Chroniques rebelles
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Violences de la guerre
Samedi 21 mars 1998
Article mis en ligne le 14 décembre 2008

par CP

Sadija Ombavic pour les camps de réfugiées de la Vallée de la Drina, les violences au Kosovo avec Muhamedin Kullashi et Hervé Tougeron pour nous parler de Diktat , une pièce de théâtre de Enzo Cormann contre la guerre civile.

"1992, la guerre commença. Elle commença alors que personne n’aurait pu imaginer que cette tragédie puisse survenir, que cela soit si dur et si amer. Notre pays et moi avons vécu quelque chose que je ne souhaite à personne : toutes les peurs et toutes les difficultés que la guerre engendre. J’ai perdu ma maison d’enfance et la maison dans laquelle je vivais. Mais ce qui est pire encore, j’ai perdu mon fils." extrait de lettre de Fazila, réfugiée de la Vallée de la Drina, autour de Srebrenica.

Une autre réfugiée, Zejna, écrit :"Je me suis enfuie de Srebrenica le 11 juillet 1995. Quand Srebrenica est tombée, mon mari manquait. S’il vous plaît si vous savez quelque chose à son sujet, donnez-lui mon adresse : Rasovac 39 à Tuzla.".

Et cette longue lettre d’Abida qui termine en lançant un appel pour retrouver ses fils, sa fille et son mari disparus : "Je n’ai plus personne. Je demande à quiconque qui a entendu parler d’eux de m’aider à les retrouver, morts ou vivants. Aidez moi à retourner chez moi. En ce moment, j’habite Tuzla et c’est très dur." Témoignages de femmes réfugiées de la vallée de la Drina.

Tuzla, à 30, 40 kilomètres… des camps bien cachés, bien dissimulés comme si l’on tentait d’occulter les horreurs inacceptables d’une guerre en abandonnant les survivants, les survivantes d’ailleurs en grande partie, puisque les hommes ont disparu, morts, pourrissant non identifiés dans des charniers, prisonniers… On ne sait pas, on ne laisse pas les familles savoir. Comment accepter la mort des proches tant qu’un espoir de les retrouver est possible ? Tant que les questions n’ont pas reçu de réponse ? Comment croire en la paix alors que les réfugié-e-s, des femmes, des enfants, des vieillards, sont parqué-e-s et entassé-e-s dans des camps où les conditions de vie sont insupportables (pénurie d’eau potable, de soins, de nourriture) ? De quelle paix s’agit-il quand ils ne peuvent rentrer chez eux, quand ils crèvent de faim et que les criminels de guerre se pavanent sans crainte ?

Au Chili, Pinochet est devenu sénateur, une fin honorable pour un tortionnaire. Mais en ex-Yougoslavie, ce n’est guère moins révoltant : la communauté internationale offre au gouvernement serbe une "place dans l’Europe" et propose le rééchelonnement de la dette en échange de quelques concessions vis-à-vis des 90% de la population kosovare, oui les 90% d’Albanais qualifiés de "minorité nationale". Le pouvoir a attisé la haine, le racisme et il serait question à présent d’un dialogue sur une "éventuelle autonomie au Kosovo". Pendant ce temps, les camps de réfugié-e-s sont bien le dernier souci des autorités.