Chroniques rebelles
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Les mots qui font peur de Hsi Hsuen-Wou et Charles Reeve (l’Insomniaque) et Nos ancêtres les Gauloises, film documentaire de Christian Zerbib
Samedi 12 novembre 2011
Article mis en ligne le 13 novembre 2011

par CP

Les mots qui font peur

Vocables à bannir de la toile en Chine

de Hsi Hsuen-Wou et Charles Reeve (L’Insomniaque)

À propos de la Chine et du « socialisme de marché », nous voilà avec un petit livre qui dresse un glossaire des mots interdits si l’on veut naviguer sur la toile en toute quiétude. Attention Big Brother est aussi de rigueur en Chine, comme aux Etats-Unis où la toile est surveillée également, Patriot Act oblige.

On connaissait déjà les listes de chansons interdites sur les ondes et les écrans à l’occasion de guerres, mais on n’arrête pas le progrès en matière de contrôle et de répression, on passe à présent aux mots à bannir dans les messages électroniques et autres blogs. Surtout depuis que les révoltes de l’autre côté de la Méditerranée font des émules, que L’Espagne n’est pas en reste, ni les Etats-Unis d’ailleurs. Bref ça bouge de partout et l’ère des leaders semble être passée de mode… Alors évidemment si la base ne se laisse plus aussi facilement lobotomiser par les diverses formes de propagande et que les mouvements spontanés gagnent du terrain ! Ça branle dans le manche comme dirait l’autre et le système se fissure. Maintenant à voir de quelle manière se fera la récupération, parce que ceux et celles qui tirent les ficelles ne sont certainement pas disposé-es à lâcher facilement leurs privilèges.

En Chine, dans « l’atelier du monde », pour éviter toute contagion de révolte, il y a des mots qu’il faut bannir : grève, émeute, bagne, stress, syndicat indépendant, démocratie, migrant… Autant de mots jugés dangereux par le pouvoir. Migrant et migrante, on s’en doutait un peu après la lecture du livre de témoignages d’ouvrières chinoises publié également par l’Insomniaque, Avis à la consommation. Chine : des ouvrières migrantes parlent , dans lequel sont décrites les conditions de travail de véritables bagnes industriels. Le miracle économique a un prix humain très élevé.

Les mots qui font peur. Vocables à bannir de la Toile en Chine de Hsi Hsuan-Wou et Charles Reeve, c’est non seulement un bilan de la censure du «  Bureau d’harmonisation des mots-clés » — c’est le nom du centre qui dépend du Bureau d’État d’information sur Internet —, mais c’est aussi un constat de la situation dans ce pays et du contrôle exercé par les cyberflics chinois. Et si cette liste est un canular, elle n’en demeure pas moins une illustration du climat de répression qui passe par la chasse aux mots et aux personnes supposées déviantes de « l’harmonie sociale » imposée et obligée.

Avec les auteurs.

Et

Nos ancêtres les Gauloises.

L’identité nationale se conjugue au féminin pluriel !

Film documentaire de Christian Zerbib

« Qui se sent Gaulois ou Gauloise ? Levez le doigt ! » Ben, personne finalement ! D’ailleurs si l’on pense à ce qu’ils étaient : rien de plus que des barbares !

« Nos ancêtres les Gaulois », toutes les populations colonisées par la
France apprenaient cela par cœur, c’était parfaitement ridicule compte
tenu de leurs origines et de leur culture, mais c’est sans doute cela exporter par la force la « civilisation ». Ubu n’est pas loin et nous n’avons pas
terminé d’être manipulé-es par l’histoire officielle et ses experts en
matière de colonisation.

En revanche, Nos ancêtres les Gauloises, le film de Christian Zerbib, remet bien des idées préconçues et des clichés en place, avec sourire et émotions garanties.

Dix femmes de la région de Dijon, originaires de plusieurs pays, se lancent dans une aventure, se raconter sur scène. Une expérience sur plusieurs plans : d’abord faire ré-émerger le passé, c’est-à-dire confronter les peurs, les douleurs, les regrets. Mais parler aussi de ses rêves.

Plusieurs des femmes disent d’ailleurs que faire du théâtre ou du cinéma, c’était une envie de jeunesse. « Mais là, c’est facile, dit l’une d’elles,
parce que le texte, on le sait, puisque c’est notre histoire. »
Pour le public, c’est également un passage derrière la scène.
Grâce à la caméra, on est partie prenante de l’expérience de la metteuse en scène et du cinéaste, de leur démarche : mettre en scène le réel et filmer les étapes de la réappropriation par les femmes de leur histoire.
Très belle histoire, émouvante et passionnante.

De la réalité à la fiction… Mise en scène de la vie. Elles racontent leur vie comme une fiction et ces dix femmes sont bouleversantes de naturel, de spontanéité, d’ouverture sur les autres.

Le film de Christian Zerbib, Nos ancêtres les Gauloises est sur les écrans depuis le 9 novembre.

Avec le réalisateur.

http://www.nosancetreslesgauloises.com/