Chroniques rebelles
Slogan du site
Descriptif du site
Les Éditions du Monde Libertaire
Samedi 28 février 2009
Article mis en ligne le 1er mars 2009
dernière modification le 7 mars 2009

par CP

Avec Patrick Schindler, auteur de 1998-2008. Une décennie de luttes sociales.

Et René Berthier, auteur de trois ouvrages :

La Palestine au pied du mur

Un Voile sur la cause des femmes

Digressions sur la révolution allemande

Les éditions du Monde libertaire fonctionnent de manière autonome. La personne mandatée en congrès s’entoure d’une équipe de militants et militantes de son choix pour gérer les éditions. Cette équipe est en relation étroite pour faire le point sur les projets en cours, les thèmes à aborder, la diffusion des éditions, la présence sur les salons… L’équipe est bénévole, et les bénéfices des ventes sont intégralement investis dans la réalisation de futures productions. [1]

1998-2008. Une décennie de luttes sociales de Patrick Schindler. Voilà un livre qui présente tout un panorama des luttes menées sur de nombreux fronts, et de larges domaines… Des luttes vécues pour certaines et analysées par un militant anarchiste. C’est à feuilleter, à lire, comme un feuilleton, et ça donne une perspective dynamique de l’engagement libertaire.
Des milliers de grains de sable pour gripper la machine du système, des mots, des actions qui provoquent la réflexion, les débats, la prise de conscience, et des idées qui fédèrent les luttes et toutes les personnes qui refusent la fatalité du libéralisme et des inégalités.

Les droits des femmes sont actuellement rognés et attaqués. En France, le planning familial voit ses moyens réduits, ce qui se traduit par des fermetures de centres du planning, donc par l’absence d’informations aux personnes en difficulté. Le sujet de l’avortement étant tabou en France, on imagine d’ores et déjà les conséquences dramatiques pour les femmes et les détresses humaines d’enfants non désirés, alors que s’accélère le retour en force des clichés religieux et des allusions à la religion. Tout, paraît-il, revient au sacré. Belle ellipse pour ne plus faire mention de liberté !

Un Voile sur la cause des Femmes de René Berthier analyse le phénomène de déconstruction du modèle idéologique religieux à la source de l’oppression des femmes dans les pays dits musulmans.
Mais si «  la question du voile revient de façon récurrente sur le devant de la scène politique et médiatique » depuis 1989, cela pose une question fondamentale : pourquoi n’évoque-t-on qu’ensuite, et accessoirement, les différents codes de la famille mis en place dans les pays dits musulmans ? Car, si le foulard, ou le voile, peut paraître une mesure des religieux pour asseoir leur autorité, il n’en reste pas moins que cette imposition, cette préconisation, cette recommandation n’est possible que lorsqu’un code de la famille régit les droits des femmes… Ou plutôt, le déni de leurs droits. Et cela, c’est politique !

Et ce sont ces codes de la famille qu’analysent les femmes, de même que les mentalités, à l’image de Diana el Jeiroudi, réalisatrice syrienne du film sur la Barbie orientale, Fulla, où elle fait le parallèle entre la vie d’Une femme de Damas [2] et la conquête du marché des jouets par une poupée modèle. « La pratique de la religion est terrible comme idéologie mais aussi en raison des pressions exercées par les structures religieuses — les cheiks, les imams — qui en font souvent une interprétation détournée. En outre, l’éducation des femmes est médiocre comme les moyens éducatifs mis à leur disposition. Les femmes sont dans une situation difficile. Elles sont sans doute moins malmenées et brutalisées qu’aux États-Unis, mais elles doivent se battre pour obtenir un tant soit peu d’autonomie. La loi leur donne des droits, mais la société les empêche de les obtenir. »

Pour chaque pays, le code de la famille est différent, et il arrive qu’il soit même pire que la Charia. Par exemple, le code de la famille, voté par le Parlement algérien en 1984, est certainement l’un des plus terribles. Avec ce code — voté par une nuit d’été (les méthodes sont les mêmes, plus de 130 années de colonisation laissent des traces !) —, avec ce code, les femmes sont des mineures à vie.

Quand il s’agit de droits, des questions simples sont à poser : une femme a-t-elle le doit de prendre un travail sans l’aval d’un « tuteur » masculin ? Peut-elle disposer d’un passeport à sa demande ? Peut-elle divorcer au même titre que son compagnon ? Dans le cas d’un héritage, la fille reçoit-elle une part égale à celle du fils ? Quels sont les droits et la part de l’épouse ? L’IVG est-elle autorisée ? Le statut de mère célibataire est-il reconnu ? cela permet de situer la part des droits « accordés » aux femmes ! [3]

Poursuivons la réflexion en général sur l’égalité/l’inégalité des droits, car, ces jours-ci, d’étonnantes dérives s’opèrent dans les pays dits démocratiques. Et s’agissant des tabous, le livre de Patrice Schindler en soulève plus d’un, dans notre société comme ailleurs.

La lutte demeure nécessaire. Rien n’est acquis. La propagande des idées réactionnaires et liberticides est efficace, mais « les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux » !

Alors, pour reprendre les paroles d’une chanson de Percy Shelley :
« Secouez vos chaînes ! Vous êtes beaucoup et ils sont peu ! »

«  Oser lutter contre l’oppression d’où qu’elle vienne. Oser vaincre le robot ou le flic que le capitalisme a voulu faire de chacun ou chacune de nous. Réapprendre à aimer, à jouir, à être ensemble, à créer notre vie, à faire la révolution par tous les moyens. » Tout (journal du FHAR)