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France d’en haut, France d’en bas. Les dominés seront-ils toujours soumis ? Maurice Rajsfus. Tricolores. Une histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite en France, Zvonimir Novak
samedi 10 décembre 2011
Article mis en ligne le 10 décembre 2011
dernière modification le 15 janvier 2012

par CP

France d’en haut

France d’en bas.

Les dominés seront-ils toujours soumis ?

Maurice Rajsfus ((Éditions du Monde Libertaire)

La conscience de notre propre soumission à un système fondé sur la domination, ouvre naturellement la voie à la révolte.

Les rapports complexes entre dominants et dominés, dans tous les domaines de la vie sociale, s’ils sont ici minutieusement décryptés, n’ont pas à être admis comme une fatalité. Il s’agit, au contraire, de porter sur cet éternel travers de nos sociétés un regard lucide, afin d’être en capacité de le subvertir et transformer le monde. Mêlant l’analyse et les anecdotes, cet ouvrage est le dernier volet d’une série commencée avec À vos ordres ? Jamais plus ! et L’Intelligence du barbare.

Avec ce dernier opus d’une trilogie parue aux éditions du Monde Libertaire, France d’en haut, France d’en bas. Les dominés seront-ils toujours soumis ? Maurice Rajfus revient sur l’analyse du processus d’un système qui génère aliénation, inégalités et individualisme, à l’inverse de ce que l’on peut lire aux frontons des bâtiments officiels de la République française : « liberté, égalité, fraternité ».

Une remarque au passage, les femmes sont quelque peu exclues par le terme « fraternité ». Et si finalement on adopte la formule « liberté, égalité, solidarité », par exemple, on s’aperçoit rapidement de l’inexistence, dans les faits, de ces termes voués à une virtualité décorative dans les rapports humains et la pratique d’une société de plus en plus installée, et même confinée dans le chacun ou chacune pour soi.

La France d’en haut, les dominants, les gagnants méprisent, exploitent et écrasent la France d’en bas, en toute conscience d’être toujours « dans le sens de l’histoire », une France d’en haut encouragée dans ses certitudes par ceux et celles qui la courtisent, de même elle est encensée par les outils efficaces et élaborés que sont la télévision et autres médias de masse, comme on dit. La question qui découle évidemment de ce constat est :
qui collabore activement ou passivement, consciemment ou inconsciemment, au processus ?

Il est vrai que le respect de la hiérarchie est ancré dans les mentalités de la « douce France », comme d’ailleurs l’allégeance au pouvoir, à toute forme de pouvoir. « Certes, [écrit Maurice Rajsfus] le servage n’existe plus mais la dépendance morale est de plus en plus forte. » On peut alors se demander pourquoi et comment y échapper. D’où l’interrogation — dès le titre de l’ouvrage — Les dominés seront-ils toujours soumis ?

Bref, quand est-ce que ça bouge ? Parce que « Ceux qui n’éprouvent comme difficulté que l’opposition constante, venue de l’autre face du miroir social, sont constamment aux aguets, craignant ces soubresauts susceptibles de se transformer en révolution. »

Cependant, « dans une société où tous les arguments sont bons pour convaincre la multitude des gogos prêts à tout avaler, les naïfs sont en grand danger. » Pour mémoire, ce texte de Raymond Asso :

« Ils m’ont appris la peur pour me courber la tête

“Tu ne dois plus penser, nous le ferons pour toi !”

Ils m’ont dit que ma bouche était seulement faite

Pour répéter leurs mots et pour chanter leurs lois. »

Les dominés seront-ils toujours soumis ?

On a envie de répondre : À vos ordres jamais plus !

Tricolores

Une histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite en France

Zvonimir Novak (L’échappée)

Luttes des signes et combats politiques se mêlent. Les images produites par la gauche et l’extrême gauche occupent depuis longtemps l’espace public et notre imaginaire, alors que la droite a souvent été au pouvoir... L’image serait-elle par essence émancipatrice ? La droite a-t-elle utilisé d’autres moyens pour convaincre et mobiliser ? Sa propagande graphique n’a pourtant jamais cessé. Elle a même été souvent surprenante et explosive.

Campagnes de soutien au général Boulanger, activisme désespéré de l’OAS, multiplication des affiches sous Pétain, tribulations poujadistes, virtuosité visuelle du gaullisme à la Libération qui sombre dans les pommes de la Chiraquie cinquante ans plus tard, Front national producteur d’images en tout genre, impact graphique des identitaires aujourd’hui… Ce livre raconte l’histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite en France depuis 1880.

Des livres traitant des affiches, des dessins, des caricatures, des notes, des tracts, des graphs… de propagande, il en existe, au plan international, un nombre important, issus des milieux libertaires et plus généralement de la
« gauche ». Qu’il s’agisse de critique sociale ou politique, de la période révolutionnaire allemande, après la Première Guerre mondiale, des années 1920 en Russie, de la Révolution espagnole de 1936, de mai 1968 très prolixe en images, de la lutte féministe des années 1970, entre bien d’autres mouvements, soulèvements et révolutions, les groupes militants et les activistes se sont surpassés dans le domaine de l’image au service de la contestation, de la lutte et de la subversion. Cette créativité, qui souvent influence des courants artistiques, est en général associée à la gauche révolutionnaire, du moins c’est ce que l’on croit.

Or, l’utilisation de l’image tient également une place prégnante à droite et à l’extrême droite. Serait-ce parce que l’amplitude de la presse d’extrême droite est assez réduite et confidentielle ? Leurs intellectuel-les n’ayant pas la même productivité ni le public d’ailleurs. Ou bien la simplification primaires des concepts et des thématiques s’accommoderait-elle mieux d’images choc ? Toujours est-il que l’image s’est imposé et s’impose comme un passage obligé de la propagande : il faut « occuper la rue » !

Tricolores. Une histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite en France de Zvonimir Novak nous fait la démonstration impressionnante de la permanence d’une propagande graphique depuis 1880 dans les mouvements de droite, d’extrême droite, fascistes ou néonazis. On découvre bien entendu ces images dans la rue, sur des tracts, dans des manifestations, mais rares sont les ouvrages qui recensent les représentations graphiques et les images utilisées par la droite et l’extrême droite dans un ouvrage spécifique et d’une telle richesse.

Tricolores. Une histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite en France livre une analyse des mouvements, à travers les symboles utilisés, les codes et les images de propagande, et permet de comprendre les enjeux, la portée de ces images comme « lutte idéologique menée par les signes visuels ». C’est en quelque sorte « matérialiser à travers des figurations, les représentations mentales des combattants de la politique. »

Vous l’aurez deviné, Tricolores. Une histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite en France est un ouvrage passionnant qui plonge dans les méandres d’une production graphique pour mieux décrypter l’idéologie des courants politiques et la manipulation, subliminale ou non, qui s’opère sur le public. Xénophobie, nationalisme, populisme, racisme, antisémitisme…
Le détournement des codes et des images bat son plein aujourd’hui et nous n’avons pas fini d’en voir et d’en subir dans les mois qui viennent…

Avec Zvonomir Novak, Maurice Rajsfus et Serge (Chroniques syndicales)

Cette année le Festival « Proche-Orient : ce que peut le cinéma », qui aura lieu du 30 novembre au 13 décembre 2011, est dédié à deux personnalités décédés en 2011 : le cinéaste Omar Amiralay et Juliano Mer Khamis.

Le 13 décembre sera consacrée à Juliano Mer Khamis en présence de Udo Aldoni, ami de Juliano et directeur artistique du Freedom Theatre.

Projection de "Sho Kman"réalisée à partir des représentations de la tournée de cet été.

Ce festival a lieu au cinéma "Les 3 Luxembourg" 67, rue Monsieur Le Prince Paris 6e

En plus de l’hommage à Juliano, ce festival est une occasion de découvrir, d’apprécier la richesse du cinéma du Proche Orient .

http://www.quepeutlecinema.com/

http://www.quepeutlecinema.com/mayoco/project/media/programme_en_2011.pdf


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