Chroniques rebelles
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Qu’est-ce que le fascisme ? Un phénomène social hier et aujourd’hui de Larry Portis (Alternative libertaire)
Samedi 5 février 2011
Article mis en ligne le 5 février 2011
dernière modification le 6 février 2011

par CP

Qu’est-ce que le fascisme ? Le contexte social et politique en France et ailleurs exige que la question soit posée, non pour justifier une quelconque ligne politique ou une philosophie, mais pour mieux comprendre les événements actuels et leurs fondements. Certains mots sont controversés, c’est le cas de « fascisme » et d’« impérialisme » car leur définition implique des enjeux importants dans la perception de la nature de la société.

En effet, les idéologues du pouvoir s’attachent à protéger les institutions en vidant les mots et les concepts de leur contenu critique. De ce fait, un phénomène historique comme le fascisme tend à générer plus de confusion que de compréhension à propos d’un système si l’on en croit les médias, les politiques et l’enseignement officiel.

Entretien de Nicolas Mourer avec L’auteur

Qu’est-ce que le fascisme ?

Un phénomène social hier et aujourd’hui

de Larry Portis (Alternative libertaire)

Autorité, brutalité, violence, radicalisme, racisme, haine,
génocide : autant de termes qui sembleraient s’apparenter à la
bulle lexicale du fascisme, non ? Du moins, tels sont ces mots
extrêmes que nous employons dès que l’horreur se dévoile sous
nos yeux. Et tout cela se réduirait donc au fascisme, sorte de
monstruosité de laquelle dégoulinerait tout un champ lexical
hideux.

Mais : manifester de l’autorité, est-ce être fasciste ? De
même, le fascisme se réduit-il à la violence et à la brutalité ? Le
fascisme, est-ce un régime, une idéologie, une manière
outrancière d’entretenir un rapport à l’autre ? Quel est donc cet
amalgame qui brouille les grilles de lecture historique ? Tous
ces mots, jetés çà et là, seraient-ils tout à la fois juste et faux ?
Suffisamment particulier pour s’approcher du fascisme et
suffisamment universel pour en faire une notion creuse ? Où
s’arrête l’Histoire, où commence l’affectif ?

Traitez donc un individu de fasciste ; il vous rétorquera que
c’est vous qui l’êtes, puisque vous l’insultez ! Le fascisme, c’est,
apparemment, des mots, flous, vagues, sortis des tréfonds
d’une Histoire vis-à-vis de laquelle nous aurions comme devoir,
une mémoire. Et le fascisme, c’est peut-être et aussi, une
rhétorique, un effet stylistique, un retournement linguistique de
la haine.

Mais Larry Portis va plus loin que la simple prose fumeuse qui
auréole le terme de fascisme. Il pose la question, rhétorique,
sémantique, lexicale et surtout historique : comment se fait-il
que toute manifestation de brutalité ou d’autorité soit qualifiée
de fasciste ? De la répression, d’accord ; de la domination, sans
doute ; mais du fascisme ? Vous plaisantez tout de même ? Et
totalitarisme alors, hein ? C’est quoi ça ? Et dictature ? Si ! c’est
toi qui l’as dit ! Ne mens pas je t’ai entendu. J’en perds mon
Latin, moi qui suis si conservateur, sur Radio Libertaire, tout de
même.

Bon, mais, sinon, chut, ne le dites à personne, il paraitrait que
le fascisme aurait un berceau… Mais oui ! Je veux… Enfin je
veux… Mouais… En Italie. Là ca devient encore plus complexe.
Allez je t’en rajoute un autre : certains se disent des fascistes
de gauche, ah ! Là, je t’ai bien eu ! Pire, après j’arrête c’est
promis : « le fascisme, c’est la réponse du capitalisme à la
crise. »

Larry, il va falloir que tu nous expliques ça.

Qu’est-ce que le fascisme ? Larry Portis, éditions Alternative
libertaire.

« J’ai vu, de mes yeux, le fascisme. Je sais aujourd’hui ce qu’il
est. Et je songe qu’il nous faut faire, avant qu’il soit trop tard,
notre examen de conscience. Depuis dix ans, nous n’avons pas
prêté au phénomène une attention suffisante. César de
carnaval, blaguait Paul-Boncour. Non, le fascisme n’est pas une
mascarade. Le fascisme est un système, une idéologie, une
issue. Il ne résout certes rien, mais il dure. Il est la réponse de
la bourgeoisie à la carence ouvrière, une tentative pour sortir
du chaos, pour réaliser, sans trop compromettre les privilèges
de la bourgeoisie, un nouvel aménagement de l’économie, un
ersatz de socialisme. »

Ce sont les propos de Daniel Guérin concernant le fascisme, des
propos fermes et forts.

Nicolas Mourer