Chroniques rebelles
Slogan du site
Descriptif du site
Manifestations pour Gaza
27 décembre 2008 / 18 janvier 2009
Article mis en ligne le 19 janvier 2009

par CP

Samedi 3 janvier 2008 :

Images de la manifestation pour l’arrêt des bombardements sur Gaza.

Le mouvement des femmes pour la paix, comme la gauche, manifeste contre la guerre chaque jour depuis qu’elle a commencé. Cela n’est pas couvert par la presse.

Les organisations de femmes se sont réunies pour protester contre
la guerre comme moyen légitime pour régler des conflits.

« Nous, organisations de la paix de femmes appartenant à un large spectre
d’opinions politiques, exigeons la fin des bombardements et autres
instruments de mort, et appelons au commencement immédiat de
délibérations pour parler de paix et ne pas faire la guerre. La danse de
morts et des destructions doit finir. Nous exigeons que la guerre ne
soit plus une possibilité, ni la violence une stratégie, ni l’assassinat
une alternative. La société que nous voulons est une société dans laquelle
chaque personne peut mener une vie en sécurité économique
et sociale.
 »

Ahoti- pour Femmes en Israël

Anuar- Leadership des femmes juives et arabes

Artemis- Société économique pour les femmes

Aswat- Femmes palestiniennes Gay Bat Shalom

Bat Shalom

Coalition des Femmes pour la paix

Empowerment economic for Women

Groupe militant féministe de Jérusalem

Groupe militant féministe de Tel Aviv

Commission internationale des femmes : Branche israélienne

Centre féministe de Haifa

Itach : Avocates pour la Justice sociale

Centre des femmes Kol Ha-Isha - Jérusalem

Centre Mahut - Information, Formation et Emploi des femmes

Mouvement Shin

Communauté de Soutien - Centre de développement des affaires des
femmes

TANDI - Mouvement des femmes démocratiques pour Israël

Tmura : Le centre légal antidiscriminatoire israélien

Université contre le Harcèlement - Tel Aviv

Les femmes et leur corps

Le Parlement des femmes

L’esprit des femmes - Indépendance financière pour les femmes victimes de
violence.

(manifestation pour l’arrêt des bombardements sur Gaza, 29 décembre 2008)

Merci à l’émission Femmes libres (mercredi de 18h30 à 20h30) de Radio libertaire pour les informations par ailleurs si mal relayées par les médias.

"CONDAMNER LES « DEUX CÔTÉS » : PIRE QUE LES ASSASSINS !"

par Michel Warschawski

Barak, Olmert, Livni et Ashkenazi auront un jour à répondre de crimes de guerre devant une cour de justice, comme d’autres criminels de guerre. En conséquence, notre devoir est d’informer sur leurs actes et déclarations de façon à nous assurer qu’ils payeront pour les massacres qu’ils ont ordonnés et commis. Il y a cependant une seconde catégorie de criminels qui pourraient échapper aux tribunaux. Ils ne se salissent pas les mains avec le sang des civils, mais fournissent les justifications intellectuelles et pseudo morales des assassins. Ils constituent l’unité de propagande du gouvernement et de l’armée des tueurs.

Les écrivains israéliens Amos Oz, et A. B. Yehoshua sont les exemples type de tels misérables intellectuels, et ce n’est pas la première fois ! À chaque guerre, ils se portent volontaires pour l’effort de guerre israélien, sans même avoir été officiellement désignés. Leur première fonction est d’apporter les justifications à l’offensive israélienne, puis, dans un second temps ils pleurent leur virginité perdue et accusent l’autre camp de nous avoir obligés à être brutaux.

La justification fournie par Oz dans Corriera de la Serra, et Yehoshua dans La Stampa est évidemment la nécessité de réagir aux rockets sur Sderot, comme si tout commençait avec ces rockets. « J’ai du expliquer aux Italiens écrit Yehoshua dans Haaretz du 30 décembre 2008, pourquoi l’action israélienne était nécessaire.... »

Yehoshua et Oz ont tous les deux oublié 18 mois de brutal siège israélien imposé à un million et demi d’êtres humains, les privant de nécessités les plus élémentaires. Ils ont oublié le boycott israélien et international du gouvernement palestinien démocratiquement élu. Ils ont oublié la séparation forcée de Gaza et de la Cisjordanie, séparation faite pour isoler et punir la population de Gaza de son choix démocratique incorrect.

Après avoir choisi de ré-écrire la chronologie des événements, Oz et Yehoshua utilisent l’argument de la symétrie : la violence est utilisée des deux côtés et il y a des victimes innocentes à Gaza comme en Israël. En effet, chaque civil tué est une victime innocente. La chronologie et le nombre ne sont cependant pas sans rapport : 3 civils israéliens ont été tués dans le sud d’Israël, mais seulement après que l’aviation israélienne ait commis son massacre planifié dans le centre de la ville de Gaza, en tuant plus de 300 personnes. Cette position des intellectuels les plus en vue d’Israël sert de justification morale au soutien que le parti de la gauche sioniste Meretz apporte à l’agression criminelle du ministre de la défense Barak. Meretz aussi exprimera en temps voulu son opposition aux meurtres, c’est-à-dire lorsque la communauté internationale exprimera sa préoccupation pour les fautes d’Israël. Pour l’instant cette communauté internationale demeure silencieuse et semble même heureuse de la contribution israélienne à sa sainte croisade contre la menace globale islamique.

Afin de montrer sa préoccupation, l’Europe envoie une assistance humanitaire (symbolique) à la population de Gaza. En entendant le ministre français des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner soutenir l’action israélienne, en même temps qu’il annonce la décision d’envoyer des produits humanitaires à Gaza, je n’ai pu m’empêcher de me souvenir des informations sur les délégations de la Croix Rouge Internationale qui venaient visiter les camps d’extermination nazi avec des chocolats et des biscuits. Je sais que ce n’est pas la même chose, mais personne ne peut contrôler ses associations mentales. Bernard Kouchner a cependant une circonstance atténuante : les régimes arabes, en particulier celui d’Hosni Mubarak, soutiennent aussi l’agression israélienne. Et ils vont aussi envoyer du chocolat et des biscuits aux enfants de Gaza, sauf bien sûr à ceux qui gisent morts à l’hôpital de Shifa .

Michel Warschawski (le 30/12 à Jérusalem)

Info du http://www.alternativenews.org/

En voyant les images des bombardements de Gaza — l’un des endroits les plus peuplés au monde —, me sont revenues en mémoire les images du bombardement de Guernica en 1937. C’était jour de marché et c’était une population civile qui était visée. Le bombardement de Guernica a marqué le début d’une stratégie de guerre effrayante, le choix de massacrer des civils.

Aujourd’hui les autorités israéliennes parlent de « tragédie » pour qualifier la mort de civils palestiniens, mais justifient la poursuite des bombardements par la présence du terrorisme. Et la punition collective, le massacre d’hommes, de femmes, d’enfants se poursuit dans l’indifférence générale des États, même si une résolution des Nations Unies « appelle » à l’arrêt des bombardements sous réserve du contrôle du passage de Rafah. Cela n’engage à rien.

On sait ce qu’il en est des résolutions des Nations Unies concernant Israël, la résolution 242 par exemple qui demandait le retrait israélien des territoires occupés en 1967, lors de la guerre des six-jours. Le résultat de cette résolution, c’est le mur de séparation, c’est-à-dire encore plus de Palestiniens expropriés et la création de bantoustans en Cisjordanie. La lenteur diplomatique et la poursuite des massacres entérinent une situation catastrophique du deux poids deux mesures.

Les bombardements sur Gaza ont commencé à la sortie des écoles et, même si les bombes étaient destinées, selon les discours officiels aux « terroristes du Hamas » — formule consacrée par les militaires et les politiques israéliens —, il était évident que des civils, notamment des enfants seraient touchés. Quiconque est allé à Gaza ou a vu des reportages sur cette bande de terre, sait qu’il est impossible de se mettre à l’abri des bombes dans les camps de réfugié-e-s.

À Gaza, ce sont les mêmes images de désolation et d’horreur qu’à Guernica en 1937, la même mauvaise foi et le même cynisme de la part des États. Une commisération affectée au mieux, ou un mépris affiché de la vie des innocents.

« Gaza affamée. Gaza assiégée. Gaza bombardée ! » pouvait-on lire sur l’une des banderoles de la manifestation de samedi dernier, 3 janvier, ou sur une autre, « Encore combien de morts ? »
Depuis, le bilan s’est alourdi, les écoles de l’UNWRA ont été bombardées au prétexte que des batteries de combattants étaient installées sur les toits.

L’entrée des journalistes est interdite à Gaza pour cause de « sécurité », sauf pour ceux qui sont choisis et embarqués avec l’armée israélienne…

Quant à la population palestinienne, elle est prise au piège, sans refuge et sans possibilité de soigner les blessés. Et côté israélien, on blâme les victimes, pratique récurrente… Les accusations de terrorisme sont brandies à propos d’une population qui vit sous blocus depuis des mois, avec 80 % de chômage.

Il ne fallait pas élire le Hamas peut-on entendre… Comme en 1937, à Guernica, il ne fallait pas élire les républicains…

« Encore combien de morts ? » Gaza, Jenine, Sabra, Chatila… Combien de morts pour une paix juste au Moyen-Orient ? Pour l’autonomie de la population palestinienne ? Pour la liberté de circulation entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza ? Pour l’arrêt du blocus ?

Les Palestinien-ne-s « dérangent » tout le monde par le simple fait de ne pas quitter leur région où les enjeux sont essentiels pour les puissances mondiales et le capitalisme.

Les libertaires espagnols, les anarchistes ont « dérangé » les États en 1936. L’élan libertaire, les collectivisations ont effrayé et la réponse a été le pacte de non agression face aux attaques fascistes que subissait l’Espagne libertaire et républicaine.

Manifestation contre les bombardements sur Gaza, Tel Aviv, 8 janvier

http://www.youtube.com/watch?v=mc9DN2Oi0-w&eurl=

Samedi 17 janvier 2009

«  J’avais 17 ans en 1939 et j’étais sioniste. À cette époque, les villages étaient vendus par des “effendis” qui n’habitaient même pas en Palestine. Je me souviens que deux villages avaient été acquis ainsi et tous les colons étaient mobilisés pour récupérer les terres, chasser les villageois-es et détruire les villages. Quand j’ai vu les Palestiniennes se coucher sur le sol pour en quelque sorte tenir la terre, j’ai compris ce qu’était le sionisme. C’est à ce moment que je suis devenu antisioniste. Mes parents n’auraient pas fait cela, mais pour ces femmes, la terre c’était tout. Plus tard, j’ai refusé de tirer sur les voleurs de légumes qui venaient la nuit dans nos potagers. J’ai été exclu de la Haganah, ou plutôt je me suis chassé moi-même. » Nissan Rilov.
Nissan Rilov était peintre, il a quitté Israël en 1954. Je l’ai rencontré à Paris, il y a un peu plus de deux ans… Il a travaillé avec les enfants des camps de réfugié-e-s de Jenine et avec Arna Mer-Khamis.

Arna Mer Khamis qui disait en 1992 : « Le sionisme se base sur l’idée du grand Israël « nettoyé » des Arabes et toute l’idéologie tend à trouver des solutions pour se débarrasser d’eux. Il repose sur le racisme et nous en voyons chaque jour l’application dans la politique. Le racisme est une maladie sociale exploitée par les autorités pour parvenir à leurs fins. C’est émotionnel, comme la religion. Haïr devient alors facile. C’est si profondément ancré dans les mentalités de la société israélienne que cela en est effrayant. Toute ma vie, je me suis heurtée au racisme. Je ne suis pas une politicienne parce que je refuse l’hypocrisie, mais je suis convaincue que nous ne pourrons rien construire de durable dans cette société en l’absence d’une constitution qui rejette toute forme de discrimination. » Arna a reçu un prix alternatif pour la paix en 1993 et a construit un théâtre pour les enfants de Jenine.

Avec la déshumanisation et la diabolisation des Palestinien-ne-s, on peut programmer la liquidation de civils sans que cela paraisse, aux yeux de leurs auteurs, un crime contre l’humanité. Pour mémoire, Menahem Begin dirigeait à partir de 1942 un groupe paramilitaire créé en 1930, l’Irgoun. L’Irgoun organisa, avec le groupe Stern d’Yitzhak Shamir, le massacre des habitant-e-s de Deir Yassine : le 9 avril 1948. Vols, viols et liquidation systématique de 254 femmes, hommes, enfants, vieillards. Les habitant-e-s de plus de cinq cents villages palestiniens, moins connus que Deir Yassine, ont connu le même sort.

En juin 1982, le gouvernement israélien de Menahem Begin — dans lequel Ariel Sharon est alors ministre de la Défense — lance l’opération « Paix pour la Galilée » en bombardant Beyrouth et en envahissant le sud du Liban. L’armée israélienne fait le siège de Beyrouth jusqu’au départ, début septembre, des forces armées de l’OLP qui reçoit des garanties sur la sécurité des civils dans les camps de réfugié-e-s. Les troupes israéliennes occupent Beyrouth Ouest et encerclent les camps palestiniens de réfugié-e-s de Sabra et Chatila. Dans la nuit du 16 au 17 septembre, des groupes de phalangistes, avec l’accord du commandement israélien, pénètre dans les camps : c’est le massacre systématique de la population civile palestinienne. Au lendemain de cet horrible massacre, des manifestations ont lieu en Israël et des mouvements se forment regroupant des femmes, des intellectuel-le-s, des militant-e-s contre la guerre. Une commission d’enquête est nommée par la Knesset sous la pression des manifestant-e-s et conclut à la responsabilité directe d’Ariel Sharon pour les massacres. Mais, « malgré l’évidence du “massacre criminel” », qualification du Conseil de sécurité […], le « responsable de ces massacres […] et les exécutants, n’ont jamais été
poursuivis
 ».

La constante déshumanisation des Palestinien-ne-s permet des crimes contre l’humanité comme à Sabra et à Chatila, en 1982, et aujourd’hui à Gaza. « Il est temps[déclarait Lea Tsemel, avocate israélienne] que notre armée et notre police comprennent qu’ils ne peuvent pas traiter les Palestinien[ne]s comme des êtres inférieurs au mépris total des droits humains ».

Décembre 1987, début de la première Intifada qui, jusqu’en 1993, fait des milliers de morts dont des jeunes, des enfants qui reviennent de l’école, encore une fois des civils.

1993. Les accords d’Oslo font naître un grand espoir de paix, mais la colonisation s’accélère à Jérusalem et en Cisjordanie… Septembre 2000, la seconde Intifada commence en réponse à la provocation de Sharon. En 2002, ce sont les massacres de civils des camps de Jenine et à Naplouse.

27 décembre 2008, début des bombardements de Gaza. Plus de 1200 morts et de 5000 blessés. Les civils pris en otage par les bombardements, les blindés et les combats de rue.

Qui parle des manifestations israéliennes contre les bombardements de
Gaza ? Qui parle des manifestations interdites et quotidiennes en Tunisie ?

« Pour en finir avec le Hamas » disent les autorités israéliennes…
Plus de la moitié des victimes sont des enfants, des femmes… Les récits les plus horribles s’enchaînent… Une femme, le visage arraché, un enfant décapité, des milliers de blessés, dont certains agonisent faute de soins dans des hôpitaux totalement débordés, des hôpitaux bombardés…

Et pendant ce temps, on parle de « belligérants » dans les médias !
Mais dans quelle catégorie met-on les enfants palestiniens qui meurent sous les bombardements israéliens ? Quelle chance ont les Palestiniens d’échapper aux massacres quand ils et elles ne peuvent pas sortir de la bande de Gaza ? Et d’ailleurs pour aller où ?

À la veille des bombardements sur Gaza, deux étudiantes palestiniennes de Cisjordanie disaient, dans un entretien, que les jeunes, surtout les garçons, étaient considérés comme des terroristes par les soldats israéliens. Alors, dans ces « combats de rue », qui est combattant du Hamas et qui est civil ?
« Gaza affamée. Gaza assiégée. Gaza bombardée ! » Gaza sacrifiée. On parle d’offensive pour les élections : la punition collective de toute la population de Gaza ! Un massacre à terminer, donc planifié, avant l’investiture de Barak Obama. Décidément l’indécence et le cynisme n’ont plus de limites…
Deir Yassine, Sabra, Chatila, Jenine, Gaza… « Encore combien de morts », d’handicapés à vie pour une paix juste au Moyen-Orient ? Pour l’autonomie de la population palestinienne ? Pour la liberté de circulation entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza ? Pour l’arrêt du blocus ?

« Violations du droit humanitaire » déclare l’ONU en condamnant l’intervention militaire israélienne. Mais quelles sont les résolutions de l’ONU qui ont été respectées par les différents gouvernements israéliens depuis 1967 ? À commencer par la résolution 242 qui demandait le retour aux frontières d’avant la guerre des six jours ? Les résolutions de l’ONU n’ont pas d’effet, sinon d’annonce. Comme l’a dit Elias Sambar, les autorités israéliennes ne sont pas hors-la-loi, elles sont « au-dessus » des lois.