Chroniques rebelles
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Autour de Larry Portis, passeur libertaire, historien, écrivain…
Samedi 25 juin 2011
Article mis en ligne le 27 juin 2011
dernière modification le 6 juillet 2011

par CP

QU’EST-CE QUE LE FASCISME ? Un phénomène social d’hier et d’aujourd’hui (AL)

« J’ai écrit ce deuxième livre sur le fascisme pour deux raisons. Tout d’abord, je pense qu’on vit un moment où les idées et les mouvements fascisants ressurgissent dans le monde capitaliste et, en conséquence, qu’il faut en parler et se préparer à les combattre, et les présenter d’une manière claire, débarrassée de certaines élucubrations universitaires ou autres. Deuxièmement, et puisque mon premier livre n’abordait pas d’une manière soutenue la question de la définition du fascisme, j’ai pensé qu’il fallait le faire. Je vois beaucoup de confusion sur la question, autant chez les militants progressistes qu’au sein de la population en général.[…]

Mon but est de montrer que le jeu des partis politiques est en grande partie un écran de fumée dissimulant les influences occultes et la violence permanente contre toute instauration d’une démocratie participative directe. Enquêter sur le fascisme mène forcément dans les coulisses de la scène politique, d’habitude invisible au plus grand nombre. »

HISTOIRE DU FASCISME AUX ÉTATS-UNIS (CNT)

Impérialisme et fascisme

« Cette volonté d’affaiblir, et même d’éliminer les protections de l’individu qui figurent dans la Constitution et les lois des États-Unis, est encore plus évidente dans la politique étrangère des États-Unis. Les exemples de cette volonté sont nombreux, en commençant par la création d’une nouvelle catégorie de prisonniers — l’« ennemi combattant », qui n’est pas considéré comme un prisonnier de guerre — pour ainsi contourner les conventions de Genève reconnues comme base du droit international. On peut citer l’utilisation de la base états-unienne de Guantanamo à Cuba pour éviter les lois en vigueur aux États-Unis sur la détention, ainsi que la création par la CIA d’un réseau de prisons, dans divers pays complaisants,
où la torture est pratiquée. La guerre menée unilatéralement contre l’Irak en 2003 est emblématique du cynisme de la politique états-unienne. La liste des crimes de guerre en Irak est effrayante : attaques massives contre les civils, massacres, destruction délibérée des infrastructures, usage d’ar- mes chimiques, de bombes et missiles à base d’uranium appauvri, de bombes à fragmentation, de mines antipersonnelles.
[…]

Il est nécessaire de souligner que les fascistes ne sont eux-mêmes que les produits d’un système politico-économique, les guerres étant inhérentes au système capitaliste. Et l’acharnement guerrier des gouvernements états- uniens est à l’évidence une réponse à une crise économique. Un élément de cette carence du système touche la relation entre le dollar et l’euro.

Le dollar domine les transactions financières internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : situation institutionnalisée par la création du Fond monétaire international (FMI) en 1944. Jusqu’en août 1971, le dollar était basé sur l’or à taux fixe, ce qui donnait une stabilité aux échanges monétaires. Le FMI, en outre, assurait le remboursement des créanciers. Les paiements se faisaient en dollars, ce qui permettait le renflouement des banques états-uniennes.[…]

Lorsque les inégalités sociales s’accroissent, que le niveau de vie baisse, la dictature est plus qu’une éventualité, c’est une obligation. La propagande est l’une des clés pour s’assurer de la passivité des populations et elle a atteint un niveau de sophistication incroyable. Reste le facteur exponentiel de la prise de conscience et d’une résistance multiforme qui paraît émerger dans les moments ou les situations imprévisibles. Et pour reprendre les paroles d’une chanson de Percy Shelley :

« Secouez vos chaînes ! Vous êtes beaucoup et ils sont peu ! »  »

Une première partie dans les Chroniques syndicales avec Henri Simon, Jean-Pierre Garnier et Hugues Lenoir. Rencontre autour des livres de Larry Portis.

Les Chroniques rebelles autour de Larry Portis avec Jean-Pierre Garnier, Cristine Hudin, Olivier Le Cour Grandmaison, Nicolas Mourer, Daniel Pinos, Serge Utgé-Royo…

Larry, ça a commencé par une interview dans les Chroniques Rebelles.

Ses réflexions sont autant de pistes que nous nous devons d’approfondir, comme au loin dans le désert, une caravane, le sillage.

Son humour se complète d’un sourire qui ne devait pas trop plaire aux professeurs émérites Honoris causa des chaires de grands amphis. Larry reste un enfant, vorace de savoir.

Ses digressions… La pensée du détour, comme ces chemins de traverse lorsque l’on se plante de route pendant les vacances. On râle sur le moment. Mais n’était-ce pas justement le meilleur moment. Le meilleur moment avec Larry, le moment Larry, c’est le moment de l’écart, du sentier pas très battu, quand il s’éloignait du sujet… Plutôt, quand il virevoltait, tenter de le cerner ce sujet comme le plus royal des vautours déploie ses ailes avant de s’abattre sur sa proie. Larry pourtant ne montre pas cette violence qui se plait à sortir les ailes et les crocs, non.

Je repense à ces deux interviews sur cette antenne des Chroniques Rebelles, l’une sur le fascisme aux Etats unis, l’autre sur le fascisme tout court. Je voulais ma petite définition bien tranquille du « fascisme », bien cadré, la petite définition que le bon élève a souligné en rouge dans son cahier et qui exclut toute pensée du dehors, toutes pensée de l’écart. « On parle du fascisme Larry, d’accord, ok, mais, je… je n’arrive pas à connaître ta
définition. » J’étais à ce moment, ce bon élève-là. Lui me répond : « Mais pourquoi une définition absolument ? C’est un mouvement, une pensée multiple et complexe. Cherche à l’ouvrir pour comprendre ce qu’elle recoupe partout dans le monde. »

Maintenant, je regarde mes dictionnaires d’un autre œil, avec la bouche de traviole, ils m’énervent mes dictionnaires. Je pense à Larry devant mes dictionnaires et je leur parle. « Tu veux enfermer ma pensée, hein, saleté de Petit Robert à la sauce Larousse ! » Je deviens agressif, là, non ? Ben, un peu quand même…

C’est drôle, ça, sur le fascisme, Larry ne l’a jamais été, agressif, haineux. Il aurait pu, vue la galerie d’énergumènes qui traîne dans les heures les plus sombres de l’histoire : les Pétain, les Mussolini, les Hitler et autres fous dangereux… Ben, non… Il souriait, il réduisait ces monstres…
Non, même pas ! Il les prenait pour ce qu’ils étaient : des monstres.
Comme dans les rêves d’enfant. Il les décortiquait, en faisait des objets d’examen. Mais jamais il n’a prononcé un mot de haine envers ces ordures.
Il les a simplement désarticulés pour les transformer en marionnettes, en pantins. Et il les rangeait en fin d’émission, en fin de réflexion, dans une boîte. Et il les ressortait pour y penser à nouveau. Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage. Et les énergumènes ne me faisaient plus peur, c’est grâce à Larry, c’est moi qui les contrôle maintenant, c’est moi qui tire sur leurs ficelles pour les bougeoter.

Pourtant, je vous l’avoue, Larry m’impressionnait au début : son accent charmeur, j’avais du mal à le regarder dans les yeux. Il est beau, Larry. C’est peut-être pas une trouvaille, mais il est beau. Alors, Larry l’enchanteur, je lisais ses bouquins deux… non, trois fois avant les interviews. Je préparais des fiches sur tous les auteurs, les références, les personnages cités. Je voulais être à la hauteur. Mais pas de hauteur avec Larry, just a question of feeling, t’es sur la même longueur d’onde ou pas. Et tu t’embarques pour la digression, la pensée mouvante, celle qui fait que toujours y’aura de l’art à remuer parce qu’il adore le rock, y’aura de la lutte à se mettre sous la dent parce que les gourous nous pillent.

Larry, c’est pas fini. Ben écoute, j’en sais rien moi, on m’a dit : « Larry n’est plus là. Disparu. Il nous a quittés. Alors comment t’expliques qu’il est dans le studio toi ? Avec Christiane Passevant, Jean-Pierre Garnier, Serge Utgé-Royo, Olivier Le Cour Grandmaison, Daniel Pinos, Cristine Hudin, Lucien à la technique… » Ben, c’est qu’on fait pas son deuil. Faire le deuil, c’est la recette de Tonton Sigmund. Et les recettes, moi je les fais à ma façon. Et aujourd’hui, on va se la faire à notre façon, on va parler de lui, on va se retenir des petits sanglots, on va trouver ça drôle, on va se pleurer sur les épaules, se bécoter nos bobos, on va se faire des confidences, dédramatiser le pire, on va s’avouer tout ce qu’on pense qu’on n’oserait jamais se dire.

Nous somme réunis dans le studio de Radio Libertaire pour un festin autour de Larry, fêter l’amitié, l’amour que nous lui portons, nous rappeler avec lui que penser est une fête, toujours à prolonger. La porte est ouverte pour vous Mesdames, Messieurs, Marmaille, jeunes, vieux, et tout ce qu’y a au milieu.

C’est le moment, d’avoir le cœur à s’ouvrir, de refuser les entraves, même s’il y a une solitude, et celle-là, je crois, il faut la respecter, sans faux semblant et retrouver peut-être, ce que Larry admirait chez Jack London, « la liberté à tout prix ».

Nicolas MOURER