Chroniques rebelles
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Le suspect de l’hôtel FALCÓN. Itinéraire d’un révolutionnaire espagnol / Venezuela : révolution ou spectacle ?
Samedi 16 avril 2011
Article mis en ligne le 18 avril 2011

par CP

Le suspect de l’hôtel FALCÓN. Itinéraire d’un révolutionnaire espagnol de Charles Reeve & Raúl Ruano Bellido (L’Insomniaque)

Paco et ses camarades croupissent ensuite dans des geôles clandestines puis dans les prisons de la République. En juin 1938, ils sont libérés : la machination les présentant comme des « agents franquistes » a fait long feu. Quelques mois plus tard, Paco traverse la frontière avec le flot des troupes républicaines en déroute.…

Venezuela : révolution ou spectacle ? Une critique anarchiste du gouvernement bolivarien de Rafael Uzcátegui (Spartacus)

Préface d’Octavio Alberola

Malgré les déconvenues qu’il a causées depuis un siècle, et malgré les crimes qui ont été commis en son nom, le socialisme continue à susciter l’espoir d’une vie meilleure, dans une société libre et égalitaire. Aussi, quand dans un pays riche en pétrole comme l’est le Venezuela, un gouvernement, fort de victoires électorales successives, annonce qu’il s’engage sur le chemin du socialisme, d’un socialisme nouveau, il s’attire à travers le monde le soutien enthousiaste d’une partie de la gauche.

Mais un discours véhément contre l’Empire états-unien, la haine que lui témoignent certains de ses adversaires, des ventes de pétrole à bon marché à des régimes amis, des expropriations d’entreprises locales ou étrangères suffisent-ils pour justifier cet enthousiasme ?

Avec Charles Reeve et Jean-Michel Kay.

Francisco Gomez Palomo, alias Paco, le suspect de l’hôtel Falcon, pensait ne rien n’avoir à rajouter sur la connaissance de la Révolution espagnole et de la guerre civile. Et « il ne manquait pas de rappeler que son témoignage ne devait pas prendre une place privilégiée par rapport à ceux des compagnons qui n’avaient jamais eu le temps, le droit ou l’occasion de s’exprimer — ceux qui étaient morts, aussi bien que ceux qui avaient choisi, comme lui, de garder le silence. En somme, pour Paco, témoigner de sa riche expérience personnelle n’avait de sens que dans le cadre d’un partage complice dans le présent avec ses camarades et ami-es. » Réaction commune à beaucoup de militants et militantes, témoins et protagonistes de cette époque comme s’ils et elles s’effaçaient « derrière le mouvement de l’Histoire. »

Le suspect de l’hôtel FALCÓN. Itinéraire d’un révolutionnaire espagnol de Charles Reeve & Raúl Ruano Bellido est un partage, un témoignage indirect et passionnant, écrit à partir de notes avec de nombreux encadrés qui donnent des repaires historiques et des visions différentes de la période révolutionnaire, des tensions, des dissensions et de la guerre civile en Espagne. On y croise aussi des personnes qui, comme Orobon Fernandez,
« avait une vision cohérente du moment historique, qui comprenait le fascisme comme une tendance nouvelle du pouvoir bourgeois, qui n’avait aucune illusion sur les socialistes, défenseurs de l’État, ni sur le rôle contre-révolutionnaire des communistes soumis à Moscou. Orobon défendait une union à la base des militants de l’UGT et de la CNT au sein d’organisations unitaires de type conseil. »

Espagne 1936-1937. La guerre dévore la révolution d’Henri Paechter (Spartacus), Ni l’arbre ni la pierre de Daniel Pinos (ACL), Les fils de la nuit d’Antoine Gimenez (L’Insomniaque), La raison douloureuse de Federico Gargallo Edo (Fondation des études libertaires Anselmo Lorenzo), tous ces écrits permettent l’analyse d’une expérience exceptionnelle pour la mise en pratique des principes révolutionnaires. Ce qui ne n’empêche pas le regard critique sur les actions, la réalité politique, les pressions et les enjeux d’alors, sans le besoin de construire des icônes ou des images héroïques. C’est aussi ce qui frappe dans l’itinéraire de Paco, la lucidité, la radicalité et l’ouverture d’esprit.

Dans la seconde partie de l’émission, un autre regard critique, celui d’un militant libertaire, Rafael Uzcategui, dans un essai remarquable, Venezuela : Révolution ou spectacle ?

Car c’est de cela qu’il s’agit dans le monde actuel de la communication, de l’image et des faux semblants. Or ce livre casse toutes les idées reçues et galvaudées par des tendances, de gauche comme de droite, qui s’escriment à convaincre qu’il n’y a pas d’autre alternative possible que la leur. Lorsqu’il s’agit du Venezuela, « d’un côté, on affirme que le gouvernement de
Caracas a engagé une série de transformations radicales qui déboucheront sur le “socialisme du XXIe siècle”, une trajectoire qui s’oppose aux politiques et aux valeurs de l’impérialisme capitaliste ; de l’autre, au contraire, on assure que le président Chávez est un dictateur qui instaure par la force le communisme au Venezuela.

 »

Capitalisme d’État, « populisme qui prétend lutter contre le capitalisme et l’impérialisme », quelle est finalement la nature du régime d’Hugo Chavez ? Comment cerner la complexité de ce pays dans le contexte de la globalisation capitaliste ? L’autonomie, l’émancipation sont-elles au programme du gouvernement ?

Venezuela : Révolution ou spectacle ? Dans ce livre, Rafael Uzcategui fait aussi œuvre d’historien, sans aucune concession à l’histoire officielle, et donne la parole aux voix « critiques autant du gouvernement Chavez que des partis politiques d’opposition », critiques de la propagande aussi «  qui a contribué et contribue […] à démobiliser les authentiques alternatives anticapitalistes et anti-impérialistes dans l’horizon historique contemporain. »