Chroniques rebelles
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Trois romans, trois styles, quatre auteur-es, un constat, celui d’une société de plus en plus aliénante, injuste, autoritaire…
Samedi 23 octobre 2010 (rediffusion)
Article mis en ligne le 25 décembre 2010
dernière modification le 26 décembre 2010

par CP

TUE TON PATRON

De Jean-Pierre Levaray (Libertalia)

LA RÉVOLUTION DU GRAND RENONCEMENT

De Fabien Ollier et Nathalie Vialaneix (Sulliver)

BARCELONE

De Miranda Caserio (éditions du Monde Libertaire)

Avec trois comédiens : Jean-Luc Debry, Nicolas Mourer et Serge Utgé-Royo.

Deux auteurs : Fabien Ollier et Jean-Pierre Levaray.

Deux animateurs : Laurent Nicolas (Nuits off) et Mohamed (la Santé dans tous ses états).

Le Grand Renoncement règne et s’affiche comme une révolution… Place au cauchemar du rien, de la « dégénérescence du vouloir » et de l’abandon de soi ! Le décervelage collectif devient la jouissance suprême. Mais cette société contrôlée, cadrée et surveillée comporte, malgré tout, des poches de rébellion.
Barcelone de Miranda Caserio est l’itinéraire d’un laissé-pour-compte, de sa prise de conscience à travers la violence, la violence de la société, des institutions, des nantis… Un pauvre qui se révolte contre le pouvoir, l’argent et échappe à tout contrôle. Une révolte individuelle qui finalement se joint à la lutte collective, là-bas de l’autre côté des Pyrénées… Barcelone.

La Révolution du Grand RenoncementBarcelone… Deux romans que l’on pourrait croire d’anticipation si l’on ne sentait la proximité d’une réalité imminente, concoctée par des dirigeants cyniques, dans le déni des droits qui s’installe peu à peu et le laminage des acquis sociaux… Jack London parlait déjà de la barbarie dans le Talon de fer en 1908, contre-utopie basée sur la montée du fascisme, de même que Sinclair Lewis en 1935 dans son roman, Impossible ici. Une problématique sociale qui résonne au-delà des périodes historiques, une analyse croisée de comment le pouvoir tente d’écraser l’émancipation des êtres humains.

Dans Tue ton patron de Jean-Pierre Levaray, le héros est déjà dans une perspective d’action. Depuis un appartement squatté dans le quartier de la Défense, il échafaude des projets de meurtre de son patron, d’un coup à porter contre le système…

« En haut de cette tour, du haut de mon mirador, j’observe et je réfléchis à comment faire. Je suis le ver dans le fruit. Patrons, décideurs, entrepreneurs, boss, crapules, tremblez, je vais faire un exemple… »

Avec le pistolet d’un anarcho-syndicaliste, clin d’œil à la révolution espagnole et à la CNT, la victime de l’un des fameux plans de « sauvegarde de l’emploi » se rebiffe. De prédateur, le patron devient gibier. Action directe, violence contre les violences des patrons :

« J’ai comme des désirs de meurtres collectifs, de bombes bien placées. Juste se débarrasser d’eux. Casser tout et recommencer autre chose. Sur d’autres bases. Je pense à ces ouvriers qui ont retrouvé le réflexe de séquestrer leurs patrons. Je pense à ces Indiens qui ont tué le leur. Un jour, peut-être qu’un patron défoncera la baie vitrée de son bureau, lancé par des ouvriers excédés. La terreur doit changer de camp… »