, les lieux publics, les cinémas, les cafés, les théâtres, les salles de concert… Transgresser l’interdit c’était risquer l’arrestation, l’internement à Drancy !

La traque des étrangers, la "chasse aux juifs étrangers" et des autres pouvait continuer à grande échelle. Et "l’introduction de l’insigne distinctif des Juifs dans les territoires désignés de l’Occident, [n’était, selon les experts réunis en conférence à Berlin le 4 mars 1941,] qu’une étape dans le cadre de la Solution de la question juive européenne."

Le 7 juin 1942, "une énorme machine administrative est mise en place. […] Pour réprimer un peu plus même que ne l’exige la 8e ordonnance promulguée par les nazis. Dès l’aube, les fins limiers de la police française seront sur le sentier de la guerre raciale, dans la dignité et dans l’honneur…"

"La consigne, c’est la consigne"…