Chroniques rebelles
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Les manifestations et la répression policière en Tunisie. Soutien à la population tunisienne
Samedi 15 janvier 2011
Article mis en ligne le 18 janvier 2011
dernière modification le 13 février 2011

par CP

Le Collectif de Solidarité

avec les Luttes des Habitants de Sidi Bouzid - Tunisie

Vous invite au Meeting de Solidarité

Jeudi 13 janvier 2011 à 18 heures.

À la Bourse de travail, salle Croizat 3 rue du Château d’Eau Paris 10ème

Métro République

HALTE A LA RÉPRESSION EN TUNISIE !

* Nous affirmons notre solidarité sans faille avec le formidable mouvement de contestation que connait la Tunisie ainsi qu’avec les mots d’ordre de la révolte initiée à Sidi Bouzid ;

* Nous dénonçons l’attitude du pouvoir qui répond aux Tunisiennes et aux Tunisiens par les balles, les arrestations, l’intimidation et la répression.

* Nous appelons à la libération immédiate et à l’arrêt des poursuites à l’encontre de tous les emprisonnés de ce mouvement comme de ceux qui l’ont précédé, notamment celui des révoltés du bassin minier de Gafsa, ainsi que les étudiants emprisonnés en raison de leur activité syndicale.

* Nous réclamons que les responsables de la répression, des violences à l’encontre de la population qui ont causé la mort et des blessures graves parmi les manifestants soient traduits en justice.

* Nous appelons à une mobilisation nationale et internationale d’ampleur en soutien à la révolte du peuple tunisien initiée par les habitants de Sidi Bouzid.
* Nous faisons nôtres les mots d’ordre scandés dans les manifestations à travers toute la Tunisie : Pour le droit au travail et le droit de gagner sa vie dignement ; Pour une juste répartition des richesses ; contre la corruption et le népotisme.

* Nous maintiendrons une mobilisation vigilante pour soutenir toutes les victimes de la répression, pour faire échec à l’entreprise de criminalisation de la contestation, pour répondre aux agressions qui visent les syndicalistes, les avocats, les média indépendants du pouvoir, les associations et partis solidaires de la révolte tunisienne.

Solidarité totale avec les luttes du peuple tunisien.

Premiers signataires : AC ! - ACHR - ACORT - AFASPA - AMF - ASDHOM -ATF- ATF Paris - ATMF - ATTAC - CAPJPO-EuroPalestine - CEDETIM - CISA - CNT - Comité National de Soutien au Mouvement du Bassin minier - Courant Nationaliste Progressiste - CORELSO - CPR – CRLDHT - DAL - Etoile Nord Africaine - Europe Écologie Les Verts - La pelle et la pioche - FASE (Fédération pour une alternative Sociale et Écologique) - FDLT (Forum démocratique pour la liberté et le Travail) - FTCR - Les Alternatifs - Le MOUVEMENT POUR UNE ALTERNATIVE SOCIALE ÉCOLOGIQUE ET DÉMOCRATIQUE - LUTTE OUVRIÈRE -Manifeste des Libertés - Mouvement Nahdha - Mouvement Tajdid France - MRAP - NO-VOX - NPA - PCF - PCOF - PCOT - PDP - PG – Réseau Stop la Précarité - SOLIDAIRES - Solidarité Tunisienne – SORTIR DU COLONIALISME - UTIT - Voie Démocratique Maroc - Voix Libre- MIB - FSQP

(Photos clip du rappeur El general :

http://www.youtube.com/watch?v=GTmj1S-sAFs)

Les manifestations et la répression policière en Tunisie.

Soutien à la population tunisienne

Avec Luiza Toscane, Mohamed El Khebir, Bechir
et Jean-Manuel Traimond

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi tente de s’immoler par le feu à Sidi Bouzid, ville du centre de la Tunisie, située à 250 kilomètres de Tunis. Le jeune homme décèdera le 5 janvier 2011. Les raisons ? Le régime despotique, le chômage et le désespoir pour une jeunesse qui ne croit plus à un quelconque avenir. Sous le choc, la population manifeste spontanément à Sidi Bouzid et dans la région. Le 22 décembre, à Menzel Bouzaiane, un autre jeune homme, Houcine Neji, se suicide en s’électrocutant, il tombe foudroyé sous les yeux d’une foule atterrée. Des manifestations s’organisent alors un peu partout et prennent de plus en plus d’ampleur avec la répression du mouvement.

C’est toute la population, vivant sous la dictature de Ben Ali depuis 1987 — plus de 23 ans — qui se soulève. Les manifestations s’étendent et la contestation touche toute la société. Il n’est plus seulement question de chômage et de misère, mais d’une révolte contre la corruption, contre le manque de liberté d’expression, contre le système en vigueur en Tunisie, contre Ben Ali qui a toujours été largement soutenu par les gouvernements européens et notamment français.

Le 28 décembre, Ben Ali fait des promesses et quelques effets de manche pour rétablir l’ordre et la soumission, mais le pays tout entier se rebelle, peu enclin à accepter des promesses vides qui n’engagent à rien. La population, poussée à bout, ne veut plus ni se taire ni accepter que la jeunesse en arrive à un tel désespoir et se suicide. La rentrée universitaire et du secondaire renforce encore la détermination des manifestant-es. Les arrestations, les enlèvements, les brutalités policières se mulplient.
La police tire sur la foule et tue.

Côté européen, on « déplore » la situation, ça n’engage à rien ! Certain-es agitent l’argument suprême qui a si bien fonctionné jusqu’alors : « n’oublions pas le danger islamiste » ! Mais la vitrine « paix sociale, tourisme de masse, palais et résidences secondaires pour étrangers friqués » vole en éclats. Difficile soudain, et après 23 ans d’exactions, de déni de droits, d’utilisation de la torture, de meurtres d’opposants, difficile soudain en effet de ne pas s’apercevoir de ce qui est criant d’injustice et de violence sociale. Mais quand même ! C’est encore « touche pas à mon despote ! » comme le titre le Canard enchaîné. Et oui, contrairement à la chanson de Zebda, entre le régime tunisien et la France, il y a des arrangements !

Plusieurs dizaines de morts et d’innombrables blessés… Les émeutes de ce début janvier 2011, réprimées dans le sang, confirment ce que tout le monde pensait, le pouvoir en place est prêt à tout pour garder ses prérogatives et ses privilèges. Un médecin affirme que les forces de police ont fait usage de balles réelles utilisées pour la chasse contre les manifestants. De nombreux blessés ont été abandonnés, sans soins, sur les lieux des manifestations, n’ayant pas la possibilité de se rendre dans un hôpital. La police a également fait usage de gaz toxiques.

Le gouvernement français, par la voix de sa porte-parole, déclare alors que la France n’a pas à « donner des leçons » à la Tunisie, et finalement se fend d’une désapprobation des violences. Les Verts, puis le parti socialiste condamnent « la brutalité avec laquelle le pouvoir a répondu aux revendications sociales et politiques des citoyens ».

Dans un troisième discours adressé au pays, Ben Ali déclare, « Je vous ai compris » — ça ne vous rappelle rien ? — et promet la levée de la censure sur Internet, l’arrêt de l’utilisation de balles réelles contre les manifestant-es et de ne pas se représenter aux élections de 2014. On sauve les meubles comme on peut, mais les promesses… Les manifestations demandent la démission de Ben Ali et la fin de son système… Les femmes sont très présentes. Et je ne suis pas prête d’oublier l’image de celle qui brandit ce papier avec : « BEN ALI DÉGAGE » !

Et hier après-midi… Le gouvernement tunisien est limogé ! Ben Ali a quitté la Tunisie... On y croyait plus depuis 23 ans ! Solidarité avec le peuple tunisien ! Seule la lutte paie !

Photos de la manifestation du 15 janvier, Nelly Trumel.

Photo en studio, CP.

Dakar, terre de bannissement

Appel aux participants au FSM 2011

Le 24 décembre 2009, Yassine Ferchichi, un ressortissant tunisien interdit du territoire français, était expulsé par les autorités françaises à Dakar, muni d’un laisser passer délivré par la représentation diplomatique sénégalaise. Depuis lors, il a été abandonné à Dakar, sans papiers d’identité, sans travail ni logement, sans droits sociaux ni aucune information sur son avenir.
Malade, accidenté, il ne doit sa survie qu’à l’hospitalité de Sénégalais et aux Organisations de défense des droits de l’homme qui ont protesté auprès des autorités de leur pays.

Les participants au Forum Social de Dakar auront à cœur d’interpeller les autorités sénégalaises et françaises sur ce déni de justice, ce bannissement qui rappelle les méthodes de l’ère Pasqua, cette survivance de la Françafrique, cet acharnement qui ne s’est pas vérifié pour d’autres personnes dans une situation similaire et qui sont, ainsi que la loi le permet en France, assignées à résidence.

Elles exigeront son rapatriement immédiat en France,-puisque seul le vote par le Parlement tunisien d’une loi d’amnistie générale en Tunisie lui permettrait d’envisager un retour dans son pays-, et dans l’attente, qu’une vie digne de ce nom lui soit assurée sur le territoire sénégalais.

Luiza Toscane

Marguerite Rollinde

Se reporter à l’article : « Paris-Dakar » :

http://divergences.be//spip.php?article21121lang=fr