Chroniques rebelles
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17 octobre 1961- 17 octobre 2011
Article mis en ligne le 19 septembre 2011

par CP

50ème anniversaire. Vérité et Justice

Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, Préfet de police de Paris. Ils défendaient leur droit à l’égalité, leur droit à l’indépendance et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d’entre eux, refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police.

50 ans après, la Vérité est en marche. Cependant, la France n’a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu’elle a menées, - en particulier la Guerre d’Algérie - non plus que dans le cortège de drames et d’horreurs qu’elles ont entraînés, comme ce crime d’Etat que constitue le 17 octobre 1961. Certains osent encore aujourd’hui continuer à parler des "bienfaits de la colonisation", célébrer le putsch des généraux à Alger contre la République et le pouvoir encourage les nostalgiques de l’Algérie Française et de l’OAS.

La "Fondation pour la mémoire de la Guerre d’Algérie ", dotée de plus de 7 millions d’euros, créée en application de l’article 3 de la loi du 23 février 2005 (dont l’abrogation est demandée) qui vante les "aspects positifs de la colonisation" est sous la coupe d’associations nostalgiques qui voudraient pouvoir exiger des historiens qu’ils se plient à la mémoire de "certains" témoins. Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologue des deux rives de la Méditerranée. La vérité doit être dite sur l’organisation criminelle de l’OAS que certains, au sein même du parti du Président de la République, cherchent à réhabiliter. Ce n’est qu’à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d’Algérie, à savoir le racisme dont sont victimes aujourd’hui nombre de citoyens ou de ressortissants d’origine maghrébine ou des anciennes colonies, y compris sous la forme de violences policières récurrentes, parfois meurtrières.

Avec Olivier Le Cour Grandmaison

Sept ans après le début de la guerre d’Algérie, le 5 octobre 1961, Maurice Papon, préfet de police à Paris, publie un communiqué qui interdit aux Algériens et aux Algériennes de circuler de nuit à Paris et en banlieue, et de se déplacer à plus de deux personnes.

Pour protester contre ce couvre-feu discriminatoire, le FLN en France organise une manifestation pacifique à Paris le 17 octobre 1961.

Lors de cette manifestation pacifique — dans laquelle aucune arme ne sera saisie —, les brutalités policières se déchaînent, arrestations, tabassages, disparitions, liquidation par noyade, pendaisons et exécutions sommaires. Le nombre de personnes appréhendées est considérable. Elles sont parquées dans des stades, sans soins pour les blessés, sans nourriture ni eau. Ce qui, évidemment, fait penser aux rafles de triste mémoire contre les juifs en 1942, sous le régime de Vichy, des rafles orchestrées par les autorités françaises et également exécutées par la police française.

La Croix rouge n’a pas accès aux lieux de détention. Les morts sont retrouvés dans les terrains vagues, dans la Seine… Le bilan officiel est de 3 morts, mais les estimations les plus crédibles sont de 200 à 300 morts. Depuis cet événement du 17 octobre 1961 — sans parler des arrestations illégales et des tortures pratiquées auparavant à Paris et sur le territoire métropolitain — , depuis donc le 17 octobre 1961, c’est la chape de plomb.

17 octobre 1961 : massacre d’Algériens par la police française à Paris. 200 à 300 morts… 50 ans après, l’État n’a toujours pas reconnu ce crime.

En effet, 50 ans après le 17 octobre 1961, en 2011, l’État français ne reconnaît non seulement pas ce crime, mais les ravages de la xénophobie d’État s’amplifient avec les camps de rétention pour immigré-es, les arrestations d’enfants, la chasse aux Roms…

La xénophobie d’État se banalise s’accompagnant d’une propagande de la peur étalée dans tous les médias. Les dirigeants mettent le paquet, campagne présidentielle oblige. Le gouvernement Sarkozy parle de « priorité à la
sécurité
 », d’« encadrement militaire des délinquants » — entendez les populations à « karchériser » — et évoque un projet de loi dont la « mesure phare » est la « création de 30 000 nouvelles places de prison d’ici à 2017 ».

La « douce France », pays des droits humains… Le mythe en prend un coup, s’il pouvait encore être crédible.

L’histoire officielle passe à la trappe le 17 octobre 1961. Pas question d’évoquer la barbarie de la répression policière contre la manifestation pacifique… Mais cinquante ans après, nous n’oublions pas !

Alors : Ni frontières ! Ni karchers !

Une grande manifestation est en préparation le lundi 17 octobre 2011 à 18h30. Elle partira des Grands Boulevards. Le trajet reste à définir.

À Nanterre :

Au cinéma Les Lumières 49, rue Maurice-Thorez :

Vendredi 14 octobre à 21h

Ici on noie les Algériens, 17 octobre 1961 de Yasmina Adi. Sortie nationale le 19 octobre 2011 (90 mn). Le nouveau documentaire de Yasmina Adi permettra de mettre des mots et des images sur les évènements et de lancer un premier débat avec le public. En présence de la réalisatrice.

Samedi 15 octobre

Maison de la musique 8, rue des Anciennes-Mairies

9h30 / 11h. « Contexte : l’automne 1961 en région parisienne ».

Animé par Sylvie Thénault, chargée de recherche au CNRS.
Description de la situation des « Français musulmans d’Algérie » en métropole pendant la guerre d’Algérie, l’appareil policier à l’origine de la répression et le rôle du Front de libération nationale (FLN) dans l’organisation de la manifestation.

Des manifestations dans toute la France : à Tulle…