Chroniques rebelles
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Bienvenue à Hébron/Welcome to Hebron. Documentaire de Terje Carlsson
Entretien avec Christine Chamoun
Article mis en ligne le 23 septembre 2009

par CP

Le Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier propose depuis plusieurs années des documentaires de très grande qualité. Cette année encore, pour sa trentième édition, une sélection très intéressante a été présentée au public, et notamment sous le thème Israël/Palestine, deux documentaires remarquables,
Bienvenue à Hébron  [1] de Terje Carlsson et Pour voir si je souris de Tamar Yarom [2]. Le choix de montrer ensemble ces deux films participe de la volonté de comprendre une situation de plus en plus intenable. Ce sont deux visions différentes, deux axes différents d’approche certes, mais une même aliénation et un même enfermement construits sur l’occupation d’une population par une autre. Les questions évoquées dans les deux documentaires se font l’écho d’une souffrance et du piège stérile d’une situation sans issue.

Quelles sont les conséquences de la militarisation de la société israélienne ? Quels en sont les effets directs sur les relations sociales et sur les personnes, occupées et occupantes ? Quelle est la part d’institutionnalisation de la violence, justifiée et entretenue par une propagande de la peur ? Les deux films montrent simplement, crûment, les effets d’une situation politique complexe avec, en toile de fond, une violence inouïe et banalisée. L’originalité des deux films réside d’abord dans le choix de l’angle pour aborder la situation, c’est le point de vue des femmes qui permet une réflexion profonde sur l’occupation, la responsabilité collective et la manipulation des esprits. C’est aussi des regards de l’intérieur, regards qui se croisent, à contre-courant des images habituelles, monopolisées la plupart du temps par les hommes.

Pour la réalisation de son documentaire, Bienvenue à Hébron , Terje Carlsson a passé trois ans dans cette ville, et Christine Chamoun, qui l’a assisté et a coordonné les entretiens avec les femmes, un an et demi. Leur travail est minutieux, les entretiens permettent de pénétrer la réalité quotidienne des problèmes vécus par les Palestiniens et de prendre la mesure de la « haine de l’autre » qui est développée chez les enfants des colons. Fait d’autant plus insupportable que ce sont des adolescentes contre des adolescentes et que la violence est ordinaire, banale.

Or, est-il possible de construire une société (ou deux sociétés voisines) sur une base de violence latente de la part d’une partie de la population sur l’autre ? Dans Bienvenue à Hébron , la relation occupant/occupées est au centre de la problématique de la région. Elle décide des droits et de l’absence de droits sans qu’il soit possible d’opposer un quelconque argument à l’arbitraire et à la déraison. On peut écrire sur une porte « Gazez les Arabes » ou lancer à un groupe de jeunes filles palestiniennes « À mort les Arabes » et, en même temps, se déclarer victime de la vindicte internationale. Le phénomène connu du « Blaming the victims » est certainement la clé du comportement en partie inconscient des enfants qui subissent la propagande extrémiste des colonies.

Aux enfants qui crient « Israël est notre pays, il n’y a pas de Palestine ! », que répliquent les soldats ? Rien. « Je vois, dit l’un d’eux à la jeune Palestinienne blessée par une pierre, mais on ne peut rien faire. » Ce sont 600 colons et 4 000 militaires qui font la loi dans une ville de 150 000 Palestiniens. Yehuda Shaul, qui a passé 14 mois de son service militaire à Hébron, décrit le rôle des soldats : « Tu envahis une maison dans la vieille ville pour faire sentir ta présence. Tu fais du bruit, tu tires en l’air pour dire : “c’est nous les chefs” ! C’est le moyen d’opprimer, d’occuper des civils. »

De son côté, Leila commente : « Il suffit que tu dises que tu es Palestinien pour que tout le monde te considère comme un terroriste. » Et elle ajoute : « Pour un soldat, je suis une menace. » En effet, c’est la vision propagée, les enfants sont fouillés aux checkpoints et les commerçants doivent vite dégager le marché au bon vouloir des autorités militaires. La responsabilité de la situation n’est pas à reprocher seulement aux colons explique Yehuda. « Le nettoyage, la “stérilisation” des rues est faite par les soldats. Tout fait partie de la politique ici. On doit maintenir la colonie au milieu de la ville. 600 colons au milieu d’une ville de 150 000 Palestiniens. Pour que les colons vivent une vie normale, les “fantômes” autour d’eux doivent payer le prix. Ce ne sont jamais les colons qui payent le prix, c’est toujours les Palestiniens. »

Et ils payent le prix fort. « Personne ne connaît la réalité sur les Palestiniens et les Israéliens », affirme Leila. Peut-on d’ailleurs imaginer que les soldats, qui laissent les colons faire la cueillette des olives dans les jardins palestiniens de Tel Rumeida, empêchent les Palestiniens de ramasser leurs fruits dans ces mêmes jardins ?

Sur place, « on perçoit la situation de façon différente » constate Christine Chamoun qui nous a accordé un entretien pendant le festival de Montpellier. « On doit continuer à vivre avec tout ça, dit Leila dans Bienvenue à Hébron, si on ne s’habitue pas, on sera en colère tout le temps. »

Christine Chamoun : Quand on habite en Palestine, on perçoit la situation de façon différente parce qu’on la vit au quotidien. La question en fait qui se pose est : comment l’occupation affecte la vie quotidienne de ces enfants ? C’est ce qui a motivé la réalisation du film et Terje avait cette question sans cesse en tête. Il a voulu se concentrer sur les femmes parce que, dans les medias occidentaux, c’est toujours l’homme arabe, agressif, avec les pierres, qui est montré, mais jamais les femmes. C’est pourquoi, il s’est concentré sur les femmes et sur cette jeune fille, Leila, qui est volontaire et a une forte personnalité. Ce qu’il a aimé chez elle et Feryal, sa mère qui est enseignante à l’école de Cordoba [3] à Hébron, c’est que ce ne sont pas des victimes, ce sont des femmes fortes qui vivent et gèrent une situation difficile. C’est ce qui donne une part d’espoir dans le film. La situation est très dure, mais Leila ne se décourage pas.

Larry Portis : Cette famille est exceptionnelle ?

Christine Chamoun : On m’a déjà posé la question, et je pense que non. La personnalité de Leila est exceptionnelle, mais j’ai rencontré d’autres jeunes filles à Hébron, tout aussi fortes. Leila n’est pas la seule.

Larry Portis : Ce courage, cette capacité de faire front à toutes les difficultés, est-ce typique des Palestinien-ne-s ?

Christine Chamoun : C’est intéressant ce que vous dîtes, je suis d’origine libanaise, et quand on vit une situation de conflit, il est vrai que cela forme. Les Palestinien-ne-s avec tout ce qu’ils ont vécu, c’est aussi leur façon de survivre et de faire face. La différence entre les hommes et les femmes — et je trouve cela très intéressant à Hébron —, c’est que l’occupation a ôté leur dignité aux hommes. Ils se sentent complètement affaiblis par l’occupation. Ils ne peuvent plus protéger leur famille et sont presque apathiques. Certains marchent même le dos courbé, alors que les femmes n’ont pas le temps de s’appesantir sur leur ressenti, elles doivent gérer la famille, en assurer la cohésion, s’occuper des enfants…

Larry Portis : Les hommes sont plus humiliés ?

Christine Chamoun : Oui, parce que le rôle de l’homme, spécialement au Moyen-Orient, est d’être le protecteur de la famille, le chef de famille. Si on lui ôte ce rôle, il se sent perdu.

Larry Portis : Est-ce que cela les rend moins machos ?

Christine Chamoun : Moins machos, non. Certainement pas, mais ils ne savent plus comment gérer la situation. Le rôle des femmes est de préserver la famille, d’en assurer les liens. C’est très intéressant dans le contexte d’Hébron parce que toutes les femmes que j’ai rencontrées sont extraordinaires.

Christiane Passevant : Avez-vous constaté une différence entre les femmes qui vivent à Hébron une situation particulièrement difficile et les femmes qui sont dans les camps en Cisjordanie ou, encore pire, dans la Bande de Gaza ?

Christine Chamoun : Je ne suis pas allée à Gaza et, honnêtement, pas très souvent dans les camps palestiniens, mais je pense que oui. Pour moi, c’est différent. La ville d’Hébron est divisée entre cette petite enclave, sous contrôle israélien, et la plus grande partie qui est palestinienne. Les femmes vivant dans cette enclave ont un regard différent, une force qui leur est commune. Leur quotidien ne ressemble pas à celui des autres femmes, elles ont chaque jour des soldats israéliens à leur porte.

Christiane Passevant : Est-ce qu’il y a des familles monoparentales à Hébron ? Par exemple des familles dont le père est en prison ou décédé ?

Christine Chamoun : Absolument et elles sont nombreuses. Les familles, comme celle de Leila, sont souvent séparées par les conditions imposées par l’occupation. Le père de Leila n’est pas dans le film parce qu’il travaille à Ramallah et ne revient que tous les deux mois dans sa famille. Il est très difficile de trouver du travail et ce sont des femmes qui gèrent le quotidien. Le père est loin, il ne rentre pas souvent et cela leur donne une certaine autonomie.

Christiane Passevant : Où se passe la scène lorsque les jeunes filles sont attaquées et caillassées et que l’une d’elles est blessée par une pierre ?

Christine Chamoun : C’est en revenant des cours. Ce type d’incident est hélas fréquent puisque les familles palestiniennes et les familles israéliennes sont voisines. L’école de Cordoba se trouve au-dessus de la colonie israélienne et c’est le seul chemin possible pour les élèves. Les familles israéliennes, qui habitent Hébron, utilisent les enfants comme agresseurs. Et ce qui est très gênant dans cette scène, c’est que ce sont des enfants qui agressent d’autres enfants. Les enfants israéliens, qui sortent de l’école avant les Palestiniens, les attendent pour les attaquer.

Christiane Passevant : Dans le film, l’explication donnée par l’ancien officier, commandant à Hébron, est, d’une part, que les enfants de colons sont élevés dans la haine de l’autre, mais, d’autre part, il met aussi en question la responsabilité des militaires. On le voit bien dans cette scène où les soldats ne font absolument rien pour assurer la protection des enfants palestiniens. Ils restent passifs et n’empêchent pas les jets de pierres.

Christine Chamoun : Et pourquoi ? Je me suis posé la question pendant tout mon séjour. J’étais très en colère vis-à-vis des soldats et de cette société. Je sais qu’ils ont des instructions, mais les soldats sont des êtres humains… Alors, comment supporter sans réagir de voir des enfants ainsi agressés et maltraités ? La raison est peut-être celle que donne l’amie de Leila : « ils ne sont pas là pour nous, mais pour protéger les colons. ». C’est leur mandat, point final. Très peu d’entre eux ont le courage de réagir.

Larry Portis : Avez-vous rencontré des difficultés pour filmer dans de telles conditions, surtout en tant qu’étrangers ?

Christine Chamoun : Mon compagnon est le réalisateur et le caméraman du film. Il a filmé toutes les scènes d’extérieur. Je l’ai assisté pour les entretiens, les scènes à l’intérieur avec les femmes. Terje n’aime pas parler de ça, car il ne veut pas qu’on le prenne pour une victime. Mais c’était difficile, les colons n’aiment ni les étrangers ni qu’on les filme.

De plus, Terje est immédiatement repérable, il est suédois, grand et blond. Il a beaucoup filmé, par exemple lorsque les colons l’ont attaqué en le traitant de nazi et en lui criant de rentrer à Auschwitz. Il a été maltraité et on lui a jeté des pierres.
Il a toutefois fini par nouer des relations avec les soldats. Ils viennent de Haïfa, Tel-Aviv et, en fait, ils ont peur. Les soldats travaillent en rotation et l’équipe change tous les trois mois. Terje a constaté qu’au début, les soldats nouvellement arrivés étaient très stricts. Ils ne voulaient pas qu’il filme car ils craignaient que cela ne déclenche des incidents. Mais après quelque temps, eux-mêmes en avaient marre des colons. Les colons sont parfois agressifs envers les militaires, ils jugent que ces derniers ne font pas leur travail. Et, au bout de trois ou quatre semaines, les jeunes militaires se rendent compte qu’Hébron n’est pas aussi dangereux qu’on leur a dit, que les enfants palestiniens ne sont pas des terroristes et ils commencent à avoir des relations, notamment avec les enfants qu’ils voient chaque jour. Peut-être sont-ils aussi contents que des étrangers comme nous racontent une situation dont ils ne peuvent rien dire.

Christiane Passevant : Une question par rapport à cet ancien officier qui a été un responsable militaire à Hébron pendant plusieurs années. Il analyse la situation de manière extrêmement critique et lucide et dit au cours de l’entretien : « S’il n’y a pas une réflexion sur cette situation, cela va à la catastrophe. » Comment l’avez-vous rencontré ?

Christine Chamoun : Yehuda Shaul a fondé une association israélienne, Breaking the silence (Rompre le silence). Avec ses amis, qui ont également fait leur service militaire, ils expliquent ce que signifie le service militaire dans les territoires occupés palestiniens. Nous l’avons rencontré au cours d’une exposition sur ce même sujet à Tel-Aviv. C’est un homme formidable. Terje est en ce moment en Israël pour faire un film avec Yehuda sur le thème : quel est l’effet de l’occupation sur la société israélienne ? Yehuda organise actuellement des visites guidées à Hébron. Il emmène des Internationaux, des Israéliens sur place pour leur montrer la réalité sur le terrain. Chaque fois, il doit affronter les colons de plus en plus menaçants et il nécessite parfois une escorte policière pour sa sécurité. La semaine dernière, il a accompagné des personnes du consulat britannique. Yehuda est très déterminé, il dit lui-même : « on m’a envoyé là-bas, je n’avais pas le choix. Je l’ai fait pour la société israélienne et j’ai réalisé que l’armée n’était pas là pour protéger les frontières, mais pour occuper une population, des civils palestiniens. Il faut le vivre pour comprendre. »

Larry Portis : Êtes-vous entré dans une colonie pour interviewer des colons ?

Christine Chamoun : Non. Terje a essayé. Il existe un bus de Jérusalem à Hébron que prennent les Israéliens et les touristes et il l’a pris. Mais les colons se méfiaient et cela a été un échec.

Larry Portis : C’est difficile de comparer les jeunes filles qui habitent la colonie, avec Leila, intelligente et cultivée ?

Christine Chamoun : C’est impossible. Terje voulait surtout parler du quotidien sous l’occupation à travers Leila qui est palestinienne, à travers son ressenti et sa perception. Il hésité un moment à mettre Yehuda dans le film parce qu’il disait : pourquoi a-t-on besoin d’un Israélien pour justifier ce que dit Leila ? Pourquoi sa voix n’est-elle pas suffisante ? Il s’est ensuite rendu compte que la seule voix de Leila n’était pas suffisante. Le conflit est tellement émotionnel qu’on aurait pu l’accuser d’antisémitisme et de manquer d’objectivité avec la seule approche de Leila.

Christiane Passevant : Au tout début du film, on voit des jeunes filles israéliennes extrêmement agressives vis-à-vis de femmes et d’enfants et qui disent : « À mort les Arabes ! »

Christine Chamoun : Cette scène est très choquante pour tout le monde. Quand j’étais là-bas, comme je l’ai dit, j’étais en colère. Avec le recul et après avoir revu le film et cette scène en particulier, ce qui me frappe, c’est que les jeunes filles, de part et d’autre, sont des victimes. Ces jeunes des colonies sont des victimes car elles ignorent ce qu’elles font. Un jour peut-être, elles se rendront compte, quand elles auront des enfants, et elles vont souffrir de cela. En fin de compte, cela montre que non seulement les Palestiniens sont traumatisés, mais aussi les enfants israéliens qui vivent cette situation. On ignore quelle sera par la suite la répercussion de ce climat sur la société palestinienne. Ces enfants représentent la nouvelle génération.

Larry Portis : Il y a pourtant des différences au plan des mentalités. Dans le film, on voit sur une porte un slogan inscrit — « Gazez les Arabes » — et on entend les adolescentes dire, « À mort les Arabes », mais on entend pas les Palestinien-ne-s dire l’équivalent. Alors, est-ce la réalité ?

Christine Chamoun : La réalité est que tous les Israélien-ne-s ne pensent pas comme cela. Ce groupe, vivant à Hébron, est minoritaire, religieux et extrémiste. Ils refusent de voir les Palestiniens. Pour eux, la Bible dit que cette terre leur appartient et ils sont aveugles au reste. Ils sont également convaincus d’être les seules véritables victimes dans le monde, convaincus d’avoir subi une tragédie jamais vécue par d’autres. Ils ne se rendent pas compte qu’ils reproduisent la même tragédie vis-à-vis des Palestiniens. Quand j’ai vu pour la première fois sur la porte l’inscription « Gazez les Arabes », je me suis dit que ce n’était pas possible. Qui a écrit cela et pourquoi ?

Larry Portis : L’une des premières séquences du film est l’explication de Leila qui met son foulard. Quelle est la signification de ce choix ?

Christine Chamoun : Nous avons beaucoup discuté ce choix. J’ai pensé que ce plan n’était pas dans le sujet du film, qui n’est pas la religion, et je n’étais pas favorable à le garder au montage. En fait, cela fait partie de l’identité de Leila et, finalement, nous avons respecté son choix. Pour elle, c’était important de montrer au public occidental, européen, que même une musulmane est une jeune fille comme les autres. Elle n’est ni barbare ni extrémiste, mais moderne et cultivée, et elle a pensé qu’il était important d’en parler. C’est son choix.

Larry Portis : Était-ce aussi par rapport à ce qui se passe en Europe ?

Christine Chamoun : Absolument. Dans le film, elle dit que les Palestiniens sont souvent considérés comme des terroristes et elle pense que cette impression négative touche également la perception générale que les Occidentaux ont des musulmans. Je crois qu’elle a voulu montrer qu’elle portait un foulard et qu’elle était une fille comme tout le monde.

Christiane Passevant : La mère de Leila est d’origine roumaine ?

Christine Chamoun : Elle est d’origine roumaine et son père est palestinien. Il est allé en Roumanie pour ses études de médecine et y a rencontré son épouse. Après les Accords d’Oslo, comme beaucoup de Palestiniens, il a décidé de revenir en Palestine. Il a cru à la paix. Leila avait 6 ou 7 ans quand la famille est venue vivre à Hébron.

Christiane Passevant : Une question plus personnelle, vous êtes-vous, en tant que Libanaise, intéressé à la situation des réfugiés palestiniens au Liban ?

Christine Chamoun : J’aimerais beaucoup. En ce moment, je travaille pour les nations unies, pour le HCR, et je souhaite aller au Liban l’année prochaine et aborder ce sujet avec les Libanais. Cette question est très compliquée. D’ailleurs, quand je vais au Liban, je ne parle pas de ce problème dans ma famille ou avec mes ami-e-s, même si l’on connaît mon travail et mes engagements. Je suis perçue comme faisant partie de la communauté chrétienne libanaise et on ne veut pas savoir ce que je fais. Au Liban, les Palestiniens sont considérés comme trop impliqués dans la guerre civile. Les Libanais n’ont pas de recul et la rancœur est tenace. Les gens ne voient pas la différence entre la population civile et les militants. J’aimerais faire quelque chose au Liban et pouvoir expliquer la situation… ne serait-ce qu’en diffusant ce film par exemple.

Christiane Passevant : Quelle est la diffusion du film actuellement ?

Christine Chamoun : La télévision suédoise a été la première à acheter le film et à le diffuser. Une dizaine de festivals l’ont sélectionné et nous venons de signer un contrat avec un distributeur, alors peut-être peut-on espérer de voir un jour le documentaire programmé sur France 3 ou Arte ou Al Jazira.

Larry Portis : Et aux Etats-Unis ?

Christine Chamoun : Nous avons essayé, mais nous faisons ce travail nous-mêmes, avec nos propres moyens, et cela prend énormément de temps. Terje visait surtout Israël et les Etats-Unis avec ce documentaire, mais les festivals de Haïfa et de Jérusalem l’ont refusé. Nous continuons car le film leur est destiné en priorité.

Larry Portis : Le film sera-t-il disponible en DVD pour les associations et les réseaux alternatifs par exemple ? [4]

Christine Chamoun : Oui. Nous avons un distributeur en Suède qui répond aux associations et nous avons déjà eu des demandes. Terje va souvent dans des débats à partir du documentaire pour discuter la situation. Il est possible de le contacter et de l’inviter pour venir parler de son film.

Cet entretien avec Christine Chamoun a eu lieu durant le 30e Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier, le 26 octobre 2008.
Présentation, notes et transcription, Christiane Passevant.

Pour voir des extraits du film :

http://www.youtube.com/watch?v=X9nWCvDG8NE&fmt=18

Pour vous procurer le DVD :

Info@mercurymedia.org

Festivals en Europe et en Australie où Bienvenue à Hébron / Welcome to Hebron a été sélectionné

— Stockholm International Film Festival, Suède (novembre 2007)

— Oslo International Film Festival, Norvège (novembre 2007)

— International Children & Young People´s Film Festival, Malmö, Suède (mars 2008)

— Huesca Film Festival, Espagne (juin 2008)

Auburn International Film Festival Children & Young Adults, Australie (septembre 2008)

— Split International Film Festival, Croatie (septembre 2008)

— Terra di Tutti Film Festival, Bologna, Italie (octobre 2008)

— FICI International Children and Young Film Festival, Madrid, Espagne (novembre 2008)

— Kassel Documentary Film and Video Festival, Frankfurt, Allemagne (novembre 2008)

— Northern Lights Film Festival, Newcastle, Angleterre (décembre 2008)

Prix du public :
Terra di Tutti Film Festival, Bologna, Italie.


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